Activité physique : plus c’est long, plus c’est bon pour le microbiote

Inutile de faire des exercices physiques intenses pour avoir un microbiote en bonne santé. Ce qui compte, c’est bouger au moins 2h30 par semaine… et essayer de garder la ligne ! C’est ce que vient de mettre en évidence une nouvelle étude.1

Le microbiote intestinal Obésité Diabète de type 2

On savait que les grands sportifs avaient un microbiote différent de celui des sédentaires et que l’activité physique intense modifiait significativement la flore intestinale. 
Mais quel est l’effet sur la santé d’une activité physique plus modérée ? Et cet effet est-il le même que l’on soit mince ou en surpoids ?

Plusieurs centaines de volontaires enrôlés

Pour répondre à ces questions, des chercheurs canadiens et d’instituts de recherche Européens ont recruté 350 hommes et femmes âgés de 38 à 65 ans qu’ils ont répartis en deux groupes : un premier constitué de volontaires de poids normal ( (sidenote: Indice de Masse Corporelle (IMC) L'Indice de Masse Corporelle évalue la corpulence d’un individu en estimant la masse grasse du corps calculée par un rapport entre le poids (kg) et le carré de la taille (m2). https://www.nhlbi.nih.gov/health/educational/lose_wt/BMI/bmicalc.htm https://www.euro.who.int/en/health-topics/disease-prevention/nutrition/a-healthy-lifestyle/body-mass-index-bmi ) compris entre 18,5 et 25) et un second avec seulement des personnes en surpoids (IMC compris entre 25 et 30, donc pas obèses).

Les scientifiques leur ont demandé quels types d’activité physiques ils pratiquaient au quotidien : plutôt légère (marcher, faire la vaisselle ou la cuisine…), modérée (marche rapide, travaux de jardin, vélo, badminton…) ou intense (gros travaux, course à pied, muscu, basket, foot…).

Le nombre d’heures consacrées à ces activités a également été noté pour chaque participant (moins de 2h30, entre 2h30 et 8h ou plus de 8h).

Les chercheurs ont enfin recueilli les selles de l’ensemble des participants pour analyser leur microbiote intestinal.

Activité physique : que recommande l’OMS ?

Ce n’est plus à démontrer, l’activité physique est indispensable autant pour la santé physique que mentale, et la sédentarité une cause majeure de maladie chronique et d’obésité. 
Pour l’Organisation Mondiale de la Santé, l’activité physique correspond à « tout mouvement corporel produit par les muscles squelettiques qui requiert une dépense d’énergie », que ce mouvement soit réalisé dans le cadre du travail, des loisirs ou d’un déplacement.
Mais quel temps un adulte doit-il y consacrer pour en tirer des bénéfices ? Selon l’OMS, au moins 2h30 à 5h par semaine pour une activité « d’intensité modérée », ou 1h15 à 2h30 pour une activité « d’intensité soutenue ». Une combinaison des deux est possible.
Autre recommandation : limiter le temps passé immobile ou, si ce n’est pas possible, aller au-delà des recommandations… pour compenser les effets néfastes de la sédentarité ! 2

Des bénéfices santé pour tous… mais plus complets chez les personnes minces

Les résultats montrent d’abord que l’amélioration de la diversité et de la richesse du microbiote est davantage liée au nombre d’heures consacrées à l’activité physique qu’à l’intensité de celle-ci. Que l’on ait ou pas des kilos à perdre, il suffirait de faire au moins 2h30 d’activité physique par semaine pour obtenir un bénéfice intestinal.

Ceci une bonne nouvelle pour les personnes en surpoids, car la diversité et la richesse sont associées à un moindre risque de maladies chroniques (diabète, obésité, maladies cardio-vasculaires…) ainsi qu’à une meilleure résilience du microbiote.

En revanche, c’est seulement chez les volontaires de poids normal (IMC < 25) que des changements de composition bactérienne étaient visibles. Chez eux, en effet, plus la durée consacrée à l’activité physique augmentait, plus leur microbiote était riche en :

  • Actinobacteria, un groupe de bactéries connues pour leurs multiples bienfaits sur la santé cardiométabolique: baisse du cholestérol, production d’acétate -  (sidenote: Acides Gras à Chaîne Courte (AGCC) Les acides gras à chaîne courte sont une source d’énergie (carburant) des cellules de l’individu, ils interagissent avec le système immunitaire et sont impliqués dans la communication entre l’intestin et le cerveau. Silva YP, Bernardi A, Frozza RL. The Role of Short-Chain Fatty Acids From Gut Microbiota in Gut-Brain Communication. Front Endocrinol (Lausanne). 2020;11:25. )  -,digestion des glucides complexes comme l’amidon résistant… ;
  • Collinsella, des bactéries faisant partie des Actinobacteria, qui protègent de la perméabilité intestinale et produisent du butyrate, un autre AGCC aux propriétés anti-inflammatoires.

Un effet qui dépendrait aussi du sexe

Autre observation : chez les personnes minces, mais aussi les femmes en surpoids, plus la force de préhension (force dans la main) était importante, plus leur microbiote contenait de Faecalibacterium prausnitzii, des bactéries connues pour leurs propriétés anti-inflammatoires et un effet contre la (sidenote: Dysbiose La « dysbiose » n’est pas un phénomène homogène : elle varie en fonction de l’état de santé de chaque individu. Elle est généralement définie comme une altération de la composition et du fonctionnement du microbiote, provoquée par un ensemble de facteurs environnementaux et liés à l’individu, qui perturbent l’écosystème microbien. Levy M, Kolodziejczyk AA, Thaiss CA, et al. Dysbiosis and the immune system. Nat Rev Immunol. 2017;17(4):219-232. ) .

L’IMC et le sexe interviendraient donc dans les effets de l’activité physique sur le microbiote. Un nouveau grand pas dans la compréhension du fonctionnement de l’axe muscle-intestin !

Le microbiote intestinal

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"C'est fascinant ! L'activité physique peut en effet avoir un impact positif sur votre microbiote intestinal. Il s'agit de favoriser un écosystème microbien diversifié dans votre intestin, ce qui peut contribuer à une meilleure digestion et à une meilleure santé générale. N'oubliez pas que le plus important est de trouver une activité qui vous plaise, car la régularité est essentielle pour en récolter les fruits." -Aware Health Rewards App (De My health, my microbiota)

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Anorexie mentale : le déséquilibre intestinal alimente les troubles

Selon une étude danoise, le microbiote intestinal des femmes atteintes d’anorexie mentale est profondément déséquilibré. En agissant sur l’axe intestin-cerveau et le métabolisme, ce déséquilibre participerait au développement et au maintien des troubles liés à la maladie comme la perte d’appétit et de poids.

Le microbiote intestinal

L'anorexie mentale est un trouble du comportement alimentaire concernant 1% de la population, dont 95 % de femmes. Elle se caractérise par des distorsions de l’image corporelle et des obsessions concernant la perte de poids qui conduisent à une restriction volontaire drastique des apports alimentaires.

Résultats : une maigreur et des complications de santé qui peuvent parfois mener au décès. Les causes de l’anorexie mentale restent mal comprises et sa prise en charge, compliquée : elle aboutirait à une rémission dans moins de la moitié des cas. Des études précédentes incluant un faible nombre de patients avaient déjà mis en évidence un déséquilibre du microbiote intestinal (dysbiose) associé au trouble. Cette dysbiose pourrait-elle favoriser le développement de la maladie ?

Un microbiote intestinal profondément perturbé chez les femmes souffrant d’anorexie

Des chercheurs ont analysé des échantillons de selles et de sang de 77 femmes atteintes d’anorexie mentale et 70 femmes en bonne santé du même âge. Ils ont ainsi pu comparer la composition du microbiote intestinal ainsi que les (sidenote: Métabolites Petites molécules produites au cours du métabolisme cellulaire ou bactérien. Les acides gras à chaine courte sont par exemple des métabolites produits par le microbiote intestinal lors de la fermentation de sucres complexes non digestibles (fibres…).  Silva YP, Bernardi A, Frozza RL. The Role of Short-Chain Fatty Acids From Gut Microbiota in Gut-Brain Communication. Front Endocrinol (Lausanne). 2020;11:25.  Lamichhane S, Sen P, Dickens AM, et al An overview of metabolomics data analysis: current tools and future perspectives. Comprehensive analytical chemistry. 2018 ; 82: 387-413 ) dans le sang, et ont en effet constaté des différences. Par exemple, le microbiote intestinal des femmes souffrant d’anorexie mentale contenait moins de bactéries Roseburia, considérées bénéfiques à la santé. En outre, plus il présentait d’espèce bactérienne Clostridium, plus les symptômes d’anorexie mentale étaient importants, ce qui suggère le rôle de ces espèces dans la régulation du comportement alimentaire.

1% L’anorexie mentale est un trouble du comportement alimentaire concernant 1% de la population

95% dont 95 % de femmes

Le microbiote intestinal contribue aux troubles du comportement alimentaire

Les chercheurs ont ensuite transplanté à des souris sans germes (souris (sidenote: Souris axéniques Souris sans germes, élevées en milieu stérile ) ) des échantillons fécaux de femmes atteintes d’anorexie mentale. Après 3 semaines de réduction de 30% de leurs apports alimentaires (pour mimer les comportements alimentaires des patientes souffrant d’anorexie), les souris ayant reçu les échantillons fécaux des femmes souffrant d’anorexie ont davantage perdu de poids et mis plus de temps à reprendre un poids normal que les souris « contrôles ». Une analyse fonctionnelle des bactéries présentes dans les selles des souris a ensuite confirmé le rôle du microbiote intestinal dans le contrôle du comportement alimentaire.

Les résultats de cette étude suggèrent que la dysbiose intestinale, ainsi que le déséquilibre des métabolites sanguins chez les femmes souffrant d’anorexie mentale pourraient contribuer au développement de la maladie. Ces composés pourraient agir via la circulation sanguine à travers le réseau de neurones de l’axe intestin-cerveau et affecter la régulation de l'appétit, les émotions et le comportement.

Le microbiote intestinal

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"Je n'avais jamais entendu parler du microbiote intestinal, c'est intéressant !" Rose Liv (Repris de My health, my microbiota)

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Microgravité, microbiote et densité osseuse

La perte de densité osseuse est un effet secondaire de la microgravité bien connu chez les astronautes… que le microbiote pourrait contrebalancer, à en croire une récente étude menée sur la souris et publiée dans la revue Cell reports.

Bien que moins médiatiques que la chienne Laïka, des souris astronautes participent à un large programme de recherche de la Nasa.

Objectif : évaluer l’effet de la microgravité sur l’homéostasie osseuse. Avec en ligne de mire la recherche de moyens pour atténuer les conséquences de longs voyages dans l’espace. En effet, les vols spatiaux vont de pair avec une altération de la formation osseuse et une résorption osseuse accrue.

Récemment des études ont établi un lien entre des changements dans le microbiote intestinal et maladies osseuses comme l’ostéoporose, via des effets sur le système immunitaire, la régulation endocrinienne, des carences en vitamines et nutriments et le métabolisme énergétique par le biais d'acides gras à chaîne courte (AGCC). Pour mieux comprendre les mécanismes en jeu dans la santé osseuse, la mission Rodent Research 5 a évalué l'influence de la microgravité sur le microbiote intestinal et oral de 20 souris femelles ayant séjourné 4,5 (10 rongeurs) ou 9 semaines (10 rongeurs) dans l’ISS (Station spatiale internationale). Soit l’équivalant d’un séjour de plusieurs années pour Thomas Pesquet, dont l’espérance de vie est 30 à 40 fois plus longue que celle de ces petits rongeurs.

Dans le monde, l'ostéoporose est à l'origine de plus de 8,9 millions de fractures par an, soit 1 fracture ostéoporotique toutes les 3 secondes.

Effet d’un long voyage spatial

Après 4,5 semaines dans l’espace, le microbiote des rongeurs est resté globalement comparable en termes de diversité à celui de 20 rongeurs témoins restés sur Terre dans des conditions identiques (si ce n’est la microgravité). En revanche, lorsque le séjour dans l’ISS s’est prolongé (9 semaines), la diversité du microbiote intestinal s’est accrue, l'abondance relative des Firmicutes a augmenté et celle des Bacteroidetes diminué. Plus précisément, un long séjour dans l’espace a conduit à un enrichissement en Lactobacillus murinus (du phylum des Firmicutes) et en Dorea sp., comparativement à un séjour de 4,5 semaines. 
De plus, chez des rongeurs ayant passé 9 semaines dans l’espace (comparativement à des ceux restés sur Terre), on a observé une stimulation de voies métaboliques associées à la production d’acide lactique, malique et butyrique, mais aussi de glutathion et d’acides aminés comme la leucine et l’isoleucine.

1 femme sur 3 âgée de plus de 50 ans subira une fracture ostéoporotique

1 homme sur 5 âgé de plus de 50 ans subira une fracture ostéoporotique

Des liens avec la densité osseuse

Or, ces métabolites ne sont pas sans lien avec la densité minérale osseuse des rongeurs. Par exemple, le glutathion favorise la survie de précurseurs des ostéoblastes et donc la régénération osseuse ; la leucine et l'isoleucine, 2 acides aminés à chaîne ramifiée, sont activement importés dans les ostéoblastes au cours de la chondrogenèse. 
De là à en déduire que, en situation de microgravité et de perte osseuse, le microbiote et l’organisme des souris essaient de compenser la perte osseuse, il n’y a qu’un pas, que les chercheurs refusent néanmoins de franchir dans l’attente d'études mécanistiques pour vraiment valider ces hypothèses. Sachant que les retombées pourraient être importantes : l’identification de potentiel traitement comme des bactéries probiotiques participant au maintien de la santé osseuse et qui pourraient aider les astronautes à rester en meilleure santé dans l'espace… mais aussi de simples Terriens frappés par l'ostéopénie ou l'ostéoporose.

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Anorexie mentale : une dysbiose intestinale contribuant aux troubles alimentaires ?

Une étude publiée dans Nature Microbiology révèle que le microbiote intestinal et le métabolome sérique des femmes atteintes d’anorexie mentale présentent des altérations qui contribueraient à la maladie. Elle intègre des travaux sur des modèles murins qui dévoilent certains mécanismes des interrelations entre restriction alimentaire et dysbiose intestinale.

L'anorexie mentale (AM) concerne 1% de la population, dont 95 % de femmes. La prise en charge de ce trouble grave, à morbidité et mortalité élevées, n’aboutit à une rémission que dans moins de la moitié des cas. Les causes de l’AM restent inconnues, mais impliqueraient des facteurs génétiques et environnementaux. En influant sur la régulation de l’appétit, du comportement et des émotions via l’ « axe intestin-cerveau », le microbiote intestinal et ses métabolites pourraient jouer un rôle dans la maladie. Des études de faibles effectifs ont déjà permis d’observer une dysbiose du microbiote intestinal chez les patientes atteintes

Un microbiote intestinal profondément perturbé chez les femmes souffrant d’anorexie

Une équipe de l’Université de Copenhague (Danemark) a comparé le séquençage génomique des échantillons fécaux (shotgun) et le profilage du métabolome sérique de 77 femmes atteintes d’AM avec 70 femmes en bonne santé du même âge. Les chercheurs ont constaté que la composition du MI des femmes souffrant d’AM différait de celui des femmes en bonne santé : notamment, les espèces Roseburia intestinalis et R. inulinivorans, des bactéries impliquées dans la digestion des polysaccharides végétaux et bénéfiques à la santé, étaient diminuées.

De plus, les espèces Clostridium étaient positivement corrélées avec les troubles du comportement alimentaire et la santé mentale, suggérant leur rôle dans la régulation du comportement alimentaire et des symptômes neuropsychiatriques. Enfin, le microbiote intestinal de ces patientes était diversifié en virus et plus riche, notamment en phages de Lactococcus
Le métabolome sérique des patientes atteintes d'AM présentait également des différences significatives avec celui des femmes en bonne santé. Les chercheurs ont observé une augmentation de plusieurs acides biliaires dont lʼacide indole-3-propionique, un métabolite associé à la sécrétion de glucagon-like peptide 1 qui stimule la satiété et ralentit la vidange gastrique. Les analyses d’inférence causale réalisées par l’équipe suggèrent que les métabolites bactériens médient certains effets de la dysbiose intestinale sur les troubles alimentaires.

Réduction de la prise de poids et altération du métabolisme énergétique chez la souris

Les chercheurs ont ensuite transplanté à des souris (sidenote: Souris axéniques Souris sans germes, élevées en milieu stérile ) en régime hypocalorique des échantillons fécaux soit de femmes atteintes d’AM, ou provenant de femmes en bonne santé (souris contrôles). Après 3 semaines de réduction de 30% de leurs apports alimentaires (pour mimer les comportements alimentaires des patientes souffrant d’anorexie), les souris ayant reçu les échantillons fécaux des femmes souffrant d’anorexie ont eu une perte de poids initiale plus importante et un regain de poids plus lent que les souris contrôles. D’autre part, on observe une surexpression des gènes qui suppriment l'appétit dans l'hypothalamus et une surexpression des gènes liés à la thermogénèse dans le tissu adipeux chez les souris transplantés avec les selles de patientes anorexiques.

Les résultats de cette étude suggèrent que la dysbiose intestinale et l’altération des métabolites sériques des femmes souffrant d’AM pourraient contribuer au développement et au maintien de la maladie. Ces composés pourraient agir via la circulation sanguine ou la signalisation neuronale de l’axe intestin-cerveau affectant la régulation de l'appétit, les émotions et le comportement.

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Actualités Médecine générale Psychiatrie

Ostéoporose : des bactéries pour limiter la casse ?

Après un voyage spatial de 9 semaines, le microbiote intestinal des souris s‘adapterait pour limiter l’ostéoporose précoce liée à la microgravité, ce phénomène de perte osseuse observé chez les astronautes, d’après une étude publiée dans Cell report 1.

Le microbiote intestinal

Rayonnements cosmiques, perturbation du sommeil, perte de densité osseuse : les voyages dans l’espace ne sont pas une sinécure. Et si l’on veut pouvoir un jour se réveiller frais et dispo après son arrivée sur Mars, il convient de décrypter les effets de l’espace sur l’organisme pour parvenir à les atténuer. C’est toute la mission du programme Rodent Research 5 de la Nasa, qui étudie l’évolution de la structure osseuse de rongeurs envoyés quelques semaines dans la station spatiale internationale (ISS). Et les premiers résultats sont surprenants : le microbiote digestif semble s’adapter à la microgravité, avec des modifications à même de limiter la perte osseuse.

L’os, un tissu en perpétuel remaniement

Vous pensiez que l’os, une fois sa taille maximale atteinte, ne subissait plus de modifications ? Détrompez-vous ! L’os est en remodelage permanent, même à l’âge adulte. Deux types de cellules interviennent dans ce phénomène : les ostéoclastes qui suppriment l’os ancien et les ostéoblastes qui forment de l’os neuf. Quand on est en bonne santé, leurs activités respectives sont équilibrées, et l’os est régénéré en permanence. Cependant, il arrive qu’à la ménopause le manque d’œstrogène favorise l’action des ostéoclastes et freine celui des ostéoblastes : l’os se résorbe davantage et son architecture se fragilise. C’est l’ostéoporose 2.

Un microbiote influencé par l’espace

Ainsi, des souris qui ont passé 9 semaines de leur courte vie sur l’ISS (soit l’équivalent de plusieurs années pour un astronaute) reviennent sur Terre avec un microbiote plus diversifié et dont la composition a évolué. Certaines espèces bactériennes sont devenues plus abondantes, notamment Lactobacillus murinus et Dorea sp. Or, il semblerait qu’elles puissent fabriquer des molécules connues pour favoriser la régénération osseuse. 

1 femme sur 3 âgée de plus de 50 ans subira une fracture ostéoporotique

1 homme sur 5 âgé de plus de 50 ans subira une fracture ostéoporotique

En effet, il ne faut pas croire que les os sont un tissu « mort » une fois la croissance terminée et l’âge adulte atteint. Bien au contraire, le tissu osseux est en permanence remodelé, via un processus équilibré et continu de destruction et reconstruction. Un équilibre qui peut néanmoins se rompre en cas de maladie (ostéoporose par exemple) ou de voyage dans l’espace, l’absence de gravité perturbant le processus. Or, les bactéries Lactobacillus murinus et en Dorea sp. semblent s’activer, lorsque leur hôte (la souris) est en apesanteur dans l’espace, à produire des molécules qui favorisent la régénération osseuse. D’ailleurs, on retrouve davantage de certains de ces composés dans le sang des rongeurs.

Des implications pour les astronautes… et l’ostéoporose

Autrement dit, tout se passe comme si le microbiote intestinal aidait l’organisme des souris à compenser la perte osseuse liée à la microgravité de l’espace. Néanmoins, aussi séduisante soit-elle, cette hypothèse devra être validée avant de tirer toute conclusion sur le microbiote et la santé osseuse. Sachant que les retombées pour des traitements pourraient être importantes : l’identification de potentielle bactéries probiotiques participant au maintien de la densité osseuse permettrait non seulement d’aider les astronautes à rester en meilleure santé dans l'espace… mais aussi à de nombreux patients Terriens frappés par des maladies osseuses comme (sidenote: Ostéoporose L'ostéoporose est un "trouble du squelette caractérisé par une diminution de la solidité des os qui prédispose à un risque accru de fracture". NIH Consensus Development Panel on Osteoporosis Prevention, Diagnosis, and Therapy, March 7-29, 2000: highlights of the conference. South Med J. 2001 Jun;94(6):569-73. ) .

Dans le monde, l'ostéoporose est à l'origine de plus de 8,9 millions de fractures par an, soit 1 fracture ostéoporotique toutes les 3 secondes 3.

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Le microbiote intestinal des centenaires riche d’enseignements

Perte de diversité, moindre présence de bactéries bénéfiques, augmentation des pathogènes potentiels… Avec les années qui passent, le microbiote intestinal trépasse. Sauf chez les seniors de 100 ans, d’après une étude réalisée chez plus de 1 500 chinois. 1

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Moins de diversité, moins de micro-organismes bénéfiques et davantage de pathogènes opportunistes : on sait que le microbiote intestinal évolue avec l’avancée en âge. Mais qu’en est-il chez les centenaires, qui ont réussi à avoir une vie plus longue et à échapper à diverses maladies chroniques et infections ? Pour étudier la relation entre microbiote intestinal et longévité, des chercheurs d’institut de recherche chinois ont comparé le microbiote intestinal de 1 575 personnes âgées de 20 à 117 ans, vivant dans la même province de Guangxi en Chine : 314 jeunes adultes (20-44 ans), 277 adultes (45-65 ans), 386 seniors (66-85 ans), 301 nonagénaires (90-99 ans) et 297 centenaires (100 à 117 ans). Les résultats de cette nouvelle étude sur le vieillissement du microbiote ont été publiés dans Nature Aging.

100 ans et un microbiote de 20 ans

Bilan des courses : la diversité des espèces du microbiote intestinal recule avec les années, pour être au plus bas chez les seniors de 66-85 ans. Mais de manière surprenante, elle réaugmente chez les nonagénaires et les centenaires : ces derniers présentent les flores les plus riches, au même titre que les individus les plus jeunes. Néanmoins, les chercheurs estiment que ce n’est pas tant la diversité d’espèces que l’homogénéité des abondances relatives des diverses espèces qui pourrait être liée à la longévité.
Autres signes de jeunesse et de bonne santé du microbiote des seniors de 100 ans : d’une part, une présence accrue des Bacteroïdetes potentiellement bénéfiques, comparativement aux seniors et nonagénaires ; d’autre part, une présence réduite en bactéries potentiellement pathogènes, notamment inflammatoires.

Prévalence

Le monde comptait 593 000 centenaires en 2021 :

  • dont 132 000 au Japon (0,11 % de sa population),
  • 90 000 aux États-Unis (0,03 %),
  • 29 000 en Thaïlande (0,04 %),
  • 27 000 en France (0,04 %),
  • 20 000 en Allemagne (0,02 %),
  • 18 000 en Italie (0,03 %)
  • et 14 000 en Espagne (0,0 3%).

En 1950, le monde comptait 14 000 centenaires :

  • en 1960, 20 000 ;
  • en 1970, 27 000 ;
  • en 1980, 49 000 ;
  • en 1990, 102 000 ;
  • en 2000, 169 000 ;
  • en 2010, 308 000. 2

Une singularité qui se renforce après 100 ans

Ces premiers résultats suggérant qu'une signature spécifique pourrait caractériser le microbiote intestinal des personnes âgées de plus de 100 ans, les chercheurs ont également mené une étude longitudinale des altérations microbiennes intestinales chez 45 des 297 centenaires, chez lesquels un second échantillon de selle a été collecté en moyenne 1,5 an plus tard. Le microbiote intestinal des seniors de 100 ans gagne en uniformité des abondances relatives des espèces présentes, avec en outre une baisse de la variation interindividuelle et une stabilité de la population des Bacteroïdetes. L’uniformité des abondances au début de l’étude s’avère d’ailleurs corrélée à la stabilité du microbiote intestinal des centenaires sur les 1,5 années, laissant penser que cet équilibre entre espèces pourrait protéger la flore intestinale d’un dérèglement et de son vieillissement.

Selon les chercheurs, les seniors de 100 ans se distingueraient par des profils de microbiotes spécifiques, jouissant d’un équilibre entre espèces non seulement élevé pour leur âge mais qui continue aussi à croître, et d’une abondance stable de Bacteroïdetes. Malgré les années, leur flore intestinale conserve une grande similarité avec celle de jeunes adultes.

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Actualités Gastroentérologie

100 ans et un microbiote de jeune premier !

Un microbiote intestinal qui ne prend pas une ride et dont l’équilibre résiste au temps : et si tel était le secret de la longévité des seniors de 100 ans, expliquant leur capacité à défier les années et les maladies ? 1

Le microbiote intestinal
Photo: 100 ans et un microbiote de jeune premier !

Vieillir, c’est dans la tête, disent certains. Pourtant, une nouvelle étude de chercheurs chinois semble indiquer que le secret pour une vie longue et en bonne santé serait plutôt caché dans le ventre des séniors de 100 ans et plus. Ou plus précisément dans leur microbiote intestinal, ces milliards de micro-organismes (des bactéries, des virus, des champignons -y compris des levures- et des parasites) qui vivent bien au chaud dans notre système digestif.

Rien à envier à la flore des 20-44 ans

Il faut se faire une raison : la diversité du microbiote s’étiole avec le temps au cours de l’âge adulte. Et plus les années passent, moins notre flore est riche…. sauf chez les personnes âgées de 100 ans dont le microbiote intestinal affiche une insolente richesse pour leur âge. Plus élevée même que celle des 44-65 ans ou des seniors de 66-85 ans. Ainsi, si les (sidenote: Centenaire Un centenaire a atteint un âge de 100 ans ou plus. ) et (sidenote: Supercentenaire Un supercentenaire a atteint un âge de 110 ans ou plus. ) affichent plus de 100 printemps à leur compteur, ils n’en conservent pas moins un microbiote de jeune adulte !

Autre particularité des microbiotes des centenaires : une forte présence en certaines bactéries appelées (sidenote: Bacteroïdetes Les Bacteroidetes sont l'un des 4 grands groupes bacteriens (phyla) majeur du microbiote intestinal avec les Actinobacteria, les Firmicutes et les Proteobacteria . Parmis les Bacteroidetes, on peut citer le genre Bacteroides qui est l'un des plus représentés au sein de la flore intestinale. Zafar H, Saier MH Jr. Gut Bacteroides species in health and disease. Gut Microbes. 2021 Jan-Dec;13(1):1-20. ) , comparativement aux seniors avec un âge de 66-85 ans et aux nonagénaires. Pourtant, ces bactéries bénéfiques sont en général l’apanage des moins de 40 ans, et ont ensuite tendance à régresser au profit d’autres bactéries, pas toujours très bonnes pour la santé. A l’inverse, les flores des centenaires s’avèrent relativement pauvres en bactéries potentiellement pathogènes et responsable d’infections. Plus de bactéries bénéfiques, moins de bactéries délétères : la potion magique des centenaires pour tenir la maladie éloignée d’eux ? Peut-être. En tout cas, autant de caractéristiques spécifiques qui semblent signer leur exceptionnelle longévité et un vieillissement en bonne santé.

Prévalence

Le monde comptait 593 000 centenaires en 2021 :

  • dont 132 000 au Japon (0,11 % de sa population),
  • 90 000 aux États-Unis (0,03 %),
  • 29 000 en Thaïlande (0,04 %),
  • 27 000 en France (0,04 %),
  • 20 000 en Allemagne (0,02 %),
  • 18 000 en Italie (0,03 %)
  • et 14 000 en Espagne (0,0 3%).

Alors qu’en 2000 on comptait environ 170 000 personnes âgées de 100 ans et plus, ce nombre devrait dépasser les 20 millions en 2100.2,3

La longévité, une question d’équilibre !

Dernière singularité identifié par les chercheurs : chez les centenaires, le microbiote intestinal s’avère très équilibré en termes de répartition des espèces, aucune bactérie ne se taillant la part du lion au détriment des autres. Et au lieu de décliner avec le temps, cette relative uniformité des abondances des différentes bactéries en présence, déjà incroyable lorsque l’on a déjà soufflé plus de 100 bougies, semble se conforter dans le temps. Elle pourrait même être garante de la stabilité dans le temps de la flore intestinale des seniors de 100 ans, et de sa richesse maintenue en Bacteroïdetes. Faut-il y voir la clé pour une vie longue et en bonne santé ?

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1ère édition de l’Observatoire International des Microbiotes

Les microbiotes, essentiels pour la santé mais peu connus dans le monde. 
Les Français sont parmi ceux qui adoptent le moins de comportements pour préserver leur microbiote.

Photo Observatoire: CP HCPs - FR

Le microbiote est composé de milliards de microorganismes (bactéries, virus, champignons…) vivant en symbiose avec notre corps. Nous avons un microbiote intestinal mais aussi un microbiote de la peau, un microbiote de la bouche, des poumons, un microbiote urinaire, vaginal… Ces microbiotes jouent un rôle essentiel pour notre santé. Mais que savent aujourd’hui nos concitoyens du rôle du microbiote ? Que connaissent-ils des comportements à adopter pour prendre soin de leur microbiote ? Souffrent-ils aujourd’hui de problèmes de santé qu’ils associent à leur microbiote ? Quel rôle a aujourd’hui le professionnel de santé dans l’information des patients sur les comportements à avoir pour préserver l’équilibre de ses microbiotes ?

C’est pour répondre à ces questions que le Biocodex Microbiota Institute a confié à Ipsos la réalisation d’une grande enquête internationale menée auprès de 6 500 personnes dans 7 pays (France, Espagne, Portugal, Etats-Unis, Brésil, Mexique et Chine) : l’Observatoire International des Microbiotes.

Au-delà des disparités géographiques sur les comportements, cette enquête exclusive révèle une méconnaissance globale du rôle des microbiotes sur la santé et souligne la place essentielle du professionnel de santé dans cette bonne compréhension.

Les résultats ont été présentés le 27 juin 2023, à l’occasion de la Journée Mondiale du Microbiome.

L'Observatoire International des Microbiotes

Découvrir les résultats 2023
Quote Murielle Escalmel

"Cet observatoire, premier du genre, nous livre de riches enseignements sur les connaissances, comportements mais aussi attentes des populations mondiales sur les microbiotes humains. Retenons également le rôle clé joué par les professionnels de santé dans la sensibilisation aux bons comportements pour prendre soin des microbiotes."

Murielle Escalmel, Director of the Biocodex Microbiota Institute

À propos du Biocodex Microbiota Institute 

Le Biocodex Microbiota Institute est un carrefour international de connaissances ayant pour but de promouvoir une meilleure santé en communiquant sur le microbiote humain. Pour ce faire, il s’adresse aux professionnels de santé ainsi qu’au grand public afin de les sensibiliser au rôle central de cet organe encore méconnu. 

Contact presse Biocodex Microbiota Institute

Olivier Valcke

Relations publiques et responsable éditorial 
+33 6 43 61 32 58
o.valcke@biocodex.com

Contact presse Ipsos

Etienne Mercier

Directeur du pôle Opinion et Santé - Ipsos
+33 6 23 05 05 17
etienne.mercier@ipsos.com

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L’Observatoire International des Microbiotes : première édition

Les microbiotes, essentiels pour la santé mais peu connus dans le monde. 
Les Français sont parmi ceux qui adoptent le moins de comportements pour préserver leur microbiote.

Photo Observatoire: CP Lay Public - FR

Le microbiote est composé de milliards de microorganismes (bactéries, virus, champignons…) vivant en symbiose avec notre corps. Nous avons un microbiote intestinal mais aussi un microbiote de la peau, un microbiote de la bouche, des poumons, un microbiote urinaire, vaginal… Ces microbiotes jouent un rôle essentiel pour notre santé. Mais que savent aujourd’hui nos concitoyens du rôle du microbiote ? Que connaissent-ils des comportements à adopter pour prendre soin de leur microbiote ? Souffrent-ils aujourd’hui de problèmes de santé qu’ils associent à leur microbiote ? Quel rôle a aujourd’hui le professionnel de santé dans l’information des patients sur les comportements à avoir pour préserver l’équilibre de ses microbiotes ?

C’est pour répondre à ces questions que le Biocodex Microbiota Institute a confié à Ipsos la réalisation d’une grande enquête internationale menée auprès de 6 500 personnes dans 7 pays (France, Espagne, Portugal, Etats-Unis, Brésil, Mexique et Chine) : l’Observatoire International des Microbiotes.

Au-delà des disparités géographiques sur les comportements, cette enquête exclusive révèle une méconnaissance globale du rôle des microbiotes sur la santé et souligne la place essentielle du professionnel de santé dans cette bonne compréhension.

Les résultats ont été présentés le 27 juin 2023, à l’occasion de la Journée Mondiale du Microbiome.

L'Observatoire International des Microbiotes

Découvrir les résultats 2023
Quote Murielle Escalmel

"Cet observatoire, premier du genre, nous livre de riches enseignements sur les connaissances, comportements mais aussi attentes des populations mondiales sur les microbiotes humains. Retenons également le rôle clé joué par les professionnels de santé dans la sensibilisation aux bons comportements pour prendre soin des microbiotes."

Murielle Escalmel, directrice du Biocodex Microbiota Institute

À propos du Biocodex Microbiota Institute 

Le Biocodex Microbiota Institute est un carrefour international de connaissances ayant pour but de promouvoir une meilleure santé en communiquant sur le microbiote humain. Pour ce faire, il s’adresse aux professionnels de santé ainsi qu’au grand public afin de les sensibiliser au rôle central de cet organe encore méconnu. 

Contact presse Biocodex Microbiota Institute

Olivier Valcke

Relations publiques et responsable éditorial 
+33 6 43 61 32 58
o.valcke@biocodex.com

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« Rhume des foins » : la preuve d’une dysbiose nasale pointe le bout de son nez

Faites-vous partie des 25% de Français dont le nez se bouche, coule et picote à l’approche de l’été… ou d’un chat ? La sensibilisation aux allergènes n’est pas seule fautive dans la rhinite allergique : une dysbiose du microbiote nasal favorise les symptômes allergiques. En particulier, la bactérie Streptococcus salivarius joue les pots de colle sur la muqueuse nasale et fait flamber l’inflammation en cas d’allergie, suggère une étude 1. Vous voulez en savoir plus sur ces bactéries : à vos souhaits !

Le microbiote ORL Rhinite allergique
Photo: « Rhume des foins » : la preuve d’une dysbiose nasale pointe le bout de son nez

C’était dans l’air : l’implication du microbiote nasal dans la rhinite allergique était suspectée depuis longtemps. Mais en fait l’allergie c’est quoi ? C’est une maladie chronique causée par une réaction exagérée des cellules du système immunitaire en réaction à une substance étrangère de notre corps normalement inoffensive comme les poils d’animaux, aliments, pollen…

Des études ont déjà constaté une diversité microbienne appauvrie dans le nez des personnes concernées, liée à une production d’anticorps typique d’une allergie. Mais quels genres ou espèces bactériennes sont responsables de cette dysbiose nasale ? Quel rôle jouent-ils dans ces maladies respiratoires dues aux allergies ? Des chercheurs ont décidé d’analyser précisément -pas au pifomètre- le microbiote nasal de 55 personnes souffrant de rhinite allergique par rapport à 105 personnes en bonne santé. Et ils eurent du nez, car leurs résultats sont édifiants.

Streptococcus salivarius prend ses aises dans les narines des allergiques

Les chercheurs ont pu confirmer la diminution de la diversité microbienne chez les sujets atteints de rhinite allergique par rapport aux sujets en bonne santé. Le genre Streptococcus faisait toute la différence, avec en tête de liste l’espèce Streptococcus salivarius, très abondante chez les patients allergiques. En comparaison, Staphylococcus epidermidis, espèce considérée bénéfique au microbiote nasal, dominait chez les sujets sains. Pourtant, S. salivarius est une bactérie normalement présente dans la bouche et la gorge. Elle est même considérée probiotique et donc bonne pour notre santé : elle sécrète des substances antimicrobiennes, des bactériocines. Sont-elles dans le nez des allergiques pour combattre les germes néfastes ? Non, car en les mettant en contact avec des bactéries connues pour coloniser le nez, les chercheurs ont constaté que les S. salivarius des patients ne sécrétaient que de faibles quantités de bactériocines. 

Collante, inflammatoire… une bactérie à déloger du nez pour soulager les allergies ? 

Pour mieux comprendre le rôle S. salivarius, les scientifiques ont administré à des souris ces bactéries provenant des patients avec allergies, puis Alternaria alternata, un allergène responsable de cette maladie, pendant 3 jours. Résultat : les souris sensibilisées ont réagi en sécrétant plusieurs protéines inflammatoires. De plus, en mettant en contact ces S. salivarius de patients et des S. epidermidis de sujets sains avec des cellules de muqueuse nasale de souris, seule S. salivarius a stimulé l’inflammation et une cascade biochimique associée aux réactions allergiques. Le gène de la mucine 5AC, une substance « collante » qui protège les muqueuses, était également surexprimé, signe d’une hyperréactivité respiratoire. Enfin, contrairement à S. epidermidis, S. Salivarius adhérait davantage aux cellules muqueuses lorsqu’elles étaient exposées à l’allergène, sauf si les souris étaient génétiquement modifiées pour ne pas fabriquer cette mucine. Cette adhésion augmente le contact entre les substances pro-inflammatoires de la bactérie et les récepteurs de l’inflammation de la muqueuse nasale.

Bref, l’espèce S. salivarius contribuerait spécifiquement et directement aux crises de rhinite allergique, probablement grâce à sa capacité à coller à la muqueuse nasale en cas d’allergie. Les chercheurs proposent d’envisager des thérapies antibactériennes ciblant les bacteries S. salivarius pour soulager les nombreuses personnes atteintes. Une solution en vue ? de nouveaux traitements ? des probiotiques ? On respire déjà mieux.

Le microbiota ORL

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