Un nouveau marqueur inattendu pour prédire l'évolution du cancer de la prostate le microbiota intestinal

Selon une nouvelle étude publiée dans Cancer Science, la composition du microbiote intestinal pourrait être utilisée comme marqueur de risque élevé du cancer de la prostate.

Publié le 09 novembre 2021
Mis à jour le 20 décembre 2021

A propos de cet article

Publié le 09 novembre 2021
Mis à jour le 20 décembre 2021

Après avoir démontré que les bactéries intestinales et leurs métabolites (Acides gras à chaînes courtes AGCC) favorisent la croissance des cellules cancéreuses dans des modèles murins de cancer de la prostate, les chercheurs de cette nouvelle étude ont voulu approfondir le lien entre microbiote intestinal (MI) et pronostique de cancer de la prostate chez l’homme. Et les résultats sont pour le moins surprenants…

Une cohorte « découverte » et une autre « test » 

152 hommes japonais ayant subi une biopsie de la prostate (96 positifs et 56 négatifs) ont été inclus dans l'étude et répartis aléatoirement en deux cohortes : la cohorte « découverte » (114 patients) et la cohorte « test » (38 patients). Dans chaque cohorte, deux groupes de comparaison ont été établis : un groupe grade élevé (hommes avec un cancer de la prostate de grade 2 ou plus) et un groupe négatif/grade 1 (hommes avec une biopsie négative ou un cancer de la prostate de grade 1). Les échantillons ont été prélevés lors du toucher rectal avant la prise d'antibiotiques prophylactiques et la biopsie de la prostate. La composition du microbiote intestinal a été déterminé par séquençage du gène de l’ARNr 16S.

Des bactéries spécifiques plus abondantes signent le grade élevé

Bien qu’aucune différence significative de la diversité bactérienne n’ait été observée entre les groupes de patients, trois taxons bactériens Rikenellaceae, Alistipes et Lachnospira étaient plus abondants chez les patients présentant un cancer de la prostate de grade élevé. Le statut métastatique des patients n’était pas lié, quant à lui, à la présence de ces bactéries. Les données microbiennes ont également été utilisées pour prédire les profils fonctionnels des microbiotes des patients : (sidenote: Métabolisme de l'amidon et du saccharose, biosynthèse des phénylpropanoïdes, biosynthèse de la phénylalanine, de la tyrosine et du tryptophane, métabolisme des acides cyanoaminés et métabolisme de l'histidine ) 1 étaient plus fréquentes chez les patients présentant un cancer de la prostate de haut grade.

Vers un indice microbien fécal de la prostate ? 

Les chercheurs ont ensuite évalué si des profils microbiens permettaient d’identifier les patients PCa à haut risque dans la cohorte « test ». Les trois bactéries précédemment identifiées n’ont pas permis, à elles seules, de discriminer les hommes avec un cancer de la prostate de haut grade. En utilisant le modèle de régression LASSO, 18 unités taxonomiques opérationnelles (OTU) supplémentaires ont pu être identifiées. Ces groupes bactériens étaient fortement associés (positivement ou négativement) à un PCa de risque élevé dans la cohorte « découverte, et ont été utilisé pour créer un indice FMPI (Fecal Microbiome Prostate Index). Dans la cohorte test, cet indice FMPI était non seulement significativement plus élevé chez les patients PCa de grade élevé (P < 0,001) mais permettait de détecter ces patients avec une précision plus importante que le dosage traditionnel de la PSA (antigène prostatique spécifique) dans le sang. 

Bien que ces résultats soient très encourageants, la cohorte d'étude était composée uniquement d'hommes japonais vivant dans une zone urbaine et ayant un mode de vie similaire. Afin de corroborer ces premiers résultats, il convient d’élargir le champ des recherches à d’autres populations.

    A lire aussi