Le microbiote intestinal impliqué dans l’infertilité masculine ?

L’obésité et les troubles métaboliques induits par une alimentation riche en graisses peuvent altérer la production et la qualité des spermatozoïdes. Mais via quel mécanisme ? Une étude publiée dans Gut incrimine le déséquilibre du microbiote intestinal provoqué par la « malbouffe ».

Publié le 19 mars 2020
Mis à jour le 27 décembre 2021
Actu GP : Le microbiote intestinal impliqué dans l’infertilité masculine ?

A propos de cet article

Publié le 19 mars 2020
Mis à jour le 27 décembre 2021

L’infertilité touche entre 10 à 15 % des couples ; et dans ce domaine, l’égalité hommes-femmes est de mise, puisque dans la moitié des cas, l’origine du trouble est à rechercher du côté de ces messieurs. Parmi les facteurs environnementaux pointés du doigt, l’obésité, qui entraîne une baisse de la qualité du sperme. Or, l’alimentation trop riche responsable de cet excès de poids est également associée à une modification de la composition du microbiote intestinal ( (sidenote: Dysbiose La « dysbiose » n’est pas un phénomène homogène : elle varie en fonction de l’état de santé de chaque individu. Elle est généralement définie comme une altération de la composition et du fonctionnement du microbiote, provoquée par un ensemble de facteurs environnementaux et liés à l’individu, qui perturbent l’écosystème microbien. Levy M, Kolodziejczyk AA, Thaiss CA, et al. Dysbiosis and the immune system. Nat Rev Immunol. 2017;17(4):219-232. ) ). L’écosystème qui colonise notre tube digestif serait-il un mécanisme-clé dans l’infertilité masculine liée à la malbouffe ?

Des spermatozoïdes moins nombreux et moins mobiles

C’est l’hypothèse formulée par des chercheurs chinois. Pour évaluer sa pertinence, ils ont constitué quatre groupes de souris : un groupe recevant une alimentation équilibrée et un groupe soumis à un régime riche en graisses, servant tous deux de donneurs dans le cadre d’une greffe de microbiote fécal à deux autres groupes de souris nourries normalement par la suite. Sans surprise, le régime « malbouffe » s’est soldé par un gain de poids et s’est accompagné d’une dysbiose et d’une endotoxémie ; cette infection bactérienne engendre une inflammation locale chronique connue pour son impact négatif sur la spermatogenèse. L’analyse du sperme des animaux a d’ailleurs montré une baisse significative du nombre et de la motilité des spermatozoïdes. Chez les rongeurs nourris normalement, mais recevant une greffe fécale de leurs congénères engraissés, des résultats comparables ont été observés ; en revanche, sans gain de poids ni modification métabolique. La dysbiose et l’endotoxémie provoqueraient une inflammation intestinale et des bourses, avec pour conséquence une altération de la production et de la maturation des spermatozoïdes. Le lien entre dysbiose, endotoxémie et moindre qualité des spermatozoïdes a également été confirmé chez des hommes infertiles.

Traiter la dysbiose pour restaurer la fertilité ?

La restauration du microbiote intestinal pourrait donc constituer une nouvelle approche pour traiter les troubles de la fertilité masculine, en particulier chez les hommes souffrant du syndrome métabolique, suggèrent les auteurs.

Old sources

Sources :

Ding N., Zhang X., Zhang XD. et al. Impairment of spermatogenesis and sperm motility by the high-fat diet-induced dysbiosis of gut microbes. Gut. 2020

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