Système immunitaire infantile : les bénéfices d’une naissance par voie basse

Un accouchement par voie basse facilite la transmission du microbiote maternel, dont la composition participe au développement du système immunitaire du nouveau-né, notamment via la voie de biosynthèse des lipopolysaccharides.

Publié le 12 février 2019
Mis à jour le 06 octobre 2021
Childhood immune system: the benefits of vaginal delivery

A propos de cet article

Publié le 12 février 2019
Mis à jour le 06 octobre 2021

19,1 % des accouchements mondiaux sont réalisés par césarienne. Un chiffre qui s’élève à 25 % pour l’Europe et pose question, puisque ce mode d’accouchement est fréquemment pratiqué pour des raisons de confort et non d’impératif médical. On sait déjà que le mode de délivrance impacte la composition du microbiote intestinal du nouveau-né, principalement via le contact éventuel avec la flore vaginale, cutanée (parfois même fécale) de la mère et l’utilisation d’antibiotiques en cas de césarienne. Les premiers jours post-partum représentant une fenêtre critique pour le développement du système immunitaire néonatal, une équipe internationale s’est intéressée au type de bactéries intestinales transmises de la mère à l’enfant selon le type d’accouchement, et a complété l’analyse par l’étude des gènes bactériens pour évaluer leurs fonctions.

Voie basse : stimulation de la voie de synthèse des LPS

Dans cette étude réalisée chez 33 nouveau-nés, le principal constat est le suivant : l’accouchement par voie basse s’accompagne chez le nouveau-né d’une surabondance de bactéries à Gram-négatif (Bacteroides et Parabacteroides) semblant être à l’origine de fonctions physiologiques renforcées. D’autre part, un accouchement par césarienne favorise le contact du nouveau-né avec les micro-organismes maternels cutanés et la transmission de Staphylococcus, retrouvés plus abondamment dans les selles des nourrissons venus au monde de cette manière. Les chercheurs expliquent que l’abondance de ce type de bactéries chez les nourrissons nés par voie basse serait liée à une stimulation accrue de la voie de biosynthèse des lipopolysaccharides (LPS), des composants de la membrane externe des bactéries Gram-négatif, comparativement à ceux nés par césarienne. Ces LPS, qui sont des endotoxines, favorisent la production de cytokines pro-inflammatoires (TNF-a et d’IL-18) dans le plasma, qui se retrouvent à des taux plus élevés chez les nourrissons nés par voie basse.

Potentiel immuno-stimulateur confirmé in vitro

L’extraction de LPS des selles de nourrissons nés par césarienne et par voie basse en vue de stimuler in vitro des cellules immunitaires humaines primaires a confirmé que l’accouchement par césarienne s’accompagne d’une moindre production de TNF-a et d’IL-18. Ceci confirme le moindre potentiel immuno-stimulateur du microbiote intestinal des enfants nés par césarienne non exposés aux bactéries vaginales de leurs mères, et ainsi la transmission verticale limitée de certaines souches bactériennes au nourrisson. Un facteur qui pourrait avoir des répercussions tout au long de la vie en termes d’augmentation du risque de développer des troubles inflammatoires, immunitaires, métaboliques, voire des maladies chroniques. Ces résultats nécessitent néanmoins d’être confirmés sur de plus grosse cohortes avec un suivi à plus long terme afin de mieux comprendre l’effet de l’exposition microbienne précoce sur les réponses immunitaires innées et adaptatives.