Grippe : prendre soin de son microbiote intestinal pour prévenir les complications ?

Des chercheurs français ont découvert que la grippe perturberait l’équilibre de la flore intestinale, ce qui affaiblirait les défenses immunitaires pulmonaires et favoriserait la survenue de surinfections bactériennes.

Publié le 02 juin 2020
Mis à jour le 27 décembre 2021
Actu GP: Grippe : prendre soin de son microbiote intestinal pour prévenir les complications ?

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Publié le 02 juin 2020
Mis à jour le 27 décembre 2021

Chaque hiver, des millions de Français contractent la grippe. Malgré les campagnes de vaccination et les traitements, les plus fragiles peuvent développer des complications, parfois mortelles. Des formes graves généralement liées à des pneumonies provoquées par des surinfections bactériennes. Et à en croire une récente étude parue dans une prestigieuse revue, le microbiote intestinal serait impliqué.

Déséquilibre de la flore intestinale

Il est désormais établi que la flore intestinale joue un rôle essentiel au bon fonctionnement du système immunitaire. Dans cette étude chez la souris, la composition et l’activité du microbiote intestinal étaient déséquilibrées ( (sidenote: Dysbiose La « dysbiose » n’est pas un phénomène homogène : elle varie en fonction de l’état de santé de chaque individu. Elle est généralement définie comme une altération de la composition et du fonctionnement du microbiote, provoquée par un ensemble de facteurs environnementaux et liés à l’individu, qui perturbent l’écosystème microbien. Levy M, Kolodziejczyk AA, Thaiss CA, et al. Dysbiosis and the immune system. Nat Rev Immunol. 2017;17(4):219-232. ) ) en cas d’infection par le virus de la grippe, et ce de manière transitoire. De plus, la production d’acides gras à chaînes courtes ( (sidenote: AGCC Les acides gras à chaîne courte sont une source d’énergie (carburant) des cellules de l’individu. Ils interagissent avec le système immunitaire et sont impliqués dans la communication entre l’intestin et le cerveau. Sources:
Silva YP, Bernardi A, Frozza RL. The Role of Short-Chain Fatty Acids From Gut Microbiota in Gut-Brain Communication. Front Endocrinol (Lausanne). 2020;11:25.
)
) était fortement réduite. Or, ces AGCC, et en particulier l’acétate, peuvent agir à distance des intestins sur certaines cellules immunitaires présentes dans les poumons (macrophages) en stimulant leur activité antibactérienne. En résumé, en cas de grippe, la dysbiose du microbiote réduirait la production d’acétate, ce qui compromettrait les défenses immunitaires pulmonaires et ne protégerait plus les poumons des bactéries.

Le rôle de l’alimentation

Ce déséquilibre intestinal n’est pas causé directement par le virus lui-même, mais semble induit par la réduction de la prise alimentaire liée à la perte d’appétit, symptôme fréquent de la grippe. Par conséquent, pour préserver l’intégrité du microbiote intestinal, et renforcer les défenses immunitaires, il est recommandé de consommer des aliments riches en fibres alimentaires (légumes, fruits, légumes secs). De même, en période d’épidémie, il est vivement déconseillé de diminuer ses apports caloriques ou de jeûner.

De nouvelles stratégies thérapeutiques

Les scientifiques ont démontré que cette sensibilité à la surinfection bactérienne peut être corrigée par un traitement à l'acétate chez la souris. Ainsi, un traitement à base d’acétate ou de molécules analogues serait une piste thérapeutique intéressante, au regard de ces travaux. De plus, l’usage de prébiotiques ou de probiotiques devra être évalué en tant que stratégies thérapeutiques.

Sources :

Sencio V, Barthelemy A, Tavares LP, et al. Gut Dysbiosis during Influenza Contributes to Pulmonary Pneumococcal Superinfection through Altered Short-Chain Fatty Acid Production. Cell Rep. 2020;30(9):2934–2947.e6. 

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