Alors qu’on estime qu’un senior sur deux souffre d’insomnie chronique, une récente étude1 met en évidence un lien entre le sommeil, la cognition et le microbiote intestinal chez la personne âgée insomniaque.
Difficulté à s’endormir ou à rester endormi, réveils prématurés… l'insomnie touche un adulte sur deux de plus de 65 ans. Avec des conséquences lourdes sur la santé puisque cette maladie chronique s’accompagne souvent d’un déclin cognitif et d’une mortalité accrue. Si les mécanismes sont encore mal compris, une explication du lien entre insomnie et déclin cognitif pourrait résider dans l’axe microbiote intestinal-cerveau. Une équipe de chercheurs s’est ainsi penchée sur les liens entre le microbiote intestinal et les performances cognitives de 72 insomniaques chroniques (dont 56 femmes) âgés de 73,2 ans en moyenne. Deux facteurs étaient évalués qui témoignent généralement d’un déclin cognitif accéléré au cours du vieillissement : la qualité du sommeil (mesure objective par (sidenote:
Actigraphie
Méthode de mesure objective du sommeil reposant sur un appareil similaire à une montre, porté au poignet ou à la cheville, qui détecte les mouvements du corps et donc l’activité de veille. Cet appareil mesure ainsi le temps mis à s’endormir, les éventuels réveils et leur durée, etc.
) sur 2 semaines et subjective par auto-questionnaire) et les performances cognitives (15 variables mesurées dont 2 finalement retenues car plus discriminantes).
50%
Les insomnies touchent environ 50 % de la population adulte de plus de 65 ans.
La qualité du sommeil associée à la dysbiose intestinale
L’analyse par séquençage du gène de l’ARN 16S des échantillons de selles des patients met en évidence la présence de 45 phyla différents. Les Bacteroidetes étaient prédominants (48 %), suivis par les Firmicutes et, loin derrière, les Proteobacteria (6 %), soit un recul des Firmicutes et Proteobacteria au profit des Bacteroidetes par rapport à des patients sans problèmes de sommeil2.
Mais surtout, chez les 72 insomniaques suivis, l’efficacité du sommeil (soit le sommeil objectif et non ressenti) et la cognition expliquaient 7,5 à 7,9 % de la variation totale de la composition du microbiote intestinal (en termes de (sidenote:
Variant de séquence d’amplicon
Terme désignant des séquences d’ADN individuelles récupérées à partir d’une analyse de gène marqueur (les séquences « parasites » induites par l’amplification du gène et le séquençage sont éliminées par cette technique). Cette méthode se distingue donc du comptage des OTU, unité taxonomique opérationnelle (Operational Taxonomic Unit), plus couramment utilisé, où des bactéries sont regroupées sur la base de similarités d’un gène donné servant de marqueur taxonomique.
)). Soit un impact important, comparable à celui provoqué par les médicaments, les paramètres sanguins, le transit, le régime alimentaire, l’état de santé et les données anthropométriques, d’après une précédente étude3.
De plus, l'analyse de corrélation a montré qu’une forte présence du genre Lachnoclostridium allait de pair avec un sommeil efficace et des performances cognitives plus élevées (temps de réaction plus faible). A l’inverse, des performances cognitives moindres étaient associées à une abondance plus élevée du genre Blautia.
Cette étude apporte une nouvelle pierre à la relation entre insomnie, cognition et microbiote intestinal. Si elle ne permet pas de déduire la moindre causalité, elle pointe du doigt le microbiote intestinal comme potentielle aide au diagnostic des personnes âgées souffrant de troubles du sommeil et de déclin cognitif, voire comme nouvelle cible thérapeutique dans le domaine du vieillissement.
La schizophrénie touche 1 % de la population adulte, en particulier les jeunes adultes. Au-delà de ses symptômes (anxiété, délires, hallucinations, absence de plaisir…), variables d’un patient à l’autre, cette maladie psychiatrique multiplierait la propension à l’agressivité. Comment ? Peut-être via le microbiote intestinal et les substances qu’il produit.
La schizophrénie, pathologie psychiatrique appartenant à la classe des troubles psychotiques, est souvent (et injustement) réduite aux comportements agressifs des patients atteints. Comment expliquer cette propension à l’agressivité ? Une équipe chinoise propose une voie d’explication impliquant le microbiote intestinal1.
1%
de la population mondiale souffre de schizophrénie.
De l’inflammation à la dysbiose
Point de départ de leur hypothèse : l’organisme des patients schizophrènes à tendance agressive est riche en molécules inflammatoires. Selon les auteurs, cet état inflammatoire généralisé aurait des implications sur leur microbiote intestinal (bien que la confirmation de cet état de causalité doive encore être apportée). En effet, ils constatent en effet que la flore intestinale d’un patient schizophrène à tendance agressive n’a rien à voir avec celle d’un patient schizophrène n’ayant pas ces comportements : elle est moins diverse, certaines espèces ont pris le dessus tandis que d’autres ont déserté. Or, les bactéries intestinales participent à la fabrication de certaines molécules, notamment des (sidenote:
Acides Gras à Chaîne Courte (AGCC)
Les acides gras à chaîne courte sont une source d’énergie (carburant) des cellules de l’individu, ils interagissent avec le système immunitaire et sont impliqués dans la communication entre l’intestin et le cerveau.
Silva YP, Bernardi A, Frozza RL. The Role of Short-Chain Fatty Acids From Gut Microbiota in Gut-Brain Communication. Front Endocrinol (Lausanne). 2020;11:25.) (AGCC) et des (sidenote:
Neurotransmetteurs
Molécules spécifiques qui permettent une communication entre les neurones (les cellules nerveuses du cerveau), mais aussi avec les bactéries du microbiote. Elles sont produites aussi bien par les cellules de l’individu que par les bactéries du microbiote.
Baj A, Moro E, Bistoletti M, Orlandi V, Crema F, Giaroni C. Glutamatergic Signaling Along The Microbiota-Gut-Brain Axis. Int J Mol Sci. 2019;20(6):1482.). Ainsi, chez les patients schizophrènes à tendance agressive, 6 AGCC et 6 neurotransmetteurs sont en berne.
Schizophrénie : hétérogénéité des symptômes
Les symptômes cliniques de la schizophrénie sont très hétérogènes d’un patient à l’autre, pouvant inclure un large panel de symptômes2 :
Des symptômes productifs (ou positifs), tels que des délires, hallucinations, etc.,
Des symptômes négatifs (ou déficitaires) correspondant à un appauvrissement émotionnel et affectif. On peut observer une absence de plaisir, un retrait social et relationnel, un sentiment de vide, et des dysfonctionnements cognitifs
De la dysbiose à l’oxydation et l’agressivité ?
Conséquence directe de ce déséquilibre (ou dysbiose), selon la théorie des chercheurs : l’intestin serait moins étanche. Normalement, la paroi intestinale, constituée d’une couche de cellules « collées-serrées », joue un rôle de barrière entre le contenu du tube digestif et la circulation sanguine... Lorsque le microbiote intestinal est déséquilibré (ce qui est le cas chez les patients schizophrènes à tendance agressive), la barrière intestinale devient perméable et poreuse permettant ainsi aux bactéries intestinales d’atteindre la circulation sanguine. Les chercheurs subodorent que ce mécanisme engendrerait une réaction spécifique, dite de (sidenote:
Stress oxydatif
Le stress oxydatif correspond à une situation où la cellule ne contrôle plus la présence excessive de molécules toxiques (les radicaux libres). Ils peuvent endommager les cellules et l’ADN.
Pizzino G, Irrera N, Cucinotta M, et al. Oxidative Stress: Harms and Benefits for Human Health. Oxid Med Cell Longev. 2017;2017:8416763. ), autrement dit une production en excès de molécules néfastes pour l’organisme (molécules pro-oxydantes que l’on appelle des radicaux libres), connues pour endommager les cellules. Ils montrent d’ailleurs que le stress oxydatif mesuré chez les patients est lié à la sévérité du caractère agressif. La boucle serait bouclée : l’hyper-inflammation aurait conduit, via le microbiote intestinal, à l’hyper-oxydation et in fine à l’agressivité.
x 4 à 7
La schizophrénie peut multiplier par un facteur 4 à 7 la propension à l’agressivité.
Briser le cercle vicieux
L’étude suggère également en filigrane une possible voie de sortie : des probiotiques permettant de rééquilibrer la flore intestinale des schizophrènes, voire des anti-inflammatoires pour bloquer ce mécanisme délétère, ne pourraient-ils pas réduire l’agressivité des patients souffrant de schizophrénie ? Le microbiote intestinal, une piste de recherche prometteuse…
Le projet French Gut
D’ici 2027, les selles de 100 000 volontaires ainsi que des données nutritionnelles et cliniques associées seront recueillies. Objectif du French Gut : cartographier le microbiote intestinal des Français et observer ses éventuels changements en cas de maladie (cancer, obésité…), y compris neuro-développementales (autisme, bipolarité…) neuro-dégénératives (maladie de Parkinson…), psychiatriques (schizophrénie…). Et si vous y participiez en tant que volontaire ?
L’urétrite est due dans la majorité des cas à des bactéries bien connues. Parmi elles, le gonocoque responsable de la redoutée « chaude-pisse ». Mais l’appareil urinaire possède son propre microbiote qui reste à explorer ! C’est ainsi que des chercheurs ont découvert1 d’autres germes potentiellement impliqués dans cette infection urinaire chez les hommes, différents selon leur orientation sexuelle.
L’urétrite est une inflammation de l’ (sidenote:
Urètre
Le canal qui véhicule l’urine de la vessie vers l’extérieur de l’individu.
), le canal de sortie de la vessie. Chez l’homme, elle se manifeste par des brûlures en urinant, des démangeaisons et des écoulements anormaux. Elle peut être due à une infection sexuellement transmissible (IST) : par une bactérie, principalement le gonocoque Neisseria gonorrhoeae, mais aussi Chlamydia trachomatis ou Mycoplasma genitalium, moins souvent par des virus comme l’herpès. Mais jusqu’à la moitié des urétrites non dues au gonocoque sont considérées « idiopathiques » : autrement dit, on ne connaît pas leur origine. Soit l’urétrite n’est pas infectieuse, ce qui reste rare, soit le germe en cause n'est pas identifié. Dans le doute, le médecin prescrit généralement un antibiotique. Mais cette approche non ciblée peut aboutir à des traitements inadéquats ou excessifs qui peuvent à leur tour provoquer des altérations du microbiote.
Le microbiote urétral des hommes atteints d’urétrite idiopathique à la loupe
Par ailleurs, des études récentes suggèrent que les agents infectieux responsables d’urétrites non-gonococciques ne sont pas les mêmes chez les hommes selon qu’ils ont des relations sexuelles avec des femmes (HSF) ou des hommes (HSH). Des chercheurs australiens ont donc souhaité déterminer quelles bactéries, hormis celles que l’on connaît déjà, pouvaient contribuer à l’infection chez l’homme et ce, en tenant compte des pratiques sexuelles. Pour cela, ils ont analysé le microbiote urinaire et urétral d’une centaine hommes (HSF et HSH) présentant des symptômes d’urétrite idiopathique et l’ont comparé à celui d’une centaine d’hommes sans urétrite, en tant que sujets « contrôles ».
Qu’est-ce que l'urétrite non-gonococcique ?
L’urétrite non-gonococcique est une infection sexuellement transmissible (IST). Elle est caractérisée par une inflammation de l’urètre dont les symptômes sont brûlures en urinant, démangeaisons et écoulements anormaux du pénis. L’infection peut être causée par diverses bactéries et moins fréquemment par des virus. L’urétrite non gonococcique n’est pas causée par la gonorrhée.2
Des questions de genre (bactérien) et d’orientation sexuelle
Les scientifiques ont découvert que la bactérie Haemophilus influenzae, qui colonise naturellement le microbiote du nasopharynx (autrement dit du nez et de la gorge), était plus abondante dans le microbiote urétral des HSH souffrant d’urétrite idiopathique. Les chercheurs estiment que le sexe oral sans préservatif pourrait être le mode de contamination de cette infection. Le genre bactérien Corynebacterium était quant à lui augmenté chez les HSF atteints, ce qui a surpris les scientifiques : il est considéré normal dans le microbiote génital masculin. Les auteurs avancent que certaines de ses espèces pourraient devenir pathogènes lorsqu’elles se multiplient. D’autres genres bactériens comme Ureaplasma, Escherichia, certains streptocoques et un staphylocoque étaient également plus présents dans le microbiote urinaire et urétral des individus malades. Ils pourraient également favoriser l’urétrite, selon les scientifiques.
Vers des traitements plus ciblés de l’urétrite masculine
La découverte de ces nouvelles bactéries est une source d'espoir pour les patients. En effet, grâce à ces nouvelles bactéries, les chercheurs peuvent désormais identifier, à partir des orientations sexuelles des patients, de possibles causes d'urétrites infectieuses non-gonococciques. Si ces résultats sont confirmés, les médecins pourraient proposer des traitements plus ciblés à leurs patients. Un petit pas pour la science, un grand pas pour les infections sexuellement transmissible (IST) ?
Biocodex Microbiota Institute est un partenaire institutionnel de l'Académie du microbiote urogénital (AMUR). L'AMUR a été fondée pour enrichir les connaissances sur le microbiote et développer des approches novatrices visant à prévenir et traiter les troubles de la sphère urogénitale.
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Contracter le Covid-19 pendant la grossesse augmente le risque de complications, et ce d’autant plus que l’infection est sévère. Une étude pointe le rôle de la dysbiose vaginale dans cette relation.
Face au Covid-19, la femme enceinte présente un risque accru de développer une forme sévère et des complications de sa grossesse, telles qu’une prééclampsie ou un accouchement prématuré. Or, on connait le rôle d’un microbiote vaginal équilibré dans le déroulement optimal de la grossesse. Et si les effets délétères du Covid-19 chez la femme enceinte passaient par le truchement du microbiote vaginal ?
Afin de vérifier cette hypothèse, des chercheurs ont mené une étude cas-témoins prospective incluant 28 femmes enceintes non-infectées et 19 femmes enceintes atteintes du Covid-19 (13 cas légers voire asymptomatiques et 6 cas modérés à sévères, dont 2 ayant nécessité la prise d’antibiotiques et antiviraux).
Plus de diversité et moins de lactobacilles parmi les grossesses Covid-19
Le microbiote vaginal a été prélevé par écouvillon lors de la phase active de la maladie et dans le mois qui a suivi la guérison et évalué par séquençage du gène de l’ARN 16S. Le groupe Covid-19 présentait une diversité significativement plus élevée que dans le groupe témoin. En outre, les Bacteroidetes avaient pris l’avantage sur les Firmicutes et, à l’échelle du genre bactérien, les Lactobacillus sp. étaient significativement moins abondants que dans le groupe témoin. Or, de précédentes études ont montré qu’il existait un risque accru de fausses couches ou de naissance prématurée chez les femmes enceintes ayant un microbiote vaginal appauvri en Lactobacille. Ce que les présentes données corroborent, puisque 3 femmes ont accouché prématurément dans le groupe Covid-19 (versus 0 dans le groupe témoin).
La sévérité du Covid-19 en lien avec la dysbiose vaginale ?
En dépit de la petite taille de l’échantillon, les chercheurs ont constaté d’autres différences de composition du microbiote vaginal au sein du groupe Covid-19. En particulier, les femmes souffrant de formes de Covid-19 modérées à sévères présentaient des taux bien plus élevés de Ureaplasma spp. : 2,05 % vs 0,1 % en cas de formes asymptomatiques à légères. Le genre Ureaplasma est impliqué dans différentes infections gynécologiques (salpingite, urétrite et cervicite), sa surreprésentation en cas de Covid-19 sévère plaide également en faveur d’une dysbiose vaginale associée à la fois à l’infection par le SARS-Cov-2 et aux risques de complications de la grossesse. D’autant que, sur les 3 naissances prématurées intervenues dans cette étude, 2 ont eu lieu dans le sous-groupe Covid-19 modéré à sévère (n=6).
Ainsi, bien que la présente étude ne permette pas de conclure à une relation de causalité, ces résultats suggèrent que le Covid-19 provoquerait chez la femme enceinte une perturbation défavorable du microenvironnement vaginal. Celle-ci serait d’autant plus marquée que l’infection est sévère, pouvant engendrer un risque accru de complications, telles que des accouchements prématurés.
Bénéficiez d'une formation gratuite sur "Le rationnel de pourquoi et comment choisir un probiotique ?", dispensée par Mary Ellen Sanders, consultante en microbiologie des probiotiques. Découvrez ce cours basé sur des recommandations cliniques et proposez à vos patients la meilleure approche. En savoir plus !
Ces dernières années, les probiotiques ont acquis une importance scientifique considérable, car un nombre croissant d'études confirment les bienfaits des probiotiques pour la santé au-delà du tube digestif, notamment pour la santé de la bouche, du foie, de la peau, du vagin et des voies urinaires. Cependant, tous les probiotiques ne sont pas identiques. La décision de choisir un probiotique doit s'appuyer sur des recommandations cliniques fondées sur leur efficacité à traiter certaines pathologies. Parmi une grande variété de produits probiotiques, comment en choisir un ? Et pourquoi ? Ce cours vous donnera les indices et les raisons du choix d'un probiotique. De plus, ne manquez pas l'occasion d'apprendre d'une experte renommé quelques idées fausses et des recommandations pratiques concernant l'utilisation des probiotiques!
Qui est Mary Ellen Sanders?
Mary Ellen Sanders, PhD, est une consultante de renommée internationale dans le domaine de la microbiologie des probiotiques.
Elle a été la présidente fondatrice et est actuellement responsable scientifique de la société scientifique ISAPP. Le Dr Sanders est l'auteur de plus de 120 publications scientifiques évaluées par les pairs sur la justification de l'efficacité, la microbiologie et les questions réglementaires relatives aux probiotiques. Depuis 2017, elle préside le groupe d'experts sur les probiotiques de la pharmacopée américaine et le comité de l'Organisation mondiale de la gastroentérologie qui prépare des lignes directrices pour l'utilisation des probiotiques et des prébiotiques dans les indications gastro-intestinales.
Déclaration de conflits d'intérêts : L'auteure déclare avoir reçu des honoraires de consultant de la California Dairy Research Foundation, de Church & Dwight, de Mead Johnson et de PepsiCo, avoir fait des présentations lors de conférences parrainées par Kerry, Associated British Foods, Mead Johnson, Fairlife, GlaxoSmithKline et Trouw Nutrition, et avoir siégé à des conseils consultatifs pour Cargill, Sanofi, Danone North America, Danone Research, Winclove Probiotics et Yakult.
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Finalement, les amandes vont peut-être devoir revoir à la baisse leurs arguments santé. Car, contre toute attente, une récente étude a montré le peu d’effet de 2 collations d’amandes sur le microbiote intestinal.
Cela ne fait aucun doute, l’alimentation est le moyen le plus efficace pour moduler la composition de notre microbiote intestinal. Mais les études se limitent souvent à un nutriment (effet de telle protéine, fibre…) sans évaluer l’effet d’un aliment entier. Or, tous les nutriments d’un aliment interagissent, avec des effets antagonistes et synergiques, tant et si bien que dans la vraie vie, l’effet global d’un aliment est rarement la somme des effets individuels de chacun de ses composants. Ainsi, les amandes, comme toute graine, sont riches en lipides et donc en calories (on en extrait d’ailleurs de l’huile !) mais aussi en fibres qui agissent sur le transit, en polyphénols aux vertus antivieillissement, etc.
Pour évaluer les effets des amandes sur le microbiote intestinal, les producteurs américains d’amandes viennent de financer une étude qui représente, en termes de qualité, le Saint-Graal en nutrition : un (sidenote:
Essai contrôlé
Étude dans laquelle une partie des participants reçoit un placebo ou un produit connu et permet la comparaison.
) (sidenote:
Essai randomisé
Étude dans laquelle les produits testés sont répartis au hasard (en anglais, random) entre les participants.
). Ainsi, 87 jeunes volontaires peu portés sur les fruits et légumes ont été répartis aléatoirement en 3 groupes comparables. Leur mission : consommer chaque jour pendant 4 semaines, à la place de leurs snacks habituels, deux collations : soit 2 poignées d’amandes entières, soit l’équivalent en poudre d’amandes, soit 2 muffins contenant autant de calories (témoins).
26g d'amandes = 20 amandes environ
(1 poignée)
Des résultats décevants, des bénéfices santé limités
Le moins que l’on puisse dire, c’est que les résultats observés n’auront pas été à la hauteur de l’investissement. Les auteurs espéraient observer un effet boost des amandes sur les (sidenote:
Bifidobactéries
Bactéries, en forme de batônnet, en Y. La plupart des espèces sont bénéfiques pour l’homme. Elles sont retrouvées dans les intestins de l’homme, mais également certains yaourts.
Ces bactéries : - Protègent la barrière intestinale - Participent au développement du système immunitaire, aident à lutter contre l’inflammation
- Favorisent la digestion, améliorent les symptômes gastro intestinaux
Sung V, D'Amico F, Cabana MD, et al. Lactobacillus reuteri to Treat Infant Colic: A Meta-analysis. Pediatrics. 2018 Jan;141(1):e20171811. O'Callaghan A, van Sinderen D. Bifidobacteria and Their Role as Members of the Human Gut Microbiota. Front Microbiol. 2016 Jun 15;7:925.Ruiz L, Delgado S, Ruas-Madiedo P, et al. Bifidobacteria and Their Molecular Communication with the Immune System. Front Microbiol. 2017 Dec 4;8:2345.) intestinales. Or, c’est plutôt le contraire qui s’est passé... Ils pariaient sur un transit intestinal accéléré grâce aux fibres des amandes : que nenni, les oléagineux n’y ont rien changé. L’étude a même remis en cause un principe jusque-là accepté pas les nutritionnistes, à savoir que, contrairement aux amandes broyées finement, les amandes entières continueraient, même après mastication, à retenir dans leur structure les gouttes de lipides. Or, les résultats montrent que le broyage commercial des amandes n'entraîne quasiment pas de différences en termes d’accessibilité des lipides. Autrement dit, votre organisme va pouvoir assimiler les graisses et calories des amandes entières, pratiquement aussi bien que celles des amandes broyées !
L’exception : un acide gras à chaîne courte
Seule note positive observée : la consommation d'amandes (entières et moulues) a entraîné une augmentation significative de la production, par les bactéries intestinales, d’un (sidenote:
Acides gras à chaîne courte (AGCC)
Les acides gras à chaîne courte sont une sourced’énergie (carburant) des cellules de l’individu, ils interagissent avec le système immunitaire et sont impliqués dans la communication entre l’intestin et le cerveau.
Silva YP, Bernardi A, Frozza RL. The Role of Short-Chain Fatty Acids From Gut Microbiota in Gut-Brain Communication. Front Endocrinol (Lausanne). 2020;11:25.) bénéfique pour notre santé, le butyrate.
Sources
Creedon AC, Dimidi E, Hung ES et al. The Impact of Almonds and Almond Processing On Gastrointestinal Physiology, Luminal Microbiology and Gastrointestinal Symptoms: a Randomized Controlled Trial and Mastication Study. Am J Clin Nutr. 2022 Sep 20:nqac265.
Contre toute attente, la consommation d'amandes semble sans effet sur le microbiote intestinal et le transit. Seul bénéfice observé : une hausse du butyrate qui sauve la mise des financeurs de l’étude.
C’est le Graal des études que s’offrent une nouvelle fois les producteurs d’amandes de Californie : un essai contrôlé randomisé (ECR). Objectif : évaluer l'impact des amandes et de leur transformation (moulues ou non) sur les bifidobactéries intestinales et, accessoirement, sur la composition d’ensemble du microbiote intestinal et le temps de transit. Pour ce faire, 87 adultes en bonne santé, adeptes de collations (chips, chocolat…) et peu portés sur les fibres (fruits, légumes…), ont participé à cet essai à 3 bras : ils ont, durant 4 semaines, remplacé leurs 2 collations habituelles soit par des amandes entières (2*23 g/j), soit par des amandes moulues (2+23 g/j) ou par 2 muffins isocaloriques (témoin).
26g d'amandes = 20 amandes environ
(1 poignée)
Amande : la fin d’un mythe nutritionnel ?
Bilan des courses ? Contrairement à l'hypothèse principale, les bifidobactéries n’étaient pas plus abondantes, au contraire, dans les selles des groupes amandes entières (8,7 %) ou moulues (7,8 %) comparativement au contrôle (13,0 %). Néanmoins, la légère différence ne résiste pas à un ajustement du test. Les amandes sont également sans effet sur le microbiote intestinal, le temps de transit intestinal (que les chercheurs pensaient accélérer), la consistance des selles ou les symptômes intestinaux. Les amandes moulues présentaient des tailles de particules plus fines que les amandes après mastication : pour autant, l’effet du broyage sur la libération des lipides et donc leur accessibilité pour l’organisme s’avère moins important que prévu, au point que les chercheurs concluent que le broyage commercial des amandes n'entraîne pas de différences cliniquement significatives en termes de bioaccessibilité des nutriments.
Seule différence significative observée : la consommation d'amandes (entières et moulues) a entraîné une augmentation de la production de butyrate par les bactéries intestinales (24,1 μmol/g vs18,2 μmol/g pour le témoin), un acide gras à chaîne courte aux bénéfices santé reconnus, ce qui, selon les auteurs suggéraient une modification des fonctions du microbiote intestinal.
Pas d’effet prébiotique
C’est sans doute une déception pour les producteurs américains mais, selon cet ECR, la consommation d'amandes n'exerce pas d'effet prébiotique sur les bifidobactéries fécales ni de changements majeurs au sein du microbiote ou sur le transit. La forte prédominance féminine (86,2 %) et la jeunesse (27,5 ± 6,2 ans) des volontaires pourraient-elles avoir biaisés les résultats ? Peut-être. Dans l’attente, d’autres études sont attendues ciblant une population plus uniforme pour confirmer ces résultats.
Manger trop gras et trop sucré favorise l’obésité et le diabète de type 2, c’est un fait. Aujourd’hui, on sait aussi que le microbiote intestinal et son système immunitaire interviennent dans la régulation du métabolisme. Mais décrypter les mécanismes en jeu n’est pas une mince affaire ! Des scientifiques1y sont parvenus et dévoilent que l’excès de sucres pèse lourd dans la balance.
Plus de gras, plus de sucre, c’est moins de cellules immunitaires intestinales qui équilibrent le métabolisme
Pour mieux comprendre ces dérèglements, des chercheurs ont nourri des souris pendant 4 semaines avec un régime riche en graisses et en sucres. Conséquence attendue, ces souris suralimentées ont davantage pris de poids et développé un (sidenote:
Le syndrome métabolique
Association de plusieurs anomalies métaboliques : pression artérielle élevée, tour de taille élevé, triglycérides et glucose sanguins augmentés associés à un faible taux de « bon » cholestérol dans le sang
Alberti KG, Zimmet P, Shaw J. The metabolic syndrome--a new worldwide definition. Lancet. 2005 ; 366 (9491) : 1059-62.) que des souris nourries normalement. L’analyse de la flore intestinale des crottes de souris a montré que ce régime avait rapidement engendré la perte d’un type particulier de bactéries de leur microbiote intestinal, les (sidenote:
Bactéries filamenteuses segmentées
Les bactéries filamenteuses segmentées (SFB) sont des bactéries de la famille des Clostridiales qui colonisent l’intestin de nombreux animaux vertébrés et invertébrés, sans provoquer de réponse inflammatoire. Au contraire, leur présence stimulerait la réponse immunitaire. Ces bactéries aideraient la différenciation et la maturation de certaines cellules de défenses et favorisaient l'élimination de microbes pathogènes.
Hedblom GA, Reiland HA, Sylte MJ, et al. Segmented filamentous bacteria–metabolism meets immunity. Frontiers in microbiology. 2018 Aug 24;9:1991.
https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fmicb.2018.01991/full). Cette perte a elle-même diminué la production de certaines cellules immunitaires, les (sidenote:
Lymphocytes Th17 (T helpers 17)
Les cellules Th17 sont des cellules du système immunitaire qui jouent un rôle dans la défense de l'hôte contre les agents pathogènes, en particulier au niveau des barrières épithéliales, comme la barrière intestinale.
Awasthi A, Kuchroo VK (2009) Th17 cells: From precursors to players in inflammation and infection. Int Immunol 21:489–498.
), puis le syndrome métabolique est apparu.
Les chercheurs ont découvert que ces Th17 régulaient l’absorption des lipides dans les intestins et étaient nécessaires à la protection contre le syndrome métabolique. Et qu’à l’inverse, leur perte était responsable des effets néfastes de l’alimentation riche en graisses et sucres sur la santé. En administrant aux souris suralimentées des bactéries filamenteuses segmentées, la production de Th17 a été relancée. Résultat : les souris ont perdu du poids et amélioré leur métabolisme.
Le sucre, meneur de l’association de malfaiteurs métaboliques !
Mais entre le gras et le sucre en excès, qui est le plus « coupable » ? L’effet du régime riche en graisses et en sucres (dont du sucrose et de la maltodextrine, courants dans les bonbons et sodas) a été comparé avec celui d’un régime riche en graisses mais pauvre en sucres. Verdict : les sucres modifient à eux seuls la composition du microbiote intestinal au détriment des bactéries filamenteuses segmentées - qui rappelons-le, stimulent les Th17. Alors suffit-il d’éliminer le sucre de l’alimentation pour s’assurer une protection contre les maladies métaboliques ? Pas complètement observent les chercheurs, la protection requiert également la présence des cellules Th17 induite par le microbiote intestinal.
Bref, le syndrome métabolique, l’obésité et le diabète de type 2 dépendent d’interactions complexes entre alimentation, microbiote intestinal et immunité. Selon les chercheurs, il n’y a pas un régime « universel » qui pourrait fournir l’effet recherché chez tout le monde : une approche personnalisée des troubles métaboliques est nécessaire. A l’avenir, elle pourrait tenir compte des variations du système immunitaire du microbiote intestinal entre les individus.
La consommation de plats à emporter, aussi équilibrés soient-ils, ne serait pas sans conséquence sur notre santé. En effet, les barquettes dans lesquelles ces aliments sont servis contiennent des microplastiques qui ont une incidence sur nos microbiotes.
Les barquettes plastiques des plats à emporter relarguent des microplastiques et des nanoplastiques qui auraient des répercussions non négligeables sur les microbiotes buccal et intestinal des consommateurs.
Des effets néfastes sur l’homme encore peu explorés
En 2020, une étude avait montré que les contenants alimentaires en plastique (polypropylène PP, polystyrène PS, polyéthylène PE et polyéthylène téréphtalate PET) comportaient des micro- et des nanoplastiques. Si les effets néfastes de ces particules sur le microbiote ont été mis en évidence chez l’animal (poisson, crevette et souris), ils ont jusqu’à présent été peu étudiés chez l’homme.
Des chercheurs ont analysé et comparé les microbiotes intestinal et buccal d’un groupe de 390 étudiants chinois âgés de 18 à 30 ans consommant soit souvent (au moins 3 fois par semaine), soit occasionnellement (1 fois par semaine ou moins), soit ne consommant jamais des plats à emporter servis en barquettes plastiques.
En parallèle, les scientifiques ont créé 4 groupes de souris à qui ils ont donné durant 5 semaines soit une solution de microplastiques à 5 mg/ml (20 souris), soit une solution de nanoplastiques à 5 mg/ml (20 souris), soit une solution des mêmes nanoplastiques mais à 2 mg/ml (20 souris) et enfin un groupe contrôle de 15 souris.
Perturbation de l’équilibre microbien
Les résultats montrent que les consommateurs de plats à emporter souffrent plus souvent de troubles intestinaux et de toux que ceux qui n’en consomment jamais. Il apparaît également une dysbiose des microbiotes intestinal et buccal avec des signatures bactériennes spécifiques. Alors que le microbiote intestinal des consommateurs occasionnel était fortement associé à la présence de la bactérie Faecalibacterium, celui des gros consommateurs était associé à Collinsella. Au niveau buccal, la bactérie Thiobacillus était la plus fortement associées aux microbiotes des gros consommateurs.
Un impact significatif même avec des particules plus petites et à faible dose
L’étude sur les souris montre que l’ensemble des animaux nourris avec des particules de plastique présentaient une dysbiose intestinale versus le groupe témoin. L’ingestion de particules de taille différente (micro vs nanoparticules) et de quantité réduite (5 mg/ml vs 2 mg/ml) entraine le même effet.
Par ailleurs, la récurrence d’une toux chez les amateurs de plats à emporter pourrait signifier, selon les scientifiques, que les micro et nanoplastiques sont capables de migrer depuis l’intestin vers les poumons, de s’accumuler au sein du microbiote des voies aériennes et d’entraîner une dysbiose à l’origine de la toux. En attendant que ces résultats soient confirmés, c’est bien un argument supplémentaire pour préférer les contenants en verre lors de la pause-déjeuner.