Cancer du poumon : le microbiote intestinal signerait un stade précoce

Une dysbiose intestinale apparaîtrait chez les patients atteints d'un cancer du poumon à un stade précoce. De quoi bientôt proposer un test précoce, non invasif, qui hâterait la prise en charge et améliorerait les chances de survie ?

Publié le 02 juillet 2020
Mis à jour le 25 octobre 2023
Photo : Gut microbiota could be an indicator of early-stage lung cancer

A propos de cet article

Publié le 02 juillet 2020
Mis à jour le 25 octobre 2023

Le cancer du poumon, souvent diagnostiqué à un stade avancé, est meurtrier. Un diagnostic plus précoce améliorerait largement la prise en charge et les chances de survie. Et si, comme pour de nombreuses maladies y compris d’autres cancers, une dysbiose intestinale signait le cancer du poumon ?

La dysbiose intestinale signe le stade de la tumeur

Le microbiote intestinal de 42 patients atteints de cancer bronchique non à petites cellules (CBNPC) de (sidenote: Adénocarcinome (37 patients), carcinome de l’épithélium pavimenteux (3 patients), carcinome à grandes cellules (2 patients) ) , à un stade précoce (3 patients seulement avec des métastases), ainsi que celui de 65 témoins en bonne santé, a été analysé par séquençage de l’ARN 16S. Une dysbiose intestinale est observée chez les patients souffrant d’un cancer du poumon, comparativement aux témoins, avec notamment la présence accrue d’espèces appartenant aux genres Ruminococcus et aux familles Lachnospiraceae et Enterobacteriaceae, entre autres. Ainsi, la composition du microbiote pourrait évoluer avec le développement du cancer du poumon. Enfin, la composition du microbiote intestinal signait de manière spécifique le stade de la tumeur : certaines bactéries n’étaient présentes que chez les 3 patients avec métastases.

Un outil de diagnostic ?

Afin de proposer un outil de diagnostic non-invasif du cancer du poumon précoce, 13 biomarqueurs, reposant sur les (sidenote: OTU Pour operational taxonomic unit, ou unités taxonomiques opérationnelles, qui désignent des regroupements de bactéries (qui ne sont pas nécessairement identifiées ou répertoriées dans les bases) présentant au moins. ) , ont été identifiés. Ensemble, ils permettent de prédire avec précision (97,6 %) la présence d’un cancer du poumon. Ce modèle a été confirmé dans une seconde cohorte (34 patients et 40 témoins) : son pouvoir prédictif reste élevé (76,4 %), bien qu'inférieur à celui de la cohorte initiale. A partir de ce modèle a pu être construit un "indice de discrimination des patients", simple à utiliser en pratique clinique (score pondéré) pour repérer les patients avec un cancer pulmonaire précoce. Son pouvoir de prédiction dans la cohorte initiale (92,4%) s’avère également supérieur à celui mesuré dans la cohorte de validation (67,7%). Des cohortes plus larges pourraient améliorer le modèle et son pouvoir de prédiction.