Greffe rénale : la dysbiose préopératoire, facteur de diabète ?

Les patients insuffisants rénaux qui développent un diabète suite à une greffe pourraient présenter un dysbiose intestinale pré-opératoire, dont la signature fine reste à préciser.

Publié le 30 avril 2020
Mis à jour le 08 août 2023
Actu PRO : Greffe rénale : la dysbiose préopératoire, facteur de diabète ?

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Publié le 30 avril 2020
Mis à jour le 08 août 2023

Les patients insuffisants rénaux (IR) sont touchés de plein fouet par les troubles métaboliques : d’une part, le diabète constitue la première cause d’insuffisance rénale de stade terminal et de greffe rénale (GR) associée ; d’autre part, 20 % des patients normoglycémiques avant GR développent un diabète dans l’année qui suit la greffe (NODAT : New Onset Diabetes After Transplantation). Le traitement immunosuppresseur reçu par les patients après GR, connu pour induire une insulino-résistance, est largement incriminé ; pour autant, cela n’explique pas pourquoi certains patients résistent mieux que d’autres au développement d’un NODAT.

Le microbiote intestinal soupçonné

Une équipe française a comparé le microbiote fécal de 50 sujets IR avant et après GR (3 à 9 mois après) : 16 présentaient un diabète de type 2 (DT2) avant la greffe, 15 ont développé un NODAT et les 19 autres (témoins) ne présentaient pas de diabète ni avant ni après GR. Les chercheurs se sont focalisés sur 9 marqueurs bactériens* déjà connus pour être associés au diabète ou à des troubles métaboliques chez la souris et/ou chez des patients non transplantés rénaux.

Des différences pré- et post-transplantation

Avant la GR, Lactobacillus sp. étaient moins fréquemment détectés chez les témoins (60 %) par rapport aux patients NODAT (87,5 %) ou initialement DT2 (100 %). Après la GR, leur abondance relative augmentait d’un facteur 20 à 25 respectivement dans les groupes NODAT et DT2. Au contraire, Akkermansia muciniphila diminuait, de 2 500 fois dans le groupe NODAT et de 50 000 fois dans le groupe DT2. Cependant, ces variations n’étaient pas observées chez les témoins après transplantation. Enfin, avant la GR, l’abondance relative de Faecalibacterium prausnitzii était 30 fois plus faible chez les patients DT2 comparativement aux témoins.

Une pré-dysbiose à l’origine des NODAT ?

Conclusion des auteurs ? Un état de dysbiose préalable à la GR (caractérisé entre autres par la présence de lactobacilles) pourrait prédisposer les patients au développement d’un NODAT, dans un contexte de consommation d’immunosuppresseurs favorisant son apparition. Des études prospectives à plus grande échelle ne se limitant pas aux 9 marqueurs bactériens étudiés ici permettront de qualifier plus précisément le rôle du microbiote intestinal dans la survenue d’un NODAT.

* ratio Firmicutes/Bacteroidetes, groupe Bacteroides-Prevotella, Lactobacilli, Bifidobacteria, Akkermansia muciniphila, Faecalibacterium prausnitzii, Escherichia coli, Clostridium coccoides et Clostridium leptum.