Microbiote vaginal : marqueur d’évolution du papillomavirus ?

La présence de Gardnerella dans le microbiote cervico-vaginal de femmes avec un papillomavirus à haut risque oncogène, serait un indicateur d’une augmentation de la diversité microbienne et signe d’une progression vers des lésions précancéreuses.

Publié le 02 juin 2020
Mis à jour le 07 mars 2024
Photo : Vaginal microbiota: a marker for papillomavirus progression?

A propos de cet article

Publié le 02 juin 2020
Mis à jour le 07 mars 2024

42% Moins d’une femme sur deux indique que son médecin lui a déjà expliqué comment préserver l’équilibre de son microbiote vaginal ou a été sensibilisée à l’importance de préserver autant que possible l’équilibre de son microbiote vaginal

Le papillomavirus humain (HPV) est le plus commun des agents infectieux sexuellement transmissibles. Alors que la plupart des femmes infectées l’éliminent rapidement, seule une petite fraction développe une infection persistante avec un risque élevé de développer des lésions précancéreuses puis un cancer du col de l'utérus. Certains facteurs environnementaux (cigarette, contraception hormonale) et cliniques (génétique, système immunitaire, parité) ont été associés à la progression de la maladie ou à son élimination. Le microbiote cervico-vaginal (MCV) a lui aussi été démontré comme impliqué dans la prévalence de la maladie. En revanche son influence sur l’élimination de l’infection ou, au contraire, sur l’évolution vers des dysplasies modérées à sévère (sidenote: (CIN2 + ; CIN3 +) : lésions précancéreuses de grade 2 ou dysplasie modérée (CIN2+ : pour Cervical Intra epithélial Neoplasia de grade 2), lésions précancéreuses de haut grade ou dysplasie sévère (CIN3+) ) n’est pas encore connue.

Lactobacillus iners : signe d’élimination d’HPV

Profitant d’un essai clinique sur l’évaluation d’un vaccin contre le HPV au Costa Rica, les chercheurs1 ont analysé la composition microbienne des échantillons cervicaux du bras placebo de l’étude. Le microbiote de 273 femmes atteintes d'une infection par HPV à haut risque oncogène (HR-HPV) a été évalué ainsi que son évolution lors de 2 visites à un an d’intervalle. A la première visite (V1), l’élimination du virus était corrélée à la présence de L. iners. La progression de la maladie était, quant à elle, corrélée à la présence de Gardnerella à V1 et d’une communauté vaginale polymicrobienne à la deuxième visite (V2).

Gardnerella : un rôle clé dans l’évolution de la maladie

Les chercheurs ont ensuite essayé de modéliser l’évolution de la maladie en combinant les données cliniques (âge, tabac, génotype du virus…) et celles obtenues sur la structure du MCV à V1 et V2. Leur analyse bio-informatique suggère que Gardnerella aurait un rôle dans l’apparition des lésions précancéreuses. Cependant plutôt qu’un rôle direct, cette bactérie induirait une augmentation de la diversité bactérienne qui à son tour conduirait à la progression de l’infection vers des lésions précancéreuses.

Une stratégie pour empêcher la progression d’HPV?

Une autre équipe a publié, quelques semaines plus tôt, des résultats similaires2. Toutes deux émettent l’hypothèse qu’une dysbiose vaginale favoriserait l’évolution d’une infection par un HPV oncogène vers des lésions précancéreuses. Les deux études précisent que des biomarqueurs existent au sein du MCV et permettent d’identifier les patientes à risques. A l’avenir, si d’autres études confirment le rôle central du MCV dans l’évolution de la maladie, des stratégies thérapeutiques pourraient être envisagées pour empêcher la progression de l’infection en modulant le MCV.