Comment choisir un probiotique pour votre patient ?

Face à une offre de produits pléthorique, il n’est pas toujours facile pour un professionnel de santé de conseiller au patient un produit contenant une ou des souches de probiotique de qualité et adapté à ses besoins 1,2 . Les recommandations des experts peuvent vous y aider.

Conseiller à un patient de « prendre des probiotiques » n’est pas forcément suffisant chez un patient souhaitant un produit probiotique pour un trouble spécifique 3. Pourtant, une étude américaine révèle que 40% des professionnels de soins primaires qui recommandent des probiotiques à leurs patients les laissent choisir leur produit 4. Bien qu’il soit aujourd’hui admis que les probiotiques en général contribuent à la bonne santé du microbiote intestinal, les experts s’accordent pour préciser que la grande majorité des effets des probiotiques sont dépendants de la souche 5,6.

Il est donc important de veiller à la bonne correspondance entre la souche et le besoin ciblé ou la maladie visée 7. Pour cela, il faut donc en particulier vérifier que les caractéristiques et informations sur le produit (souche, dosage, formulation) correspondent en tout point à celles utilisées dans les essais cliniques qui ont prouvé le bénéfice auquel le produit est associé 3. Aussi, il convient d’être particulièrement attentif aux informations suivantes :

  • la mention claire du genre, de l’espèce et de la souche du probiotique contenu dans le produit et l’indication associée 8,9 ;
  • le dosage du produit 3,8
  • les preuves cliniques de l’efficacité de la souche probiotique dans ce domaine thérapeutique auquel elle est associée à un dosage similaire et non inférieur à celui utilisé dans l'essais clinique 8

D’autres facteurs sont également à prendre en compte dans le choix d’un produit probiotique :

  • le type de formulation 3,;
  • la durée de viabilité jusqu’à la date de péremption, et non à la date de fabrication 8;
  • la qualité du produit liée aux exigences du fabricant : contrôles qualité et de préférence, certification par un organisme indépendant 8,9 .

Pour communiquer avec votre patient

Vous trouverez ci-dessous une infographie « les probiotiques, c’est quoi ? » destinée à votre patient pour l’informer sur les produits à base de probiotique et faciliter vos échanges lors de la consultation.

Des infographies à partager avec vos patients

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L’Institut du Microbiote vous recommande le site de L’ISAPP qui fournit également aux professionnels de santé et aux consommateurs des ressources sur les probiotiques (en anglais) : https://isappscience.org/for-clinicians/resources/

Dans le domaine de la gastro-entérologie, vous trouverez des informations sur les indications chez les adultes et les enfants, prouvés cliniquement, sur les sites de la World Gastroenterology Organisation (WGO) et l’American Gastroenterological Association (AGA).

Point de vigilance et effets secondaires :

Il est utile de préciser au patient que la prise de produit à base de probiotique par voie orale peut s’accompagner d’effets indésirables transitoires à type de gaz et ballonnements 10.

Il est important de garder à l’esprit et d’informer le patient que l’efficacité d’une souche probiotique peut varier d’un patient à un autre 3.

Les risques associés aux souches probiotiques sont reconnus faibles, mais il est prudent d’éviter l’utilisation des produits probiotiques chez les nouveau-nés prématurés, les personnes intolérantes à l’un des excipients rentrant dans la formulation des produits à base de probiotique, immunodéprimées, atteintes du syndrome du grêle court ou en état critique 3,11,12.

Consultez les autres pages de notre série dédiée aux probiotiques

Les probiotiques : de quoi parle-t-on ?

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Tout ce que vous devez savoir à propos des probiotiques

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"Une belle réussite"  -@ABmrJutt (De Biocodex Microbiota Institute sur X)

BMI-23.39
Sources

1 McFarland LV, Evans CT, Goldstein EJC. Strain-Specificity and Disease-Specificity of Probiotic Efficacy: A Systematic Review and Meta-Analysis. Front Med (Lausanne). 2018;5:124.

2 Sniffen JC, McFarland LV, Evans CT, Goldstein EJC. Choosing an appropriate probiotic product for your patient: An evidence-based practical guide. PLoS One. 2018;13(12):e0209205.

3 Merenstein DJ, Sanders ME, Tancredi DJ. Probiotics as a Tx resource in primary care. J Fam Pract. 2020;69(3):E1-E10.

4 Draper K, Ley C, Parsonnet J. Probiotic guidelines and physician practice: a cross-sectional survey and overview of the literature. Benef Microbes. 2017; 8(4):507–519

5 Hill C, Guarner F, Reid G, et al. Expert consensus document. The International Scientific Association for Probiotics and Prebiotics consensus statement on the scope and appropriate use of the term probiotic. Nat Rev Gastroenterol Hepatol. 2014;11(8):506-514.

6 Kolaček S, Hojsak I, Berni Canani R, et al. Commercial Probiotic Products: A Call for Improved Quality Control. A Position Paper by the ESPGHAN Working Group for Probiotics and Prebiotics. J Pediatr Gastroenterol Nutr. 2017;65(1):117-124.

7 Sanders ME, Merenstein DJ, Reid G, Gibson GR, Rastall RA. Probiotics and prebiotics in intestinal health and disease: from biology to the clinic. Nat Rev Gastroenterol Hepatol. 2019;16(10):605-616.

Binda S, Hill C, Johansen E, et al. Criteria to Qualify Microorganisms as "Probiotic" in Foods and Dietary Supplements. Front Microbiol. 2020;11:1662.

ISAPP : Probiotic Checklist – Making a smart selection, 2018.

10 Ciorba MA. A gastroenterologist's guide to probiotics. Clin Gastroenterol Hepatol2012;10(9):960-968.

11 Williams NT. ”Probiotics”,  Am J Health Syst Pharm. 2010;67(6):449-458.

12 Sanders ME, Merenstein DJ, Ouwehand AC, et al. “Probiotic use in at-risk populations”. J Am Pharm Assoc (2003). 2016;56(6):680-686.

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Article Médecine générale Gastroentérologie Pédiatrie

Transplantation fécale : optimiser le traitement du SII

La meilleure combinaison pour une transplantation fécale dans le traitement du syndrome de l'intestin irritable (SII) ? Selon des chercheurs et cliniciens Norvégiens : une dose comprise entre 60 et 90 g de greffe fécale transplantée dans l'intestin grêle (plutôt que dans le côlon), et idéalement répétée. 

SII

44% Seules 2 personnes sur 5 déclarent avoir été informées par leur médecin sur les bons comportements à adopter pour maintenir un microbiote équilibré

Entre 2015 et 2020, 7 essais contrôlés randomisés (ECR) de transplantation de microbiote fécal (TMF) pour le traitement du syndrome de l’intestin irritable ont été recensés. Avec des résultats variables, sans doute du fait des différences dans les protocoles utilisés. Aussi, une équipe norvégienne a étudié les effets de la dose, de la répétition de la TMF et de sa zone d'administration, en appliquant le même protocole que celui de leur précédent ECR qui avait enregistré de très bons résultats (effets persistants jusqu'à 3 ans après la FMT avec seulement quelques effets indésirables légers). La greffe provenait du même (sidenote: Super-donneur Donneur à forte diversité microbienne, dont la qualité du microbiote conditionnerait les résultats de la FMT. Dans le cas présent, il s’agit d’un homme de race blanche de 40 ans né par voie vaginale, allaité, qui n'avait pris que quelques cures d'antibiotiques au cours de sa vie, en bonne santé, non-fumeur, ne prenant aucun médicament. ) .

Des symptômes améliorés par une TMF répétée

Cette nouvelle étude a inclus 186 patients souffrant du syndrome de l’intestin irritable, randomisés en 3 groupes recevant 90 g de greffe fécale (contre 30 ou 60 g dans le précédent ECR) soit dans le côlon, soit dans le duodénum, soit dans le duodénum à 2 reprises avec un intervalle d'une semaine.

Durant l’année suivant la TMF, les chercheurs observent une bien moindre prévalence des (sidenote: Évalués à l'aide de l'IBS-SSS, du Birmingham IBS Symptom Questionnaire (BSQ) et de l'échelle d'évaluation de la fatigue (FAS). )  quel que soit le groupe et la durée écoulée depuis la FMT : présents chez ¾ des patients le jour de la transplantation, ils affectent 17 à 32 % (selon les groupes) 3 mois après et de 24 à 41 % un an après. De même, la (sidenote: Évaluée à l’aide des questionnaires IBS Quality of Life Instrument (IBS-QoL) et Short-Form Nepean Dyspepsia Index (SF-NDI). )  s’est améliorée dans les 3 groupes quelle que soit la durée écoulée depuis la FMT. Et répéter la transplantation améliore l’effet bénéfique sur les symptômes et la qualité de vie.

Votre aide mémoire pour diagnostiquer le SII

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Privilégier l’intestin grêle au côlon

L’analyse des échantillons fécaux (ARN16s) prélevés au départ et 3, 6 et 12 mois après la FMT montre un recul significatif de la dysbiose dans tous les groupes traités. Les profils bactériens ont considérablement évolué suite à la TMF pour les 3 groupes et à toutes les dates d'observation, avec des différences entre les groupes. Ces évolutions concernent notamment 6 bactéries liées aux symptômes et à la fatigue, comme Alistipes spp. impliquée dans plusieurs maladies telles que la dépression, l'anxiété, le syndrome de fatigue chronique ou Holdemanella biformis aux effets anti-inflammatoires.

La greffe dans l'intestin grêle permet une colonisation de bactéries bénéfiques sur le long terme, contrairement à la greffe dans le côlon dont l’effet semble plus transitoire. En revanche, alors que l’effet bénéfique augmentait avec la dose (effet supérieur à 60 g qu’à 30 g) lors du précédent ECR, la dose de 90 g n’apporte pas de bénéfice supplémentaire par rapport aux 60 g déjà testés : la dose optimale serait donc comprise entre 60 à 90 g.

Expliquez ce qu'est la greffe fécale à vos patients grâce à ce contenu dédié: 

Votre aide mémoire pour diagnostiquer le SII

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SII, microbiote intestinal et dépression : un triptyque pour mieux comprendre la maladie

SII, microbiote intestinal et dépression : un triptyque pour mieux comprendre l…
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Actualités Gastroentérologie

Partenariats Précieux

Depuis sa création, le Biocodex Microbiota Institute a noué des partenariats solides avec des associations de patients, sociétés savantes, organisations de santé publique. Ensemble, nous poursuivons un objectif commun : informer, éduquer, sensibiliser les populations sur l'importance du microbiote sur notre santé.

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Le microbiote, la clé du diagnostic précoce de la Maladie d'Alzheimer ?

Alors que les malades ne présentent encore aucun signe clinique de leur (future) maladie d’Alzheimer, des déséquilibres de leur microbiote intestinal trahiraient l’installation de la maladie. De quoi la dépister plus précocement ?

Le microbiote intestinal
Photo: Le microbiote, la clé du diagnostic précoce de la Maladie d'Alzheimer ?

La maladie d’Alzheimer est progressive et silencieuse. Pendant la phase dite préclinique, l’état cognitif semble normal. Pourtant, des examens approfondis montrent déjà l’accumulation progressive de 2 protéines dans le cerveau : les protéines β-amyloïde (Aβ) et tau, à l’origine de lésions cérébrales et d’une lente dégénérescence des neurones, qui débute au niveau du centre de la mémoire puis s’étend au reste du cerveau.

10 ans au moins séparent les premiers dépôts de plaques β-amyloïdes dans le cerveau et l’apparition des premiers signes cliniques de la maladie d’Alzheimer.

Après cette phase silencieuse, les premiers symptômes de (sidenote: Démence Désordres cérébraux qui affectent la mémoire, la pensée, le comportement et les émotions. Les changements d’humeur et de comportement apparaissent parfois avant les problèmes de mémoire. Les symptômes s’aggravent avec le temps. La plupart des malades finissent par avoir besoin d’aide pour leurs activités quotidiennes. Sources : OMS et Alzheimer’s Disease International ) apparaissent. C’est le stade clinique de la maladie d’Alzheimer, marqué par un changement d’humeur, voire de personnalité, des trous de mémoire, l’oubli de certains mots au point de devenir difficile à comprendre, une désorientation dans l’espace et le temps, le rangement d’objets dans des endroits incongrus (clés dans le réfrigérateur) … 

Plus de 55 millions de personnes sont atteintes de démence dans le monde.

60 à 70 % des cas de démence serait dus à la maladie d’Alzheimer.

Une dysbiose intestinale dès le stade préclinique d’Alzheimer

Et le microbiote intestinal dans tout cela ? On savait déjà qu’au stade clinique de la maladie, les patients présentent un microbiote intestinal déséquilibré. Selon une étude américaine publiée en 2023, ce déséquilibre existerait également au stade préclinique, et serait d’autant plus prononcé que les protéines β-amyloïdes sont accumulées. Ce déséquilibre de l’ecosysteme microbien d l’intestin (ou dysbiose) ne serait pas lié à l’alimentation : les futurs malades d’Alzheimer qui ne présentent encore aucun signe de démence ont un régime comparable à des patients sains chez lesquels la maladie n’est pas insidieusement en train de s’installer.

75% des interviewés ne savent pas que certaines maladies comme la maladie de Parkinson, la maladie d’Alzheimer ou encore l’autisme pourraient avoir un lien avec les microbiotes.

De quoi prédire la forme clinique à venir ?

L’équipe a identifié les bactéries de l’intestin généralement sur- ou sous-représentées au stade préclinique. Des bactéries qui leur ont permis d’améliorer, par (sidenote: Machine Learning Technologie d’intelligence artificielle permettant aux ordinateurs d’apprendre sur la seule base d’un très grand nombre de données. ) , leurs modèles de prédiction de la maladie d’Alzheimer. Certes, le gain est faible quand le modèle de départ intègre les protéines β-amyloïdes, qui représentent LA signature préclinique d’Alzheimer. Mais on ne réalise pas des ponctions lombaires et de la neuroimagerie cérébrale tous les 4 matins. Lorsque les modèles reposent uniquement sur des données facilement accessibles (l’âge, le sexe, l’hypertension, les antécédents familiaux…), l’ajout des données sur les bactéries d’un échantillon de selles permet d'améliorer la (sidenote: Sensibilité La sensibilité d'un test médical mesure sa capacité à détecter correctement les personnes malades (identification d’un maximum de malades). Une sensibilité proche de 100 % signifie que le test a peu de chances de manquer des cas de maladie, donc peu de faux-négatifs (peu de vrais malades non détectés). Bertrand D, Fluss J, Billard C. Efficacité, sensibilité, spécificité : comparaison de différents tests de lecture. L’Année psychologique, 2010 ; 110, 299-320. ) du modèle de 6,8 % et la (sidenote: Spécificité La spécificité est la probabilité que le test soit négatif sachant que le sujet est sain. Elle mesure donc la capacité d’un test à détecter les individus sains. Plus la spécificité est proche de l’unité, moins il y a de faux positifs. Bertrand D, Fluss J, Billard C. Efficacité, sensibilité, spécificité : comparaison de différents tests de lecture. L’Année psychologique, 2010 ; 110, 299-320. ) de 27,1 % ! De quoi pré-identifier plus facilement des patients à risque auxquels des examens approfondis pourraient être proposés.

Ces résultats laissent aussi entrevoir la possibilité (si les bactéries sont bien la cause de ces changements, ce qui reste à confirmer) de modifier le microbiote intestinal pour limiter la progression de la maladie d'Alzheimer.

Alzheimer : comment notre intestin nous fait perdre la tête

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Actualités

L’impact de la gravité sur le syndrome de l’intestin irritable

Par le Dr. Maria Teresa Galiano
Service gastrologie et endoscopie, Servimed, Bogota, Colombie

Dans une publication récente [1], il a été suggéré que le SII peut résulter de l’inefficacité de systèmes anatomiques, physiologiques et neuropsychologiques de gestion de la pesanteur conçus pour optimiser la forme et la fonction gastro-intestinale, protéger l’intégrité somatique et viscérale et maximiser la survie dans un monde soumis à la pesanteur.

Pourriez-vous commenter cette hypothèse d’un point de vue clinique ?

L’hypothèse est très intéressante. Je pense qu’elle peut être considérée comme l’une des nombreuses hypothèses qui cherchent à expliquer le syndrome de l’intestin irritable. En revanche, elle doit être testée. Des études doivent être réalisées pour prouver que des altérations physiques dues aux changements de pesanteur affectent la physiologie gastro-entérologique. Selon moi, il est sans doute vrai que la pesanteur affecte la physiologie d’un organisme et que nous sommes généralement en situation d’équilibre avec cette force permanente à laquelle tous les humains et créatures vivantes de la Terre sont soumis. Les conséquences qui émergent lorsque cet équilibre est altéré peuvent inclure le SII.

Êtes-vous d’accord avec les explications de l’auteur selon lesquelles les conséquences de la pesanteur entraînent une altération du microbiote intestinal ?

Je suis d’accord avec l’auteur pour dire que la pesanteur peut affecter le microbiote intestinal et qu’elle peut également altérer son fonctionnement, notamment le processus de fermentation. Je pense qu’elle peut aussi altérer le volume de gaz agissant sur les parois intestinales. Ces phénomènes doivent également être testés dans des études correspondantes, mais je suis d’accord avec l’auteur concernant la vulnérabilité du microbiote intestinal à la pesanteur.

Partageriez-vous cette hypothèse avec vos patients ?

En fonction de leur physiopathologie, je partagerais cette hypothèse avec des patients chez lesquels, selon moi, elle pourrait s’appliquer, et chez lesquels elle pourrait représenter une explication possible de leurs symptômes. Effectivement, je vois des changements chez mes patients lorsqu’ils voyagent dans des lieux situés au niveau de la mer et qu’ils reviennent à Bogota, où j’habite. Bogota se situe à 2 600 m au-dessus du niveau de la mer. Lorsque ces patients reviennent à Bogota, ils présentent davantage de symptômes en raison des changements de pression atmosphérique. Les changements de pression atmosphérique provoquent des variations au niveau de la sensation, de la distension et des gaz présents dans les intestins. Très souvent, j’explique leur symptomatologie en m’appuyant sur les changements physiologiques dus aux différentes altitudes qu’ils ont connues. Les changements qui se produisent en raison des variations dans l’équilibre avec la pesanteur pourraient être utilisés pour expliquer les symptômes de ces patients.

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Parole d’expert Syndrome de l'intestin irritable

Le microbiote intestinal, indicateur précoce de la maladie d’Alzheimer ?

Avant le moindre signe clinique de la maladie d’Alzheimer, le microbiote intestinal des futurs malades se modifierait. Un changement qui pourrait aider à identifier les patients au stade préclinique.

De précédents travaux avaient mis en évidence une dysbiose du microbiote intestinal des patients présentant des symptômes de la maladie d’Alzheimer. Mais qu’en est-il avant la survenue des premiers symptômes ? C’est ce qu’a investigué une équipe américaine de l’École de Médecine de l'Université de Washington, qui a analysé le microbiote de 164 personnes âgées de 68 à 94 ans, sans troubles cognitifs mais dont 49 présentaient des (sidenote: Biomarqueurs protéines pathogènes β-amyloïde (Aβ) et tau par tomographie par émission de positons (TEP) ou par dosage dans le liquide du liquide céphalorachidien (LCR), marqueurs de neurodégénérescence (hypométabolisme temporo-pariétal, atrophie hippocampique…) identifiés via le LCR et par imagerie par résonance magnétique (IRM). ) . Les résultats sont sans appel : les profils taxonomiques microbiens intestinaux des 49 « pré-malades » diffèrent de ceux des 115 témoins.

55 millions Plus de 55 millions de personnes sont atteintes de démence dans le monde.

60 à 70 % 60 à 70 % des cas de démence serait dus à la maladie d’Alzheimer.

Un microbiote intestinal typique des stades précliniques

Cette dysbiose s’avère corrélée avec les marqueurs des stades précliniques de la maladie, notamment le dépôt de plaques β-amyloïdes dans le cerveau. En revanche, elle n’est pas liée aux biomarqueurs de la neurodégénérescence (hypométabolisme temporo-pariétal, atrophie hippocampique…). Ainsi, le microbiote intestinal serait modifié dès un stade très précoce et asymptomatique de la maladie.

Plus précisément, l’abondance de certaines bactéries serait modifiée, à la hausse ou à la baisse : Dorea formicigenerans aux propriétés pro-inflammatoires, Oscillibacter sp. 57_2 qui pourrait aller de pair avec une moindre intégrité épithéliale, Faecalibacterium prausnitzii anti-inflammatoire, et dans une moindre mesure, Coprococcus catus, Anaerostipes hadrus, Methanosphaera stadtmanae, et Ruminococcus lactaris. Certaines de ces bactéries intestinales pourraient donc être impliquées dans la chaîne causale, même si d’autres expériences doivent confirmer ce lien de causalité et écarter toute concomitance.

10 ans 10 ans au moins séparent le premier dépôts de plaques β-amyloïdes dans le cerveau et l’apparition des premiers signes cliniques de la maladie d’Alzheimer.

Simplifier et améliorer l’identification des patients à risque

Quoiqu’il en soit, cette signature bactérienne pourrait permettre d’améliorer la prédiction de la maladie, au regard d’un test réalisé sur un sous-groupe de 65 patients : l’ajout de ces taxons bactériens améliore en effet la précision des modèles prédictifs. Bien entendu, l’amélioration est faible (1,5 % de sensibilité, 5,0 % de spécificité) quand le modèle de départ intègre la protéine β-amyloïde, qui constitue LA signature préclinique de la maladie. Mais cette dernière donnée suppose des examens complexes. En revanche, lorsque les modèles reposent uniquement sur des données facilement accessibles (la démographie, les covariables cliniques et la génétique), l’ajout des caractéristiques taxonomiques, qui ne nécessitent qu’un échantillon de selles, permet d'améliorer la sensibilité de 6,8 % et la spécificité de 27,1 %. De quoi pré-identifier plus facilement des patients à risque pour lesquels des examens plus approfondis (ponction lombaire et neuro-imagerie) pourraient être prescrits. Enfin, l’étude pourrait ouvrir la porte à des interventions sur le microbiote visant à limiter la progression de la maladie d'Alzheimer vers des stades cliniques.

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Actualités Neurologie Gastroentérologie

Microbiote intestinal #19

Par le Pr. Satu Pekkala
Chercheur à l’Académie de Finlande, Faculté des sciences du sport et de la santé, Université de Jyväskylä, Finlande

Métabolisme microbien du 5-ASA et maladie de l’intestin irritable

Mehta RS, Mayers JR, Zhang Y, et al. Gut microbial metabolism of 5-ASA diminishes its clinical efficacy in inflammatory bowel disease. Nat Med 2023; 29: 700-9.

La maladie inflammatoire de l’intestin (MII) se traite avec l’acide 5-aminosalicylique (5-ASA). Cependant, plus de la moitié des patients ne répondent pas au traitement. Des études antérieures ont suggéré que ce phénomène est en partie dû au fait que le 5-ASA peut être métabolisé en N-acetyl 5-ASA, cliniquement inefficace, par les bactéries intestinales. Dans une excellente étude, Mehta et al. ont souhaité identifier les enzymes microbiens intestinaux qui génèrent du N-acetyl 5-ASA. Les échantillons de selles humaines ont été analysés avec la multiomique. Les analyses métabolomiques non ciblées des échantillons avant et après l’administration du 5-ASA ont révélé des médiateurs microbiens potentiels des effets anti-inflammatoires du 5-ASA. Une diminution de l’acide 2-aminoadipique, un métabolite bactérien associé à un stress oxydatif plus élevé, a notamment été observée. Par ailleurs, le 5-ASA a paru altérer le métabolisme du nicotinate, ce qui pourrait également expliquer certains effets anti-inflammatoires. Les auteurs ont également cherché à identifier les enzymes microbiens qui métabolisent potentiellement le 5-ASA. En combinant la métatranscriptomique et la métabolomique, ils ont identifié trois acétyl-CoA C-acétyltransférases (Acyl-CoA NAT) qui se sont associés aux niveaux de N-acetyl 5-ASA chez les utilisateurs du 5-ASA. De plus, certaines thiolases ont été identifiés comme des enzymes candidates potentielles. Les enzymes candidates ont ensuite été exprimées de manière hétérologue chez Escherichia coli et leur activité biochimique a été mesurée. La thiolase des Firmicutes CAG:176 et l’acyl-CoA NAT de Faecalibacterium prausnitzii ont pu acétyler le 5-ASA avec les acétyl-CoA C. Enfin, une analyse métagénomique des échantillons de selles a révélé que les acétyltransférases inactivant le 5-ASA microbien intestinal étaient associés à un plus grand risque d’échec du traitement chez les utilisateurs du 5-ASA. Dans l’ensemble, les découvertes de cette étude peuvent contribuer à avancer la possibilité d’un traitement personnalisé de la MII basé sur le microbiome.

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Helicobacter pylori et cancer colorectal

Ralser A, Dietl A, Jarosch S, et al. Helicobacter pylori promotes colorectal carcinogenesis by deregulating intestinal immunity and inducing a mucus-degrading microbiota signature. Gut 2023; 72: 1258-70.

L’infection au Helicobacter pylori peut entraîner un cancer gastrique et augmenter le risque de cancer colorectal (CCR). Cependant, nous manquons de données mécanistes sur ce dernier. Dans cette publication, Ralser et ses collègues ont identifié dans un modèle murin les mécanismes sous-jacents de la façon dont l’infection au H. pylori contribue au CCR. Lorsque les auteurs ont infecté des souris Apc représentant d’excellents modèles animaux présentant plusieurs néoplasies intestinales avec H. pylori, une augmentation de la charge tumorale dans l’intestin grêle et le colon a été observée. Il est reconnu que la réponse immunitaire des lymphocytes T à l’hôte contribue à la carcinogenèse gastrique, c’est pourquoi les auteurs ont étudié ces réponses dans les intestins. Ils ont observé une réduction des lymphocytes T régulateurs et des lymphocytes T pro-inflammatoires, ainsi qu’une augmentation d’IL-17A, qui se révèle être l’un des acteurs principaux de la réponse immunitaire à H. pylori. Les souris infectées étaient caractérisées par une abondance plus forte de microbes intestinaux dits pro-inflammatoires et de bactéries dégradant le mucus, comme Akkermansia. En étudiant les profils transcriptomiques des cellules épithéliales intestinales, les chercheurs ont observé que H. pylori induisait l’activation des voies NF-κB et STAT3. L’activation de ces voies avait précédemment été montrée chez les patients atteints de CCR. Fait intéressant, les souris axéniques infectées avec H. pylori ont à peine montré d’activation de la signalisation STAT3, ce qui suggère que la carcinogenèse induite par H. pylori dans l’intestin grêle dépend en partie du microbiome intestinal. Enfin, les auteurs ont montré que la carcinogenèse colorectale induite par H. pylori peut être prévenue par l’éradication de la bactérie par des antibiotiques. Les auteurs concluent qu’il faut envisager de prendre en compte la présence de H. pylori pour les mesures préventives contre le CCR.

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Diversité virale dans l’intestin du nourrisson sain

Shah SA, Deng L, Thorsen J, et al. Expanding known viral diversity in the healthy infant gut. Nat Microbiol 2023; 8: 986-98.

Dans la petite enfance, le microbiome intestinal contribue à la maturation du système immunitaire pour assurer la protection contre les maladies chroniques plus tard dans la vie. Bien qu’il soit reconnu que des bactériophages (c.-à-d., des virus infectant les bactéries) peuvent contrôler la croissance des populations de bactéries, le virome intestinal a été assez peu étudié. En utilisant le séquençage de métagénomes, cette étude a analysé 647 viromes d’une cohorte danoise de nourrissons de 1 an. La première découverte frappante a été que les vOTUS de l’intestin du nourrisson étaient largement absentes des bases de données sur les virus intestinaux. Cette donnée suggère que l’intestin du nourrisson héberge des virus spécialisés distincts de l’intestin de l’adulte. Les clades de virus les plus prédominants chez les nourrissons étaient très peu documentés. Cependant, les anellovirus à ssADN infectant les vertébrés (Anelloviridae) et les microvirus à ssADNs bactériophages (Petitvirales) se trouvaient parmi les clades les plus abondants. Par ailleurs, les familles de Caudovirales virulentes, Skunaviridae, Salasmaviridae, β-crassviridae et Flandersviridae, étaient aussi largement représentées dans le virome des nourrissons. Dans l’ensemble, les virus tempérés étaient moins répandus que les virus virulents, même s’ils étaient présents chez davantage d’enfants. L’abondance à l’échelle de la famille n’était pas significativement associée au mode de fonctionnement des phages, comme déterminé par l’intégrase en tant qu’indicateur d’un mode de fonctionnement tempéré. Cependant, les familles de caudovirales tempérées étaient génétiquement plus diversifiées que les familles virulentes. Une analyse prédictive des hôtes bactériens des viromes a montré que Bacteroides, Faecalibacterium et Bifidobacterium étaient les trois genres hôtes les plus fréquents dans l’intestin des nourrissons. Parmi ceux-ci, les familles infectant les Bacteroides étaient plus souvent virulentes et spécifiques à l’hôte. Bien qu’aucune conclusion nette n’ait été tirée, l’étude renforce les connaissances sur la taxinomie des phages et contribue au développement des futures recherches sur le virome intestinal des nourrissons.

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Revue de presse Microbiote intestinal

Microbiote vaginal #19

Par le Pr. Satu Pekkala
Chercheur à l’Académie de Finlande, Faculté des sciences du sport et de la santé, Université de Jyväskylä, Finlande

Cancer du col de l’utérus : l’étau se resserre autour de Lactobacillus iners

Shi W, Zhu H, Yuan L, et al. Vaginal microbiota and HPV clearance: A longitudinal study. Front Oncol 2022; 12: 955150.

Le papillomavirus humain à haut risque (HPV-HR) is la cause principale de cancer du col de l’utérus. L’activité sexuelle, le tabagisme et la contraception orale comptent parmi les nombreux facteurs qui influencent l’infection initiale, la régression ou l’apparition du HPV-HR et l’évolution potentielle vers le cancer. Ces dernières années, le microbiote vaginal a été ajouté à la liste. La valeur de cette étude est donc claire, puisqu’elle contrôlait le microbiote du col de l’utérus de femmes chinoises infectées par le HPV-HR présentant des lésions du col de l’utérus histologiquement confirmées et principalement de faible gravité. Une analyse de l’ARNr 16S des 73 participantes de l’étude (âgées de 24 à 68 ans) a montré que le HPV avait disparu chez 45 femmes (61,6 %) au bout de la période d’étude de 12 mois. La disparition ou non du virus n’était pas due à la différence d’âge des patientes, au stade de la maladie, au sous-type de HPV, au type de communauté bactérienne vaginale ou à la diversité du microbiote vaginal. En revanche, certaines espèces bactériennes semblent être impliquées : chez les femmes appauvries en entérocoques ASV_62 et enrichies en Lactobacillus iners au début de l’étude, le HPV-HR était moins susceptible de disparaître au cours des douze mois. La seule exception concernait 22 femmes ayant eu recours à un traitement chirurgical (conisation) pour les lésions de forte gravité, peut-être parce que l’impact immédiat de la résection des lésions sur la disparition du HPV a masqué l’impact de la flore. Un lien possible entre L. iners et le HPV-HR avait précédemment été documenté par une méta-analyse, qui suggérait un risque deux à trois fois plus élevé de HPV-HR persistant lorsque le microbiote vaginal est dominé par L. iners. La bactérie semble être flexible et adaptable, dominant le microbiote vaginal de certaines femmes pendant la menstruation ou des épisodes de vaginose bactérienne. D’autre part, L. iners (CST III) est fréquemment décrit comme l’une des communautés bactériennes vaginales les plus fréquentes dans le microbiote vaginal des femmes asiatiques en âge de procréer. D’après la littérature actuelle, on ignore donc encore si cette souche spécifique de Lactobacillus doit être considérée comme bénéfique, pathogène ou les deux. Des travaux supplémentaires sont également nécessaires pour clarifier les mécanismes à travers lesquels L. iners favorise l’infection persistante au HPV ou la progression des lésions, étant donné, notamment, que l’étude ici mentionnée concernait un petit nombre de patientes.

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Revue de presse

Points clés du 55e congrès de l’Espghan

Par le Dr Tania Mahler
Docteur en médecine, gastro-entérologie et nutrition pédiatrique, Adjointe clinique à l’Hôpital universitaire des enfants Reine Fabiola, Belgique

4 300 participants du monde entier se sont réunis au congrès 2023 de l’Espghan (European Society of Pediatric Gastroenterology Hepatology and Nutrition), tenu à Vienne. Suivant la période difficile de la pandémie de Covid-19, cet événement a offert une expérience revitalisante au cours de laquelle les participants pouvaient assister à des présentations en direct et avoir des discussions en face à face. Cette interaction en personne s’est avérée être significativement plus agréable et enrichissante que les événements virtuels. Divers groupes de recherche ont axé leur travail sur le microbiome intestinal et ont présenté des données convaincantes dans le domaine de la pédiatrie.

L’impact du microbiome sur la santé et les maladies est largement reconnu ; il est donc évident que les cliniciens et les chercheurs en pédiatrie essayent d’accéder à une meilleure compréhension de la façon dont nous pouvons manipuler le microbiome et, en utilisant la signature du microbiome, détecter la maladie à un stade précoce. Cette revue vise à mettre en lumière plusieurs sujets clés ayant été longuement discutés.

Recommandations concernant l’utilisation de probiotiques pour certains troubles pédiatriques gastro-intestinaux

En février 2023, le groupe de l’Espghan s’intéressant spécifiquement au microbiote intestinal a publié des recommandations pour l’utilisation de probiotiques dans la gestion de certains troubles pédiatriques gastro-intestinaux, en s’appuyant sur des revues systématiques et/ ou des méta-analyses utilisant la méthode de Delphes modifiée [1]. Lors du rassemblement du groupe d’intérêt spécial concernant le microbiote intestinal et ses modifications, le professeur Szajewska nous a montré les résultats de ce travail. Seules quelques souches de probiotiques spécifiques démontrent une utilité dans certaines conditions.

TMF chez des adolescents présentant un SII réfractaire

Lors de la session plénière sur le résumé au score le plus élevé, le Dr De Bruijn, du groupe de l’Amsterdam UMC, a présenté l’étude du groupe sur l’efficacité de la TMF chez les adolescents présentant un SII réfractaire dans un essai randomisé en double aveugle contrôlé versus placebo [2]. Sa présentation était captivante, mais a également suscité beaucoup de réactions dans l’audience lors de l’affichage d’une diapositive montrant un patient recevant des seringues contenant de la matière fécale. À notre connaissance, seule une autre étude pédiatrique a évalué la TMF pour le soulagement des ballonnements abdominaux, une autre caractéristique des troubles de l’interaction intestin-cerveau souvent présente dans le SII [3].

La douleur chronique due au SII peut avoir un impact énorme sur la vie des enfants et des adultes, entraîner de l’absentéisme à l’école et au travail et dégrader la qualité de vie. L’origine de la maladie est multifactorielle et peut s’expliquer par un modèle biopsychosocial. L’un des facteurs jouant un rôle clé est la dysbiose du microbiote intestinal. Chez les adultes, différentes études sur les effets positifs constatés de la TMF ont été publiées [4].

En pédiatrie, les traitements non pharmacologiques comme l’éducation, l’hypnose et la pleine conscience sont plus efficaces que les traitements pharmacologiques [5]. Mais les symptômes persistent chez environ 25 % des patients. Les prébiotiques, probiotiques et symbiotiques sont testés en fonction de divers résultats pour corriger la dysbiose dans le SII. Passer à un régime pauvre en FODMAP peut également influencer la flore gastro-intestinale [5]. Mais chez des groupes de patients spécifiques, la TMF pourrait, si elle est sans danger, représenter un traitement définitif pour restaurer efficacement un microbiome gastro-intestinal sain. Dans l’étude de De Bruijn et al., 32 patients âgés de 16 à 21 ans présentant un SII réfractaire ont été recrutés et randomisés. Un groupe a reçu des perfusions fécales allogènes (issues d’un donneur sain) et l’autre groupe a reçu des perfusions fécales autologues (issues du patient luimême) par une sonde naso-gastrique au début de l’étude, puis 6 semaines plus tard. L’efficacité clinique a été définie par la proportion de patients présentant une réduction de plus de 50 points dans le système de notation de la gravité du SII (IBS-SSS). Les patients ont été évalués 12 semaines et 6 mois après la TMF. Les deux groupes avaient des scores d’IBSSSS similaires au début de l’étude. Après la première évaluation, aucune différence statistique n’a été observée, mais au bout de 6 mois de suivi, 60 % des patients ayant reçu la TMF allogène présentaient une amélioration, contre 25 % dans le groupe autologue (p = 0,048). Le deuxième résultat incluait la qualité de vie (QdV) liée à la santé. Le score de QdV total au début de l’étude était semblable dans les deux groupes, mais s’est significativement amélioré après la TMF allogène. Aucun effet indésirable n’a été enregistré. La TMF allogène semble être une façon efficace de traiter le SII réfractaire chez les jeunes, mais des études complémentaires sont nécessaires.

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Microbiote et SII

Lors de la session de gastro-entérologie sur le SII, un groupe tchèque a présenté une étude ayant pour but d’évaluer si les changements de microbiote dans la maladie de Crohn étaient dus au traitement anti-TNFα ou étaient le résultat d’une activité mucosale inflammatoire [6]. Il a donc comparé des enfants recevant le traitement anti-TNFα avec la maladie de Crohn (MC) active et avec de l’arthrite juvénile idiopathique (AJI). Les résultats indiquent que la guérison mucosale avec la MC était essentielle pour obtenir un changement dans le bactériome. Le traitement anti-TNFα avec l’AJI n’a eu aucun impact sur le bactériome de ce groupe de patients. Schwerd et al. ont suivi 20 patients pédiatriques ayant récemment reçu un diagnostic de MC et traités avec une nutrition entérale exclusive (NEE), avec échantillonnage de selles [7]. Quinze patients sur les vingt sont entrés en rémission. Ils ont démontré de nets changements temporels et individuels dans le microbiome intestinal et les métabolites, avec une réduction de l’abondance de Lachnospiraceae et des acides gras à longue chaîne insaturés enrichis. La fermentation ex vivo avec un milieu similaire à la NEE et le transfert ultérieur dans des modèles murins gnotobiotiques ont montré un effet protecteur, par contraste avec le milieu riche en fibres et avec les milieux colonisés directement avec le microbiote du patient au début de l’étude. En s’appuyant sur ces résultats, les chercheurs ont conclu que les microbiomes des patients modulés par la NEE régulent l’inflammation intestinale. Ils ont également abordé la possibilité d’utiliser une alimentation pauvre en fibres pour les rémissions à long terme. Une étude multicentrique au Royaume-Uni (enfants et adultes) a étudié la possibilité d’utiliser le régime d’aliments solides Crohn’s Disease TReatment-with-EATing (CDTREAT) pour obtenir une alimentation plus appétissante, mais pouvant influencer l’inflammation intestinale en changeant les bactéries intestinales [8]. Le régime est adapté à chaque patient, mais exclut des composants alimentaires spécifiques comme le gluten, le lactose et l’alcool. Les 55 % des patients ayant adhéré à ce régime présentaient un niveau significativement plus faible de calprotectine fécale et ont obtenu des changements microbiens et métaboliques dans la même lignée que ceux des patients suivant une NEE avec succès. Ces changements n’ont pas été observés chez ceux qui ne respectaient pas le régime. Sur la base de ces résultats, il pourrait être intéressant d’utiliser de la matière fécale autologue de patients atteints de la MC traités avec la NEE pour la FMT. Le groupe de Schwerd a analysé cette possibilité en utilisant une FMT autologue par capsule. Les chercheurs ont conclu que cette approche n’était pas adéquate étant donné qu’il existait encore un fardeau pathogène élevé et une faible diversité dans le microbiote [9].

Le groupe de Cologne a présenté une affiche très intéressante sur le suivi de 2 cas de MII très précoces réfractaires aux stéroïdes et au traitement anti-TNFα. Le premier patient présentait une colite ulcéreuse et est maintenant en rémission totale depuis 3 ans, en recevant chaque semaine un lavement à partir d’une préparation réalisée avec la matière fécale d’un donneur. Le deuxième patient atteint de la MC n’est qu’en rémission partielle, après un an de suivi [10]. Ce résumé ne donne qu’un aperçu court et sélectif des discussions, communications et affiches de l’Espghan. De nombreuses autres données intéressantes sont disponibles sous forme de résumé dans le Journal of Pediatric Gastroenterology. Les efforts combinés des chercheurs et des cliniciens continueront de les aider à découvrir les mystères du microbiote intestinal pour pouvoir nous indiquer de nouvelles façons de traiter et de prévenir les maladies.

Sources

1. Szajewska H, Berni Canani R, Domellöf M, et al. Probiotics for the Management of Pediatric Gastrointestinal Disorders: Position Paper of the ESPGHAN Special Interest Group on Gut Microbiota and Modifications. J Pediatr Gastroenterol Nutr 2023; 76: 232-47
2. De Bruijn C, Zeevenhoven J, Vlieger A, et al. Efficacy of fecal microbiota transplantation in adolescents with refractory irritable bowel: a randomized, double-blind, placebo-controlled trial. J Pediatr Gastroenterol Nutr 2023; 76(S1 Suppl 1): 1-1407
3. Wang YZ, Xiao FF, Xiao YM, et al. Fecal microbiota transplantation relieves abdominal bloating in children with functional gastrointestinal disorders via modulating the gut microbiome and metabolome. J Dig Dis 2022; 23: 482-92
4. El-Salhy M, Winkel R, Casen C, et al. Efficacy of Fecal Microbiota Transplantation for Patients with Irritable Bowel Syndrome at 3 Years After Transplantation. Gastroenterology 2022; 163: 982-94.e14
5. Mahler T, Hoffman I, Smets F, et al. The Belgian consensus on irritable bowel syndrome: the paediatric gastroenterologist view. Acta Gastroenterol Belg 2022; 85: 384-6
6. Hurych J, Mascellani Bergo A, Lerchova T, et al. The faecal microbiome and metabolome changes in Crohn’s disease are associated with decreased mucosal inflammatory activity. J Pediatr Gastroenterol Nutr 2023; 76 (S1 Suppl 1): 1-1407
7. Schwerd S, Häcker D, Siebert K, et al. Exclusive enteral nutrition initiates protective functions in the gut microbiota and metabolome to induce remission in pediatric Crohn’s disease. J Pediatr Gastroenterol Nutr 2023; 76 (S1 Suppl 1): 1-1407
8. Macdonald J, Wilson D, Henderson P, Din S, e Chantges in faecal microbiome and metabolome are more pronounced in Crohn’s disease patients who adhered to the CD-TREAT diet and responded by calprotectin. J Pediatr Gastroenterol Nutr 2023; 76 (S1 Suppl 1): 1-1407
9. Hölz H, Heetmeyer J, Tsakmaklis A, et al . Autologous fecal microbiota transfer in pediatric Crohn ́s disease patients under treatment with exclusive enteral nutrition harbors major challenges - a feasibility test. J Pediatr Gastroenterol Nutr 2023; 76 (S1 Suppl 1): 1-1407
10. Fritz T, Huenseler C, Broekaert I. Safety and efficacy of long-term faecal microbiota transfer in very early onset inflammatory bowel disease. J Pediatr Gastroenterol Nutr 2023; 76 (S1 Suppl 1): 1-1407

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