Microbiote vaginal #23
Par le Pr. Satu. Pekkala
Chercheuse à l’Académie de Finlande, Faculté des sciences
du sport et de la santé, Université de Jyväskylä, Finlande
en_sources_title
en_sources_text_start en_sources_text_end
Chapitres
A propos de cet article
Femmes transgenres : une flore néovaginale spécifique
Se sentir femme au plus profond de son être alors que l’on porte physiquement des organes génitaux masculin et que l’on nous désigne homme… Une incongruence de genre que corrigent certaines femmes transgenres en recourant, « à une néo-vaginoplastie par inversion de peau pénienne ». Autrement dit, en transformant chirurgicalement leur pénis en vagin. Quelle que soit la qualité de la chirurgie pratiquée, la peau de ce vagin nouvellement construit reste une combinaison de peau de l’ancien pénis et d’une greffe de peau issue du scrotum et/ou d’autres zones (ventre, aine…). Quid des conséquences en termes de santé ? Le microbiote vaginal est un élément clé de la santé vaginale des femmes cisgenre.
Des chercheurs américains se sont intéressés à la flore intime des femmes transgenres opérées : la composition du microbiote neovaginal pourraient-il expliquer certains problèmes, comme les pertes vaginales fréquemment rapportées ?
La question méritait d’être posée et a trouvé réponse grâce à une étude qui a comparé le microbiote vaginal de femmes transgenres ayant subi une néo-vaginoplastie à celui de femmes cisgenres. Les résultats ? Des microbiotes bien différents. Alors que la flore vaginale des femmes cisgenres est peu diversifiée et largement dominée par des lactobacilles, garant d’un milieu acide qui repousse les pathogènes, celle des femmes transgenres renferme moins de 3 % de ces précieux alliés et est bien plus diversifiée. Or, côté vagin, la diversité n’est pas signe d’une bonne santé, bien au contraire : elle est en effet observée chez les femmes cisgenres souffrant de vaginose bactérienne, qui accroît les risques d’infections sexuellement transmissibles (y compris le VIH-sida) et de fausses couches. Quel est l’origine de ce nouvel écosystème microbien ?
Ou plus exactement quelles bactéries composent le microbiote des néo-vagins des femmes transgenres opérées ? Sans doute via la flore de la peau (pénis, scrotum…) utilisée lors de la chirurgie. Mais pas seulement. Des transmissions oraux-génitales et génitales-génitales semblent également à l’oeuvre. D’ailleurs, ce sont des espèces bactériennes typiques de la peau ou du tube digestif, mais également de la bouche, qui ont été observées dans la flore néovaginale des femmes transgenres opérées. Leurs relations sexuelles augmentant la fréquence d’une bactérie appelée E. faecalis, des transferts génitaux sont également à l’oeuvre.
En revanche, alors que les hormones expliquent la recrudescence des lactobacilles protecteurs chez les femmes cisgenres, le statut hormonal des femmes transgenres (comparable à celui des femmes cisgenres grâce à un traitement) semblait ici ne rien changer à l’affaire. Des études complémentaires sur un plus grand nombres de femmes transgenres seront nécessaires pour mieux comprendre leur santé néovaginale.