Un risque moindre de diabète en cas de microbiote diversifié ?

Une nouvelle étude rassemblant plus de 2 000 sujets montre que la diversité du microbiote intestinal et l’abondance de 12 taxons producteurs de butyrate sont associés à de moindres risques de diabète de type 2 et d’insulinorésistance.

Publié le 13 décembre 2021
Mis à jour le 13 décembre 2021

A propos de cet article

Publié le 13 décembre 2021
Mis à jour le 13 décembre 2021

Si des études ont déjà rapporté des associations entre le microbiote intestinal et le diabète de type 2 (DT2), elles n’ont porté que sur des échantillons limités et les taxons impliqués restent encore sujets à débat (résultats pas toujours reproduits, manque de puissance, etc.). C’est pourquoi des chercheurs ont entrepris une étude d’ampleur, réunissant 2 166 sujets issus de 2 cohortes néerlandaises, sur les associations entre la composition du microbiote intestinal – analysée par amplification et séquençage de l’ARN 16s bactérien présent dans les selles – et le DT2 – cas objectivés par 2 médecins à partir des critères de l’OMS (glycémie, prise de médicament anti-diabète…).

Bien que transversales (i.e. données sur le microbiote et le DT2 recueillies en même temps), les analyses ont été ajustées sur de nombreux facteurs de confusion : apport énergétique, indice de masse corporelle, niveau d’éducation... Autre force et aspect novateur de l’étude : mesurer les associations entre le microbiote et l’insulino-résistance (IR), établie à partir de la glycémie et de l’insulinémie à jeun, un marqueur subclinique signant une étape précoce de la pathogénèse du DT2.

La diversité du microbiote, facteur protecteur ?

Plusieurs index mesurant la (sidenote: Diversité α Une mesure indiquant la diversité d'un échantillon unique, soit le nombre d’espèces différentes présentes chez un individu. Hamady M, Lozupone C, Knight R. Fast UniFrac: facilitating high-throughput phylogenetic analyses of microbial communities including analysis of pyrosequencing and PhyloChip data. ISME J. 2010;4:17-27. https://www.nature.com/articles/ismej200997 )  du microbiote étaient associés à une moindre IR ainsi qu’à une prévalence réduite de DT2. La (sidenote: Diversité β Une mesure indiquant la diversité des espèces entre les échantillons, elle permet d’évaluer la variabilité de la diversité du microbiote entre les sujets. Hamady M, Lozupone C, Knight R. Fast UniFrac: facilitating high-throughput phylogenetic analyses of microbial communities including analysis of pyrosequencing and PhyloChip data. ISME J. 2010;4:17-27. https://www.nature.com/articles/ismej20099 )  était quant à elle associée à l’IR. Enfin, l’abondance de 7 taxons – appartenant aux familles des Christensenellaceae et des Ruminococcaceae ou au genre Marvinbryantia – était associée à un risque réduit d’IR et l’abondance de 5 autres taxons – familles des Clostridiaceae, Peptostreptococcaceae, ou genres Clostridium sensu stricto, Intestinibacter et Romboutsia – à un moindre risque de DT2.

Des taxons producteurs de butyrate qui réduisent les risques de DT2

Ces 12 taxons, dont 10 sont associés pour la première fois à un risque réduit de DT2 ou d’IR, sont connus pour produire du butyrate, un acide gras à chaîne courte issu de la dégradation des fibres alimentaires par les bactéries. Augmentation de l’activité mitochondriale, amélioration du métabolisme énergétique, réduction de l’endotoxémie et de l’inflammation sont autant de mécanismes avancés pour expliquer ses effets. Toutefois, son rôle dans le métabolisme du glucose et la prévention du diabète reste à valider par des études ad hoc.

Ainsi, les associations mises en évidence entre, d’une part, la diversité du microbiote et l’abondance de bactéries produisant du butyrate, et d’autre part, des risques plus faibles d’IR et de DT2, apportent un nouvel éclairage dans l’étude de l’étiologie, de la pathogénèse, et du traitement du DT2.