Votre microbiote intestinal peut-il prédire l’efficacité du vaccin anti-COVID ?

Une nouvelle étude vient de mettre en évidence que certaines caractéristiques du microbiote intestinal pourraient être un indicateur du niveau des anticorps anti-COVID 6 mois après la vaccination. Une première !

Dis-moi à quoi ressemble ton microbiote, je te dirai comment le vaccin anti-COVID te protégera. 

C’est ainsi que l’on pourrait résumer les résultats d’une étude 1 publiée en septembre dernier dans la revue Signal Transduction and Targeted Therapy.

Les chercheurs ont réussi à démontrer que la présence, avant la première injection, de certaines bactéries et de certaines molécules dans l’intestin pourrait renforcer l’immunité conférée par le vaccin, allongeant ainsi sa durée d’action. 

Une piste prometteuse pour la mise au point d’adjuvants.

  • 161 participants
  • 2 vaccins anti-Covid 19
  • 6 mois de suivi

Ce résultat a été mis en évidence grâce à la participation de 161 volontaires enrôlés pendant 6 mois. 

121 d’entre eux ont reçu 2 injections du Comirnaty, le vaccin de Pfizer BioNTech (vaccin à ARNm), et les 40 autres le CoronaVac, le vaccin du Chinois Sinovac Biotech (virus inactivé). Aucun volontaire n’a été infecté par la Covid durant l’étude. Juste avant la vaccination, puis 1 mois et 6 mois après, les scientifiques ont prélevé chez eux :

  • des échantillons de sang pour mesurer les concentrations en anticorps ; 
  • des échantillons de selles pour identifier les bactéries de leur microbiote intestinal et pour doser les substances produites par le patient et ses bactéries (vitamine B3, GABA, acide fumarique… constituant le fameux « métabolome »).

Les calculs des chercheurs montrent d’abord que le Comirnaty permet d’obtenir une meilleure immunité que le CoronaVac. 

Vaccin: comment ça marche ?

Se défendre efficacement contre une maladie implique de bien connaître son ennemi ! C’est ce à quoi sert la vaccination contre les virus

  1. On injecte un antigène, c’est à dire le pathogène inactivé, atténué, ou un fragment de celui-ci ; 
  2. Les cellules immunitaires fabriquent des anticorps spécifiques dirigés contre cet antigène ; 
  3. En réponse, le corps met en réserve des cellules « mémoires » ; 
  4. En cas d’infection par le vrai pathogène, l’activation des cellules mémoires du système immunitaire est rapide et efficace (davantage que si le corps le découvrait pour la première fois) ;
  5. Le pathogène est détruit. 

Fabriqué à base de virus SARS-CoV-2 inactivés, le CoronaVac fonctionne sur ce principe. Le Comirnaty est un peu différent : il contient une sorte de « plan de construction » (le fameux ARN messager) qui permet aux cellules de fabriquer des protéines identiques à celles présentes à la surface du virus du COVID ; ce sont ces protéines qui joueront le rôle d’antigène pour la fabrication d’anticorps.

Source : OMS 2

L’état de la flore intestinale module la réponse immunitaire induite par le vaccin

Dans le groupe Comirnaty, les patients dont le microbiote intestinal présentait, avant la première injection, une abondance de bactéries comme Bacterium adolescentis, (sidenote: Bifidobactéries Bactéries, en forme de batônnet, en Y. La plupart des espèces sont bénéfiques pour l’homme. Elles sont retrouvées dans les intestins de l’homme, mais également certains yaourts.  Ces bactéries :
- Protègent la barrière intestinale 
- Participent au développement du système immunitaire, aident à lutter contre l’inflammation 
-
Favorisent la digestion, améliorent les symptômes gastro intestinaux Sung V, D'Amico F, Cabana MD, et alLactobacillus reuteri to Treat Infant Colic: A Meta-analysis. Pediatrics. 2018 Jan;141(1):e20171811.  O'Callaghan A, van Sinderen D. Bifidobacteria and Their Role as Members of the Human Gut Microbiota. Front Microbiol. 2016 Jun 15;7:925. Ruiz L, Delgado S, Ruas-Madiedo P, et al. Bifidobacteria and Their Molecular Communication with the Immune System. Front Microbiol. 2017 Dec 4;8:2345.
)
bifidum
et Roseburia faecis avaient, 6 mois après dans leur sang, des taux d’anticorps anti-SARS CoV-2 plus élevés que les autres. Le même type d’immunité plus forte et plus durable était retrouvé chez ceux qui avaient un métabolome plus riche en vitamine B3 et en GABA.

Le microbiote intestinal

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Dans le groupe CoronaVac, une faible présence de Faecalibacterium prausnitzii et une abondance de Phocaeicola dorei — signature que l’on retrouve chez les patients infectés par la COVID — était associée à une meilleure immunité à 6 mois, tout comme la présence plus marquée d’acide fumarique dans le métabolome, un composé connu pour entraver la réplication du virus.

Autre résultat : dans les microbiotes des volontaires du groupe Comirnaty, une plus grande proportion des souches bactériennes altérées par le vaccin n’avaient pas récupéré leur état d’avant la vaccination par rapport au groupe Coronavac. S’il est encore difficile d’en analyser les conséquences, les chercheurs précisent que certaines souches impactées sont les mêmes que celles que l’on retrouve modifiées chez les personnes souffrant de COVID long.

Vers de nouveaux adjuvants

On savait que le microbiote, la génétique ou le surpoids influençaient l’efficacité du vaccin anti-COVID. Mais c’est la première fois qu’une étude met en évidence que la structure du microbiote et du métabolome avant vaccination peut prédire le niveau d’immunité 6 mois après. 

Si les résultats doivent être confirmés par une étude plus ciblée, ils laissent penser qu’il sera bientôt possible d’utiliser des bactéries ou des composés de métabolome comme adjuvants pour améliorer l’efficacité du vaccin.

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Les microbiotes buccal et intestinal au cœur de l’athérosclérose ?

On connaît depuis longtemps la relation entre microbiote et maladie métabolique grâce à l’implication des bactéries des microbiotes intestinal et buccal sur le métabolisme des lipides mais qu’en est-il de la relation entre ces microorganismes et les plaques d’athérosclérose ?

Interférence avec le métabolisme des lipides 1 ; inflammation liée à une translocation bactérienne et des métabolites bactériens… : plusieurs mécanismes pourraient expliquer un lien entre le microbiote digestif, de la bouche au rectum, et l’athérosclérose. Mais les études menées jusqu’alors souffraient de nombreuses limites (interactions avec les traitements des patients, modes de vie…). Ces biais sont en partie levés par une étude suédoise multicentrique menée auprès de 8 973 participants âgés de 50 à 65 ans sans antécédents d’athérosclérose, issus de la cohorte SCAPIS 2. Les microbiotes bucaux et fécaux ont été prélevés et analysés et l'athérosclérose coronaire évaluée à l'aide du (sidenote: Score calcique coronaire évaluation chiffrée de l’étendue des dépôts athéromateux calcifiés observés au niveau des parois des artères du cœur, les coronaires. Plus le score calcique coronaire est élevé, plus le risque cardiovasculaire est important. Source : CHversailles ) et d'une angiographie. Bien qu’asymptomatiques, 40,3 %, des participants présentaient une calcification coronaire et 5,4 % au moins 1 sténose avec une occlusion de plus de 50 %.

64 espèces intestinales et buccales impliquées

La composition et la richesse du microbiote digestif s’avéraient associées à l'athérosclérose subclinique. Ainsi, 64 espèces étaient associées au score calcique coronaire : 51 de façon délétère (les associations les plus fortes étant observées pour Streptococcus anginosus et Streptococcus oralis subsp oralis) et 13 de façon protectrice. 

Sur ces 64 espèces, 19, y compris des streptocoques et d'autres espèces de la cavité buccale, étaient associées à des marqueurs de l'inflammation (protéine C-réactive) et 16 à des marqueurs de l'infection (nombre de neutrophiles). Nombre des espèces incriminées (S. anginosus, S. oralis subsp oralis, S. parasanguinis, S. gordonii) sont, selon les auteurs, des bactéries capables de franchir la barrière buccale ou intestinale à l’occasion de soins dentaires ou de lésions, puis d’infecter les valves et vaisseaux coronaires (endocardite infectieuse).

De la dysbiose digestive à l’athérogénèse

La composition du microbiote intestinal pourrait également contribuer à l'athérogénèse par une altération du métabolisme de l'hôte. Des espèces microbiennes intestinales courantes dans la cavité buccale (par exemple, tous les Streptococcus spp associés à la calcification coronaire, Rothia mucilaginosa, Bifidobacterium dentium et Ligilactobacillus salivarius) allaient de pair avec une moindre présence plasmatique de propionate d'indole (considéré comme protecteur vis-à-vis de l’athérosclérose) et davantage de métabolites plasmatiques dérivés du microbiote comme les acides biliaires secondaires et le propionate d'imidazole (pro-inflammatoire). 

Si d'autres études longitudinales et expérimentales demeurent nécessaires, ce travail fournit les preuves d'une association entre la composition du microbiote du système digestif (notamment Streptococcus spp et d'autres espèces également présentes dans la cavité buccale), l'athérosclérose coronaire et des marqueurs de l'inflammation systémique.

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De bonnes bactéries pour faire de vieux os

Et si notre santé osseuse ne tenait qu’à quelques bactéries de notre microbiote intestinal ? C’est l’idée avancée par une étude publiée dans Frontiers in Endocrinology, qui repose sur une large étude menée auprès de plus de 2 000 Américains.

Le microbiote intestinal

Derrière le terme ostéomicrobiologie se cache l’étude des mécanismes reliant le microbiote intestinal et le squelette. Et de nombreuses hypothèses quant aux mécanismes en jeu. Par exemple, la flore intestinale pourrait stimuler certains globules blancs, induisant une inflammation qui favoriserait la fonte osseuse. De nombreux autres mécanismes sont évoqués, certains mettant en jeux les (sidenote: Acides Gras à Chaîne Courte (AGCC) Les acides gras à chaîne courte sont une source d’énergie (carburant) des cellules de l’individu, ils interagissent avec le système immunitaire et sont impliqués dans la communication entre l’intestin et le cerveau. Silva YP, Bernardi A, Frozza RL. The Role of Short-Chain Fatty Acids From Gut Microbiota in Gut-Brain Communication. Front Endocrinol (Lausanne). 2020;11:25. ) produits par les bactéries à l’issue de la fermentation de fibres dans le côlon, ou encore des composés alimentaires comme les vitamines K ou D. Reste que les études à grande échelle manquent. Ou plutôt manquaient car une étude menée auprès de quelque 2 000 Américains apporte de nouveaux éléments.

Le microbiote intestinal

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Santé osseuse : deux bactéries en ligne de mire

Cette étude regroupait les participants de deux études très différentes : 836 hommes âgés (en moyenne 84,2 ans) d’une part, et 1 227 hommes et femmes cinquantenaires (55,2 ans en moyenne) d’autre part. Malgré cette hétérogénéité des profils en termes d’âge ou de sexe, deux suspects bactériens semblent systématiquement aller de pair avec une moindre santé osseuse, et donc un risque accru (sidenote: Ostéoporose Maladie caractérisée par une diminution de la masse de l’os et une dégradation de la structure du tissu qui le compose. Elle rend les os plus fragiles et accroît donc considérablement le risque de fractures. Source : Inserm ) et de fracture au moindre traumatisme : la bactérie Akkermansia et la bactérie Clostridiales DTU089, plus abondantes chez les personnes ayant une faible activité physique et un apport protéique très limité, soit deux comportements peu recommandés à qui veut garder des os en bonne santé !

A l’inverse, des flores intestinales riches en Lachnospiraceae et Faecalibacterium étaient associées à des tibias plus costauds. Ainsi, il est possible que certaines bactéries puissent influencer la manière dont l'os se remodèle avec les années qui passent. Possible, mais pas acquis.

Soleil, exercice et équilibre alimentaire !

En effet, il ne s’agit que d’un résultat préliminaire. Des études supplémentaires s’avèrent nécessaires, notamment pour mieux comprendre les mécanismes via lesquels certaines bactéries parviennent à influer sur l’intégrité de notre squelette. Avec à la clé un énorme espoir : celui de pouvoir un jour moduler notre microbiote intestinal pour mieux protéger notre santé osseuse.

Dans l’attente, du temps passé à l’extérieur (pour profiter du soleil et fabriquer la fameuse vitamine D qui facilite l’absorption du calcium), de l’exercice régulier et une alimentation équilibrée participeront à préserver la santé de vos os au fil des années !

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Salade de fruits, jolie, jolie… Et si c’était aussi une étonnante source de bactéries intestinales ?

Se pourrait-il que les produits frais que nos consommons alimentent les milliards de bactéries présentes dans notre intestin ? Une nouvelle étude révèle d’étonnants liens entre les fruits et légumes que nous consommons et la diversité microbienne de notre intestin.

Le microbiote intestinal

Nous avons tous entendu un jour le fameux adage selon lequel « une pomme chaque matin évite le médecin ». Et si ce fruit si croquant alimentait également tout un monde invisible qui fourmille dans notre corps ? Une nouvelle étude 1 révèle que lorsque nous mordons dans une pomme, une carotte ou tout autre produit frais, nous apportons sans doute des microbes qui ensemenceront notre écosystème intestinal, y compris la vaste communauté bactérienne qui réside dans nos intestins. 

Des scientifiques de l’Institut de Biotechnologie Environnementale 2 autrichien ont fait une étonnante découverte : il y aurait un lien entre les fruits et légumes que nous consommons et les bactéries résidant dans nos intestins. Cette nouvelle étude montre que toutes sortes de bactéries intestinales proviennent en fait de produits frais et migrent vers notre tube digestif lorsque nous consommons des fruits, des légumes ou d’autres aliments d’origine végétale.

Le microbiote intestinal

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Ce chiffre est plus élevé chez les jeunes enfants et les gros mangeurs de légumes. Même si leur nombre reste relativement faible, ces bactéries dérivées de produits agricoles apportent des substances qui sont bonnes pour la santé comme (sidenote: Acides Gras à Chaîne Courte (AGCC) Les acides gras à chaîne courte sont une source d’énergie (carburant) des cellules de l’individu, ils interagissent avec le système immunitaire et sont impliqués dans la communication entre l’intestin et le cerveau. Silva YP, Bernardi A, Frozza RL. The Role of Short-Chain Fatty Acids From Gut Microbiota in Gut-Brain Communication. Front Endocrinol (Lausanne). 2020;11:25. ) , la vitamine B12 et la vitamine K.

2% des microbes intestinaux humains proviennent des fruits et légumes que nous consommons !

À plus de diversité végétale, plus de diversité intestinale

L’étude révèle également des liens entre la consommation de produits agricoles et la santé intestinale. Le fait de manger plus de 10 sortes différentes de fruits et légumes par semaine est associé à une plus grande diversité bactérienne intestinale par rapport à un régime moins varié. Les personnes qui consomment plus de fruits et légumes ont tendance à avoir une plus grande variété de microbes intestinaux.

Mais que se passe-t-il lorsque les produits frais perdent en diversité ?

Cette étude met en lumière un risque alarmant : alors que l'activité humaine dégrade les sols et réduit la biodiversité, nous risquons de priver nos écosystèmes intestinaux de microbes vitaux. Si les fruits et légumes sont essentiels à la transmission des bactéries, quelles sont les conséquences de la consommation de produits issus de l'agriculture intensive et pauvres en microbiome ? Il est peut-être urgent de repenser l'agriculture et la préservation du milieu afin de maintenir le lien entre l'environnement et la santé humaine.

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De la ferme à l’intestin : les étonnants effets des fruits et légumes sur le microbiote intestinal

Pour la première fois, des scientifiques ont observé que plus de 2 % des microbes présents dans l’intestin humain proviennent des fruits et légumes. Ces microbes d’origine végétale subsistent pendant des années et produisent des molécules favorables à la santé qui constituent un complément aux gènes humains.

Des études récentes 1 ont montré que le vieil adage selon lequel « une pomme chaque matin évite le médecin » s’applique aussi aux habitants microscopiques de notre corps, c’est-à-dire, au microbiote intestinal. En effet, des scientifiques ont découvert que les bactéries d’origine végétale migrent vers le tube digestif humain, où elles s’installent. C’est la première fois qu’une étude parvient à démontrer que des microbes d’origine végétale sont transmis à l’intestin par le biais de la consommation.

Les microbes d’origine végétale font du « légume-stop » pour coloniser le microbiote intestinal

Les scientifiques de l’Institut de Biotechnologie Environnementale 2 autrichien ont mené à bien une analyse génomique informatique complexe en reconstituant 156 génomes bactériens à partir d’ensembles de données métagénomiques de fruits et légumes. Ces séquences d’ADN microbien ont servi de référence pour la détection de bactéries dérivées de produits frais au sein de métagénomes fécaux humains accessibles au public. Les chercheurs ont également examiné une cohorte longitudinale de suivi d’échantillons de selles de bébés sur une période de 3 ans afin d’évaluer la persistance bactérienne.

À leur grande surprise, les chercheurs ont observé que les produits frais et les intestins humains possèdent en commun certains genres bactériens. Les principaux genres d’origine végétale détectés dans l’intestin des participants étaient : Enterobacterales, Burkholderiales et Lactobacillales.

Les fruits et légumes sont à l’origine de 2 % du total des bactéries intestinales 

En moyenne, près de 2 % des bactéries intestinales propres à un individu trouvent leur origine dans les fruits et légumes. Cette proportion est plus élevée chez les jeunes enfants et chez les gros mangeurs de légumes.

Même si cette proportion reste faible par rapport à la communauté bactérienne dans son ensemble, ces bactéries d’origine végétale apportent des composants essentiels pour la santé tels que les acides gras à chaîne courte, la vitamine B12 et la vitamine K. Derrière leur faible abondance se cache un rôle fonctionnel majeur, celui de complément des gènes et du métabolisme humains.

2 % des microbes intestinaux humains proviennent des fruits et légumes que nous consommons.

Enfin, l’étude montre que la consommation de plus de 10 fruits et légumes différents par semaine, en comparaison avec une moindre diversité alimentaire, est associée à une plus grande richesse en espèces intestinales. La consommation régulière de fruits et légumes est également associée à une plus grande hétérogénéité structurelle de la communauté bactérienne.

Semer pour le futur de notre microbiome

Alors que l’activité humaine dégrade les écosystèmes naturels et appauvrit les communautés bactériennes environnementales, la diminution de l’apport microbien provenant des produits frais pourrait avoir de lourdes conséquences sur la santé publique que nous commençons à peine à appréhender.

Cette étude met en lumière l'importance insoupçonnée des produits agricoles en tant que vecteurs essentiels de notre écosystème intestinal et suggère que la préservation des végétaux et des sols pourrait « semer » les graines d’un meilleur avenir pour le microbiome à l'échelle mondiale.

On pourrait également affirmer que la diminution de l'apport microbien provenant de produits issus de l'agriculture intensive, moins riches en microbiome, pourrait avoir un impact négatif sur la santé publique. Ce coup de projecteur sur les fruits et légumes en tant que vecteurs essentiels, mais vulnérables, qui transmettent les bactéries environnementales à nos intestins, a des implications urgentes pour l'agriculture, la préservation de l’environnement et la médecine.

Recommandé par notre communauté

"Belle recherche..."  -@saifudd62661144 (De Biocodex Microbiota Institute sur X)

"Connaissances et informations complètes"  -@Naznain512345 (De Biocodex Microbiota Institute sur X)

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Quand les voyages forment la résistance aux antibiotiques

Prudence si vos patients prévoient un voyage à l’étranger : ces déplacements riment avec dysbiose intestinale chez 61 % des voyageurs américains et acquisition de résistances aux antibiotiques chez 38 % d’entre eux. Une sensibilisation aux gestes d’hygiène et aux pays les plus à risque s’impose.

C’est l’un des revers de la médaille des voyages internationaux : ils favoriseraient, entre autres, la propagation de résistances aux antibiotiques. Les connaissances sur le sujet étant encore très parcellaires (études sur de petites cohortes, microorganismes mal caractérisés…) malgré la menace que représentent ces résistances, une équipe a passé au crible les microbiotes de 267 Américains recrutés dans 3 cliniques (Boston, New York et Salt Lake City) avant et après un voyage en dehors des frontières. 

5 millions de décès dans le monde

Aux États-Unis, les organismes résistants aux (sidenote: Antimicrobiens Les antimicrobiens – comme les antibiotiques, les antiviraux, les antifongiques et les antiparasitaires – sont des médicaments utilisés pour prévenir et traiter les infections chez les êtres humains, les animaux et les végétaux. https://www.who.int/news-room/fact-sheets/detail/antimicrobial-resistance  ) sont associés à plus de 2,8 millions d'infections et à 35 000 décès par an. En 2019, on estimait que près de 5 millions de décès dans le monde étaient associés à une résistance aux antibiotiques, dont 1,27 million de décès directement causés. 1

Dysbiose du voyageur

Premier enseignement de l’étude : le voyage perturbe le microbiote intestinal, avec une perte significative de diversité microbienne chez 61 % des voyageurs, ce pourcentage variant selon le pays de destination (de 42 % des voyageurs en Amérique centrale à 76 % en Amérique du Sud).

Les abondances d'Escherichia spp. et de plusieurs autres entérobactéries (Klebsiella, Enterobacter et Salmonella) s’accroissent par acquisition de nouvelles souches, tandis que le genre Alistipes disparaît quasiment. Les voyages en Asie du Sud accentuent le risque de revenir avec un passager clandestin intestinal, tandis que la consommation d'eau du robinet non filtrée ou une vaccination préalable contre le typhus semblent le limiter.

Quand les résistances voyagent

Un tiers des 267 voyageurs a signalé une diarrhée, soignée chez 18 % d’entre eux avec un traitement antibiotique.

Mais surtout, au retour de leur déplacement, 38 % des 267 des voyageurs ont acquis au moins l’un des 3 types de bactéries résistantes ciblés par cette étude : parmi eux, 98 % ont acquis des (sidenote: Entérobactéries productrices de bêta-lactamases à spectre élargi (EBLSE) Entérobactéries produisant des enzymes (les lactamases à spectre étendu) ayant la capacité d'hydrolyser et de provoquer une résistance à divers types d'antibiotiques plus récents. Klebsiella pneumoniae et Escherichia coli en sont les principaux représentants. Les EBLSE, majoritaires parmi les bactéries multirésistantes, sont à l’origine d’infections potentiellement sévères et de prescriptions d’antibiotiques à large spectre bactérien. Sources :

Pitout JD, Laupland KB. Extended-spectrum beta-lactamase-producing Enterobacteriaceae: an emerging public-health concern. Lancet Infect Dis. 2008 Mar;8(3):159-66. doi: 10.1016/S1473-3099(08)70041-0. Et Vodovar D, Marcadé G, Raskine L et al. Entérobactéries productrices de bêta-lactamases à spectre élargi : épidémiologie, facteurs de risque et mesures de prévention [Enterobacteriaceae producing extended spectrum beta-lactamase: epidemiology, risk factors, and prevention]. La Revue de medecine interne, 34(11), 687–693. https://doi.org/10.1016/j.revmed.2012.10.365
)
(dans 98 % des cas une E. Coli), 18 % des entérobactéries résistantes à la colistine, et 3% des entérobactéries productrices de carbapénémase.

Les facteurs de risque favorisant l’acquisition de ces résistances ? Des visites chez des amis ou parents, un voyage en Asie du Sud et la consommation de légumes crus. En revanche, la diversité intestinale avant le départ, la présence d’un taxon bactérien spécifique, la consommation de nourriture de rue et l'utilisation d'antibiotiques ne changeaient pas la donne.

L’une des 10 plus grandes menaces

L’OMS a déclaré que la résistance aux antimicrobiens était l’une des 10 plus grandes menaces pour la santé publique auxquelles se trouve confrontée l’humanité. 2

Limiter les risques

Au rang des résistances acquises durant les voyages, celle à la fluoroquinolone était particulièrement notable : plus d’un voyageur sur 2 (56 %) exempts de résistance avant le voyage revient avec au moins un gène associé à une résistance à un antibiotique de cette classe.

Au total, le groupe de 267 voyageurs est rentré aux États-Unis avec 72 nouveaux gènes de résistance dont 15 préoccupants en termes de santé publique ! Des résultats qui invitent à des mises en garde (surtout dans les destinations les plus à risque) et à un rappel des bons gestes (légumes cuits, lavage des mains…). A l’inverse, la modulation du microbiote intestinal avant le voyage (par des probiotiques par exemple) n’aurait pas de valeur ajoutée dans ce cas précis..

Semaine mondiale pour un bon usage des antimicrobiens

La Semaine mondiale de sensibilisation à la résistance aux antimicrobiens (en anglais : WAAW pour World AMR Awareness Week) est célébrée chaque année du 18 au 24 novembre. En 2023, le thème retenu est « Prévenir la résistance aux antimicrobiens ensemble », comme en 2022. En effet, cette résistance représente une menace pour les êtres humains, mais aussi les animaux, les plantes et l'environnement.

L’objectif de cette campagne est donc à la fois de sensibiliser à la résistance aux antimicrobiens et de promouvoir les meilleures pratiques, selon le concept « Une seule santé », ou « One health », auprès de toutes les parties prenantes (grand public, médecins, vétérinaires, éleveurs et agriculteurs, décideurs…) afin de réduire l'apparition et la propagation d'infections résistantes.

Antibiorésistance : une menace mondiale, une réponse globale

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Prévenir l’allergie aux arachides via le microbiote ?

Les patients destinés à développer une allergie à l’arachide pourraient avoir une signature microbienne spécifique avant même que l’allergie ne se manifeste, et ce dès les premiers mois de leur vie.

Un nombre croissant de travaux met en avant l’existence de signatures microbiotiques distinctes selon les allergies alimentaires. Ce champ de recherche contribue à positionner le microbiote comme un acteur central dans le développement de ces allergies. Une nouvelle étude longitudinale publiée récemment dans le Journal Of Allergy & Clinical Immunology apporte un nouvel éclairage sur les liens qui pourraient exister entre le développement d’une allergie à l’arachide et le microbiote.
 
Cette allergie se développant généralement pendant la petite enfance, les chercheurs ont étudié le microbiote d’enfants susceptibles de manifester une allergie à l’arachide aux âges de 10 mois (SD : 3,1), puis à 9 ans (SD : 0,6). Dans cette population, 35 (28,7%) enfants ont développé une allergie à l’arachide avant l’âge de 9 ans.

Une signature du microbiote intestinal différente dès les premiers mois

Ces 35 enfants du groupe PA (Peanuts Allergy) présentent un microbiote moins divers à l’inclusion (p=0,014) que le groupe NPA (Non Peanuts Allergy). Ce microbiote se diversifie avec l’âge tandis que celui du groupe NPA reste stable.

A l’âge de 9 ans, les deux groupes présentent une diversité microbiotique comparable.

A l’inclusion, le groupe PA présente une plus grande proportion de Clostridium sensu stricto 1 sp tandis que Streptococcus sp est plus présent dans le groupe NPA. A 9 ans, l’abondance relative de ces deux espèces s’est normalisée dans les deux populations. A l’inverse, celle de l’espèce Bifidobacterium sp chute chez le groupe PA jusqu’à devenir plus présente dans la population NPA.

Le développement de l’allergie est identifié comme associé à une modification des niveaux de 139 métabolites du métabolome (FDR≤ 0,05). Ces métabolites sont associés avec une voie de métabolisme de l’histidine (FDR = 0.037, pathway impact =0.28).

Six acides gras à chaines courtes ont été particulièrement étudiés. Le groupe PA montre une baisse des niveaux de butyrate et d’isovalerate tandis que le niveau d’isovalerate reste stable dans le groupe NPA avec une augmentation du butyrate.

Vers un mécanisme physiopathologique de l’allergie à l’arachide ?

Les auteurs émettent l’hypothèse que la plus faible diversité du microbiote des nourrissons PA pourrait suggérer qu'ils ont eu des communautés intestinales moins stables pendant cette phase de développement rapide du système immunitaire.

La baisse de l’abondance relative de Bifidobacterium sp, connu pour son utilisation en probiotique anti-allergique et pour entrainer l’apoptose des mastocytes chez la souris, pourrait également jouer un rôle dans le développement des allergies. 

Les auteurs notent également que les micro-organismes présents dans les intestins des enfants prédisposés à développer cette allergie, abritent des espèces capables de produire des métabolites issus de la voie métabolique de l'histidine, précurseur de l'histamine, effecteur caractéristique des réactions allergiques.

Cette étude permet donc de progresser dans la compréhension des liens étroits entre microbiote et allergie et pose la question du potentiel d’une supplémentation du microbiote intestinal pour prévenir l’allergie à la cacahuète.

Recommandé par notre communauté

"Une aide précieuse pour les personnes confrontées à des allergies" "Très bonne analyse"  -@LoveforSoil (De Biocodex Microbiota Institute sur X)

"Très bien..merci"  -@thinhhoang_tk (De Biocodex Microbiota Institute sur X)

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Les voyages forment la jeunesse… mais aussi le microbiote et les résistances aux antibiotiques

Un touriste américain a 61 % de chances de revenir de l’étranger avec un microbiote déséquilibré et 38 % de chances de ramener au moins une résistance à un antibiotique. De quoi réfléchir avant de boucler sa valise !

Le microbiote intestinal

Les voyages sont l’occasion de faire le plein de souvenirs… y compris certains dont on se passerait bien ! Car si l’on ne sera pas surpris d’apprendre qu’un tiers des 267 Américains ayant voyagé hors des frontières de leur pays ont déclaré une diarrhée, il est plus inquiétant d’apprendre que 61 % des voyageurs y ont laissé une partie de leur protectrice diversité microbienne intestinale. Pire, beaucoup sont revenus avec des passagers clandestins intestinaux (Escherichia et autres entérobactéries comme Klebsiella, Enterobacter et Salmonella) et ont sacrifié sur l’autel de l’exotisme leur population intestinale d’Alistipes.

5 millions de décès dans le monde

Aux États-Unis, les organismes résistants aux antimicrobiens sont associés à plus de 2,8 millions d'infections et à 35 000 décès par an. En 2019, on estimait que près de 5 millions de décès dans le monde étaient associés à une résistance aux antibiotiques, dont 1,27 million de décès directement causés. 1

Des bactéries et des résistances aux antibiotiques

Certains diront que ce ne sont que quelques bactéries ! Oui, mais des bactéries associées pour nombre d’entre elles à des résistances aux antibiotiques. Et c’est bien là que le bât blesse. Au retour de leur déplacement, 38 % des 267 voyageurs ont acquis pendant leur voyage au moins l'un des 3 organismes de résistance aux (sidenote: Antimicrobiens Les antimicrobiens – comme les antibiotiques, les antiviraux, les antifongiques et les antiparasitaires – sont des médicaments utilisés pour prévenir et traiter les infections chez les êtres humains, les animaux et les végétaux. https://www.who.int/news-room/fact-sheets/detail/antimicrobial-resistance  ) ciblés par cette étude ; et surtout, parmi eux, 98 % ont acquis de très vicieuses entérobactéries (en général une E. coli) capables d’inactiver les effets de nombreux antibiotiques et représentant actuellement l’ennemi N°1 dans la lutte contre les résistances aux antibiotiques.

Au total, le groupe de 267 voyageurs américains suivis dans cette étude est revenu de ses 2 semaines de pérégrination à l’étranger avec 72 nouveaux gènes de résistance dont 15 préoccupants en termes de santé publique !

Conseils aux voyageurs 

A défaut d’oublier toute idée de voyage, que faire pour réduire le risque d’importer une résistance à un antibiotique ?

Connus pour être efficaces dans la prévention de la diarrhée du voyageur 2,3, les probiotiques n’auraient pas ici de valeur ajoutée pour éviter de ramener ces germes multirésistants à la maison selon les auteurs. L’étude suggère que la composition du microbiote avant le départ n’aurait pas d’impact sur l’acquisition de ces bactéries résistantes. Pas la peine de se priver de nourriture de rue une fois sur place, cela ne change rien à la donne.

L’une des 10 plus grandes menaces pour la santé publique

L’OMS a déclaré que la résistance aux antimicrobiens était l’une des 10 plus grandes menaces pour la santé publique auxquelles se trouve confrontée l’humanité. 4

En revanche, consommer des légumes crus semble très à risque ! Ne baissez pas la garde quand vous visitez de la famille ou des amis à l’étranger, ne consommez que des légumes bien cuits, épluchez vos fruits et, comme à la maison, lavez régulièrement vos mains !

Et soyez particulièrement vigilant en cas de voyage en Asie du Sud, destination qui va de pair avec un risque accru de revenir avec un passager clandestin intestinal !

Semaine mondiale pour un bon usage des antimicrobiens

La Semaine mondiale de sensibilisation à la résistance aux antimicrobiens (en anglais : WAAW pour World AMR Awareness Week) est célébrée chaque année du 18 au 24 novembre. En 2023, le thème retenu est « Prévenir la résistance aux antimicrobiens ensemble », comme en 2022. En effet, cette résistance représente une menace pour les êtres humains, mais aussi les animaux, les plantes et l'environnement.

L’objectif de cette campagne est donc à la fois de sensibiliser à la résistance aux antimicrobiens et de promouvoir les meilleures pratiques, selon le concept « Une seule santé », ou « One health », auprès de toutes les parties prenantes (grand public, médecins, vétérinaires, éleveurs et agriculteurs, décideurs…) afin de réduire l'apparition et la propagation d'infections résistantes.

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Prévenir l’allergie aux arachides grâce au microbiote ?

Est-ce qu’un déséquilibre du microbiote intestinal pourrait jouer un rôle dans le développement de l’allergie à l’arachide ? C’est l’hypothèse d’une étude menée pendant près de 10 ans et publiée dans la prestigieuse revue JACI.

Le microbiote intestinal Allergies alimentaires

L'allergie à l'arachide : un défi courant mais sérieux pour nos enfants. Savez-vous que cette allergie touche près de 2% des petits dans les pays occidentaux ? 1 Difficultés respiratoires, gonflement de la gorge, diarrhées, nausées, éruptions cutanées, évanouissement… Les symptômes varient en sévérité mais le plus inquiétant est l'anaphylaxie — une réaction intense du corps en entier qui peut être potentiellement mortelle. 2,3 Cette allergie se manifeste souvent dès la petite enfance et, contrairement à d'autres allergies alimentaires, peut se montrer bien plus sévère et perdurer chez l’adulte dans 80% des cas. 1

2% L'allergie à l'arachide touche près de 2% des petits dans les pays occidentaux

80% Cette allergie peut se montrer plus sévère et perdurer chez l’adulte dans 80% des cas.

Microbiote et allergie alimentaire, un lien ?

Qu’en ait il du microbiote intestinal ? on le sait depuis plusieurs années, les communautés microbiennes qui peuplent l’intestin vont également jouer un rôle clé dans la construction du système immunitaire. Des travaux récents suggèrent même que le microbiote intestinal serait impliqué dans le développement des allergies alimentaires. Les patients avec des allergies alimentaires présentent un microbiote intestinal déséquilibré.

Alors que ce passe t’il pendant la petite enfance avant même que les allergies se soit déclaré ? C’est à cette question que des chercheurs américains ont tenté de répondre en analysant le microbiote de 122 enfants de la petite enfance à l’apparition de l’allergie, leur objectif mieux comprendre comment se développe l’allergie pour pouvoir un jour la prévenir.

Le système immunitaire

Les premières années de vie d’un enfant sont essentielles, c'est durant cette période que le système immunitaire se développe intensément, influençant grandement sa capacité à combattre les infections et les allergies plus tard dans la vie.

Dis-moi quel est ton microbiote, je te dirais ta future allergie…

Premier constat des chercheurs : les patients qui ont développé une allergie à l’arachide vers l’âge de 9 ans avaient un microbiote intestinal peu diversifié durant leurs premiers mois de vie. Leurs communautés microbiennes évoluaient de manière plus dynamique avec une répartition des espèces moins homogène comparé au microbiote des enfant qui n’ont pas développé d’allergie, leurs flores intestinales avaient, quant à elle ; une évolution plus continue et homogène dans le temps.

Allergie au lait de vache et microbiote intestinal sont-ils liés ?

En savoir plus

Deuxième constat : certaines espèces du genre Clostridium étaient plus présentes chez les nourrissons non allergiques à l’arachide par la suite tandis que les Streptococcus sp étaient, à l’inverse, plus présents chez ceux amenés à développer cette allergie. Vers l’âge de neuf ans, les Bifidobacterium, bactéries bénéfiques bien connues étaient plus présent chez les patients non allergiques.

En plus de ces changements d’abondance de certaines bactéries qui diffèrent entre les deux groupes d’enfants, les auteurs ont observé que les métabolites produits par le microbiote, le métabolome, étaient différents chez les enfants qui ont développé une allergie. En particulier, certains (sidenote: Acides Gras à Chaîne Courte (AGCC) Les acides gras à chaîne courte sont une source d’énergie (carburant) des cellules de l’individu, ils interagissent avec le système immunitaire et sont impliqués dans la communication entre l’intestin et le cerveau. Silva YP, Bernardi A, Frozza RL. The Role of Short-Chain Fatty Acids From Gut Microbiota in Gut-Brain Communication. Front Endocrinol (Lausanne). 2020;11:25. ) diminuaient au cours du temps comme le butyrate et isovalerate chez les petits patients qui développeront une allergie. Or l’isovalerate serait déjà connu pour ces propriétés protectrices contre l’allergie (asthme et atopie).

Le développement de l’allergie à l’arachide était associé à des changements au niveau de 139 métabolites, en particulier associés à une voie du métabolisme de l’histidine, précurseur de l’histamine, une molécule bioactive qui est libérée lors des réactions allergiques.

Vers une prévention précoce de cette allergie ?

Les auteurs émettent l’hypothèse que le développement de l’allergie pourrait être lié à un microbiote moins divers chez les nourrissons, associé à des changements d’abondance dans certaines bactéries spécifiques à un âge de développement clé du système immunitaire. Ces informations permettent de mieux comprendre le mécanisme derrière le développement de l’allergie à la cacahuète et pourront conduire à des thérapies basées sur le microbiote pour les prévenir.

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Prédire le risque de prématurité via le microbiote vaginal ?

Au cours de la grossesse, la structure génétique de la population bactérienne du microbiote vaginal semble suivre une trajectoire spécifique, lorsque la gestation aboutit à une prématurité. Gardnerella spp. pourrait en être une signature.

Complications respiratoires, gastro-intestinales et neurodéveloppementales : la (sidenote: Prématurité naissance avant 37 semaines de grossesse. Il existe des sous-catégories de prématurité, en fonction de l’âge gestationnel :
- la très grande prématurité (moins de 28 semaines) ;
- la grande prématurité (entre la 28e et la 32e semaine) ;
- la prématurité moyenne, voire tardive (entre la 32e et la 37e semaine). Source : OMS
)
est la principale cause de morbidité et de mortalité néonatales. Le microbiote vaginal semble impliqué, mais les mécanismes sous-jacents demeurent mal compris. Or cette flore peut rapidement évoluer durant la gestation, sous la pression des changements hormonaux, des infections génitales, d’antibiotiques... Une équipe de chercheurs et de cliniciens provenant des états de New-York et de Virginie ont donc suivi, tout au long de leur grossesse, l’évolution du génome du microbiote vaginal de 175 Américaines (40 ayant par la suite connu un accouchement prématuré spontané, 135 ayant accouché à terme).

27% Seules 27% des femmes interrogées savent que le microbiote vaginal est équilibré lorsque les bactéries sont peu diversifiées

Une diversité génétique plus élevée

L’étude montre que les 2 types de grossesses se distinguent en termes de composition du microbiote vaginal : certaines espèces bactériennes du genre Lactobacillus comme L. helveticus, L. crispatusL. gasseri ou L. jensenii sont associées à des grossesses menées jusqu’à leur terme, tandis que les bactéries Megasphaera genomosp., Gardnerella spp. et Atopobium vaginae vont de pair avec la prématurité.
Autre enseignement : la diversité génétique du microbiote vaginal est plus élevée durant la première moitié des grossesses qui se termineront prématurément, en raison de l'espèce Gardnerella. Plus précisément, la (sidenote: Diversité nucléotidique nombre de différence de nucléotides pour une séquence donnée pour 2 individus (ici 2 bactéries) sélectionnés au hasard dans la population. ) de Gardnerella spp. augmente au début des grossesses qui se termineront prématurément –avec un pic vers la 13e semaine de gestation, puis un retour à sa valeur initiale vers la 20e semaine de gestation– alors qu’elle demeure stable en cas de grossesse menée jusqu’à terme. Ainsi, la diversité génétique de Gardnerella spp. durant la première moitié de la grossesse affecterait l'issue de la grossesse et pourrait peut-être être utilisée comme biomarqueur du diagnostic précoce de la prématurité.

3,4 millions de nourrissons nés prématurément (avant 37 semaines révolues de gestation) en 2020.

900 000 décès liés à la prématurité en 2019, principale cause de mortalité chez les enfants de moins de cinq ans.

4 % à 16 % de naissances prématurées selon les pays, en 2020.

Une évolution adaptative de Gardnerella

Mais comment expliquer ce pic de diversité nucléotidique de Gardnerella ? Comparativement aux autres bactéries, Gardnerella affiche un taux de croissance 1,5 fois plus élevé au début de la grossesse, des (sidenote: Recombinaison génétique échange d’information génétique (fragment d’ADN ou d’ARN chez certains virus) permettant de créer de nouvelles combinaisons génétiques et donc des génomes nouveaux, assurant un brassage génétique et le maintien d’une diversité permettant de s’adapter à une éventuelle modification de l’environnement. ) plus fréquentes et une plus forte sélection des mutations apportant un bénéfice à cette bactérie (et l’élimination accrue des mutations délétères).
Antibiotiques et autres xénobiotiques seraient impliqués. En effet, le pool génétique plus diversifié de G. swidsinskii semble correspondre à une adaptation aux médicaments, confirmant un effet déjà suggéré des xénobiotiques de l'environnement vaginal ; (sidenote: présence accrue de gènes de résistance aux antibiotiques transmis par les phages. ) .

Du microbiote vaginal à l’hôte

Ainsi, la variation génomique des bactéries vaginales affecterait les phénotypes de l'hôte (dont l’issue de la grossesse). Pour autant, les auteurs n’écartent pas une autre explication, même s’ils la jugent peu probable : les associations entre la diversité génétique microbienne et les issues de grossesse pourraient également être une conséquence de facteurs confondants (médicaments, composés chimiques…) non mesurés qui agiraient sur les deux variables.

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