Cancer du col de l’utérus : l’étau se resserre sur L. iners

Selon une étude longitudinale menée en Chine, l'abondance relative vaginale de la bactérie L. iners réduirait les chances d’éliminer spontanément le papillomavirus humain (HPV) 12 mois après l’infection. Une potentielle cible thérapeutique à approfondir pour prévenir le cancer du col de l’utérus.

Cancer du col de l’utérus : l’étau se resserre sur L. iners

L'infection sexuelle par un papillomavirus humain (HPV) est courante et généralement transitoire : elle disparaît dans les 24 mois dans 80 % des cas. Mais chez 1 femme sur 5, l’infection persiste. Or, le papillomavirus humain à haut risque (HPV-HR) est la principale cause de cancer du col de l'utérus. Les facteurs déterminant l’infection initiale, puis la disparition ou non du HPV-HR et l’éventuelle progression vers un cancer sont multiples : activité sexuelle, tabagisme, contraception orale… Une liste de facteurs auxquels s’ajoute depuis quelques années le microbiote vaginal. D’où l’intérêt de cette étude qui a suivi le microbiote cervical de femmes chinoises prises en charge pour une infection à HPV-HR et présentant des lésions cervicales confirmées histologiquement, en majorité de bas grade.

Plus de L. iners, moins de guérisons spontanées

L'analyse du microbiote (ARNr 16S) des 73 femmes incluses, âgées de 24 à 68 ans, met en évidence une disparition du HPV chez 45 femmes (61,6 %) à l’issue des 12 mois de l’étude. Ni l'âge des patientes, ni le stade de leur maladie, ni le sous-type de HPV, ni le (sidenote: Type de communauté vaginale 5 types de communautés vaginales ont été décrits, 4 dominées par des lactobacilles (Lactobacillus crispatus, L. gasseri, L. iners, ou L. jensenii) et un cinquième caractérisé à l’inverse par une faible teneur en lactobacilles. ) ni la diversité de ce microbiote n’expliquent l’élimination, ou non, du virus. En revanche, certaines espèces bactériennes semblent impliquées : les femmes présentant une moindre présence cervicale de l'entérocoque ASV_62 et un enrichissement en Lactobacillus iners à leur inclusion dans l’étude avaient moins de chances d’avoir éliminé le HPV-HR 12 mois plus tard. Seule exception : les 22 femmes ayant bénéficié d’un traitement chirurgical (conisation) du fait de lésions de haut grade, peut-être parce que l’effet immédiat de la résection de la lésion sur la disparition de l'HPV masque l’effet de la flore.

99 % des cancers du col de l’utérus sont liés à une infection par un papillomavirus, un virus extrêmement courant qui se transmet par contact sexuel.

4ème Le cancer du col de l’utérus est le quatrième cancer le plus courant chez la femme.

570 000  femmes En 2018, environ 570 000  femmes ont reçu un diagnostic de cancer du col de l’utérus dans le monde et environ 311 000 sont décédées de cette maladie.

Sources: WHO.

Une pierre de plus à l’édifice ciblant L. iners

Un possible lien entre L. iners et l’HPV-HR avait déjà été rapporté : une méta-analyse avançait un risque doublé voire triplé de HPV-HR persistant lorsque le microbiote vaginal était dominé par L. iners. Cette bactérie serait aussi flexible qu’adaptable : elle domine le microbiote vaginal de certaines femmes lors de leurs menstruations ou d'épisodes de vaginose bactérienne. A l'inverse, un microbiote vaginal dominé par L. iners (CST III) est aussi le plus commun des types de communauté bactérienne vaginale au sein de la population asiatique féminine en âge de procréer. La littérature actuelle ne permet donc pas encore de dire si ce lactobacille particulier doit être considéré comme bénéfique, pathogène… ou ambivalent. D'autres travaux restent également nécessaires pour clarifier les mécanismes par lesquels L. iners pourrait favoriser la persistance de l’infection ou la progression des lésions, d’autant que l’étude actuelle porte sur un petit nombre de patientes, que certains facteurs de confusion comme le tabac n’ont pas été pris en compte et qu’elle n’a duré qu’un an alors qu’un suivi de 24 mois serait nécessaire.

Sources

Shi W, Zhu H, Yuan L et al. Vaginal microbiota and HPV clearance: A longitudinal study. Front Oncol. 2022 Oct 24;12:955150.

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Alimentation psychobiotique : moduler le microbiote intestinal pour réduire le stress

Un régime qui privilégie les aliments agissant sur les processus cérébraux via le microbiote intestinal réduirait la perception du stress en à peine 4 semaines, révèle une étude parue dans Molecular Psychiatry. Les auteurs voient dans ces résultats le potentiel d’approches nutritionnelles destinées à moduler le microbiote intestinal pour améliorer la santé mentale.

The psychobiotic diet: modulating gut microbiota to reduce stress

De nombreux travaux scientifiques ont mis en évidence l’implication du microbiote intestinal dans les processus cérébraux, la santé mentale, le comportement et la fonction cognitive. Ils ont ouvert la voie aux psychobiotiques, c’est-à-dire à des interventions ayant un impact sur le cerveau par la modulation du microbiote intestinal. Des prébiotiques et probiotiques ont déjà donné des résultats prometteurs dans des études sur l’animal et chez l’homme. De plus, on sait que l’alimentation joue un rôle majeur dans la composition du microbiote intestinal et serait impliqué dans certaines pathologies mentales.

Xpeer: Le raisonnement de pourquoi et comment choisir un probiotique ?

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Des menus riches en prébiotiques bénéfiques au microbiote intestinal

La plupart des études portant sur les interactions entre le microbiote intestinal et l’hôte se concentrent sur l’effet de la supplémentation en certains aliments. Une équipe irlandaise a pris le parti de mesurer celui d’une alimentation psychobiotique au travers d'une étude clinique simple aveugle, randomisée et contrôlée. Pendant 4 semaines, l’impact de cette alimentation sur le microbiote intestinal, l’humeur et la perception de stress était ainsi évalué. Les chercheurs ont recruté 24 participants et 21 témoins adultes (18-59 ans) en bonne santé. Au premier groupe été proposé un régime incluant chaque jour des céréales complètes (5 à 8 portions), des fruits et légumes à haute teneur en prébiotiques (6 à 8 portions d’oignons, de laitue, de chou, de pomme…), d’autres légumes (3 à 4 portions) et des aliments fermentés (2 à 3 portions de choucroute, de kéfir ou de kombucha). Il leur était demandé de réduire les friandises, les sodas et le « fast-food ». Les participants ont également bénéficié de conseils diététiques généraux : pyramide alimentaire, recommandations caloriques journalières selon le sexe, etc. Les sujets contrôles ont uniquement reçu ces conseils diététiques. Le stress ressenti par l’ensemble des sujets a été auto-évalué par l’échelle du stress perçu de Cohen (Perceived Stress Scale [PSS]) à l’inclusion et à la fin de l’étude.

Une diminution du stress et des modifications de l’activité métabolique bactérienne

Au bout des 4 semaines, les deux groupes ont tiré bénéfice de la modification de leurs habitudes alimentaires, avec une diminution du niveau de stress perçu. Mais cette réduction n’a été significative que dans le groupe sous régime psychobiotique. En outre, la réduction du score PSS était corrélée au degré d’adhésion au régime psychobiotique. De légères différences dans la composition du microbiote intestinal du groupe psychobiotique par rapport à l’inclusion ont été observées (augmentation de Blautia wexlerae et B. obeum, diminution de Coprococcus comes, Dorea longicatena, Eubacterium rectale, Gemmiger formicilis et Bifidobacterium longum. Cependant, l’analyse métabolomique a révélé un changement significatif de 40 métabolites lipidiques dans le groupe sous régime psychobiotique, et non dans le groupe témoin. Cette modification pourrait résulter de la réduction de l’apport en graisses alimentaires du régime psychobiotique, mais aussi suggérer que le microbiote intestinal influe sur l’humeur en régulant le métabolisme lipidique.

Des résultats qui nourrissent de futures recommandations nutritionnelles ? 

Selon les auteurs, le développement d’approches psychobiotiques qui permettent de moduler l’axe intestin-cerveau offrent des possibilités de réduction du stress et des troubles associés. Des études de plus grande ampleur doivent confirmer l’effet d’un tel régime sur le stress, mais aussi éclaircir les mécanismes sous-jacents et le rôle du microbiote intestinal dans ces bénéfices. Leurs résultats pourraient donner plus de place aux interventions diététiques dans les futures recommandations nutritionnelles, en prévention ou en traitement de troubles mentaux.
 

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Actualités Gastroentérologie Psychiatrie

Régime psychobiotique : des aliments fermentés ou riches en prébiotiques pour réduire le  stress ? 

Réduire son anxiété, gérer son stress au quotidien, un vœu pieu pour une grande partie de la population coincée dans la routine métro, boulot… K.O ! Opter pour une alimentation riche en composés bénéfiques au microbiote intestinal, ou « psychobiotiques », serait l’un des moyens d’y parvenir, révèle une étude.

Le microbiote intestinal Troubles anxieux Troubles de l'humeur L'alimentation Prébiotiques : l'essentiel pour comprendre
The psychobiotic diet: might fermented or prebiotic-rich foods reduce stress?

Avoir la peur au ventre, se faire de la bile, mal digérer une mauvaise nouvelle… On sait « viscéralement » que notre intestin et notre tête dialoguent constamment au gré de nos émotions. Cet « axe intestin-cerveau », qui transite par le microbiote digestif, représente aujourd’hui un véritable boulevard vers de nouveaux horizons de connaissances… et de solutions pour améliorer notre bien-être physique et mental. Ainsi, de nombreux travaux scientifiques révèlent que le microbiote intestinal est impliqué dans nos mécanismes cérébraux, donc notre santé (sidenote: Cognition Ensemble des processus mentaux liés à la connaissance qui mettent en jeu l’attention, l’apprentissage, l’intelligence, le langage, la mémoire, la perception, la prise de décision, la résolution de problèmes, le raisonnement, etc. Cognition_National Cancer Institute ) et mentale.

L’anxiété, la dépression et certains troubles de l’humeur seraient ainsi associées à une dysbiose intestinale. Or l’alimentation joue un rôle important dans l’équilibre de notre microbiote intestinal. Elle peut donc représenter un moyen de soutenir notre moral, en particulier si elle contient des composés psychobiotiques (qui agissent sur le cerveau via le microbiote intestinal), par exemple des aliments fermentés ou naturellement riches en prébiotiques.

Qu’est-ce qu’un régime psychobiotique ?

Particulièrement bénéfique pour le microbiote intestinal, le régime psychobiotique privilégie la consommation d’aliments prébiotiques (oignons, laitue, chou, pomme, banane, céréales complètes…) et fermentés (choucroute, kéfir, kombucha…).
 

L’effet des psychobiotiques par le menu

Une équipe de chercheurs a donc exploré l’impact d’un régime psychobiotique pendant 4 semaines sur le microbiote intestinal ainsi que sur l’humeur et la sensation de stress de 24 adultes en bonne santé, comparés avec 21 sujets contrôles. Le régime du groupe « psychobiotique » privilégiait des aliments bénéfiques au microbiote intestinal avec des céréales complètes, des fruits et légumes à haute teneur en prébiotiques (oignons, laitue, chou, pomme, banane…) et des aliments fermentés (choucroute, kéfir, kombucha) et réduisait à la portion congrue les friandises, les sodas et le « fast-food ». Celui du groupe contrôle a simplement été orienté par des conseils diététiques classiques d’équilibre alimentaire.

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Moins de stress en moins d’un mois

Au bout des 4 semaines, les deux groupes ont tiré parti de la modification de leurs habitudes alimentaire, avec une diminution du niveau de stress perçu par les participants par rapport au début de l’étude. Mais cette réduction n’a été significative (32%) que dans le groupe « psychobiotique », et d’autant plus importante que leur régime était suivi avec plus d’assiduité. L’analyse d’échantillons de selles des participants n’a révélé que de légères différences dans la composition de leur microbiote intestinal. Cependant, un changement significatif de certains composés, appelés (sidenote: Métabolites Petites molécules produites au cours du métabolisme cellulaire ou bactérien. Les acides gras à chaine courte sont par exemple des métabolites produits par le microbiote intestinal lors de la fermentation de sucres complexes non digestibles (fibres…).  Silva YP, Bernardi A, Frozza RL. The Role of Short-Chain Fatty Acids From Gut Microbiota in Gut-Brain Communication. Front Endocrinol (Lausanne). 2020;11:25.  Lamichhane S, Sen P, Dickens AM, et al An overview of metabolomics data analysis: current tools and future perspectives. Comprehensive analytical chemistry. 2018 ; 82: 387-413 ) lipidiques, a été observé dans le groupe « psychobiotique » (et pas dans le groupe contrôle). Selon les chercheurs, il peut résulter de la réduction de l’apport en graisses alimentaires du régime psychobiotique, mais aussi suggérer que le microbiote intestinal influe sur l’humeur en régulant le métabolisme des graisses.

Le microbiote intestinal

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Bien nourrir notre microbiote intestinal pourrait donc nous aider à réduire notre stress … Désormais, des études incluant un plus grand nombre d’individus et plus longues sont nécessaires pour confirmer l’effet d’un régime psychobiotique sur le stress, mais aussi pour éclaircir les mécanismes sous-jacents et le rôle du microbiote intestinal dans ces bénéfices.

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"Excellente information" - Commentaire traduit de Peggy Rhinelander

"Bonne question" - Commentaire traduit de Bear Beauchamp

"Bonne information !" - Commentaire traduit de Hazel Vienneau

"C'est bon à savoir" - Commentaire traduit de Colette Pellerin

(Repris de My health, my microbiota)

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Journée internationale des femmes et des filles de science : quels sont leurs thèmes de recherche sur le microbiote ?

Elles explorent et étudient le microbiote, et sensibilisent le grand public à son importance pour la santé. À l’occasion de la Journée internationale des femmes et des filles de science (le 11 février), le Biocodex Microbiota Institute donne la parole à des femmes scientifiques particulièrement actives dans la recherche sur le microbiote.

Le microbiote intestinal Le microbiote vaginal
Women in Science Day: let’s meet our inspiring microbiota scientists

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Covid-19 : le microbiote serait-il le chaînon manquant ?

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Journée internationale des femmes et des filles de science

Lancée par les Nations Unies en 2015, la Journée internationale des femmes et des filles de science (le 11 février) s’attache à souligner le rôle essentiel que jouent les femmes et les filles dans les domaines des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques (STEM) et à promouvoir les initiatives visant à atteindre l’égalité des genres dans le domaine scientifique.

Gastroentérite et autres types de diarrhée infectieuse : lorsque votre microbiote est en difficulté

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1 chercheur sur 3 est une femme.

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Microbiote et Cancer

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Journée Internationale des Femmes et des Filles de Science : elles font avancer la recherche sur le microbiote !

Ce sont des femmes. Elles viennent de Finlande, de France, des États-Unis, du Canada... Elles sont à l’origine d’avancées majeures dans la recherche sur le microbiote. À l’occasion de la Journée internationale des femmes et des filles de science (le 11 février), le Biocodex Microbiota Institute donne la parole à des femmes scientifiques et médecins particulièrement actives dans la recherche sur le microbiote.

Women in Science Day: they make microbiota research!

53% des femmes indiquent qu’elles n’ont jamais entendu parler du microbiote vaginal

Chercheuses spécialistes du microbiote

Endométriose et microbiote : quels liens ?

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La résistance aux antibiotiques est un inextricable enchevêtrement de problèmes

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Dialogue entre le microbiote intestinal et les réponses immunitaires de l'hôte pour lutter contre les infections

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Journée Internationale des Femmes et des Filles de Science

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Rôle du microbiote dans l'immunité de la peau et la dermatite atopique

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Le microbiome pourrait-il être ciblé pour optimiser l'efficacité du vaccin contre le SARS-CoV-2 ?

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"Quel bel hommage aux femmes et aux jeunes filles dans le domaine des sciences ! Merci pour cette aimable mention et bravo à toutes pour vos réalisations." - Vanessa Carter (De Biocodex Microbiota Institute sur LinkedIn)

"Merci pour cette reconnaissance qui renforce mon engagement à promouvoir la science du microbiote auprès du plus grand nombre pour la prévention de la santé. Bravo à tous pour leurs réalisations." - Anne-Sophie ALVAREZ (De Biocodex Microbiota Institute sur LinkedIn)

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Schizophrénie et comportement agressif : quelle implication du microbiote intestinal ?

Chez les adultes schizophrènes, un phénotype pro-inflammatoire, un stress oxydant, une dysbiose et une perméabilité intestinale seraient associés au comportement agressif. De quoi envisager de futures thérapies microbiennes ou anti-inflammatoires ?

La schizophrénie touche 1 % de la population adulte, en particulier les jeunes adultes. Cette maladie psychiatrique multiplierait la propension à l’agressivité sans que l’on sache réellement pourquoi. Néanmoins, quelques pistes se dessinent, impliquant le microbiote intestinal et une possible translocation bactérienne en cas de perte d’étanchéité de la muqueuse intestinale. Suivant cette hypothèse, une récente étude a profilé la diversité et composition du microbiote intestinal, certains (sidenote: Acides Gras à Chaîne Courte (AGCC) Les acides gras à chaîne courte sont une source d’énergie (carburant) des cellules de l’individu, ils interagissent avec le système immunitaire et sont impliqués dans la communication entre l’intestin et le cerveau. Silva YP, Bernardi A, Frozza RL. The Role of Short-Chain Fatty Acids From Gut Microbiota in Gut-Brain Communication. Front Endocrinol (Lausanne). 2020;11:25. ) fécaux (acides gras à chaîne courte) et neurotransmetteurs de 50 patients schizophrènes dont 25 avaient des comportements agressifs. Objectif : comprendre le lien entre l’inflammation, l’oxydation, la perméabilité intestinale et le microbiote chez des patients schizophrènes ayant des comportements agressifs.

Un phénotype inflammatoire…

Les résultats montrent que les patients schizophrènes à tendance agressive présentaient des taux largement accrus de biomarqueurs sériques d'oxydation des acides nucléiques et des lipides, comparativement aux patients schizophrènes non agressifs. Ces réponses pro-oxydative et pro-inflammatoire étaient liées à la sévérité de l'agression, suggérant une co-implication de l’inflammation systémique et de l’oxydation dans le développement de l'agressivité chez les schizophrènes.

1% de la population mondiale souffre de schizophrénie.

facteur 4 à 7 La schizophrénie peut multiplier par un facteur 4 à 7 la propension à l’agressivité.

… doublé d’une dysbiose bactérienne

Les patients schizophrènes à tendance agressive affichaient en outre une bien moindre diversité bactérienne. Cette dysbiose intestinale semble ainsi corrélée à l'étiologie ou à la gravité de l'agressivité chez les individus schizophrènes, sans que l’on puisse conclure pour autant à une relation causale.

De plus, l'abondance du genre Prevotella était significativement augmentée, tandis que Bacteroides, Faecalibacterium, Blautia, Bifidobacterium, Collinsella et Eubacterium coprostanoligenes étaient largement appauvris dans le groupe de patient à tendance agressive. Cette modification allait de pair avec des réductions importantes de certains métabolites, même si les auteurs ne peuvent établir de lien de cause à conséquence : 6 AGCC fécaux (acides acétique, propanoïque, butyrique, isobutyrique, isovalérique et isohexanoïque) et 6 neurotransmetteurs (5-hydroxytryptophane, lévodopa, chlorhydrate de noradrénaline, chlorhydrate d’adrénaline, acide kynurénique et histidine) s’avéraient beaucoup moins présents chez les patients ayant des comportements agressifs.

Une hypothèse à confirmer

Considérant ces résultats dans leur ensemble, les auteurs émettent l'hypothèse que le phénotype pro-inflammatoire systémique précédemment constaté chez les schizophrènes à tendance agressive impliquerait des altérations du microbiote intestinal et de ses métabolites, une hyper-perméabilité de la paroi intestinale permettant aux bactéries intestinales de rejoindre la circulation générale en entrainant un stress oxydatif, lié à la sévérité du caractère agressif.  Ainsi, l’hyper-inflammation aurait conduit, via le microbiote intestinal, à l’hyper-oxydation et in fine à l’agressivité. Une hypothèse qui reste encore à valider dans des études à plus large échelle.

Recommandé par notre communauté

"C'est noté !" - Commentaire traduit de Kamara Daniel (Repris de Biocodex Microbiota Institute sur X)

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Actualités Gastroentérologie Psychiatrie

Légumes fermentés : de bonnes raisons de les mettre au menu

Quel rapport entre la choucroute, le kombucha, le pain au levain ou le kéfir1? Ce sont tous des aliments fermentés, et leurs bienfaits sur la santé intéressent de plus en plus les scientifiques. Une étude américaine2 révèle qu’en à peine 6 semaines, manger chaque jour une portion de légumes fermentés a des bénéfices sur le microbiote intestinal.  

Le microbiote intestinal

Selon leur définition scientifique officielle, les aliments fermentés sont « des aliments préparés à l’aide d’une croissance microbienne et de conversions enzymatiques de composants alimentaires » 3. Plus simplement, ils sont transformés avec des microorganismes tels que des lactobacilles (on parle alors d’aliments lacto-fermentés) et autres espèces de bactéries, des champignons filamenteux ou des levures3. Sources de microorganismes bénéfiques, de vitamines, de prébiotiques et de composés bioactifs d’origine végétale équilibrants pour le microbiote intestinal, ces aliments nous apporteraient des bienfaits digestifs et métaboliques, selon différentes études3,4.

5000 aliments fermentés Plus de 5 000 aliments et boissons fermentés sont recensés dans le monde, contribuant entre 5 et 40 % de l’alimentation humaine.

Quand la fermentation s’invite dans nos assiettes

Alors pourquoi ne pas intégrer des aliments fermentés dans notre alimentation quotidienne pour améliorer notre forme ? Des chercheurs ont ainsi décidé d’évaluer la faisabilité et l’effet de la consommation de légumes fermentés (choux et cornichons) pendant 6 semaines sur la composition du microbiote intestinal de 31 femmes. Les participantes ont été partagées en trois groupes : le premier consommant 100 g de légumes fermentés par jour, le deuxième 100 g des mêmes légumes en saumure (non fermentés mais conservés par acidification3) par jour, et le troisième groupe control, à qui l’on a demandé de poursuivre leur alimentation habituelle. Des échantillons de selles ont été recueillis au début et à la fin de l’étude pour analyse du microbiote intestinal.

Plus de bactéries bénéfiques dans le microbiote intestinal

Résultats : le microbiote intestinal des femmes ayant consommé des légumes fermentés était plus riche en bactéries Faecalibacterium prausnitzii, qui selon des études seraient abondantes chez les personnes en bonne santé et protégeraient contre l’inflammation, le stress oxydant et les germes pathogènes. Il comprenait également moins de Ruminococcus torques, des bactéries qui favoriseraient l’inflammation et des problèmes métaboliques. Globalement, leur microbiote présentait une plus grande diversité microbienne, ce qui est bénéfique à son équilibre.

Un transit chouchouté par le chou fermenté !

Côté digestion, les femmes consommant des légumes fermentés avaient davantage de ballonnements que les femmes ne consommant pas de légumes, ce qui était attendu de la part du chou, fournisseur bien connu de gaz naturel ! Mais elles avaient aussi moins de diarrhée que celles consommant des légumes en saumure, ce qui suggère que la fermentation des légumes améliore la consistance des selles, et moins de maux de ventre que les deux autres groupes. Enfin, côté assiduité, si 70 à 90% des femmes des groupes « choux-cornichons » se sont bien tenues à leur régime, quelques-unes ont commencé à le trouver pénible vers la fin des 6 semaines…

Cette étude pilote indique que consommer 100 g de légumes fermentés par jour pendant 6 semaines, c’est faisable et bénéfique pour le microbiote intestinal : d’autres travaux doivent maintenant être menés pour déterminer si les légumes fermentés pourraient lutter efficacement contre les dysbioses. Ses auteurs suggèrent de proposer aux participants des légumes plus variés afin de réduire les effets indésirables et la lassitude.

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Urétrites idiopathiques masculines : de nouvelles étiologies infectieuses identifiées ?

Chez les hommes, les urétrites idiopathiques sont largement traitées par antibiothérapie probabiliste. Afin d’envisager une approche plus ciblée de ces infections communes, des chercheursont analysé le microbiote urinaire et urétral de sujets symptomatiques en tenant compte de leur orientation sexuelle. De « nouvelles » bactéries potentiellement en cause ont été identifiées, dont Haemophilus influenzae.

L’urétrite est une infection sexuellement transmissible (IST) principalement due à Neisseria gonorrhoeae, mais aussi à Chlamydia trachomatis ou Mycoplasma genitalium, moins souvent à un virus comme herpès simplex. Mais jusqu’à 50% des urétrites non-gonococciques sont considérées idiopathiques. Non infectieuses dans de rares cas, leur étiologie est le plus souvent indéterminée, ce qui pose un défi diagnostique et thérapeutique aux cliniciens. L’antibiothérapie probabiliste est largement appliquée dans ces cas, mais peut aboutir à des traitements inadéquats ou excessifs dans un contexte de risques d’antibiorésistances. Par ailleurs, de récentes études suggèrent que les agents infectieux responsables d’urétrites non-gonococciques diffèrent entre les hommes ayant des relations sexuelles avec des femmes (HSF) et les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH). 

Une exploration du microbiote urinaire et urétral en fonction de l’orientation sexuelle

Des chercheurs australiens ont souhaité déterminer quels agents infectieux, hormis ceux déjà connus, pouvaient contribuer aux urétrites non-gonococciques chez l’homme et ce, en tenant compte des pratiques sexuelles et du genre de leur partenaire. Pour cela, ils ont réalisé une étude cas incluant 199 hommes, parmi eux, 96 présentaient des symptômes d’urétrite idiopathique et les 103 qui n’en présentaient pas, servaient de sujets contrôles. D’âge médian de 31 ans, 73 ont eu une relation avec un homme dans le mois précédent l’inclusion (classés HSH), les autres étant classés HSF. Pour tous, les chercheurs disposaient d’échantillons de microbiote urinaire et urétral utilisables pour une analyse par séquençage.

Des urétrites pas si « idiopathiques » que cela : vers des traitements plus ciblés 

Leurs résultats ont montré qu’Haemophilus influenzae, qui colonise naturellement le microbiote du nasopharynx, était plus abondante chez les HSH avec urétrite idiopathique. De plus, H. influenzae était bien associée à des caractéristiques cliniques telles que sensations de brûlure urétrale, dysurie et écoulement purulent. Selon les chercheurs, le sexe oral sans préservatif pourrait être le principal mode de contamination par cette bactérie. Le genre Corynebacterium était quant à lui augmenté chez les HSF atteints, ce qui est surprenant car il est considéré commensal dans le microbiote génital masculin. Certaines espèces spécifiques de Corynebacterium pourraient devenir pathogènes lorsque leur charge est élevée, d’après les scientifiques. Ureaplasma, Staphylococcus haemolyticus, Streptococcus pyogenes, Escherichia et Streptococcus pneumoniae étaient également augmentés dans le microbiote urinaire et urétral des sujets symptomatiques et pourraient donc tous favoriser l’urétrite. 

De possibles causes infectieuses d’urétrites non-gonococciques jusque-là qualifiées d’idiopathiques, variables selon l’orientation sexuelle, ont ainsi été découvertes. Si ces résultats sont confirmés par d’autres études, les médecins pourraient à terme proposer des traitements plus ciblés à leurs patients.

Académie du Microbiote Urogénital

Biocodex Microbiota Institute est un partenaire institutionnel de l'Académie du microbiote urogénital (AMUR). L'AMUR a été fondée pour enrichir les connaissances sur le microbiote et développer des approches novatrices visant à prévenir et traiter les troubles de la sphère urogénitale.

Pour en savoir plus sur le microbiote urogénital visitez AMUR 

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Actualités Urologie

Insomnie chez les personnes âgées : le microbiote intestinal impliqué ?

Montre-moi ton microbiote, et je te dirai comment tu dors (et cogite). Telle est en substance la conclusion d’une étude qui met en évidence une interrelation entre les troubles du sommeil, la cognition et le microbiote intestinal chez le senior insomniaque.

Le microbiote intestinal L'alimentation
Insomnie chez les personnes âgées : le microbiote intestinal impliqué ?

Difficile de dormir comme un bébé quand on a déjà soufflé 65 bougies. A cet âge, une personne sur 2 souffre d’ (sidenote: Insomnie Difficultés d’endormissement, de maintien du sommeil, réveils précoces ou sensation d’un sommeil non réparateur. Sa sévérité se mesure en termes de fréquence de survenue et retentissement diurne sur les activités courantes, les performances sociales et cognitives. L’insomnie peut être aiguë si elle dure moins d’un mois, ou chronique si elle dure plus de 6 mois.  Amatéis, C., Büla, C., Insomnies chez les personnes âgées : quelle approche ?, Rev Med Suisse, 2007/132 (Vol.-7), p. 2537–2541. ) chronique, qui aggrave les troubles (sidenote: Cognition Ensemble des processus mentaux liés à la connaissance qui mettent en jeu l’attention, l’apprentissage, l’intelligence, le langage, la mémoire, la perception, la prise de décision, la résolution de problèmes, le raisonnement, etc. Cognition_National Cancer Institute ) liés à l’âge. Mais rassurez-vous : des chercheurs s’attèlent à décrypter les mécanismes sous-jacents, encore mal compris. Une équipe s’est ainsi penchée sur le microbiote intestinal, identifié depuis plusieurs années comme capable d’influer le fonctionnement du cerveau1.

50% Les insomnies touchent environ 50 % de la population adulte de plus de 65 ans.

1 senior sur 2 L’insomnie touche 1 senior sur 2, contre 1 personne sur 3 voire 1 personne sur 6 dans la population générale.

Or, avec les années qui passent, la dentition, la fonction salivaire, la digestion et le transit intestinal sont mis à mal, affectant le microbiote intestinal et entrainant un déséquilibre (dysbiose) : la composition et la diversité de cette flore bigarrée de bactéries, champignons, virus et autres petits (sidenote: Micro-organismes Organismes vivants qui sont trop petits pour être vus à l'œil nu. Ils incluent les bactéries, les virus, les champignons, les archées, les protozoaires, etc… et sont communément appelés "microbes". What is microbiology? Microbiology Society.   ) évoluent au fil des années, au point que le microbiote des seniors s’éloignent progressivement de celui d’adultes plus jeunes.

L’évolution du microbiote intestinal liée à l’insomnie

Chez les seniors insomniaques, les chercheurs observent ainsi qu’un embranchement bactérien (les Bacteroidetes) se taille la part du lion, alors que les Firmicutes et Proteobacteria sont moins présents que chez des patients sains. Mais surtout, les chercheurs montrent que chez les seniors souffrant d’insomnie, le sommeil et la cognition expliquent à eux seuls 7,5 à 7,9 % de la variation de la composition du microbiote intestinal), soit un impact important, comparable à celui provoqué par les médicaments, les paramètres sanguins, le transit digestif, le régime alimentaire, l’état de santé, le poids et la taille, d’après une précédente étude2 !

Vieillir ou dormir : il faut choisir !

L’âge n’est pas en soi une cause d’insomnie mais représente plutôt un facteur favorisant en raison des problèmes de santé associés à l’avancée en âge3.

Bactéries typiques des insomniaques

Autre enseignement : les seniors insomniaques abritant dans leurs entrailles une forte proportion de bactéries du genre Lachnoclostridium ont un sommeil efficace et des performances cognitives plus élevées. A l’inverse, des performances cognitives plus faibles vont de pair avec davantage de Blautia.
Inutile de vouloir en déduire des relations de cause à effet : c’est impossible à ce stade. En revanche, le microbiote intestinal pourrait un jour aider au diagnostic des personnes âgées souffrant d'insomnie et de déclin cognitif. Et, si une relation de cause à effet est un jour prouvée, il pourrait devenir une nouvelle cible thérapeutique dans le domaine du vieillissement… et de l’endormissement. Mais d’ici là, le marchand de sable sera maintes fois passé et repassé…

Le microbiota intestinal

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Règles et microbiote vaginal : les progrès de la science…

De récentes publications scientifiques apportent de nouvelles informations mettant en lumière le rôle clé du microbiote vaginal dans la santé des femmes. Le Biocodex Microbiota Institute lance une série d’interviews d’experts consacrées au microbiote, aux femmes et à la santé. Quel est l’état actuel des connaissances sur la santé des femmes et le microbiote ? Que reste-t-il encore à découvrir ?

Deuxième acte : le cycle menstruel et le microbiote vaginal. Le professeur Ina Schuppe Koistinen, chercheuse spécialisée dans le microbiote, nous dit tout sur cette question !

Le microbiote vaginal Candidose vaginale Vaginose bactérienne - déséquilibre du microbiote vaginal Le microbiote intestinal L'alimentation
Periods & vaginal microbiota: Science in progress…

52% Seule 1 femme sur 2 sait que le vagin se nettoie tout seul

Qu’est-ce que le microbiote vaginal exactement et quel est son rôle ?

Prof. Ina Schuppe Koistinen: On peut définir le microbiote vaginal comme l’écosystème complexe formé par les (sidenote: Microorganismes Organismes vivants qui sont trop petits pour être vus à l'oeil nu. Ils incluent les bactéries, les virus, les champignons, les archées, les protozoaires, etc… et sont communément appelés "microbes". Source : What is microbiology? Microbiology Society.
 
)
– bactéries, virus et champignons – qui vivent dans le vagin et qui, de par l’évolution biologique, contribuent à la protection de l’appareil reproducteur féminin.

Le microbiote vaginal

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Contrairement au microbiote intestinal, un microbiote vaginal sain se caractérise par une diversité réduite. Il est dominé par les espèces du genre Lactobacillus qui protègent le vagin contre la prolifération d’autres microorganismes en maintenant un pH vaginal faible grâce à la production d’acide lactique et d’antimicrobiens tels que le H2O2 et les bactériocines. Les lactobacilles participent également à la lutte pour les nutriments, adhèrent fermement à la muqueuse et modulent le système immunitaire local.

Quels changements le microbiote vaginal subit-il au cours du cycle menstruel ?  

I. S.-K.: On sait qu’un microbiote vaginal sain est résilient face aux changements tels que les menstruations, les relations sexuelles et les fluctuations hormonales. Chez la plupart des femmes (mais pas toutes), le microbiote vaginal reste relativement stable pendant les règles. Le sang menstruel élève le pH et fournir des nutriments aux bactéries vaginales telles que Gardnerella ou Prevotella qui ont été associées à un déséquilibre du microbiote vaginal (encore appelé (sidenote: Dysbiose La « dysbiose » n’est pas un phénomène homogène : elle varie en fonction de l’état de santé de chaque individu. Elle est généralement définie comme une altération de la composition et du fonctionnement du microbiote, provoquée par un ensemble de facteurs environnementaux et liés à l’individu, qui perturbent l’écosystème microbien. Levy M, Kolodziejczyk AA, Thaiss CA, et al. Dysbiosis and the immune system. Nat Rev Immunol. 2017;17(4):219-232. ) ).

Il se produit donc bien un effet pendant l’écoulement sanguin puisque la diversité du microbiote vaginal augmente1, même si elle redevient généralement normale après la menstruation (c’est ce qu’on appelle la « résilience »).

Les protections hygiéniques ont-elles un impact sur le microbiote vaginal ?

I. S.-K.: On dispose de très peu de données scientifiques sur le lien entre la menstruation, la méthode de protection hygiénique utilisée et le microbiote vaginal. À ce stade, on ignore si les protections hygiéniques ont un impact sur sa composition. Il s’agit pourtant d’une information critique puisque la moitié de la population féminine (environ 26 % de la population mondiale2) se trouve en âge de procréer et est donc concernée. Malgré cela, aucune étude de grande envergure n’a été réalisée pour comparer les différentes méthodes de protection hygiénique : tampon, serviette, coupe menstruelle ou culotte absorbante. L’étude que nous menons actuellement en Suède s’intéresse à l’impact de la protection hygiénique sur le microbiote vaginal de 2000 femmes. J’ai hâte d’en connaître les résultats.

Menstruations : ne sous-estimez pas le pouvoir de l’alimentation !

De nombreuses femmes déclarent souffrir de symptômes digestifs pendant leurs menstruations (ballonnements, douleur abdominale, diarrhée…). Saviez-vous qu’une alimentation saine peut soulager les douleurs de l’appareil digestif associées aux menstruations ? Des légumes, des fruits et des aliments fermentés riches en bifidobactéries et en lactobacilles, ainsi que des aliments riches en fibres possédant des propriétés anti-inflammatoires, peuvent être bénéfiques pour le microbiote intestinal. Si vous n’êtes toujours pas convaincue, c’est le moment idéal pour goûter le kimchi et la choucroute !

Existe-t-il un lien entre règles douloureuses et microbiote ?

I. S.-K.: Encore une fois, la recherche sur cette question est malheureusement limitée. Dans une étude suédoise3, 50 % des adolescentes ont indiqué avoir des règles douloureuses et près de 40 % souffrir de douleurs intenses. La recherche a montré que les femmes ayant des règles douloureuses présentent des niveaux élevés de prostaglandines, hormones dont on sait qu’elles provoquent des douleurs abdominales aiguës.

50% des adolescentes ont indiqué avoir des règles douloureuses .

Pour le moment, on ne sait pas si le microbiote est impliqué. Il faudrait intensifier la recherche car l’on répète depuis longtemps aux jeunes filles qu’il est normal d’avoir des règles douloureuses, Et pourtant cela n’est pas normal ! Il conviendrait d’étudier les facteurs associés à la douleur menstruelle afin de soulager les femmes et d’améliorer le diagnostic de l’endométriose. Selon le magazine Forbes, seulement 4 % des fonds alloués à la recherche et au développement dans le domaine pharmaceutique sont consacrés à des problèmes spécifiques de santé des femmes, ce qui est plutôt décourageant… Je suis convaincue qu’il faut améliorer la sensibilisation sur cette question. Telle est en tout cas la mission que je me suis donnée !

Existe-t-il un risque d’augmentation des infections vaginales au cours du cycle menstruel? Ce risque est-il lié au microbiote ?  

I. S.-K.:  Le risque d’infections vaginales (candidose ou vaginose bactérienne) est plus élevé pendant les menstruations et cette hausse est liée au microbiote vaginal. Comme je l’ai déjà expliqué, le sang menstruel crée un environnement qui favorise la prolifération de bactéries pathogènes et qui conduit à une (sidenote: Dysbiose La « dysbiose » n’est pas un phénomène homogène : elle varie en fonction de l’état de santé de chaque individu. Elle est généralement définie comme une altération de la composition et du fonctionnement du microbiote, provoquée par un ensemble de facteurs environnementaux et liés à l’individu, qui perturbent l’écosystème microbien. Levy M, Kolodziejczyk AA, Thaiss CA, et al. Dysbiosis and the immune system. Nat Rev Immunol. 2017;17(4):219-232. ) .

72 million de femmes dans le monde doivent gérer leurs menstruations sans avoir accès à des toilettes décentes.

Selon (sidenote: Sources ) , 72 millions de femmes dans le monde doivent gérer leurs menstruations sans avoir accès à des toilettes décentes. De surcroît, les femmes qui n’ont pas les moyens de s’offrir une protection hygiénique sont exposées à un risque d’infection plus élevé. Pour remédier à cet état de fait, il faudrait à la fois plus de ressources et plus d’éducation.

 

Les rapports sexuels pendant les règles ont-ils un impact sur le microbiote vaginal et sur le risque d’infection ?

I. S.-K.: Il n’y a a priori pas d’inconvénient à avoir des rapports sexuels pendant les menstruations, mais l’utilisation de préservatifs est recommandée en cas de prédisposition du microbiote vaginal aux dysbioses. Toutes les pratiques sexuelles impliquant un échange de secrétions corporelles peuvent aggraver la dysbiose vaginale. Une dysbiose vaginale peut augmenter la prédisposition aux infections sexuellement transmissibles d’origine bactérienne telles que la chlamydiose et la gonorrhée, ainsi qu’à celles d’origine virale comme le papillomavirus humain (HPV) ou encore le VIH4-6.

Auriez-vous un conseil à donner pour mieux prendre soin de son microbiote vaginal pendant les règles ?  

I. S.-K.:  Le premier conseil que je donnerai à toutes les femmes c’est de choisir un produit avec lequel elles se sentent bien. Cela les aidera à affronter leurs menstruations de façon positive en se sentant bien et sûres d’elles-mêmes. Il est important pour chaque femme de choisir un produit adapté à son écoulement sanguin.

Ensuite, il convient de suivre quelques règles simples : changer de tampon ou de coupe menstruelle (sans oublier de la stériliser avant insertion) toutes les 4 à 6 heures afin de limiter le risque de (sidenote: Syndrome du choc toxique Le SCT est une affection rare mais potentiellement mortelle qui est provoquée par la pénétration dans le corps de bactéries libérant des toxines nocives et qui est associée à l’utilisation de tampons ou de coupelles menstruelles. Sources. ) 7, se laver les mains avant d’introduire la protection hygiénique, éviter les tampons et serviettes parfumés ou contenant d’autres substances chimiques. Le vagin est auto nettoyant, il n’est donc pas nécessaire de procéder à des douches vaginales. Lavez-vous la vulve à l’eau tiède, avec une solution nettoyante sans savon ou à l’huile non parfumée et n’utilisez pas d’antimicrobiens susceptibles de perturber votre microbiote. Ayez des rapports sexuels protégés et prenez soin de votre vulve et de votre vagin, n’abusez pas du savon et du parfum, c’est le meilleur conseil que je puisse vous donner !

Découvrez l'interview du professeur Ina Schuppe Koistinen :

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"Je pense que c'est une bonne idée de poster cet article parce qu'on peut le lire dans l'intimité de sa propre maison, sans personne autour" - Louise Strong (From My Health, my micrbiota)

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