Selon une nouvelle étude 1, la composante virale du microbiote intestinal pourrait bien être impliquée dans la progression de l’infection par le VIH. Certains virus pourraient même servir de marqueurs pour suivre le rétablissement de l’immunité et prédire l’efficacité des traitements.
Déplétion massive des lymphocytes T CD4, inflammation, dysbiose bactérienne, rupture de la barrière épithéliale, translocation microbienne… Les conséquences du VIH sur le tractus gastro-intestinal sont aujourd’hui bien documentées.
Si aucune recherche n’est encore parvenue à définir une signature de dysbiose bactérienne associée au VIH, on sait que l’entéropathie est impliquée dans l’activation chronique de l’infection et dans l’évolution de l’immunodéficience.
39 millions
En 2023, le VIH concernait 39 millions de personnes. ²
Mieux comprendre le rôle des virus du microbiote intestinal dans l’infection au VIH
Dans quelle mesure la composante virale du microbiote intestinal, moins bien connue que la composante bactérienne, intervient dans ce processus ? Pour le savoir, des scientifiques de Mexico ont cherché à savoir si le « virome » était associé à l’infection par le VIH et à l’immunodéficience. 1
Ils ont d’abord comparé le taux de lymphocytes T CD4 ainsi que le bacteriome et le virome (ARN et ADN viraux) intestinaux de 92 personnes séropositives non traitées à ceux de 52 personnes à risque, mais en bonne santé.
Afin de mieux comprendre l’association entre la composition du microbiome intestinal, l’immunodéficience liée au VIH et le rétablissement immunitaire, ils ont suivi durant deux années 14 personnes touchées par le VIH qui ont suivi une thérapie antirétrovirale (TAR). Des prélèvements de sang et de selles ont été effectués au départ (avant la TAR) et à 2, 6, 12 et 24 mois après le début du traitement.
Selon les résultats, il existe bien, chez les personnes séropositives, une diminution de la diversité alpha bactérienne avec, chez celles qui se trouvent à un stade avancé d’infection, une augmentation des Enterococcus, Streptococcus et Coprococcus. En revanche, aucune signature prononcée n’a pu être mise en évidence.
Par rapport aux volontaires séronégatifs, les personnes qui souffraient d’immunodéficience sévère (CD4 < 350) présentaient des changements radicaux de composition de leur virome intestinal :
Augmentation des séquences d’Anelloviridae (anellovirus), Adenoviridae et Papillomaviridae;
Diminution des virus de plantes du genre Tobamovirus
Aucun Anelloviridae n’était détecté chez les personnes séronégatives.
Pour les chercheurs, cette expansion des virus pourrait, en endommageant la barrière intestinale et en favorisant l’inflammation, contribuer à la pathogenèse du sida.
Par ailleurs, les données indiquent qu’il existe une association frappante entre l’immunodéficience associée au VIH et la détection des séquences d’Anellovirdae qui sont complètement absentes chez les 53 individus séronégatifs. Chez les personnes fortement immunodéprimées, l’abondance des anellovirus diminue progressivement au cours du TAR.
Papillomavirus : des effets amplificateurs de l’infection par le VIH ?
Dans cette étude, les chercheurs ont noté une expansion des séquences de Papillomaviridae (HPV) dans le microbiote des personnes infectées par le VIH présentant une immunodéficience avancée (sida).
Des études ont montré que ces virus sont généralement présents en abondance chez hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, qu’ils soient ou non touchés par le VIH, mais que les personnes séropositives en ont davantage, notamment au niveau buccal et anal.
Cette expansion pourrait être liée à une plus forte persistance des HPV chez ces derniers, qui auraient donc un risque de tumeur d’autant plus élevé que le nombre de CD4 reste faible.
Outil de prédiction ?
Autre résultat : la détection des anellovirus avant le traitement permet de prédire de manière indépendante une faible récupération immunitaire.
Malgré ses limites (majorité d’hommes, pas de prise en compte des facteurs alimentaires…), cette étude suggère que la détection des séquences d’anellovirus dans les selles pourrait être utilisée pour prédire et surveiller la récupération immunitaire au cours d’un TAR.
Un pas de plus dans la connaissance du microbiote intestinal, mais surtout un petit pas en avant dans la lutte contre le VIH, un virus qui, en 2023, concernait 39 millions de personnes et avait entraîné 630 000 décès selon l’OMS. 2
Une nouvelle recherche révèle comment, au cours de la grossesse, les changements au niveau des bactéries vaginales influent sur la persistance du streptocoque du groupe B, un agent pathogène latent mais pourtant dangereux. Les scientifiques ont mis au jour des déséquilibres microbiens qui pourraient modifier notre approche en matière de soins prénataux et de santé néonatale.
(sidenote:
Streptocoque du groupe B (SGB)
Bactérie communément présente dans le tractus gastro-intestinal et vaginal des adultes, pouvant provoquer de graves infections chez les nouveau-nés si elle est transmise lors de l'accouchement.
), une bactérie qui réside souvent silencieusement dans le corps humain, peut devenir une menace importante pendant la grossesse. Sa colonisation asymptomatique chez jusqu'à 40 % des femmes enceintes peut entraîner des complications néonatales, telles que la septicémie, la pneumonie et la méningite, en cas de transmission lors de l'accouchement. Une nouvelle recherche, menée par Toby Maidment de l'Université de technologie du Queensland, a exploré l'interaction au fil du temps entre le (sidenote:
Microbiote vaginal
Communauté de micro-organismes résidant dans l'environnement vaginal (principalement dominé par des espèces du genre Lactobacillus) qui est essentielle pour garder une bonne santé reproductive.
) and et la colonisation par le SGB, fournissant ainsi des informations inédites sur la dynamique microbienne. 1
Changements microbiens et colonisation persistante
Grâce aux données de 93 femmes enceintes, ils ont suivi les changements microbiens à 24 et 36 semaines de grossesse, offrant ainsi de nouvelles pistes sur la colonisation persistante et transitoire par le SGB. L'une des découvertes les plus marquantes est le rôle contrasté de (sidenote:
Lactobacillus crispatus
Bactérie bénéfique du microbiote vaginal qui produit de l'acide lactique. En maintenant un pH faible, elle empêche les infections et la colonisation par des agents pathogènes.
)et de (sidenote:
Lactobacillus iners
Bactérie vaginale moins protectrice qui ne produit que de l'acide L-lactique. Elle est souvent associée à des déséquilibres microbiens et à une vulnérabilité aux infections opportunistes.
). Chez les femmes constamment colonisées par le SGB, L. crispatus, une bactérie essentielle pour la protection contre les agents pathogènes, a diminué de manière significative. Au contraire, L. iners, une espèce moins efficace pour contribuer au maintien de l'acidité vaginale et de l'équilibre microbien, était plus abondante. Ce déséquilibre pourrait créer un environnement propice au développement du SGB.
Il est intéressant de noter que la colonisation transitoire par le SGB (détectée seulement à 24 semaines) était liée à une plus grande diversité des communautés microbiennes, dominées par des espèces telles que Gardnerella vaginalis. À 36 semaines, cette diversité avait diminué et L. crispatus tout comme L. iners étaient devenus dominants, ce qui correspond à la fin de la présence du SGB. Cela indique une interaction dynamique, par laquelle le microbiote vaginal peut évoluer naturellement vers un état protecteur, bien que ce ne soit pas toujours efficace dans les cas persistants.
Analyse détaillée de la dynamique du SGB
La colonisation persistante par le SGB implique souvent le même sérotype bactérien aux deux moments étudiés, ce qui laisse supposer des mécanismes de colonisation stables. En outre, chez les femmes toujours positives au SGB, une réduction moyenne de 11 % de l'abondance du SGB a été observée au fil de l'avancement de la grossesse, ce qui correspond aux changements hormonaux augmentant le nombre de lactobacilles. Cependant, malgré cette baisse, la présence de L. iners a continué à compromettre la résilience de l'environnement vaginal.
Cette étude longitudinale qui, par définition, a suivi les changements au fil du temps plutôt qu'à un moment donné, a révélé que les colonisations transitoire et persistante différaient de manière significative quant à leur base microbienne. Elle souligne également l'importance d'étudier le rôle de L. iners dans la colonisation par le SGB, car sa présence peut indiquer un environnement vaginal moins protecteur, contrairement à L. crispatus ou à d'autres espèces de lactobacilles.
Avant qu'il ne soit trop tard !
Cette recherche présente des arguments convaincants en faveur d'une approche personnalisée du traitement du SGB pendant la grossesse. Alors que l'on constate que L. crispatus joue un rôle essentiel dans la santé vaginale, L. iners semble moins en mesure d'offrir une protection contre les agents pathogènes opportunistes. Comprendre cette dynamique pourrait ouvrir la voie à certaines interventions, comme des probiotiques visant à augmenter la dominance de L. crispatus ou d'autres stratégies permettant de renforcer les défenses vaginales.
À l'avenir, le profilage microbien pourrait devenir la pierre angulaire de stratégies obstétricales personnalisées, susceptibles de réduire les risques associés au SGB et d'améliorer la santé néonatale.
Une récente recherche vient bouleverser nos certitudes : durant la grossesse, les moindres changements au niveau des bactéries vaginales pourraient transformer un microbe inoffensif en micro-organisme mortel pour les nouveau-nés, remettant ainsi en question tout ce que nous savons sur la protection des bébés avant même qu'ils ne naissent.
(sidenote:
Streptocoque du groupe B (SGB)
Bactérie communément présente dans le tractus gastro-intestinal et vaginal des adultes, pouvant provoquer de graves infections chez les nouveau-nés si elle est transmise lors de l'accouchement.
), une bactérie qui vit silencieusement dans le corps de nombreuses femmes, peut s'avérer mortel pendant la grossesse. Présent chez 40 % des femmes enceintes, le SGB est généralement inoffensif. Mais s'il est transmis au nouveau-né lors de l'accouchement, il peut entraîner des complications mettant en jeu son pronostic vital, notamment la septicémie, la pneumonie et la méningite. Une recherche historique, 1 menée par Toby Maidment de l'Université de technologie du Queensland, révèle comment le délicat équilibre des bactéries vaginales influe sur le comportement du SGB au cours de la grossesse. Ces résultats pourraient modifier notre conception des soins prénataux.
Lors d'une étude portant sur 93 femmes enceintes, les chercheurs ont suivi les bactéries vaginales à 24 et 36 semaines de grossesse pour voir comment les communautés microbiennes interagissaient avec le SGB. L'une des découvertes les plus surprenantes a été le rôle de deux types de bactéries : (sidenote:
Lactobacillus crispatus
Bactérie bénéfique du microbiote vaginal qui produit de l'acide lactique. En maintenant un pH faible, elle empêche les infections et la colonisation par des agents pathogènes.
)et (sidenote:
Lactobacillus iners
Bactérie vaginale moins protectrice qui ne produit que de l'acide L-lactique. Elle est souvent associée à des déséquilibres microbiens et à une vulnérabilité aux infections opportunistes.
). Chez les femmes constamment colonisées par le SGB, L. crispatus, une espèce protectrice qui contribue au maintien de l'acidité vaginale, a diminué de manière significative. À l'inverse, L. iners, qui est moins efficace pour tenir à distance les bactéries néfastes, a pris le dessus. Ce déséquilibre semble donner au SGB la possibilité de subsister et de prospérer.
En revanche, les femmes qui ne présentaient qu'une colonisation transitoire par le SGB avaient une communauté microbienne plus diversifiée à 24 semaines, avec des bactéries telles que Gardnerella vaginalis. À 36 semaines, cette diversité a diminué et L. crispatus tout comme L. iners sont devenus dominants, ce qui correspond à la disparition du SGB. Cela suggère que dans certains cas, (sidenote:
Microbiote vaginal
Communauté de micro-organismes résidant dans l'environnement vaginal (principalement dominé par des espèces du genre Lactobacillus) qui est essentielle pour garder une bonne santé reproductive.
) peut naturellement évoluer vers un état plus sain, bien que cela ne fonctionne pas toujours lorsque le SGB est persistant.
Dans les cas d'un SGB persistant, la même souche bactérienne était souvent présente aux deux moments étudiés, ce qui indique une colonisation stable. Il est intéressant de noter que, dans ces cas, les niveaux de SGB ont chuté d'environ 11 % à mesure que la grossesse avançait, probablement en raison des changements hormonaux stimulant les lactobacilles protecteurs. Cependant, malgré cette baisse, la persistance de L. iners a continué à compromettre la capacité du microbiote à lutter efficacement contre le SGB.
Cette étude se distingue par le fait qu'elle a suivi ces changements dans le temps, démontrant que les colonisations transitoire et persistante par le SGB possédaient des dynamiques microbiennes distinctes. Bien que L. crispatus ait le beau rôle dans la prévention contre le SGB, L. iners, qui est moins efficace, met en évidence les raisons pour lesquelles certaines femmes restent vulnérables.
Une découverte cruciale pour les soins prénataux
Cette recherche ouvre la voie à des interventions personnalisées pour le traitement du SGB. Les probiotiques favorisant la dominance de L. crispatus ou les stratégies visant à diminuer L. iners pourraient offrir de nouveaux moyens de protéger les mères et les bébés. Le profilage microbien devenant de plus en plus accessible, des approches ciblées pourraient bientôt voir le jour afin de réduire les risques inhérents au SGB et d'améliorer la santé néonatale.
Comprendre les batailles microbiennes silencieuses qui se jouent au sein du microbiote vaginal va bien au-delà de la simple curiosité scientifique, c'est une question de vie et de santé pour les personnes les plus vulnérables. Cette étude prouve que même les plus petits organismes peuvent avoir un impact considérable.
Une étude pilote 1 sur une petite fille atteinte de neuroblastome montre que la transplantation orale du microbiote buccal de sa mère pourrait prévenir efficacement la mucite liée à la chimiothérapie.
Effet indésirable fréquent de la chimio ou radiothérapie, la (sidenote:
Mucite buccale
Inflammation aiguë et douloureuse de la muqueuse buccale, souvent induite par des traitements anticancéreux tels que la chimiothérapie et la radiothérapie. Elle se manifeste par des rougeurs, des douleurs, des ulcérations et peut s'accompagner d'une sécheresse buccale, d'une altération du goût et d'une difficulté à s'alimenter. Elles peuvent entraîner une malnutrition, une déshydratation et une altération de la qualité de vie. Le traitement est symptomatique et vise à soulager la douleur, favoriser la cicatrisation et prévenir les infections. ApprofondirCleveland Clinic) se caractérise par une inflammation des muqueuses buccales et intestinales.
Avec à la clé une altération de la qualité de vie des patients, une moindre bonne observance de leur traitement, des difficultés à s’alimenter et des complications d’autant plus graves que le sujet est fragile. Parce que les traitements actuels se limitent à prendre en charge les symptômes, la modulation du microbiote oral apparait comme une nouvelle voie prometteuse.
Dans la droite ligne de travaux suggérant un lien entre le microbiote oral et le développement de la mucite induite par la chimiothérapie, la publication fin 2024 d’un cas clinique pédiatrique renforce les espoirs.
Une mucite buccale est diagnostiquée chez plus de 70 % des patients après une greffe de cellules hématopoïétiques et chez 40 % des patients recevant une chimiothérapie à des doses standard.
Décision et prélèvement
L’histoire est donc celle d’une petite fille russe de 6 mois, diagnostiquée à l’âge de 4 mois comme souffrant d’un neuroblastome rétropéritonéal avec de multiples métastases. Elle a été traitée par chimiothérapie, rapidement compliquée par divers effets secondaires, dont une mucite buccale sévère, une perte de poids rapide, et une infection à C. difficile.
Les médecins ont pris la décision d'effectuer une transplantation orale du microbiote buccal de la mère de 33 ans, en bonne santé. Le protocole de prélèvement du don était ainsi étalé sur la journée (9 prélèvements de 1,5 mL), à distance des repas et du brossage des dents.
Au cours de chacun des 3 cycles de chimiothérapie suivants (dont la posologie a été réduite), le nourrisson recevait dans la bouche la salive de sa propre mère (13,5 mL/jour, pendant 10 jours) une trentaine de minutes après avoir été allaité.
Après 6 cycles de chimiothérapie, le patient a subi une résection complète de sa tumeur rétropéritonéale ainsi qu'une surrénalectomie du côté droit, suivie d'une chimiothérapie à haute dose avec greffe autologue de cellules hématopoïétiques (auto-HCT). Une dernière transplantation orale de salive maternelle a été réalisée avant la greffe.
Les effets sur la mucite
La transplantation orale de microbiote a prévenu efficacement le développement de la mucite après les 3 nouveaux cycles de chimiothérapie ; seule une mucite orale de grade 1 s'est développée après l'auto-HCT. Partout dans la bouche, l'abondance de bactéries des familles Staphyloccaceae, Micrococcaceae et Xanthomonadaceae a régressé. Inversement, il y a eu une augmentation de l'abondance relative des Streptococcaceae et de certains autres taxons bactériens.
Ainsi, la transplantation de salive maternelle chez ce patient semble avoir évité une nouvelle mucite sévère et s’être accompagnée d'un changement de composition du microbiote oral. Aucun effet indésirable lié à la transplantation salivaire n'a été observé.
Bien entendu, il ne s’agit que d’un seul et unique cas. Mais cette étude clinique pilote ouvre la voie à de possibles transplantations de microbiote oral pour réduire les risques de mucite lors d’une chimiothérapie. Ou a minima, souligne la possibilité, la sécurité et l'efficacité de la transplantation orale de microbiote d'un donneur en bonne santé à un patient atteint de neuroblastome pour prévenir la mucite buccale induite par la chimiothérapie.
Après la ménopause, la domination des lactobacilles et une faible diversité alpha iraient de pair avec une moindre inflammation vaginale, comme cela a déjà été rapporté chez les femmes avant ménopause. Bien que moins présents, les lactobacilles continueraient donc d’exercer leurs effets bénéfiques.
On le sait : chez les femmes non ménopausées, une diversité croissante du microbiote vaginal et une perte d’hégémonie des lactobacilles sont associées à une inflammation plus importante des muqueuses. Avec à la clé un risque plus élevé de dysplasie et d'infections du col de l'utérus.
Ce lien entre microbiote vaginal et inflammation existe-t-il également après la ménopause – une période jusque-là peu documentée, alors que l’on sait que le microbiote vaginal a tendance à se diversifier et à être moins dominé par les lactobacilles une fois la période reproductive achevée – ?
Une étude américaine 1 ayant inclus 119 femmes ménopausées (61 ans en moyenne à l’inclusion) consultant pour le traitement d'une gêne vulvo-vaginale (irritation, sécheresse…) modérée à sévère, s’est penchée sur la question.
Ces femmes, suivies 12 semaines, ont été réparties en 3 groupes selon le traitement reçu pour prendre en charge leurs symptômes :
comprimé d’œstradiol et gel hydratant placebo
comprimé placebo et gel hydratant
double placebo
A l'inclusion, 29,5 % des participantes présentaient un microbiote vaginal dominé par des lactobacilles.
Les femmes blanches présentaient moins souvent une telle flore protectrice. Globalement, la moindre domination de Lactobacillus et la diminution de la diversité alpha dans les fluides vaginaux étaient associées à des concentrations plus faibles de marqueurs immunitaires inflammatoires : la perte de prépondérance de Lactobacillus était associée à des concentrations plus élevées de (sidenote:
Cytokine
Petite protéine impliquée dans les communications entre les cellules, en particulier du système immunitaire.
Cytokines: Introduction_British Society for Immunology) pro-inflammatoires, comme observé par de précédentes études chez les femmes non ménopausées.
21 ans
À l’échelle mondiale, une femme âgée de 60 ans en 2019 pouvait espérer vivre encore 21 ans en moyenne. ²
26%
Dans le monde, la population de femmes ménopausées augmente. En 2021, les femmes de plus de 50 ans représentaient 26 % de toutes les femmes et filles dans le monde, contre 22 % dix ans plus tôt. ²
Un soutien durable des lactobacilles
On retrouve donc le même phénomène que celui déjà rapporté chez les femmes encore en âge de procréer. Ainsi, après la ménopause, les lactobacilles pourraient continuer de jouer un rôle protecteur, avec des effets bénéfiques sur l’immunité de la muqueuse vaginale en contribuant – ou a minima en étant associés – à une moindre inflammation locale.
A l’inverse, une hausse de la diversité alpha du microbiote vaginal serait associée à des cytokines pro-inflammatoires.
Ces résultats suggèrent qu’une faible diversité et qu’une forte domination des lactobacilles restent et demeurent bénéfiques à la santé vaginale. Autrement dit, la dominance des lactobacilles, à défaut d’être « normale » après la ménopause, pourrait représenter un micro-environnement favorable, associé à un statut inflammatoire moindre.
Et si le secret pour maîtriser l'inflammation vaginale résidait dans le microbiote ? De récentes recherches ont révélé que Lactobacillus crispatus produisait des composés de β-carboline, qui régulent l'inflammation de manière sélective tout en préservant l'immunité, ce qui ouvre la voie à de nouveaux traitements.
Un microbiote vaginal sain, généralement dominé par des espèces du genre (sidenote:
Lactobacillus
Groupe de bactéries bénéfiques que l'on trouve communément dans le microbiote vaginal. Elles produisent de l'acide lactique, qui aide à maintenir un pH faible afin de se protéger contre les infections.
), est essentiel pour une bonne santé gynécologique. Pourtant, les mécanismes grâce auxquels ces microbes modulent l'inflammation ont longtemps échappé aux chercheurs. Une nouvelle étude1 menée par Virginia J. Glick, publiée dans Cell Host & Microbe, dévoile que certaines souches de Lactobacillus crispatus produisent des alcaloïdes β-carboline, à savoir de petites molécules présentant des propriétés anti-inflammatoires ciblées.
Cette découverte apporte un éclairage inédit sur la manière dont ces bactéries contribuent à l'homéostasie du système immunitaire, et prépare le terrain pour de potentielles applications thérapeutiques.
77%
La perlolyrine (BC6) a réduit les signaux inflammatoires de 77 % et a rétabli l'activité normale des cellules immunitaires.
β-carbolines : des immunomodulateurs de précision
Cette étude a identifié les composés de β-carboline, notamment la (sidenote:
Perlolyrine (BC6)
Puissant composé de β-carboline identifié dans Lactobacillus crispatus, qui réduit l'inflammation tout en préservant les défenses immunitaires.
), comme étant de puissants régulateurs de la signalisation inflammatoire. À l'aide d'un système de double rapporteur dans la lignée cellulaire monocytaire humaine THP-1, les chercheurs ont démontré que les β-carbolines issues de L. crispatus inhibaient les voies NF-kB et (sidenote:
Signalisation de l'interféron (IFN)
Voie immunitaire clé qui lutte contre les infections, mais peut conduire à une inflammation en cas d'hyperactivité.
) de type I (IFNAR). Ces molécules ont régulé de manière unique la production de cytokine pro-inflammatoire dans les cellules immunitaires, tout en préservant les réponses antivirales dans les cellules épithéliales et les cellules barrières. Ce niveau de sélectivité est rare parmi les agents anti-inflammatoires.
Et surtout, c'est la première fois que la β-carboline, auparavant associée aux microbes des plantes et des sols, est identifiée comme productrice de souches de Lactobacillus vaginales. Cette découverte met en évidence une nouvelle dimension dans les interactions microbiote-hôte. De plus, les échantillons de frottis cervico-vaginaux provenant de femmes ayant un microbiote vaginal sain ( (sidenote:
Score de Nugent
Système de notation diagnostique permettant d'évaluer la vaginose bactérienne en fonction de la présence et des proportions de certaines bactéries par coloration de Gram dans un échantillon vaginal.
) bas) étaient considérablement enrichis en β-carboline par rapport à ceux des femmes atteintes de (sidenote:
Vaginose bactérienne
La vaginose bactérienne (VB) est un type d'inflammation vaginale causée par un déséquilibre des espèces de bactéries qui sont normalement présentes dans le vagin.
) (score de Nugent élevé), ce qui souligne son rôle potentiel en tant que biomarqueur pour la santé du microbiote vaginal.
Pour étudier la pertinence clinique de ces composés, les chercheurs ont appliqué localement de la BC6 sur des souris présentant une inflammation vaginale causée par le virus Herpes simplex de type 2 (HSV-2). Ils ont obtenu des résultats remarquables :
la BC6 a fortement réduit l'inflammation
fait baisser les cytokines pro-inflammatoires telles que IL-1β et IL-18
mais également amélioré les scores de la maladie sans affecter le titre viral
Le traitement a préservé les populations de cellules immunitaires innées tout en diminuant la signalisation inflammatoire à l'origine des lésions tissulaires.
Encore plus intrigant, certaines souris prétraitées avec un surnageant de L. crispatus sont restées asymptomatiques malgré une charge virale similaire à celle du groupe témoin non traité. Cela suggère que ces composés jouent un rôle dans l'amélioration de la tolérance à la maladie, un concept qui prend de l'ampleur dans la recherche en immunologie.
Quelles sont les répercussions du point de vue clinique ?
Ces résultats révèlent plusieurs découvertes essentielles. Tout d'abord, l'étude souligne le rôle fonctionnel de Lactobacillus crispatus dans la modulation immunitaire, ce qui va au-delà de la simple production d'acide lactique. Ensuite, la capacité spécifique de β-carboline à réguler les réactions inflammatoires dans les cellules immunitaires sans nuire aux défenses offre une approche ciblée pour traiter l'inflammation vaginale.
Ces recherches ouvrent également la voie à des traitements basés sur le microbiote, en particulier pour traiter des maladies inflammatoires comme la vaginose bactérienne ou la vaginite. Une application par voie topique de β-carboline, comme la perlolyrine, pourrait offrir une alternative précise et naturelle aux médicaments anti-inflammatoires à large spectre, en minimisant les effets secondaires et en préservant les fonctions immunitaires.
Pilier de l’information scientifique et acteur incontournable de l’éducation et la formation des professionnels de santé et du grand public sur l’importance des microbiotes humains, le Biocodex Microbiota Institute participe, pour la cinquième année consécutive, à la Semaine mondiale de sensibilisation à la résistance aux antimicrobiens (WAAW), organisée par l'OMS du 18 au 24 novembre. Pour cette édition 2024, les experts du Biocodex Microbiota Institute réalisent la première « Fresque de sensibilisation à l’antibiorésistance ». Objectifs ? Exposer de manière ludique et collaborative les enjeux et défis liés à l’antibiorésistance pour créer un déclic chez les patients, et in fine initier des changements de comportements.
Une semaine mondiale pour alerter sur les dangers de l’antibiorésistance
L’antibiorésistance est l’une des plus grandes menaces pour la santé publique à l’échelle mondiale. Selon l’OMS, si des mesures urgentes ne sont pas prises, ce fléau pourrait engendrer plus de 10 millions de décès par an d’ici 2050.
L’utilisation excessive et inappropriée des antibiotiques – qui, utilisés à bon escient, demeurent un progrès médical majeur - contribue à ce phénomène en favorisant l’émergence de bactéries résistantes, mettant en danger des millions de vies. Pourtant, seulement 31 % des Français considèrent être informés des impacts négatifs des antibiotiques sur leur microbiote, selon l’Observatoire International des Microbiotes, une enquête menée en 2024 par Ipsos pour le Biocodex Microbiota Institute. Pour la deuxième année consécutive, le Biocodex Microbiota Institute a confié à Ipsos la réalisation d’une grande enquête internationale auprès de 7 500 personnes, dans 11 pays afin de mieux comprendre le niveau de connaissance et les comportements des populations à propos de leur microbiote.
Une fresque de sensibilisation à l’antibiorésistance pour créer un déclic chez les patients
Depuis cinq ans, le Biocodex Microbiota Institute participe activement à cette campagne de sensibilisation mondiale en multipliant les initiatives pour promouvoir un usage raisonné des antibiotiques et sensibiliser l’opinion publique et les professionnels de santé de leur impact sur les microbiotes. Pour l’édition 2024, les équipes du Biocodex Microbiota Institute, en partenariat avec Quercéo, ont conçu la première « fresque de sensibilisation à l’antibiorésistance ».
« Nous avons privilégié un format inédit, ludique et collaboratif qui permet de sensibiliser un large public, des patients aux professionnels de santé, en passant par les employés de Biocodex, indique Olivier Valcke, Directeur du Biocodex Microbiota Institute. L’objectif affiché de cette fresque est clair : engager le plus de monde possible dans la sensibilisation à l'antibiorésistance. En combinant jeux de cartes, quiz mais surtout intelligence collective sur les solutions à initier, cette fresque, première du genre, vise à vulgariser les enjeux de la résistance aux antibiotiques tout en illustrant le rôle central des microbiotes dans la santé humaine. »
Olivier Valcke, Directeur du Biocodex Microbiota Institute
Former 1 700 « Fresqueurs Biocodex » pour animer une communauté
d’ambassadeurs de premier plan
Premier acte de cette campagne, le 14 novembre avec l’organisation d’une conférence scientifique « antibiorésistance, le microbiote au cœur d’une pandémie silencieuse », avec la participation, entre autres, de Madame Vanessa Carter, patiente survivante à l’antibiorésistance et membre du groupe de travail de l’OMS sur l’antibiorésistance, et du Professeur Etienne Ruppé, spécialiste de la résistance aux antibiotiques, bactériologiste à l'hôpital Bichat-Claude Bernard de Paris.
Dans le cadre de cette semaine de sensibilisation, Biocodex mobilise également ses 1 700 collaborateurs dans cette démarche. Des ateliers participatifs seront organisés tout au long de la semaine du 18 au 24 novembre, permettant de former les collaborateurs à la conception de la fresque de sensibilisation à l’antibiorésistance. Ces ateliers offrent un moment d’échange et de cocréation pour renforcer la prise de conscience collective sur le bon usage des antibiotiques.
Pour Catherine Perret, VP Ressources Humaines chez Biocodex « former nos 1 700 collaborateurs à la conception de cette fresque renforce leur engagement dans la sensibilisation à l'antibiorésistance. Ils deviennent ainsi des ambassadeurs actifs de cette cause, contribuant à diffuser l'importance d'un usage raisonné des antibiotiques. »
À propos du Biocodex Microbiota Institute
Le Biocodex Microbiota Institute est un carrefour international de connaissances dédié aux microbiotes humains. Disponible en 7 langues, l’Institut s’adresse à la fois aux professionnels de santé et au grand public pour les sensibiliser sur le rôle capital que joue cet organe sur notre santé. La mission première du Biocodex Microbiota Institute est de nature éducative : promouvoir l’importance du microbiote pour tous.
A propos de Querceo
Querceo est un cabinet de conseil qui accompagne les organisations dans leur transition écologique grâce à une approche collaborative et systémique. A travers la création et la diffusion d'ateliers de sensibilisation, tels que la Fresque de la Biodiversité, la Fresque One Health ou encore l'atelier SiNergie, Querceo facilite la mise en mouvement des organisations en permettant à chaque individu de comprendre et s'approprier les grands enjeux de demain.
Pilier de l’information scientifique et acteur incontournable de l’éducation et la formation des professionnels de santé et du grand public sur l’importance des microbiotes humains, le Biocodex Microbiota Institute participe, pour la cinquième année consécutive, à la Semaine mondiale de sensibilisation à la résistance aux antimicrobiens (WAAW), organisée par l'OMS du 18 au 24 novembre. Pour cette édition 2024, les experts du Biocodex Microbiota Institute réalisent la première « Fresque de sensibilisation à l’antibiorésistance ». Objectifs ? Exposer de manière ludique et collaborative les enjeux et défis liés à l’antibiorésistance pour créer un déclic chez les patients, et in fine initier des changements de comportements.
Une semaine mondiale pour alerter sur les dangers de l’antibiorésistance
L’antibiorésistance est l’une des plus grandes menaces pour la santé publique à l’échelle mondiale. Selon l’OMS, si des mesures urgentes ne sont pas prises, ce fléau pourrait engendrer plus de 10 millions de décès par an d’ici 2050.
L’utilisation excessive et inappropriée des antibiotiques – qui, utilisés à bon escient, demeurent un progrès médical majeur - contribue à ce phénomène en favorisant l’émergence de bactéries résistantes, mettant en danger des millions de vies. Pourtant, seulement 31 % des Français considèrent être informés des impacts négatifs des antibiotiques sur leur microbiote, selon l’Observatoire International des Microbiotes, une enquête menée en 2024 par Ipsos pour le Biocodex Microbiota Institute. Pour la deuxième année consécutive, le Biocodex Microbiota Institute a confié à Ipsos la réalisation d’une grande enquête internationale auprès de 7 500 personnes, dans 11 pays afin de mieux comprendre le niveau de connaissance et les comportements des populations à propos de leur microbiote.
Une fresque de sensibilisation à l’antibiorésistance pour créer un déclic chez les patients
Depuis cinq ans, le Biocodex Microbiota Institute participe activement à cette campagne de sensibilisation mondiale en multipliant les initiatives pour promouvoir un usage raisonné des antibiotiques et sensibiliser l’opinion publique et les professionnels de santé de leur impact sur les microbiotes. Pour l’édition 2024, les équipes du Biocodex Microbiota Institute, en partenariat avec Quercéo, ont conçu la première « fresque de sensibilisation à l’antibiorésistance ».
« Nous avons privilégié un format inédit, ludique et collaboratif qui permet de sensibiliser un large public, des patients aux professionnels de santé, en passant par les employés de Biocodex, indique Olivier Valcke, Directeur du Biocodex Microbiota Institute. L’objectif affiché de cette fresque est clair : engager le plus de monde possible dans la sensibilisation à l'antibiorésistance. En combinant jeux de cartes, quiz mais surtout intelligence collective sur les solutions à initier, cette fresque, première du genre, vise à vulgariser les enjeux de la résistance aux antibiotiques tout en illustrant le rôle central des microbiotes dans la santé humaine. »
Olivier Valcke, Directeur du Biocodex Microbiota Institute
Former 1 700 « Fresqueurs Biocodex » pour animer une communauté
d’ambassadeurs de premier plan
Premier acte de cette campagne, le 14 novembre avec l’organisation d’une conférence scientifique « antibiorésistance, le microbiote au cœur d’une pandémie silencieuse », avec la participation, entre autres, de Madame Vanessa Carter, patiente survivante à l’antibiorésistance et membre du groupe de travail de l’OMS sur l’antibiorésistance, et du Professeur Etienne Ruppé, spécialiste de la résistance aux antibiotiques, bactériologiste à l'hôpital Bichat-Claude Bernard de Paris.
Dans le cadre de cette semaine de sensibilisation, Biocodex mobilise également ses 1 700 collaborateurs dans cette démarche. Des ateliers participatifs seront organisés tout au long de la semaine du 18 au 24 novembre, permettant de former les collaborateurs à la conception de la fresque de sensibilisation à l’antibiorésistance. Ces ateliers offrent un moment d’échange et de cocréation pour renforcer la prise de conscience collective sur le bon usage des antibiotiques.
Pour Catherine Perret, VP Ressources Humaines chez Biocodex « former nos 1 700 collaborateurs à la conception de cette fresque renforce leur engagement dans la sensibilisation à l'antibiorésistance. Ils deviennent ainsi des ambassadeurs actifs de cette cause, contribuant à diffuser l'importance d'un usage raisonné des antibiotiques. »
À propos du Biocodex Microbiota Institute
Le Biocodex Microbiota Institute est un carrefour international de connaissances dédié aux microbiotes humains. Disponible en 7 langues, l’Institut s’adresse à la fois aux professionnels de santé et au grand public pour les sensibiliser sur le rôle capital que joue cet organe sur notre santé. La mission première du Biocodex Microbiota Institute est de nature éducative : promouvoir l’importance du microbiote pour tous.
A propos de Querceo
Querceo est un cabinet de conseil qui accompagne les organisations dans leur transition écologique grâce à une approche collaborative et systémique. A travers la création et la diffusion d'ateliers de sensibilisation, tels que la Fresque de la Biodiversité, la Fresque One Health ou encore l'atelier SiNergie, Querceo facilite la mise en mouvement des organisations en permettant à chaque individu de comprendre et s'approprier les grands enjeux de demain.
Une personne transgenre ou trans, est une personne dont le genre assigné à la naissance ne correspond pas à celui qu’elle ressent. Alors que toutes les femmes transgenres ne font pas le choix de l’opération, des chercheurs 1 se sont intéressés à la flore vaginale de celles qui passent le pas de la chirurgie pour adopter un néo-vagin. Le bon équilibre du microbiote néo-vaginal des femmes transgenres opérées serait capital pour leur santé. On vous explique…
Se sentir femme au plus profond de son être alors que l’on porte physiquement des organes génitaux masculin et que l’on nous désigne homme… Une (sidenote:
Incongruence de genre
Incohérence marquée et persistante entre le genre vécu par un individu et le sexe qui lui a été assigné, qui peut conduire à un désir de « transition » par le biais d'un traitement hormonal, d'une intervention chirurgicale ou d'autres services de soins de santé.
WHOMSD ManualGovernment of Canada) que corrigent certaines femmes (sidenote:
Transgenre
Personne dont l’identité de genre, c’est-à-dire son expérience intime et personnelle de son genre, diffère du sexe qui lui a été assigné à la naissance.
WHO, MSD Manual, Government of Canada) en recourant, « à une néo-vaginoplastie par inversion de peau pénienne ». Autrement dit, en transformant chirurgicalement leur pénis en vagin. Quelle que soit la qualité de la chirurgie pratiquée, la peau de ce vagin nouvellement construit reste une combinaison de peau de l’ancien pénis et d’une greffe de peau issue du (sidenote:
Scrotum
Peau qui protège les testicules chez l'homme
WHO) et/ou d’autres zones (ventre, aine…).
0.1% à 1.1%
Les personnes transgenres représenteraient 0,1 à 1,1% de la population mondiale. ²
2 fois
La chirurgie de la poitrine (8 à 25 %) est 2 fois plus fréquente que la chirurgie des organes génitaux (4 à 13%).³
Quid des conséquences en termes de santé ? Le microbiote vaginal est un élément clé de la santé vaginale des femmes (sidenote:
Cisgenre
Personne dont l’identité de genre est conforme au sexe qui lui a été attribué à la naissance.
WHO, MSD Manual, Government of Canada) , Des chercheurs américains se sont intéressés à la flore intime des femmes transgenres opérées : la composition du microbiote neovaginal pourraient-il expliquer certains problèmes, comme les pertes vaginales fréquemment rapportées ?
Microbiote vaginal cisgenre vs. transgenre : Quelles différences ?
La question méritait d’être posée et a trouvé réponse grâce à une étude qui a comparé le microbiote vaginal de femmes transgenres ayant subi une néo-vaginoplastie à celui de femmes cisgenres. Les résultats ? Des microbiotes bien différents.
1 homme transgenre sur 2
La chirurgie de réassignation sexuelle (confirmation) est plus fréquente chez les hommes transgenres (42 à 54 %) que chez les femmes transgenres (28 %). 3
Alors que la flore vaginale des femmes cisgenres est peu diversifiée et largement dominée par des lactobacilles, garant d’un milieu acide qui repousse les pathogènes, celle des femmes transgenres renferme moins de 3% de ces précieux alliés et est bien plus diversifiée. Or, côté vagin, la diversité n’est pas signe d’une bonne santé, bien au contraire : elle est en effet observée chez les femmes cisgenres souffrant de vaginose bactérienne, qui accroît les risques d’infections sexuellement transmissibles (y compris le VIH-Sida) et de fausses couches.
Quel est l’origine de ce nouvel écosystème microbienne ?
Ou plus exactement quelles bactéries composent le microbiote des néo-vagins des femmes transgenres opérées ? Sans doute via la flore de la peau (pénis, scrotum…) utilisée lors de la chirurgie. Mais pas seulement. Des transmissions oraux-génitales et génitales-génitales semblent également à l’œuvre.
D’ailleurs, ce sont des espèces bactériennes typiques de la peau ou du tube digestif, mais également de la bouche, qui ont été observées dans la flore néovaginale des femmes transgenres opérées. Leurs relations sexuelles augmentant la fréquence d’une bactérie appelée E. faecalis, des transferts génitaux sont également à l’œuvre.
« Trouble de l’identité de genre »?
En mai 2019, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a supprimé le « trouble de l’identité de genre » de son manuel officiel de diagnostics, pour refléter les avancées scientifiques et médicales. Elle espère que cette reclassification « réduira la stigmatisation » tout en garantissant « l'accès aux interventions de santé nécessaires ». 2
En revanche, alors que les hormones expliquent la recrudescence des lactobacilles protecteurs chez les femmes cisgenres, le statut hormonal des femmes transgenres (comparable à celui des femmes cisgenres grâce à un traitement) semblait ici ne rien changer à l’affaire. Des études complémentaires sur un plus grand nombres de femmes transgenres seront nécessaires pour mieux comprendre leur santé néovaginale.
Si la mère est la première à ensemencer le tube digestif du nouveau-né lors d’une naissance par voix basse, le père participe également à la construction du microbiote de l’enfant, et de plus en plus au fil des mois. Ce don complémentaire de flore s’avère primordial chez les enfants nés par césarienne, en partie privés de la flore de leur mère.
A la naissance, le nouveau-né acquiert une partie de la flore vaginale et fécale de sa mère lors de l’accouchement. Mais en cas de césarienne, cet ensemencement initial se trouve perturbé, facilitant la colonisation par des pathogènes.
De nombreuses questions demeurent sur cette première flore digestive : quelles sont les dynamiques d’ensemencement du système digestif ? D’où viennent les autres microorganismes, l’enfant ne partageant avec sa mère que la moitié de son microbiote ?
Suspectant un rôle du père, des scientifiques 1 se sont penchés sur le partage et la dynamique de transmission des flores intestinales mère- et père-enfant. Et ce, en étudiant les données de 53 familles de nourrissons nés par voie basse et 21 par césarienne, issues de la cohorte longitudinale finlandaise HELMi 2 ainsi que 7 familles de la cohorte SECFLOR 3 (enfants nés par césarienne avec une (sidenote:
Transplantation de microbiote fécal (TMF)
Procédure thérapeutique visant à restaurer le microbiote intestinal en transférant des bactéries fécales d'un donneur sain à un receveur
Approfondirhttps://www.science.org/doi/10.1126/scitranslmed.abo2750)).
1/4
Les accouchements par césarienne représentent actuellement plus d'un quart des naissances dans le monde. ¹
Le microbiote paternel : stable et complémentaire
Les échantillons prélevés sur les nourrissons, mères et pères suggèrent que la transmission du microbiote intestinal paternel vient compléter l'ensemencement maternel.
Mais surtout, alors que la contribution maternelle diminue après l'inoculation initiale pendant la naissance et est perturbée en cas de césarienne, le père est une source stable qui ensemence le microbiote intestinal de l’enfant, indépendamment du mode d'accouchement.
Et une source de taille : lorsque l’enfant souffle sa première bougie, la contribution du père est comparable à celle de la mère. L’étude montre également que les chevauchements entre les souches paternelles et maternelles sont rares, soulignant la complémentarité de ces deux sources à la construction du microbiote infantile en début de vie.
Des données qui soulignent l’important rôle du père en tant que source de micro-organismes. Un rôle d’autant plus important que, lors des accouchements par césarienne, seules les mères reçoivent une prophylaxie antibiotique. La flore du père, préservée, devient primordiale.
60 %
des personnes interrogées ne savent pas que le mode d’accouchement a un impact sur le microbiote intestinal des nouveau-nés. ⁴
Une TMF fécale plutôt que vaginale
Autre découverte : alors que les transferts de microbiote maternel vaginal, moins diversifié que le microbiote intestinal, avaient précédemment montré un intérêt limité, cette étude souligne l’intérêt d’une TMF de microbiote fécal maternel, qui compense les effets de la césarienne :
la richesse microbienne du microbiote du nouveau-né est restaurée avec notamment une hausse des Bacteroides (B. dorei, B. fragilis et B. vulgatus) et Bifidobacterium (B. adolescentis, B. pseudocatenulatum et B. longum),
la colonisation par des pathogènes tels que Clostridium perfringens, Enterococcus faecalis, Klebsiella oxytoca, Klebsiella pneumoniae est réduite,
et les effets persistent dans le temps (au moins 1 an).
Par ailleurs, les chercheurs observent une colonisation préférentielle par des bactéries capables de dégrader les sucres du lait maternel. Autant de souches qui pourraient être développés dans de futurs probiotiques pour nouveau-nés.