Le microbiote pulmonaire, un marqueur pronostique de la BPCO ?

La composition du microbiote pulmonaire pourrait bien devenir un marqueur de sévérité des broncho-pneumopathies chroniques obstructives. En effet, une équipe a mis en évidence une corrélation entre la présence de certaines bactéries et le pronostic à un an.

Publié le 08 janvier 2019
Mis à jour le 06 octobre 2021

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Publié le 08 janvier 2019
Mis à jour le 06 octobre 2021

La broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO) touchait en 2010 3,5 millions de personnes en France. Elle est responsable de plus de 100 000 hospitalisations par an pour des exacerbations aiguës (EA)*. Ces épisodes sont associés à une augmentation de la mortalité à court et moyen termes. Des études ont montré une réduction de la diversité du microbiote pulmonaire chez les patients atteints de BPCO, et évoqué une possible responsabilité de cette dysbiose dans l’inflammation des voies aériennes et l’affaiblissement de l’immunité locale.

La diversité, gage de meilleur pronostic

Une nouvelle étude internationale, vient d’identifier un possible marqueur de sévérité de la BPCO, qui permettrait d’identifier des patients à risque élevé de mortalité. 102 patients hospitalisés pour EA ont été inclus dans l’étude, et leurs crachats prélevés à J1. Le microbiome a été analysé par séquençage de l’ARN 16S, mais malheureusement il n’a pas pu être comparé aux cultures classiquement réalisées (ECBC). Un suivi des patients a ensuite été réalisé pour déterminer leur survie un an après cette hospitalisation. D’après différents index, il existerait une association linéaire inversée entre la diversité du microbiote et la mortalité à un an : plus le microbiote est varié, moins la mortalité à un an est probable.

Une association bactérienne dangereuse

Dans cette étude, deux genres** ont été mis en évidence comme ayant un fort potentiel pronostique. Le premier – Veillonella - est une bactérie de la flore commensale orale retrouvée dans les poumons d’adultes. Son absence dans les expectorations des patients multiplie par 13 le risque de décès à un an, et les patients Veillonella positifs (V+) ont en moyenne une durée d’hospitalisation plus courte que ceux Veillonella négatifs (V-). De plus, la présence dans les expectorations d’espèces appartenant au genre Staphylococcus (S+) multiplie par 7 le risque de mortalité à un an, et est associée à de plus longues durées d’hospitalisation. Il n’a pas été observé une plus forte comorbidité chez ces patients V-/S+. Résultat encore plus significatif : l’association de ces deux critères est extrêmement péjorative, puisque les patients V-/S+ ont 85 fois plus de risque de décéder dans l’année que les patients V+/S-. La recherche de ces deux genres bactériens pourrait donc devenir un test de « routine » pour identifier les patients à haut risque, sous réserve de la confirmation de ces résultats par d’autres études.

*Données produites par la Haute Autorité de Santé (France)

**Les espèces présentes pour ces deux genres n’ont pas pu être identifiées en raison de la technique utilisée