Cancer du pancreas : le liquide duodenal, un miroir du risque ?

Le microbiote du liquide duodénal des patients souffrant d’adénocarcinome canalaire du pancréas, un cancer très agressif, pourrait refléter le risque tumoral des patients. Ce qui laisse espérer une détection plus précoce de ce cancer.

Publié le 09 mars 2021
Mis à jour le 31 mars 2022

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Publié le 09 mars 2021
Mis à jour le 31 mars 2022

3e cause de décès par cancer aux États-Unis, avec un taux de survie de 9 % à 5 ans, l'adénocarcinome canalaire du pancréas (PDAC)est un cancer redouté. Des études précédentes ont montré que le microbiote tumoral des patients PDAC contient des bactéries normalement présentes dans le tractus gastro-intestinal supérieur, celles-ci auraient donc migré du duodénum. Si tel est le cas, le liquide duodénal pourrait constituer un bio-échantillon d’intérêt pour caractériser les profils microbiens des patients atteints ou à risque de PDAC. D’où cette étude cas-témoins monocentrique comparant les profils bactériens et fongiques du liquide duodénal de patients subissant une endoscopie : 134 témoins avec un pancréas normal, 98 patients avec kyste(s) pancréatique(s) et 74 patients avec un PDAC.

Dysbiose des patients PDAC

Chez les patients PDAC, les niveaux d’ADN bactérien et fongique du liquide duodénal étaient plus élevés que chez les témoins, même après correction de l'âge, du tabagisme et de l'utilisation d’ (sidenote: inhibiteur de pompe à protons ) . De plus, leur diversité microbienne était réduite et le genre Bifidobacterium davantage présent. Les bactéries Fusobacterium, Rothia et Neisseria étaient plus présentes chez les patients PDAC dont la survie fut courte.

L’effet des IPP ne doit pas être négligé : chez les témoins, l’utilisation régulière d’IPP réduisait la diversité du microbiote. Ces traitements allaient également de pair avec une augmentation des bactéries à prédominance orale telles que Streptococcus et Fusobacteriums, ces dernières ayant été associées à plusieurs cancers dont le PDAC.

Altération du mycobiote

Chez les patients atteints de kyste(s) pancréatique(s), les profils bactériens du liquide duodénal n'étaient pas significativement différents de ceux des témoins. En revanche, le mycobiote différait : davantage d’ascomycètes, moins de Basidiomycètes et de Malassezia. Les patients PDAC avaient, quant à eux, une plus faible abondance en Saccharomyces que les patients atteints de kyste(s) pancréatique(s).

Stratifier le risque de cancer ?

Ainsi, l’étude avance l’idée de microbiotes bactériens et fongiques du liquide duodénal distincts selon les patients (atteints d'un cancer du pancréas, souffrant de kystes pancréatiques, pancréas normal). Ces dysbiosescaractéristiques laissent espérer la possibilité de définir des profils afin de mieux stratifier le risque de cancer du pancréas des patients sous surveillance pancréatique. D'autres études, plus larges et incluant d’autres populations et régions, restent néanmoins nécessaires avant de tirer des conclusions définitives.