Cancer rectal : F. nucleatum, biomarqueur de la rechute ?

Dans le cancer rectal localement avancé, la chimiothérapie précédent l’excision réduit en général l’abondance de F. nucleatum à la surface de la tumeur. Or du devenir de cette bactérie pourrait dépendre le taux de rechute des patients...

Publié le 12 novembre 2020
Mis à jour le 10 août 2023

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Publié le 12 novembre 2020
Mis à jour le 10 août 2023

Des preuves de plus en plus nombreuses ont permis d'identifier Fusobacterium comme une importante bactérie pathogène de l'intestin associée au cancer colorectal. Néanmoins, son rôle dans le cancer rectal localement avancé, son devenir après une chimiothérapie et son implication dans l’évolution de la tumeur restaient inconnus jusqu’à une récente étude rétrospective. Cette dernière a quantifié F. nucleatum dans le microenvironnement de la tumeur de 143 malades, traités (87 patients) ou non (56 témoins) par radio-chimiothérapie néo-adjuvante avant excision de leur tumeur.

Moins de F. nucleatum après une chimiothérapie pré-opératoire

La visualisation de F. nucleatum et son dénombrement par hybridation in situ, ont montré que la bactérie était principalement localisée à la surface luminale de la tumeur et que la radio-chimiothérapie réduisait de manière significative son abondance : la densité de F. nucleatum était largement plus élevée dans les tumeurs non traitées que dans les tumeurs traitées (score médian de 7,4 versus 1,6) ; et 58 % des tumeurs s’avéraient positives à F. nucleatum chez les patients témoins, contre 26 % chez les patients ayant bénéficié d’une chimiothérapie.

L’abondance ne nuit pas, la persistance signe la rechute

Les effets du traitement ont été évalués dans des échantillons appariés (prélevés avant et après radio-chimiothérapie), chez 71 malades. L’abondance de F. nucleatum n’était pas prédictive de la réponse au traitement. En revanche, sa persistance après la radio-chimiothérapie augmentait d’un facteur 9 le risque de rechute. Un manque d'activation de la cytotoxicité immunitaire pourrait être en jeu, même si aucune relation de cause à effet n’a été prouvée : les tumeurs devenues F. nucleatum négatives après le traitement montraient une forte augmentation des cellules T CD8+ post-traitement ; à l’inverse, les tumeurs restées positives à F. nucleatum après la chimiothérapie ne présentaient pas d'induction de ces cellules T CD8+ dans les échantillons après traitement.

La persistance de F. nucleatum, futur biomarqueur ?

Ainsi, la persistance de F. nucleatum après la chimiothérapie serait associée à des taux de rechute élevés dans le cancer rectal localement avancé, un phénomène potentiellement lié à la suppression de la cytotoxicité immunitaire. De quoi espérer une prise en charge clinique des cancers rectaux plus personnalisée, via ce biomarqueur prédictif prometteur du risque de rechute après une radio-chimiothérapie néo-adjuvante.