Quand la flore intestinale d’obèses vole au secours de cancéreux en phase terminale

La flore intestinale des patients en surpoids ou obèses expliquerait en partie leur prise de poids. Au point de faire regrossir des patients souffrant d’un cancer en phase terminale ? C’est l’expérience tentée par une équipe de chercheurs.

Publié le 29 septembre 2021
Mis à jour le 02 novembre 2021

A propos de cet article

Publié le 29 septembre 2021
Mis à jour le 02 novembre 2021

La cachexie est l’image que l’on se fait d’un gréviste de la faim à bout de forces ou d’un patient en fin de vie : un état d’épuisement et d'amaigrissement extrêmes du corps, signe d’une dénutrition sévère ou la phase terminale de certaines maladies, comme le cancer gastro-œsophagien. On le sait, le microbiote intestinal semble jouer un rôle crucial dans la régulation de l’appétit, qui fait défaut chez les patients cancéreux. D’où l’idée de ces chercheurs : implanter à leurs patients la flore intestinale de personnes obèses en bonne santé, puisque certains de ces (sidenote: Micro-organismes Organismes vivants qui sont trop petits pour être vus à l'œil nu. Ils incluent les bactéries, les virus, les champignons, les archées, les protozoaires, etc… et sont communément appelés "microbes". What is microbiology? Microbiology Society.   ) joueraient un rôle dans leur prise de poids.

Pas d’amélioration de l’appétit mais un effet bénéfique sur l’évolution du cancer

24 patients cachectiques atteints d'un cancer gastro-œsophagien inopérable et devant recevoir une chimiothérapie palliative se sont prêtés à l’expérience. Douze ont reçu une flore issue d’un donneur sain en surpoids ou obèse ; et douze ont reçu leur propre microbiote (groupe témoin). Personne ne savait qui recevait quoi pour ne pas tromper les résultats. Contrairement aux espoirs des chercheurs, la greffe de flore intestinale issue d'un donneur obèse en bonne santé n'a pas amélioré l’appétit ou la cachexie du patient cancéreux receveur avant la chimiothérapie. Néanmoins, elle semble bénéfique sur l’évolution de la maladie : comparativement au groupe témoin (qui a reçu sa propre flore), le cancer était mieux contrôlé chez les 12 patients ayant reçu le microbiote d’un donneur obèse. Leur survie était également améliorée. 

Bactéries intestinales et efficacité de la chimiothérapie ? 

Une analyse de leur nouveau microbiote fécal a confirmé que la greffe de flore intestinale a bel et bien pris, malgré la chimiothérapie qui a suivi. Impossible en revanche pour les chercheurs de savoir, à ce stade, si certaines espèces bactériennes intestinales spécifiques pourraient aller de pair avec une meilleure efficacité de la chimiothérapie. Mais d’autres études à plus grande échelle devraient suivre pour en savoir davantage. Dans l’attente des prochains résultats suivez les actus de l’institut mais ne tentez en aucun cas de faire un cocktail de flore intestinale maison !

Sources

De Clercq NC, van den Ende T, Prodan A et al. Fecal Microbiota Transplantation from Overweight or Obese Donors in Cachectic Patients with Advanced Gastroesophageal Cancer: A Randomized, Double-blind, Placebo-Controlled, Phase II Study.  Clin Cancer Res. 2021 Apr 21.