Fatigue chronique : une seule bactérie vous manque, et tout votre corps est épuisé

Une bactérie intestinale en berne qui ne produirait plus assez d’une molécule bénéfique à notre santé suffirait-elle à expliquer le syndrome de fatigue chronique (SFC) ou encéphalomyélite myalgique (EM) ? C’est en tout cas la piste suivie de près par des chercheurs. 1

Le microbiote intestinal
Fatigue chronique : une seule bactérie vous manque, et tout votre corps est épuisé

C’est peut-être un des effets collatéraux du Covid, ou plus précisément du Covid long : avoir remis sur le devant de la scène une pathologie aux symptômes similaires, le syndrome de fatigue chronique, également appelé encéphalomyélite myalgique.

Définition

La fatigue chronique, également appelée encéphalomyélite myalgique, est une maladie chronique, invalidante et inexpliquée. Elle est caractérisée par un éventail de symptômes : fatigue, malaise après l'effort, troubles de la mémoire, douleur, dysfonctionnement gastro-intestinal, anomalies immunitaires et troubles du sommeil.

Cette maladie chronique frappe ses victimes (principalement des femmes de 20-40 ans) d’épuisement, de malaises après l’effort, de troubles de la mémoire, de dysfonctionnement gastro-intestinal, d’anomalies immunitaires et de troubles du sommeil. Deux études publiées dans la revue Cell Host & Microbe sont consacrées à cette mystérieuse pathologie, et plus particulièrement à ses liens avec le microbiote intestinal.

20 à 40 ans Le syndrome de fatigue chronique se déclare principalement chez les adultes âgés de 20 à 40 ans.

Une raréfaction des bactéries dans le microbiote en cas de syndrome de fatigue chronique

Point commun de ces deux études : elles montrent qu’une bactérie intestinale appelée Faecalibacterium prausnitzii se fait trop rare chez les patients. Et plus F. prausnitzii décline, plus la fatigue ressentie est sévère. Et l’histoire ne s’arrête pas là. En effet, cette bactérie est connue pour fabriquer un (sidenote: Acides Gras à Chaîne Courte (AGCC) Les acides gras à chaîne courte sont une source d’énergie (carburant) des cellules de l’individu, ils interagissent avec le système immunitaire et sont impliqués dans la communication entre l’intestin et le cerveau. Silva YP, Bernardi A, Frozza RL. The Role of Short-Chain Fatty Acids From Gut Microbiota in Gut-Brain Communication. Front Endocrinol (Lausanne). 2020;11:25. ) appelé butyrate, qui s’avère bénéfique pour l’hôte (donc nous !) : il protège notre barrière intestinale, module notre système immunitaire… Loin de rester confiné dans notre système digestif, il s’invite même dans notre sang pour notre plus grand bien.

0,4% et 2,5% La prévalence mondiale de l'EM/SFC se situe entre 0,4% et 2,5%.

Un système immunitaire perturbé

D’ailleurs, et c’est ce que semble montrer la seconde étude, cet acide gras pourrait expliquer les évolutions à long terme de la maladie. En effet, chez les patients souffrant depuis plus de 10 ans du syndrome de fatigue chronique, le microbiote intestinal semble se rétablir et parvenir, bon an mal an, à retrouver un équilibre (même si quelques différences persistent comparativement à des personnes sans maladie). En revanche, ces malades au long cours présentent des symptômes plus sévères et leur système immunitaire semble plus perturbé que chez des patients souffrant depuis moins de 4 ans de cette maladie. Ce que les chercheurs interprètent ainsi : les perturbations initiales du microbiote intestinal et une diminution de l’acide gras butyrate pourraient, chez certaines personnes, induire des changements irréversibles du corps entier et conduire à une altération de l'état de santé sur le long terme. 2

3 femmes vs. 1 homme en moyenne Elle est plus fréquente chez les femmes que chez les hommes, avec un rapport moyen de 3/1, pouvant aller jusqu'à 6/1.

Le microbiote intestinal

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"J'adore !" - Commentaire traduit de Jon Lohr (Repris de My health, my microbiota)

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Actualités

Encéphalomyélite myalgique : une fatigue signée F. prausnitzii

Un recul intestinal de la bactérie F. prausnitzii semble être la signature du syndrome de fatigue chronique, au regard de deux études publiées dans Cell Host & Microbe.

Épuisement, malaise après l'effort, troubles de la mémoire, douleur, dysfonctionnement gastro-intestinal, anomalies immunitaires, troubles du sommeil : un ensemble de symptômes caractérise le syndrome de fatigue chronique, ou encéphalomyélite myalgique : Cette maladie handicapante et chronique qui toucherait entre 0,4% et 2,5% de la population, principalement des adultes de 20 à 40 ans et des femmes, reste encore très mal comprise. Cependant, la communauté scientifique s’intéresse au rôle de la communication intestin cerveau 1 dans cette pathologie et en particulier de l’implication du microbiote intestinal. Deux récentes publications dans la revue Cell Host & Microbe 2,3 se sont concentrées sur les changements qui s’opèrent au sein de la communauté microbienne afin de mieux comprendre la maladie et d’identifier des biomarqueurs.

Entre 0,4% et 2,5% La prévalence mondiale de l'EM/SFC se situe entre 0,4% et 2,5%.

20 à 40 ans Cette maladie se déclare principalement chez les adultes âgés de 20 à 40 ans.

Des bactéries productrices de butyrate incriminées

La première étude est basée sur les analyses métagénomiques et métabolomiques d'échantillons fécaux prélevés sur 106 patients atteints et 91 individus témoins en bonne santé, vivant dans 5 états américains. Elle met en lumière une importante dysbiose intestinale des malades, avec des différences en termes de diversité, d'abondance, de voies biologiques fonctionnelles et d’interactions entre les communautés microbiennes des deux groupes. Plus précisément, les bactéries Faecalibacterium prausnitzii et Eubacterium rectale, deux bactéries bénéfiques productrices de butyrate, sont en berne en cas de fatigue chronique. Les analyses complémentaires confirment une moindre synthèse de butyrate bactérien chez les malades. Et plus F. prausnitzii décline, plus la fatigue se fait sévère.

Malades à court terme vs à long terme

La seconde étude, américaine également, a inclus 149 malades et 79 témoins sains, avec la particularité de distinguer deux groupes parmi les patients : 75 patients malades depuis moins de 4 ans et 74 patients malades depuis plus de 10 ans. Les chercheurs retrouvent également une forte dysbiose intestinale, notamment chez les malades à court terme, avec un recul de F. prausnitzii. Chez les patients malades depuis longtemps, le microbiote intestinal se rapproche davantage de la configuration des témoins sains (avec néanmoins quelques différences notables en ce qui concerne les espèces peu abondantes et en termes d’hétérogénéité), suggérant un retour à une relative homéostasie.

En revanche, ces patients au long cours présentent des symptômes cliniques plus sévères et un métabolisme plus altéré que les autres patients, y compris au niveau de leur système immunitaire. D’où l’hypothèse des chercheurs : la fatigue chronique pourrait débuter par une perte de bactéries bénéfiques, notamment celles productrices de butyrate, entraînant des modifications métaboliques chez l’hôte. Ces modifications pourraient conduire, chez certains individus, à des changements métaboliques et phénotypiques irréversibles et à une altération de l'état de santé sur le long terme.

Cependant, afin d’éliminer de potentiels biais dans la l’analyse, des recherches supplémentaires s’avèrent nécessaires pour confirmer cette hypothèse et ouvrir la voie au développement de nouveaux outils de diagnostic et, espérons-le, à de nouveaux traitements.

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Quand les interactions sociales façonnent nos microbiotes

Les relations entre les individus constituent un moteur majeur de la formation du microbiote, et donc du métabolisme associé. Par exemple, cohabiter avec quelqu’un, c’est partager en moyenne 12% des espèces de son microbiote intestinal et 32% des souches orales.

Quand les interactions sociales façonnent nos microbiotes

A la différence du génome hérité de nos parents et stable, le microbiote, ensemencé à la naissance, évolue au fil du temps en fonction de notre alimentation, notre mode de vie… et, plus surprenant, des individus que nous côtoyons ! C’est en effet ce que tendent à démontrer les résultats d’une étude analysant un large panel de données métagénomiques, couvrant 4 continents. Soit au total 9 715 échantillons de microbiote, dont 7 646 issus de selles et 2 069 de salive.

Plus de distance géographique, moins de partage microbien

Premier enseignement : le partage de souches de personne à personne suit un gradient basé sur la distance géographique, réseau d’interaction social et la parenté. Globalement, si l’on se penche sur le microbiote intestinal, les taux de partage de souche de personne à personne les plus élevés sont observés entre les mères et leur progéniture de 0 à 3 ans (34%), suivis par les individus (> 4 ans) du même foyer (12%), les jumeaux adultes non cohabitants (8%), et enfin les adultes vivant dans la même commune mais pas sous le même toit (8%). Selon les auteurs, ce profil microbien partagé au sein d’un même village serait dû aux interactions physiques et à l’environnement partagé entre les individus du village. A l’inverse, les individus ne vivant ni sous le même toit ni dans la même commune ont un taux de partage de souche très faible.

38% Un couple partage 38% de son microbiote oral.

La transmission maternelle à la loupe

Pour mieux comprendre la transmission maternelle, 3 598 échantillons provenant de 711 paires mère-enfant ont été analysés. Ils mettent en évidence des taux de partage de souches intestinales diminuant progressivement, de 65% à 1 jour, 50% à 1 semaine, 47% à 1 an, 27% entre 1 et 3 ans, 19% jusqu'à 18 ans et 14% jusqu'à 30 ans. Cette baisse progressive du taux de partage de souches intestinales est sans doute associée à la réduction de la proximité physique et de l’accès à de nouveaux environnements. Néanmoins, une filiation du microbiote intestinal demeure : entre 50 et 85 ans, les enfants partagent encore 16% de souches intestinales avec leur mère, même s’ils ne vivent plus sous le même toit.

65% Un nouveau-né et sa mère partagent 65% de leur microbiote intestinal le jour de la naissance.

Côté microbiote oral, l’étude de données américaines et des îles Fidji montre des dynamiques très différentes : les taux de partage mère-enfant augmentent avec l'âge de l’enfant, surtout après 3 ans, coïncidant avec l'accumulation croissante d'espèces de micro-organismes dans son microbiote oral. Néanmoins, les partages entre un jeune enfant et sa mère (30%) ou son père (24%) n’égalent jamais ceux d’un couple (38%), du fait de l’intimité des partenaires.

Le microbiote ORL

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Peu d’effet des modes de vie sur la transmission des microbiotes

Enfin, les modes de vie (occidentaux ou non) montrent bien moins d’incidence qu’anticipé sur la dynamique de transmission du microbiome : les taux de partage de souches entre individus apparaissent remarquablement similaires, quel que soit le pays. La plus grande richesse en micro-organismes observée dans les communautés non occidentalisées ne paraît donc pas tenir à une transmission accrue via d'autres membres du ménage. Elle pourrait être davantage une conséquence de l'interaction avec l'environnement et des régimes alimentaires et modes de vie favorisant la diversité des micro-organismes.

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Le syndrome de l’intestin irritable (SII)

Douleurs abdominales récurrentes, ballonnements, troubles du transit… Le syndrome de l'intestin irritable (SII) est le plus fréquent des troubles de l'interaction intestin-cerveau, autrefois appelés « troubles fonctionnels intestinaux ». Si ses principaux symptômes concernent l'intestin, le SII s’associe souvent à de l’anxiété et de la dépression. On sait aujourd'hui que des perturbations des communications sur l'axe intestin-cerveau, dans lequel intervient le microbiote intestinal, entrent en jeu dans ce syndrome

Le microbiote intestinal
SII
Irritable bowel syndrome (IBS) - disease page

5 to 10% de la population est atteinte de SII dans le monde

Le saviez-vous ?

Les « troubles de l’interaction intestin-cerveau », (DGBI pour Disorder of Gut Brain interaction) sont aussi appelés « troubles fonctionnels intestinaux ». On les dit fonctionnels parce qu’il n’y a aucune anomalie structurelle au niveau des organes et tissus digestifs.  Le syndrome de l’intestin irritable (SII) a également été appelé « colopathie fonctionnelle », « colite spasmodique » ou « syndrome du côlon irritable » 2.  

Qu’est-ce qui provoque le syndrome de l’intestin irritable ?  

Les causes du syndrome de l’intestin irritable sont complexes et demeurent encore aujourd’hui partiellement identifiées. La survenue d’un SII serait le fruit d’un ensemble de facteurs de différentes natures et d’importance variable selon les individus 2 : une prédisposition génétique, certains antécédents médicaux et traitements, le stress, l’alimentation, etc.  

Le plus reconnu des facteurs de risque du SII est un antécédent d’infection intestinale aigüe : 10% des personnes ayant un SII estiment que leurs troubles ont commencé après un épisode : gastro-entérite virale, diarrhée du voyageur, (sidenote: Diverticulite Une diverticulite est une inflammation ou une infection atteignant les diverticules, de petits replis (hernies) présents au niveau de la paroi interne du côlon.   https://www.cancer.gov/publications/dictionaries/cancer-terms/def/diverticulitis ) , etc 1,4,5. Après un tel épisode, le risque de SII serait ainsi quadruplé au bout d’un an. 1

2 sur 3 2 personnes souffrant de SII sur 3 dans les pays occidentaux sont des femmes

50 La fréquence du SII diminue à partir de 50 ans

Les dernières recherches sont de plus en plus formelles : le microbiote intestinal jouerait un rôle clé dans l’apparition du SII : 6,7 un déséquilibre de la composition du microbiote intestinal, ou dysbiose, est même reconnu par les experts comme une cause plausible de SII. 5 Les dysbioses dues à la prise d’antibiotiques ont d’ailleurs également été associées au développement du SII. 1

La communauté scientifique porte également un grand intérêt à l’alimentation dans le SII. En effet, plus de 60% patients atteints du SII rapportent que leurs symptômes sont apparus ou se sont intensifiés après les repas. 8,9 On parlerait alors d’hypersensibilité de l’intestin. La présence de certains composés alimentaires (blé, lait…)  déclencherait une réaction exagérée l’intestin, d’ordre immunitaire ou non. 10,11 De plus comme le microbiote intestinal est souvent influencé par les habitudes alimentaires, son altération peut conduire à une fermentation anormale des aliments ingérés et jouerait un rôle crucial dans la distension intestinale. 10  

Le microbiote intestinal

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Le SII est également favorisé par des événements traumatisants ou pénibles (deuil, divorce, abus, conflits…), des stress aigus ou chroniques et d’autres troubles psychologiques : déprime, anxiété1,2,7 En effet, ils entraîneraient des altérations au niveau du (sidenote: Système nerveux entérique Le système nerveux entérique (ENS) est le système nerveux propre à l'intestin. Composé d'un réseau de neurones qui tapisse les parois du tractus gastro-intestinal, il contrôle l'activité sensorielle, motrice et sécrétoire du système digestif.  Watson C., Kirkcaldie M., Paxinos G. The brain: an introduction to functional neuroanatomy – Chapter 4 - Peripheral nerves. Academic Press, 2010. 43-54 ) qui contrôle la motricité, la barrière muqueuse, la sensibilité et les sécrétions intestinales. 1

Aux origines du SII, une défaillance dans la communication entre l’intestin et le cerveau ?

L’axe intestin-cerveau, ça vous dit quelque chose ? Le cerveau communique avec le système nerveux entérique dans les deux sens : ce qui se passe dans le cerveau a un impact sur les intestins et inversement. Mais ce n’est pas tout : les neurones situés dans les intestins sont en ligne directe avec le microbiote intestinal, entretenant lui-même une communication bidirectionnelle avec notre système hormonal et notre système immunitaire.

Comment notre intestin dialogue en permanence avec notre cerveau

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Les perturbations retrouvées dans le SII vont se traduire par :  

une hypersensibilité intestinale et des altérations du contrôle de la douleur au niveau du système nerveux central

les mouvements normaux de l’intestins sont perçus par le cerveau comme de la douleur ;

des troubles de la motricité intestinale

les intestins se contractent anormalement ;

des perturbations du système immunitaire intestinal

(dans 50% des cas), avec une stimulation immunitaire excessive après une infection5 ou une hypersensibilité face à certains aliments ; 6

une perte de l’intégrité de la barrière intestinale

qui laisse passer des fragments de bactéries hors des intestins et entraîne une inflammation chronique diffuse 7,12

une dysbiose intestinale

retrouvée chez les 2/3 des personnes atteintes de SII. Elle peut être impliquée dans toutes les perturbations précitées et les symptômes du SII. 2,7

Quels sont les principaux symptômes du SII ? 

Selon des critères bien établis, le SII se caractérise par la présence simultanée de plusieurs symptômes : des douleurs abdominales et des troubles du transit. Ces symptômes doivent être suffisamment fréquents et anciens (> 1 jour/semaine au cours des 3 derniers mois) :  13,14

  • Des douleurs liées à la défécation ; 
  • Ballonnements; 
  • Modification de la consistance des selles ; 
  • Modification de la fréquence des selles. 
  • Des douleurs abdominales récurrentes (au moins 1 jour par semaine) ;  

Quelques précisions et explications peuvent être utiles ! 

Les douleurs abdominales se manifestent par des spasmes, des sensations de brûlure ou de tension, des ballonnements. Elle se situent autour du nombril, au niveau du bas-ventre ou « en cadre », semblant suivre le trajet du côlon. Les douleurs sont liées à la défécation :  elles peuvent être aggravées ou soulagées par l’émission de gaz ou de selles. 2

Les anomalies de la consistance et de la fréquence des selles vont de selles trop molles et/ou trop fréquentes (de type diarrhée) à trop dures et/ou trop rares (de type constipation). Les périodes de diarrhée et de constipation peuvent alterner. Ces troubles du transit s'accompagnent parfois d'autres inconforts comme des envies urgentes d'aller à la selle, la présence de mucosités dans les selles ou des sensations d'évacuation incomplète des selles. 5

Les altérations de la fréquence ou de la consistance des selles permettent de classer le SII en quatre sous-types :

  • SII-C : SII avec prédominance de la constipation (au moins 1/4 des selles) ;
     
  • SII-D : SII avec prédominance de la diarrhée (au moins 1/4 des selles) ;
     
  • SII-M : SII mixte avec alternance de diarrhée et de constipation (au moins 1/4 des selles avec constipation, 1/4 avec diarrhée). C’est le sous-type le plus fréquent (40% des personnes avec SII);
     
  • SII-I : SII indéterminé qui ne répond pas aux critères de SII-C, D ou M : il n’y a que rarement des selles anormales. 15,16

A noter que chez une personne atteinte de SII, le sous-type peut changer au cours du temps. 3

Les symptômes du SII sont de sévérité variable d’une personne à l’autre et au cours du temps chez une même personne. 3,5 Ils peuvent être de gênants jusqu’à très handicapants, les formes sévères de SII concernant 20 à 25% des patients. 3 D’une manière générale, ils nuisent à la qualité de vie personnelle, sociale et professionnelle. 1,3

Le diagnostic d’un SII ne peut être réalisé que par un médecin, dès lors qu’il a pu éliminer une autre affection digestive. 2 Comme il n’existe actuellement aucun test diagnostique du SII, le médecin se base sur les symptômes décrits par son(sa) patient(e) : dans le SII, l’examen clinique et l’imagerie sont le plus souvent normaux. 3

Quels sont les troubles et pathologies associés au SII ? 

Chez les personnes atteintes de SII, on constate une plus grande fréquence de certains troubles et pathologies.

  • Autres troubles digestifs : Dans plus de 20% des cas, le SII s’accompagne de ballonnements, de flatulences, 4 de nausées ou d’aigreurs d’estomac. 16 Certaines personnes auraient également des intolérances à certains aliments. 5
  • Troubles psychologiques : S’il peut y avoir une composante psychologique dans l’apparition d’un SII, une partie des personnes atteintes peut aussi développer des troubles psychologiques suite à un SII, 1 comme de l’anxiété, du stress, de la dépression, de l’insomnie et des troubles du comportement alimentaire. 5
  • Troubles génito-urinaires : Le SII peut s’accompagner de douleurs pelviennes, de troubles urinaires, de douleurs au moment des rapports sexuels chez la femme et de dysfonctions érectiles chez l’homme. 4,5
  • Endométriose : Des études montrent que les femmes souffrant d’endométriose ont un risque multiplié par 3 de développer un SII. 17
  • Troubles généraux : Certaines personnes atteintes de SII éprouvent de la fatigue, une sensation de léthargie, des maux de tête et des douleurs musculaires. 2, 4, 5 Le SII est plus fréquent chez les personnes atteintes de fibromyalgie et de fatigue chronique. 1

Syndrome de l'intestin irritable et microbiote : existe-t-il un lien ?

Par le Pr. Premysl Bercik

Comment soigner mon SII ?  

Bien que douloureux et éprouvant au quotidien, le SII est un trouble bénin 2.  Il n’empêche, vos symptômes de SII doivent être soulagés le plus tôt possible afin d’améliorer votre qualité de vie 3. Pour cela, votre médecin traitant vous donnera des conseils d’hygiène de vie et vous recommandera une combinaison optimale de médicaments spécifiques et de solutions alternatives.  

De bonnes habitudes nutritionnelles peuvent réduire les symptômes du SII 6,18:

  • prendre ses repas à des horaires réguliers et éviter de sauter des repas ;
  • éviter les repas « pantagruéliques », les plats épicés et trop gras ;
  • bien mâcher ses aliments ;
  • s’hydrater suffisamment ;
  • limiter l’alcool, la caféine et le tabac ;
  • pratiquer une activité physique régulière.

Les médicaments 

Certains symptômes du SII peuvent être diminués par des médicaments prescrits par le médecin : antispasmodiques, régulateurs du transit, laxatifs en cas de SII-C, antidiarrhéiques en cas de SII-D, parfois antidépresseurs 9. Cependant, ces médicaments ne sont pas efficaces chez tout le monde 16 et à ce jour, aucun d’entre eux ne peut soulager l'ensemble des symptômes du SII. 

Les thérapies psychocorporelles  

En particulier chez les personnes dont le stress ou l’anxiété exacerbe les symptômes, des (sidenote: Méthodes psychocorporelles Les méthodes psychocorporelles sont des pratiques se centrant sur les relations entre le corps, le cerveau, l'esprit et le comportement ainsi que leurs effets sur la santé et les maladies.   Wahbeh H, Elsas SM, Oken BS. Mind-body interventions: applications in neurology. Neurology. 2008;70(24):2321-2328 ) permettent de réduire les douleurs et la gêne des troubles du transit : (sidenote: Thérapies cognitivo-comportementales Type de psychothérapie dans laquelle le thérapeute amène son patient à repérer l'impact des ses pensées dysfonctionnelles (erronées, négatives) sur son comportement et son bien-être.   Cuijpers P, Smit F, Bohlmeijer E, et al. Efficacy of cognitive–behavioural therapy and other psychological treatments for adult depression: meta-analytic study of publication bias. The British Journal of Psychiatry. 2010;196(3):173-178 InformedHealth.org [Internet]. Cologne, Germany: Institute for Quality and Efficiency in Health Care (IQWiG); 2006. Cognitive behavioral therapy. 2013 Aug 7 [Updated 2016 Sep 8] ) , hypnose, méditation, relaxation, (sidenote: Biofeedback Méthode permettant, à l'aide d'un appareil spécial, d'apprendre à contrôler certaines fonctions corporelles telles que le rythme cardiaque, la pression artérielle et la tension musculaire. Elle peut aider à contrôler la douleur.  https://www.cancer.gov/publications/dictionaries/cancer-terms/def/biofeedback ) ... 16  

Les régimes alimentaires 

Beaucoup de personnes ayant un SII estiment que certains aliments aggravent ou améliorent leurs symptômes, mais ce ne sont pas les mêmes pour tout le monde. Les symptômes du SII peuvent donc être améliorés en modifiant l’alimentation, mais il faut toujours le faire avec l’aide d’un professionnel de santé (médecin, diététicien) pour une solution personnalisée et prévenant tout déséquilibre nutritionnel 16.  

Avec le médecin, vous pouvez par exemple détecter les aliments qui ne vous « réussissent pas » (le lait, le blé, les légumineuses…) pour les limiter 9. Il est aussi possible d’augmenter les fibres dans l’alimentation si vous avez un SII-C - sans excès pour ne pas favoriser les douleurs ou ballonnements 6.  

Les pratiques alimentaires influencent la composition du microbiote

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Parmi les régimes testés scientifiquement pour soulager le SII, le régime pauvre en FODMAPS (Fermentable Oligosaccharides Disaccharides Monosaccharides and Polyols) semble donner les meilleurs résultats 6,16, mais il n’est pas efficace pour tout le monde 2. Les FODMAPs sont des sucres peu absorbés au niveau de l’intestin grêle et qui vont fermenter sous l’action des bactéries du microbiote intestinal. Dans le SII, cette fermentation exacerbe les ballonnements et les douleurs.  

Le régime consiste à réduire fortement les aliments riches en FODMAPs : aliments contenant du lactose, certaines céréales, certains fruits et légumes, les édulcorants de synthèse, les plats industriels… Potentiellement contraignant, il doit être encadré par un médecin et suivi pendant 4 à 6 semaines. Si les symptômes s’améliorent, les aliments contenant des FODMAPs seront ensuite progressivement réintroduits un par un. Il deviendra ainsi possible de déterminer quel ou quel(s) aliment(s) aggravent vos symptômes et les éviter 2,19.  

Les probiotiques, les prébiotiques et la transplantation de microbiote fécal 

Différentes études soulignent l’importance du microbiote intestinal dans la survenue du SII et montrent des différences de composition entre le microbiote intestinal de personnes atteintes et celui des personnes saines 5. Des solutions permettant de moduler le microbiote intestinal pour améliorer les symptômes du SII peuvent donc être proposées 20.  

Les probiotiques représentent une option prometteuse, selon les experts. Les études montrent leur effet positif global sur les symptômes du SII, grâce à une action sur différents mécanismes comme l’hypersensibilité viscérale et la motricité intestinale 9. Les probiotiques peuvent notamment renforcer la barrière colique, diminuer l’inflammation, améliorer l’immunité intestinale… 20 Certains pourraient même agir sur l’axe intestin-cerveau en améliorant les symptômes dépressifs 9. Tous ces effets seraient bénéfiques au bien-être : une récente étude a montré qu’en 30 jours, la prise d’une souche de bifidobactérie réduisait la sévérité des symptômes et améliorait la qualité de vie de 60% des personnes ayant un SII 21.  

Des études sur l’effet sur le SII des symbiotiques, associant probiotiques et prébiotiques, sont également en cours 9 et de premiers tests de transplantation de microbiote fécal ont donné des résultats encourageants chez certains patients avec SII, avec une amélioration des symptômes et de la qualité de vie 1

 

62% des répondants ont assimilé la consommation de probiotiques comme favorable au maintien d’un équilibre et du bon fonctionnement des microbiotes

Qu'est-ce que les probiotiques ?

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Prébiotiques : l'essentiel pour comprendre

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BMI 23.11
Sources

1. Ford AC, Sperber AD, Corsetti M, et al. Irritable bowel syndrome. Lancet. 2020 Nov 21;396(10263):1675-1688
2. SNFGE. Syndrome de l’intestin irritable (SII) [Irritable bowel syndrome (IBS)]. June 2018. https://www.snfge.org/content/syndrome-de-lintestin-irritable-sii
3. CNPHGE.  Syndrome de l’intestin irritable [Irritable bowel syndrome]. https://www.cnp-hge.fr/syndrome-de-lintestin-irritable/
4. Moayyedi P, Mearin F, Azpiroz F, et al. Irritable bowel syndrome diagnosis and management: A simplified algorithm for clinical practice. United European Gastroenterol J. 2017;5(6):773-788
5. Enck P, Aziz Q, Barbara G, et al. Irritable bowel syndrome. Nat Rev Dis Primers. 2016;2:16014
6. Algera J, Colomier E, Simrén M. The Dietary Management of Patients with Irritable Bowel Syndrome: A Narrative Review of the Existing and Emerging Evidence. Nutrients. 2019;11(9):216
7. Hillestad EMR, van der Meeren A, Nagaraja BH, et al. Gut bless you: The microbiota-gut-brain axis in irritable bowel syndrome. World J Gastroenterol. 2022 Jan 28;28(4):412-431
8. Böhn L, Störsrud S, Törnblom H, et al. Self reported food-related gastrointestinal symptoms in IBS are common and associated with more severe symptoms and reduced quality of life. Am J Gastroenterol 2013, 108:634–641
9. Simrén M, Månsson A, Langkilde AM, et al. Food-related gastrointestinal symptoms in the irritable bowel syndrome. Digestion. 2001;63:108–115
10. Cuomo R, Andreozzi P, Zito FP, et al. Irritable bowel syndrome and food interaction. World J Gastroenterol. 2014 Jul 21;20(27):8837-45
11. Hussein H, Boeckxstaens GE. Immune-mediated food reactions in irritable bowel syndrome. Curr Opin Pharmacol. 2022;66:102285
12. INSERM:  La rage au ventre: C’est quoi le syndrome de l’intestin irritable ? [Rage in the belly: What is irritable bowel syndrome?] (Sep 14, 2021) https://www.inserm.fr/c-est-quoi/la-rage-au-ventre-cest-quoi-le-syndrome-de-lintestin-irritable
13. Mearin F, Lacy BE, Chang L, et al. Bowel Disorders. Gastroenterology. 2016;S0016-5085(16)00222-5
14. Drossman DA, Tack J. Rome Foundation Clinical Diagnostic Criteria for Disorders of Gut-Brain Interaction. Gastroenterology. 2022;162(3):675-679
15. Black CJ, Ford AC. Global burden of irritable bowel syndrome: trends, predictions and risk factors. Nat Rev Gastroenterol Hepatol 2020; 17: 473-86
16. Chey WD, Keefer L, Whelan K, et al. Behavioral and Diet Therapies in Integrated Care for Patients With Irritable Bowel Syndrome. Gastroenterology. 2021;160(1):47-62
17. Chiaffarino F, Cipriani S, Ricci E, et al. Endometriosis and irritable bowel syndrome: a systematic review and meta-analysis. Arch Gynecol Obstet. 2021;303(1):17-25
18. Okawa Y. A Discussion of Whether Various Lifestyle Changes can Alleviate the Symptoms of Irritable Bowel Syndrome. Healthcare. 2022; 10(10):201
19. Société Nationale Française de Colo-Proctologie [French National Society of Coloproctology]: Régime pauvre en FODMAPs [Low FODMAP diet] (December 2021) https://www.snfcp.org/informations-maladies/generalites/regimes-pauvre-en-fodmaps
20. Simon E, Călinoiu LF, Mitrea L et al. Probiotics, Prebiotics, and Synbiotics: Implications and Beneficial Effects against Irritable Bowel Syndrome. Nutrients. 2021;13(6):2112
21. Sabaté JM, Iglicki F. Effect of Bifidobacterium longum 35624 on disease severity and quality of life in patients with irritable bowel syndrome. World J Gastroenterol. 2022 Feb 21;28(7):732-744

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Maladie

Allergies : et si tout venait du microbiote ?

Éternuements à répétition, nez qui coule et/ou bouché, yeux irrités… l’arrivée du printemps marque le retour des allergies respiratoires, notamment de la rhinite allergique. Quels sont les symptômes ? Comment les prévenir ? Le microbiote joue-t-il un rôle dans ces allergies respiratoires ?

Le Biocodex Microbiota Institute passe en revue l’état des connaissances sur ces troubles respiratoires dont la prévalence ne cesse de progresser.

Le microbiote ORL Le microbiote intestinal Le microbiote pulmonaire Rhinite allergique Les probiotiques
Allergies : et si tout venait du microbiote ?
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Actualités

Ma famille, mes colocs, mes voisins… et mon microbiote !

Cohabiter, c’est partager en moyenne 12% des espèces (bactéries, virus, champignons…) de son microbiote intestinal et 32% des souches orales, ces chiffres variant selon le type de relation (mère-enfant, conjoints, etc.). Soit bien plus qu’on ne le croyait.

Le microbiote ORL Le microbiote intestinal

Embrasser son conjoint, allaiter et serrer contre soi son nourrisson, partager une pizza entre colocataires, ou simplement partager à un moment donné le même espace : cohabiter, se rencontrer c’est partager bien plus qu’un toit. C’est aussi partager un microbiote, et ce de façon plus ou moins marquée selon l’âge, le type de relation, la durée de vie ensemble, etc. Une nouvelle étude apporte un nouvel éclairage sur l’importance de nos interactions avec les autres sur les microbiotes intestinal et oral.

Un microbiote intestinal sous influence maternelle

Premier facteur d’influence : la parenté. A sa naissance, un bébé partage avec sa mère 65% de souches intestinales, sorte de « kit de démarrage » fourni lors de l’accouchement. Puis, progressivement, ce taux va diminuer, du fait d’une moindre intimité :

  • 50% à 1 semaine ;
  • 47% à 1 an ;
  • 27% entre 1 et 3 ans ;
  • 19% jusqu'à 18 ans ;
  • et 14% jusqu'à 30 ans.

Pour autant, un reliquat non négligeable de l’empreinte maternelle parvient à défier les années et l’éloignement : entre 50 et 85 ans, les enfants partagent encore 16% de souches intestinales avec leur mère (même s’ils ne vivent plus sous le même toit).

65% Un nouveau-né et sa mère partagent 65% de leur microbiote intestinal le jour de la naissance.

Microbiote oral : les pouvoirs insoupçonnés de la cohabitation

Côté microbiote oral, les dynamiques sont très différentes : au lieu de décroitre, les taux de partage augmentent avec l'âge de l’enfant, surtout après 3 ans, âge charnière où le microbiote oral voit ses espèces se multiplier. Pour autant, les pères et mères devront se faire une raison : leur enfant devenu grand partagera bien plus de bactéries orales avec ses colocataires ou pire, avec son conjoint (38%) qu’il n’en a jamais partagé avec sa mère (30%) ou son père (24%).

38% Un couple partage 38% de son microbiote oral.

Le microbiote ORL

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Passe la bactérie à ton voisin

Plus surprenant, l’étude révèle que les échanges de bactéries dépassent les murs de la maison. Des adultes ne vivant pas sous le même toit mais dans une même commune partagent 8% de leurs souches intestinales et 3% des souches orales avec leurs voisins et autres membres du village (contre 0% entre villages différents), sans doute en raison de leurs interactions physiques et de l'environnement qu’ils partagent.

Effet de l’occidentalisation

En revanche, les chercheurs indiquent que les modes de vie (occidentaux ou non) ont bien moins d’incidence qu’anticipé sur la transmission de micro-organismes entre personnes. Certes, les microbiotes occidentaux se distinguent par leur faible richesse en micro-organismes. Néanmoins, les taux de partage de souches s’avèrent similaires quel que soit le pays où l’on vit, laissant penser que la plus grande richesse des flores intestinale et orale des habitants de pays non-occidentaux ne tiendrait pas à une transmission accrue entre personnes, mais davantage à des interactions avec l'environnement et des régimes alimentaires favorisant la diversité.

Le microbiote intestinal

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Recommandé par notre communauté

"Voilà une lecture intéressante !" Commentaire traduit de Sandy Torbett (Repris de My health, my microbiota)

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Actualités

Le microbiote, source de marqueurs précoces du diabète gestationnel

Le microbiote des femmes souffrant de diabète gestationnel comporte, dès le premier trimestre, une signature bien spécifique. Elle pourrait être en cause dans la pathogenèse de ce trouble ouvrant ainsi la porte à des outils de diagnostic plus précoces et performants. 1

Photo : Le microbiote, source de marqueurs précoces du diabète gestationnel

Sera-t-il bientôt possible de prédire le diabète gestationnel (DG) dès le 1er trimestre de la grossesse ? C’est ce que suggère une récente étude parue dans la revue Gut.

Des chercheurs israéliens ont recruté 394 femmes, enceintes depuis moins de 3 mois et âgées de 18 à 40 ans. Ils ont recueilli leurs selles pour analyser leur microbiote, et prélevé des échantillons de sang (glycémie, cytokines sériques…). Les chercheurs ont également noté les antécédents médicaux et les habitudes alimentaires.
Les volontaires ont ensuite été suivies durant 27 à 30 semaines. Au second trimestre, 44 d’entre elles ont développé un DG (11%).

De nettes différences chez les femmes souffrant de diabète gestationnel

Les résultats de l’analyse sanguine montrent que, dès le 1er trimestre, les femmes ayant un DG présentent une intolérance au glucose et un taux de cytokines plus élevé, notamment d’interleukines-6 (IL6), ce qui n’était pas le cas des femmes sans DG. Plusieurs études ont montré que l’IL6, en favorisant l’inflammation, est impliquée dans diverses formes de diabète, notamment gestationnel.

L’analyse du microbiote intestinal montre que les femmes souffrant de DG présentent également, dès le premier trimestre :

  • Une diminution des acides gras à chaîne courte (AGCC), notamment de l’isovalérate et de l’isoburate, connus pour améliorer la sensibilité à l’insuline et abaisser la réponse inflammatoire ;
  • Une plus faible abondance de Prevotella, dont la présence est associée à une amélioration du métabolisme du glucose ;
  • Un enrichissement de certaines voies métaboliques, comme celle du mévalonate qui est liée à l’augmentation des niveaux d’IL-6.

Des symptômes reproduits chez la souris grâce au transfert de microbiote

Pour savoir si ces caractéristiques pouvaient jouer un rôle dans la pathogenèse du DG, les chercheurs ont ensuite procédé à un transfert du microbiote fécal des femmes de l’étude (TMF) dans des souris axéniques (sans microbiote).

Chez les souris ayant reçu le microbiote de femmes DG, les chercheurs ont observé les mêmes symptômes que ceux observés chez les femmes : intolérance au glucose et niveaux plus élevés d’IL-6. Ceci laisse penser que le microbiote est impliqué dans la pathogenèse du DG.

Le résultat était le même quand le TMF était réalisé avec des microbiotes fécaux de femmes enceintes de deux autres cohortes finlandaise et américaine, ce qui suggère une « universalité » des modifications du microbiote associées au DG.

Un enjeu de santé publique mondial

Depuis le milieu des années 1970, l’obésité est en constante augmentation dans de nombreux pays. Le surpoids étant un des facteurs de risque majeur de diabète gestationnel, cette « épidémie » s’est accompagnée d’un accroissement du nombre de femmes concernées par ce trouble du métabolisme du glucose et d'une multiplication de ses complications périnatales.

  • Aujourd’hui, en moyenne, 10% des femmes enceintes seraient touchées par le diabète gestationnel.
  • Selon une méta-analyse publiée en 2022, les prévalences les plus hautes se trouvent en Afrique du Nord et au Moyen-Orient (27,6%) ;
  • ainsi qu’en Asie du Sud-Est (20,8%).
  • Les prévalences les plus faibles sont en Amérique du Nord et dans les Caraïbes (7,1%) ;
  • ainsi qu’en Europe (7,8%). 2

Vers de nouveaux outils de détection ?

Les chercheurs ont ensuite utilisé un modèle de prédiction pour savoir quelles données du 1er trimestre (composition du microbiome, profil cytokinique, antécédents médicaux ou caractéristiques alimentaires) étaient les plus pertinentes pour prédire le DG. Les résultats indiquent que le modèle intégrant le dossier médical est le plus performant (odds ratio OR de 3,2) suivi du modèle basé sur le microbiote fécal. Et en utilisant le dossier médical et le microbiote fécal, l’OR est passé à 4.

Même si des études complémentaires s’avèrent nécessaires pour savoir si la dysbiose est due au diabète ou si le diabète induit la dysbiose, ces résultats laissent entrevoir la possibilité d’une prise en charge plus précoce du DG, mais surtout d’une atténuation des conséquences néfastes de ce trouble sur la santé des mères et de leurs bébés !

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Actualités Gastroentérologie

Diabète gestationnel : un diagnostic plus précoce grâce au microbiote

Dès le premier trimestre de grossesse, des modifications associées au diabète gestationnel sont présentes dans le microbiote des femmes enceintes. Ceci pourrait permettre de mettre au point une détection plus précoce et une meilleure prise en charge des mères et de leurs bébés. 1

Le microbiote intestinal Diabète de type 2 Obésité
Photo: Earlier diagnosis of gestational diabetes thanks to microbiota

C’est une idée reçue qui a la peau dure : le diabète gestationnel (DG) se déclencherait au 2e ou 3e trimestre de grossesse. Faux, rétorque une récente étude publiée dans la revue Gut. Des modifications du microbiote intestinal liées à ce trouble du métabolisme du sucre apparaîtraient clairement dès le 1er trimestre, ce qui ouvrirait la porte à de nouveaux outils de prédiction.

Près de 400 femmes enceintes suivies pendant plusieurs semaines

Pour mettre ces résultats en évidence, les chercheurs de la Faculté de médecine de Safed en Israël ont recruté 394 femmes enceintes depuis moins de 3 mois et âgées de 18 à 40 ans. Les scientifiques ont recueilli leurs selles pour analyser leur microbiote et prélevé des échantillons de sang pour mesurer le niveau d’inflammation et divers paramètres. Les femmes volontaires ont ensuite été suivies durant plusieurs semaines. Au cours de ce suivi, 44 femmes ont développé un DG (11%).

Le diabète gestationnel, c’est quoi ?

Le diabète gestationnel, parfois appelé « diabète de grossesse » est un trouble métabolique caractérisé par un excès de sucre dans le sang qui disparaît après l’accouchement. Il s’accompagne de nombreux risques pour la mère (prééclampsie, complications lors de la délivrance, risque de diabète de type 2…) et pour le bébé (gros poids de naissance, hyperglycémie…).
Véritable enjeu de santé publique, le diabète gestationnel touche en moyenne 10% des femmes enceintes 2. Le diagnostic se fait habituellement entre la 24e et la 28e semaine d’aménorrhée.
Le surpoids, l’âge avancé (plus de 35 ans), les antécédents familiaux de diabète, le fait d’avoir déjà accouché d’un bébé de haut poids de naissance ou d’avoir la peau noire augmentent les risques.
La prise en charge repose surtout sur l’activité physique, l’alimentation et la prise d’insuline. A noter que la prise de probiotiques tôt pendant la grossesse préviendrait également le risque de diabète gestationnel.

Diabète : le microbiote impliqué dans l’inflammation

En comparant leurs résultats sanguins à ceux des femmes non touchées, les chercheurs ont découvert que, dès le 1er trimestre, les femmes souffrant de DG présentaient des problèmes de régulation du glucose et un taux de messagers inflammatoires plus élevé, notamment d’interleukines-6 (IL-6). Plusieurs études ont montré que l’IL-6, en favorisant l’inflammation, est impliquée dans diverses formes de diabète, notamment gestationnel.

Par ailleurs, l’analyse des microbiotes montrait, chez les femmes souffrant de DG, que certaines communautés de bactéries étaient modifiées ( (sidenote: Dysbiose La « dysbiose » n’est pas un phénomène homogène : elle varie en fonction de l’état de santé de chaque individu. Elle est généralement définie comme une altération de la composition et du fonctionnement du microbiote, provoquée par un ensemble de facteurs environnementaux et liés à l’individu, qui perturbent l’écosystème microbien. Levy M, Kolodziejczyk AA, Thaiss CA, et al. Dysbiosis and the immune system. Nat Rev Immunol. 2017;17(4):219-232. ) ). Il y avait également moins d’acides gras à chaîne courte ( (sidenote: Acides Gras à Chaîne Courte (AGCC) Les acides gras à chaîne courte sont une source d’énergie (carburant) des cellules de l’individu, ils interagissent avec le système immunitaire et sont impliqués dans la communication entre l’intestin et le cerveau. Silva YP, Bernardi A, Frozza RL. The Role of Short-Chain Fatty Acids From Gut Microbiota in Gut-Brain Communication. Front Endocrinol (Lausanne). 2020;11:25. ) ), des composés produits par les bactéries qui abaissent l’inflammation et améliorent la sensibilité à l’insuline (et donc la gestion du sucre sanguin).

En transférant le microbiote de femmes touchées par le DG sur des souris sans microbiote, les chercheurs ont réussi à reproduire les symptômes de DG, notamment l’inflammation liée à une augmentation de l’IL-6, ce qui prouve que la dysbiose est bien en jeu dans l’apparition de DG.

Vers des outils de prédiction précoces et performants ?

Les chercheurs ont enfin utilisé un modèle de prédiction pour savoir quels paramètres étaient les plus pertinents pour prédire un DG de manière précise et précoce. Si les données du dossier médical (poids, taille, antécédents, glycémie…) sont les plus performantes, celles du microbiote permettent d’améliorer fortement le niveau de prédiction.

Malgré certaines limites, cette étude est un pas de plus dans la compréhension du DG. Elle ouvre également la porte à des méthodes de détection de haute précision permettant une meilleure prise en charge et une diminution des risques associés au DG.

Une excellente nouvelle à l’heure où l’incidence de ce trouble est en progression partout dans le monde en raison de la flambée du surpoids et de l’obésité !

Le microbiote intestinal

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Actualités

Appel à textes

Vous êtes chercheur.euse et vous avez mené à bien une recherche innovante et fondée sur des preuves démontrant un lien évident entre le microbiote intestinal et certaines maladies, ou bien un lien entre les troubles digestifs et le microbiote ? Vous proposez une application clinique concrète ? Vous avez déjà publié votre travail et vous souhaitez le partager à l'échelle mondiale ?  Et si votre travail paraissait dans une revue internationale, publiée en 5 langues en version papier et numérique ?

Microbiota Mag, le magazine spécialisé dans le microbiote, vous offre l'opportunité de publier un résumé de votre article sur le rapport entre microbiote intestinal, santé et maladies.

Envie de postuler ?
Consultez d'abord les sections « Article » et « Critères » ci-dessous.

Article

2 500 mots (espaces compris). Ce court article doit être rédigé en anglais. Il doit :

  • Être envoyé via le formulaire ci-après ;
  • Contenir des intérêts opposés (aucun conflit d'intérêts, etc.), la déclaration de disponibilité des données, etc. Veuillez fournir suffisamment de détails afin d'éviter tout retard dans le traitement de votre article ;
  • Inclure une liste de références conforme à la charte éditoriale de Microbiota Mag 

3 auteurs, et al. Titre. Nom de l'article (italique). Année de publication, volume, édition, nombre de pages + insérer le lien hypertexte PubMed.

Critères
  • Cet appel à textes est ouvert à tous les médecins, titulaires d'un doctorat et pharmaciens travaillant dans les domaines suivants : gastroentérologie, pédiatrie, microbiologie, maladies infectieuses, médecine interne, etc.
  • Nous prendrons uniquement en compte les recherches portant sur le microbiote intestinal.
  • L'objectif est de soutenir les chercheurs ; en particulier ceux ayant récemment commencé à publier dans des revues scientifiques à comité de lecture (de 2015 à maintenant).
  • Les articles en cours de soumission ne seront pas pris en considération (ou publiés sur bioRxiv.org)
  • Aucune limite géographique ne s'applique aux candidats. 
  • Toutes les candidatures seront examinées par un comité scientifique indépendant selon les critères suivants :
    • impact scientifique ;
    • bénéfice pour la santé humaine ;
    • application clinique concrète ;
    • recherche axée sur le microbiote intestinal uniquement.

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