Syndrome du côlon irritable : la transplantation de microbiote fécal, efficace à long terme ?

SII

Cette étude de suivi1 confirme que les effets bénéfiques de transplantation de microbiote fécal utilisant un seul "super-donneur" sur les symptômes du syndrome du côlon irritable et l’amélioration de la qualité de vie sont maintenus un an après traitement.

Publié le 23 novembre 2021
Mis à jour le 28 juin 2022

A propos de cet article

Publié le 23 novembre 2021
Mis à jour le 28 juin 2022

Après avoir démontré, au cours d’une précédente étude2, que la transplantation de microbiote fécal (TMF) était efficace pendant 3 mois pour améliorer les symptômes abdominaux, la fatigue et la qualité de vie des patients souffrant du Syndrome du Côlon Irritable (SCI), les chercheurs ont voulu prolonger le suivi de leur cohorte à un an pour évaluer les effets à long terme. C’est l’objet de cette nouvelle étude.

Des bénéfices persistants à 1 an 

Parmi les patients atteints du SCI, 77 des 91 patients qui avaient répondu à la TMF dans l’étude précédente (diminution de ≥50 points du critère de notation de la sévérité du SCI) ont été suivi pendant 1 an après la TMF. Parmi ces patients, 31 d’entre eux avaient reçu une greffe de selle de 30g et 40 autres patients 60g (40 patients) provenant d’un donneur unique « super donneur ».

« Super donneur »

Agé de 36 ans, cet homme caucasien a été qualifié de « super donneur » car il était en bonne santé, avec un IMC normal et faisait régulièrement de l'exercice. L’homme était né par voie vaginale et avait été allaité. Il ne prenait aucun médicament, n'avait reçu que trois traitements antibiotiques au cours de sa vie et prenait régulièrement des compléments alimentaires.

Un an après la TMF, 86,5 % des patients dans le groupe 30g et 87,5 % dans le groupe 60g ont maintenu leur réponse à la TMF ; de plus, les symptômes abdominaux et la fatigue étaient significativement moins sévères et la qualité de vie était significativement meilleure 1 an qu'après 3 mois. De plus, 32,4 % des patients dans le groupe 30g et 45 % dans le groupe 60g ont présenté une rémission complète à 1 an, contre 21,6 % et 27,5 % (respectivement) après 3 mois (p = 0,1 et p = 0,4 respectivement). Tous les patients en rechute (n=10) utilisaient régulièrement des médicaments. Il n’existe pas de différence dans le taux de réponses et dans l’amélioration des symptômes entre les hommes et les femmes, ni entre les différents sous-types de SCI.

Amélioration de la diversité bactérienne intestinale

Alors que l'indice de dysbiose (ID) n’avait pas été amélioré dans la précédente étude un mois après la FMT, elle l’est à un an, signe d’une augmentation de la diversité bactérienne. Dans les groupes 30 g et 60g, les niveaux de plusieurs bactéries ont augmenté significativement un an après la TMF ; la présence de Bacteroides stercoris, Alistipes spp. Et de Bacteroides spp. & Prevotella spp. étaient inversement corrélées avec la sévérité du SCI et la fatigue des patients pour les deux groupes ainsi que Parabacteroides spp pour le groupe 60g. Aucun marqueur bactérien n'a été modifié de manière significative dans le groupe de patients qui avaient rechuté cliniquement un an après la TMF. En outre, les acides gras à chaines courtes fécaux ont également été modifiés -augmentation des acides isobutyrique et isovalerique, diminution de l’acide acétique- chez les patients en complète remissions et les répondeurs suggérant que le métabolisme microbien est passé d'un schéma de fermentation saccharolytique à un schéma de fermentation protéolytique chez ces patients un an après la TMF. 

En dehors des légères douleurs abdominales intermittentes, de la diarrhée et de la constipation survenues les deux premiers jours après la TMF, aucun événement indésirable n'a été signalé au cours de la période de suivi. A l’instar de la première étude, la TMF confirme son potentiel. Elle semble très prometteuse pour le traitement à long terme des symptômes du SCI et pour la restauration du microbiote intestinal.