Microbiote intestinal et évolution de la stéatose hépatique non alcoolique

Une étude vient de faire le lien entre le microbiote intestinal et l’état d’inflammation favorisant l’aggravation de la stéatose hépatique non alcoolique en stéato-hépatite, via la production d’acides gras à chaînes courtes.

Publié le 26 mars 2019
Mis à jour le 06 octobre 2021
Photo : Gut microbiota and NASH course

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Publié le 26 mars 2019
Mis à jour le 06 octobre 2021

Associée à la résistance à l’insuline, la stéatose hépatique non alcoolique (non alcoholic fat liver disease, NAFLD) est devenue l’affection hépatique la plus fréquente dans les pays occidentaux, avec une prévalence d’environ 25 %. Le premier stade est la stéatose hépatique, qui évolue chez certaines personnes en stéato-hépatite (non alcoholic steato-hepatitis, NASH) sous l’influence de plusieurs facteurs, dont un état pro-inflammatoire. Une équipe allemande vient de publier une étude comparant 32 patients atteints de NAFLD, dont 18 au stade de NASH et 27 volontaires sains, sur trois éléments : le microbiote intestinal, les acides gras à chaîne courte (AGCC) fécaux, et le ratio sanguin des lymphocytes Th17/rTreg.

Un microbiote spécifique pour la NASH

Comparativement aux patients souffrant de stéatose hépatique non alcoolique à un stade moins avancé, ceux atteints de NASH ont une plus grande abondance d’espèces appartenant à la famille des Fusobacteriaceae et aux genres Fusobacterium, Prevotella et Eubacterium, ainsi qu’une plus grande abondance de Fusobacteriaceae et Prevotellaceae comparativement aux contrôles, deux groupes bactériens probablement producteurs d’AGCC. Le profil microbiotique retrouvé caractérise donc deux sous-groupes distincts correspondant aux patients atteints ou non de NASH dans le groupe NAFLD, de manière corrélée aux résultats des biopsies hépatiques. Cela pourrait ouvrir la voie à un suivi non invasif de l’évolution de la maladie, le diagnostic de NASH ne pouvant être posé à l’heure actuelle qu’à partir d’une biopsie hépatique. De plus, les taux fécaux d’acétate, de propionate et de butyrate - trois AGCC produits dans le tube digestif par la fermentation des fibres alimentaires – sont plus élevés dans le groupe NAFLD que dans le groupe témoin ; un niveau de butyrate significativement plus élevé que chez les témoins est également observé dans le groupe NASH.

Des AGCC au rôle controversé

Enfin, l’étude porte sur la comparaison des dosages de lymphocytes sanguins spécifiques : les lymphocytes Treg non activés (rTreg), anti-inflammatoires, et les Th17, pro-inflammatoires. Une étude publiée par la même équipe avait montré que le ratio Th17/rTreg était plus élevé dans le sous-groupe NASH que chez les patients atteints de NAFLD. L’étude actuelle met en évidence une corrélation positive entre le ratio Th17/rTreg et les taux d’acétate et de propionate fécaux. Les AGCC sont généralement réputés pour leurs propriétés anti-inflammatoires, mais différentes études, dont celle-ci, soulèvent la question de leur rôle pro-inflammatoire dans certaines pathologies, sous certaines conditions.