Asthme : la sévérité de crises liée au microbiote nasal

Le microbiote des voies respiratoires semble jouer un rôle important dans l'asthme : certaines bactéries du microbiote nasal seraient associées à une évolution favorable de la maladie, tandis que d'autres préfigureraient des crises graves.

Publié le 31 mars 2020
Mis à jour le 04 mars 2022
Photo : Asthma: severity of attacks linked to nasal microbiota

A propos de cet article

Publié le 31 mars 2020
Mis à jour le 04 mars 2022

Les relations entre le microbiote des voies respiratoires des enfants asthmatiques et l’asthme restent encore peu connues. Aussi, une étude prospective a étudié les associations entre l'abondance relative des bactéries de 319 échantillons nasaux recueillis à 2 moments –asthme sous contrôle et en début de crise– et les crises d’asthme survenant chez 254 enfants d'âge scolaire souffrant d'asthme de stade 2, dont 75,7 % ont présenté une crise durant les 320 jours de suivi (2 crises pour 43,4 % des enfants suivis).

Des genres bactériens associés au risque d’asthme

Les résultats montrent que les types de bactéries colonisant les voies nasales sont associés à des risques différents de crise et d'exacerbation. Plus précisément, un microbiote dominé par les genres Corynebacterium et Dolosigranulum est associé à un risque moindre de développer une crise d'asthme, comparativement aux enfants dont le microbiote est dominé par des bactéries plus pathogènes, en particulier des genres Staphylococcus, Streptococcus et Moraxella. Et une évolution au profit de Moraxella en début de crise (en zone jaune de débit expiratoire de pointe) va de pair avec un plus grand risque d'exacerbation. Ces résultats sont cohérents avec des études antérieures montrant que la colonisation des voies respiratoires supérieures par des pathogènes opportunistes, notamment Streptococcus, Moraxella et Haemophilus, est plus fréquente chez les asthmatiques que chez les personnes en bonne santé.

Et des bactéries protectrices

En outre, au début de la crise d'asthme, l'abondance relative de Corynebacterium était inversement associée à la probabilité d’une exacerbation sévère. Rappelons que Corynebacterium (genre le plus abondant identifié dans le microbiote nasal) domine moins fréquemment le microbiote nasal des adultes asthmatiques, ce qui suggère un effet protecteur, peut-être par colonisation compétitive : Corynebacterium et Dolosigranulum pourraient en effet inhiber la croissance des Streptococcus en libérant des substances antibactériennes.

Cause ou conséquence ?

Ainsi, le microbiote des voies respiratoires supérieures est associé à des événements survenant dans les voies respiratoires inférieures. Toutefois, la conception de l'étude ne permet pas de déterminer de relation de causalité. On ignore encore si les modifications du microbiote 1/entraînent une activité asthmatique, 2/sont la conséquence ou le déclencheur d'une infection virale, ou 3/ sont le résultat d'un dialogue bidirectionnel entre le microbiote et la réponse immunitaire de l'hôte au niveau de la muqueuse pendant le développement de la crise et des exacerbations. Il se peut également que les modifications du microbiote reflètent un moins bon contrôle de l'asthme et une inflammation des voies respiratoires.