Douleurs pelviennes : et si c’était le microbiote ?

C’est la double peine : certaines femmes souffrent non seulement de douleurs chroniques pelviennes, mais en outre de douleurs démesurées. Et si quelques bactéries expliquaient que ces vessies, vagins ou rectums soient à fleur de peau ?

Le microbiote intestinal Le microbiote vaginal

On ne le sait pas toujours mais tous les organes à l'interface avec le monde extérieur, y compris la vessie (et non, l’urine n’est pas stérile !) et le vagin (royaume des lactobacilles), hébergent un microbiote résident qui participe à leur bon fonctionnement… ou, en cas de dysbiose, à la maladie, y compris à la sensation de douleur

Pour en savoir plus, des chercheurs ont examiné 30 femmes souffrant de (sidenote: Douleur pelvienne chronique Douleur persistante, non cyclique, ressentie dans des structures liées au bassin et durant plus de six mois. Souvent, aucune étiologie spécifique ne peut être identifiée, et elle peut être considérée comme un syndrome douloureux régional chronique ou un syndrome somatique fonctionnel. Elle est généralement associée à d'autres syndromes douloureux somatiques fonctionnels (par exemple, le syndrome de l’intestin irritable, le syndrome de fatigue chronique non spécifique) ainsi qu’à des troubles de la santé mentale (comme le trouble de stress post-traumatique ou la dépression).  Approfondir Speer LM, Mushkbar S, Erbele T. Chronic Pelvic Pain in Women. Am Fam Physician… )  (DPC), dont la moitié présentait une (sidenote: Hypersensibilisation pelvienne Diminution des seuils nociceptifs corticaux qui amène à ressentir un inconfort ou une douleur pour des stimulations habituellement non douloureuses comme le remplissage de la vessie, une perception exagérée du fonctionnement du système digestif, une brulure vulvaire au contact, et de ressentir une douleur anormalement intense pour des stimulations habituellement douloureuses. Approfondir CHU Dijon ) : le simple frottement d’un sous-vêtement ou une vessie pleine déclenchent des douleurs. 1

26% La douleur pelvienne chronique touche environ 26 % de la population féminine mondiale. ²

3 mois on parle de chronicité lorsqu’une douleur persiste plus de 3 mois. ³

4% à 16% des femmes, c’est la prévalence de la DPC. Similaire à celle de la migraine ou de l’asthme. ⁴

Des microbiotes peu en forme

Les femmes souffrant d’une DPC avec hypersensibilisation présentent des seuils de perception de la douleur très bas : une toute petite pression sur la vessie par exemple suffit à déclencher une douleur. Mais ce n’est pas tout : la douleur ressentie s’avère non seulement plus intense mais également plus prolongée. Autrement dit, tout va dans le sens de la souffrance.

Or, ces femmes présentent une altération de leurs microbiotes intestinal, urinaire (vessie) et vaginal, avec généralement un recul des bénéfiques Lactobacilles : moins de Lactobacillus dans l’intestin ; un microbiote vaginal plus diversifié (ce qui n’est pas bon signe), enrichi en Streptococcus et Prevotella et déserté par d’autres groupes bactériens ; un microbiote urinaire plus diversifié (toujours pas bon), avec Clostridium sensu stricto 1 en vedette.

Zoom sur les maladies associées à la douleur pelvienne chronique :

La douleur pelvienne chronique, qui touche environ 26 % des femmes dans le monde, est souvent associée à d’autres troubles, comme :

∙ L’endométriose, une maladie gynécologique où du tissu semblable à l’endomètre se développe en dehors de l’utérus, causant douleurs et infertilité.

∙ Le SII = syndrome de l’intestin irritable, une affection de l’intestin marquée par des douleurs abdominales, ballonnements, diarrhée ou constipation, souvent exacerbée par une dysbiose intestinale.

∙ D’autres syndromes douloureux chroniques ou troubles de santé mentale (trouble de stress post-traumatique, dépression…).

Dans tous ces cas, le microbiote - intestinal, vaginal ou urinaire - joue un rôle potentiel dans la progression de la maladie qui mérite une attention particulière.

Des bactéries qui signent la douleur

Plus troublant encore : certaines de ces bactéries sur ou sous-représentées chez les femmes hypersensibles sont directement associées à des symptômes cliniques. Par exemple, moins d’Akkermansia ou de Faecalibacterium dans l’intestin rime avec plus de douleurs rectales. Moins de L. jensenii dans le vagin, c’est plus de règles douloureuses et une mini-capacité de la vessie. Moins de Lactobacillus dans la vessie et la voilà moins performante.

Règles douloureuses : et si le microbiote vaginal était en cause ?

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Rééquilibrer le microbiote pour réduire la douleur ?

Au final, les chercheurs sont parvenus à établir des signatures bactériennes de la sensibilité, à partir de bactéries des flores intestinale, vaginale et urinaire. Sont-elles cause ou conséquence de la douleur ?

Sont-elles cause ou conséquence de la douleur ? Impossible à dire pour l’instant. Mais cela ouvre la voie à des pistes prometteuses : les probiotiques pourraient constituer une solution thérapeutique d’avenir pour ces femmes, tout comme les prébiotiques, les symbiotiques ou des approches nutritionnelles. En agissant sur le microbiote, on pourrait ainsi soulager certaines formes de douleur.

Et si rééquilibrer ces microbiotes grâce aux probiotiques permettait non seulement d’atténuer les douleurs mais aussi d’agir sur les causes profondes de la maladie ?

Aller plus loin :

Plusieurs travaux s'intéressent actuellement au rôle des probiotiques dans le traitement de maladies comme l’endométriose, SII = syndrome de l’intestin irritable ou d'autres troubles impliquant une inflammation intestinale persistante.

Quelle est la différence entre les prébiotiques, les probiotiques et les postbiotiques ?

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De la naissance à la mort, un exposome avec des conséquences différentes sur notre santé

Notre sensibilité à l’environnement évolue au fil des âges. Dès la grossesse, l’exposome module l’immunité, façonne le microbiote du nourrisson et influence son risque futur d’asthme ou d’allergie. À l’adolescence, il impacte santé mentale et cutanée. À l’âge adulte, il conditionne inflammation et bien-être global. Chez les seniors, il peut préserver ou altérer la longévité, comme le montre l’étude sur le microbiote des centenaires.

Découvrez comment chaque étape de la vie dialogue avec l’exposome.

Le microbiote intestinal Acné et microbiote L’alimentation, un facteur-clé Troubles de l'humeur Allergies alimentaires

1000 premiers jours

On sait depuis quelques années que les microorganismes du microbiote intestinal sont indispensables au développement du système immunitaire. Mais d’autres mécanismes en relation avec l’exposition précoce du fœtus et du jeune enfant à des facteurs environnementaux pourraient être impliqués. 1

Période périnatale

  • Grossesse : le microbiote maternel (intestinal, cutané, pulmonaire et potentiellement placentaire) semble avoir des effets importants sur la maturation de la fonction immunitaire de sa progéniture. Une étude a par exemple mis en évidence que l’exposition de femmes enceintes à des bactéries provenant d’étables diminuait le risque que leur enfant souffre d’asthme dans le futur. Il existe aussi un microbiote placentaire, ressemblant davantage au microbiote maternel buccal qu’au microbiote vaginal ou intestinal, qui pourrait jouer un rôle dans cette maturation.
  • Accouchement : les bébés nés par voie basse (vaginale) sont colonisés par des microbes similaires à ceux présents dans le vagin de leur mère. Ils ont aussi un microbiote intestinal plus riche et plus diversifié que ceux qui sont nés par césarienne, et qui est associé à un moindre risque d’asthme.
  • Allaitement

D’autres facteurs de l’exposome périnatal (traitements antibiotiques, allaitement, pratiques alimentaires…) seraient également en cause.

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L'infographie suivante vous montre comment et quand le microbiote intestinal et le système immunitaire sont développés et deviennent matures

Tiny bacteria, big risks: how vaginal microbes shape pregnancy health

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Petite enfance

Depuis la moitié du siècle dernier, l’évolution vers des modes de vie plus aisés et des habitats plus modernes et plus « hygiéniques » a altéré les expositions de l’humain aux microbes. Et ces altérations pourraient prédisposer les enfants aux maladies inflammatoires chroniques.

Il existe en effet des preuves solides que l’exposition précoce à des populations microbiennes riches et diversifiées joue un rôle protecteur, à condition qu’elles se produisent au début de la vie. On parle de « fenêtre d’opportunité ». 

Différentes études ont contre-intuitivement montré que la présence d’animaux de compagnie, de rongeurs, de champignons ou de bactéries dans l’environnement de vie du nourrisson ou du petit enfant améliore la diversité bactérienne de son microbiote et peut le protéger de l’asthme.

Dogs and dust microbiota in asthma prevention: a masterstroke?

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Enfance et adolescence

L’intérêt de l’approche exposomique a été mis en évidence par une étude menée sur 504 enfants de 6 à 9 ans suivis pendant 8 ans. Les chercheurs ont mesuré l’impact de différentes expositions (alimentation, activité physique, sommeil, pollution de l’air, statut socio-économique) sur des marqueurs sanguins (métabolites).

Score d’exposome

Pour chaque enfant, les chercheurs ont calculé un « score d’exposome » qui mesure l’impact global des diverses expositions sur la santé.

Les résultats montrent que ce score est associé à 31 métabolites, dont 12 qui n’étaient liés à aucune exposition prise individuellement. Ceci indique que les expositions environnementales et liées au mode de vie n'exercent pas leurs effets physiologiques de manière isolée.

Il existe plutôt une interaction complexe entre les expositions externes et les réponses physiologiques internes qui y sont associées.

De plus, un score d’exposome élevé est associé à une baisse du taux d’acétate, un (sidenote: Acides Gras à Chaîne Courte (AGCC) Les acides gras à chaîne courte sont une source d’énergie (carburant) des cellules de l’individu, ils interagissent avec le système immunitaire et sont impliqués dans la communication entre l’intestin et le cerveau. Silva YP, Bernardi A, Frozza RL. The Role of Short-Chain Fatty Acids From Gut Microbiota in Gut-Brain Communication. Front Endocrinol (Lausanne). 2020;11:25. ) produit par le microbiote intestinal. Or, des études suggèrent que l’acétate pourrait jouer un rôle bénéfique pour la santé métabolique, cardiovasculaire et neuronale. 2

After all, eating Big Brother's snot might not be a bad idea

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Acné

Une autre étude, menée cette fois chez des adolescents, a montré que de nombreux facteurs du mode de vie (consommation de lait écrémé et de compléments de protéines de lactosérum comme la « whey », stress, polluants, médicaments, facteurs climatiques…) avaient un impact net sur l’évolution et la gravité de l’acné et sur l’efficacité des traitements.

Les produits de soins et les cosmétiques, qui font partie de l’exposome externe, peuvent notamment activer l’inflammation et faire flamber l’acné, en modifiant la barrière de la peau et l’équilibre du microbiote cutané, en favorisant la sécrétion de sébum, en modifiant les microbes et en activant le système immunitaire inné. 3

Santé mentale

On sait également que durant l’adolescence, le stress — souvent plus intense qu’à d’autres périodes de la vie — mais également l’augmentation de la production d’androgènes (comme la testostérone) sont susceptibles de modifier le microbiote et, de ce fait, l’axe cerveau-intestin.

Les recherches suggèrent que ces changements d’exposome interne ont un rôle potentiel dans l’émergence des maladies psychiatriques dont beaucoup se manifestent pour la première fois pendant l’adolescence. 4

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What role does the microbiota play in the gut-brain axis?

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Âge adulte 

Il devient de plus en plus évident que le microbiote intestinal est impliqué dans divers aspects du bien-être physique et mental. Et que sa structure et sa fonction sont largement dépendantes des modes de vie. 

Si l’impact de l’exposome est crucial au début de la vie, on sait que ses effets néfastes peuvent se poursuivent à l’âge adulte. Les habitudes alimentaires occidentales (pauvre en céréales, fruits, légumes et céréales complètes, riches en produits animaux et en aliments ultra-transformés) peuvent par exemple engendrer des perturbations du biofilm et de la barrière intestinale susceptibles de rendre l’intestin plus perméable.

Celui-ci va alors laisser passer des morceaux de bactéries dans la circulation sanguine (endotoxines ou LPS), entraînant une inflammation chronique de bas grade pouvant avoir des conséquences métaboliques et comportementales néfastes. Au contraire, une alimentation riche en fibres et substances phytochimiques issues des végétaux peut favoriser la diversité microbienne et réduire le stress oxydatif ainsi que la charge inflammatoire.

Une alimentation déséquilibrée associée à du stress, un manque de contact avec la nature, un environnement pauvre en microbes et un manque d’activité physique en extérieur peuvent en outre entraîner une altération de la diversité microbienne des microbiotes intestinal et cutané. Or qui dit microbiote moins diversifié dit dysfonctionnements immunitaires et inflammation chronique susceptibles d’affecter tous les organes et de faire le lit des maladies chroniques. 5

How to keep a healthy microbiota?

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Chez les seniors

L’avancée en âge est généralement associée à une altération du microbiote intestinal. Avec le temps, ce dernier a tendance à perdre sa diversité et son équilibre (dysbiose), contribuant ainsi à une accentuation des processus inflammatoires et à une susceptibilité accrue aux maladies qui fragilisent les personnes âgées. 

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A contrario, le maintien dans le temps d’un microbiote équilibré favorise le bon fonctionnement du métabolisme et du système immunitaire ainsi que la préservation de la santé cardiaque, osseuse ou cognitive

Si les causes des altérations du microbiote avec l’âge font encore l’objet de recherches, l’étude du microbiote des centenaires nous apprend que certains facteurs de l’exposome pourraient entrer en jeu.

Les habitudes alimentaires, notamment l’adhésion au régime méditerranéen (riche en fibres et en antioxydants), sont par exemple corrélées aux espèces microbiennes intestinales liées à la longévité. Le maintien d’une activité physique, le fait de ne pas fumer et les conditions de travail satisfaisantes pourraient également intervenir. 6, 7

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Vers un exposome plus favorable

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Microbiote sous pression : comment l’exposome favorise les maladies chroniques

Notre environnement influence profondément notre santé… en agissant sur nos microbiotes. Perturbateurs endocriniens, microplastiques, médicaments, aliments ultra-transformés : autant de composants de l’exposome qui fragilisent notre écosystème intestinal et favorisent les maladies chroniques.

Le microbiote intestinal Le microbiote cutané Le microbiote pulmonaire Santé mentale Asthme et microbiote Cancers digestifs Le syndrome de l’intestin irritable (SII)
Exposure to air pollution disturbs the microbiota of babies

Troubles psychiatriques

Un certain nombre d’études indiquent que l’exposition du microbiote intestinal aux facteurs environnementaux a des conséquences sur la santé mentale :

Par ailleurs, un déséquilibre du microbiote peut exposer le cerveau à des perturbations via l’axe intestin-cerveau. Ainsi, une dysbiose intestinale serait en cause lors d’un premier épisode psychotique.

What role does the microbiota play in the gut-brain axis?

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Asthme et maladies allergiques

Le nombre de personnes touchées par les maladies allergiques ne cesse d’augmenter dans le monde. Et cette flambée des allergies pourrait bien trouver son origine dans l’exposome.

De plus en plus d’études suggèrent en effet que l’exposition à des substances environnementales (pollution de l’air, détergents, microplastiques, nanoparticules, aliments transformés, émulsifiants…), mais également la chute de la biodiversité et la dégradation de l’environnement sont à l’origine de modifications favorables à ces troubles immunitaires :

1 personne sur 4 C’est le nombre d’Européens souffrant d’allergies.

50 % des habitants des pays industrialisés seront touchés par l’allergie en 2050. ⁵

10 à 30 % de la population mondiale souffrent d’au moins une maladie allergique. ⁶

Au niveau intestinal, il a été démontré que certains facteurs d’exposition entraînent des lésions des barrières épithéliales engendrant une dysbiose et une augmentation de la perméabilité. Celle-ci serait à l’origine d’une perte des effets « immunomodulateurs » (protecteurs contre les allergies) des bactéries du microbiote. 7

Does an unbalanced microbiota at age one lead to allergies at age five?

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Cancers et maladies de l’intestin

De plus en plus de cancers apparaissent chez les personnes jeunes et parmi eux, le cancer de l’intestin. Depuis trois décennies, celui-ci a augmenté d’environ 50 % chez les personnes de 25 à 49 ans aux États-Unis, au Canada, en Australie et dans plusieurs pays européens.
 

2,4 fois plus élevé C’est l’ampleur du risque de cancer du côlon chez les personnes nées en 1990 par rapport à celui de celles nées en 1950. ⁸

30 % C’est la part qu’occupent les aliments ultra-transformés dans l’apport calorique quotidien des Français (jusqu’à 60 % chez les Britanniques et les Américains). ⁹ ¹⁰

Des multiples facteurs environnementaux

Si le manque de fibres, la consommation de viande rouge en excès et d’aliments transformés et l’exposition aux polluants sont pointés du doigt, le soupçon pèse sur de multiples autres facteurs environnementaux : aliments, boissons, médicaments, polluants atmosphériques, produits chimiques… dont les effets individuels sur nos cellules et notre microbiote commencent à être connus. 8

Idem pour les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI), dont les incidences les plus importantes sont retrouvées dans les pays les plus industrialisés comme l’Europe du Nord-Ouest et aux États-Unis, et qui sont d’autant plus fréquentes que le développement socio-économique s’accroit. 

Si les causes des MICI restent mal identifiées, on sait qu’un dysbiose jouerait un rôle important. 11

Selon une équipe de chercheurs français, il existe de plus en plus de preuves que les aliments ultra-transformés (AUT), notamment les additifs alimentaires, sont en cause dans les MICI, le cancer colorectal et le syndrome de l’intestin irritable. On sait notamment que les émulsifiants, les édulcorants, les colorants, les microplastiques et les nanoparticules impactent le microbiote intestinal, la perméabilité intestinale et l’inflammation intestinale, ce qui pourrait avoir des conséquences non négligeables sur le risque de maladies intestinales. 12

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De la naissance à la mort, un exposome avec des conséquences différentes sur notre santé

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Sources

1. Kimmel MC, Verosky B, Chen HJ, et al. The Maternal Microbiome as a Map to Understanding the Impact of Prenatal Stress on Offspring Psychiatric Health. Biol Psychiatry. 2024 Feb 15;95(4):300-309.

2. Madison AA, Bailey MT. Stressed to the Core: Inflammation and Intestinal Permeability Link Stress-Related Gut Microbiota Shifts to Mental Health Outcomes. Biol Psychiatry. 2024 Feb 15;95(4):339-347. 

3. Ross FC, Mayer DE, Gupta A, et al. Existing and Future Strategies to Manipulate the Gut Microbiota With Diet as a Potential Adjuvant Treatment for Psychiatric Disorders. Biol Psychiatry. 2024 Feb 15;95(4):348-360.

4. Fond G. Bien manger pour ne plus déprimer, Odile Jacob, 2022.

5. Institut Pasteur, Tackling allergies, avril 2018

6. Shin YH, Hwang J, Kwon R, et al. Global, regional, and national burden of allergic disorders and their risk factors in 204 countries and territories, from 1990 to 2019: A systematic analysis for the Global Burden of Disease Study 2019. Allergy. 2023 Aug;78(8):2232-2254.

7. Losol P, Sokolowska M, Hwang YK, et al. Epithelial Barrier Theory: The Role of Exposome, Microbiome, and Barrier Function in Allergic Diseases. Allergy Asthma Immunol Res. 2023 Nov;15(6):705-724.

8. PROSPECT Study

9. Salomé M, Arrazat L, Wang J, et al. Contrary to ultra-processed foods, the consumption of unprocessed or minimally processed foods is associated with favorable patterns of protein intake, diet quality and lower cardiometabolic risk in French adults (INCA3). Eur J Nutr. 2021

10. Inrae, juin 2022.

11. Inserm

12. Whelan K, Bancil AS, Lindsay JO, Chassaing B. Ultra-processed foods and food additives in gut health and disease. Nat Rev Gastroenterol Hepatol. 2024 Jun;21(6):406-427.

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Microbiote et exposome : un dialogue au cœur de notre santé

Tout ce que nous mangeons, respirons ou appliquons sur notre corps entre en contact avec nos microbiotes avec un impact non-négligeable sur notre santé.

Le microbiote intestinal Le microbiote vaginal Le microbiote pulmonaire Le microbiote cutané Le microbiote ORL L’alimentation, un facteur-clé

Problème : de nombreux facteurs de l’exposome externe (alimentation pauvre en fibres ou riche en graisses, émulsifiants, métaux lourds, phtalates, microplastiques, particules fines de l’air, pesticides, polluants environnementaux, stress …) peuvent perturber l’équilibre de nos microbiotes et entraîner une dysbiose.

On sait que celle-ci est liée à de nombreuses maladies chroniques : obésité, diabète de type 2, asthme, maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, maladies auto-immunes, dépression, trouble du développement cérébral… 1

Effondrement de la biodiversité = microbiotes et santé en danger

C’est une véritable bombe à retardement, confirmée par le groupe international d’experts IPBES 2: au niveau mondial, la biodiversité « diminue plus rapidement qu’à n’importe quel moment de l’histoire de l’humanité ». 3 Un effondrement qui est la conséquence du réchauffement climatique, mais aussi de la surexploitation des terres… et de la pollution.

Et c’est un problème pour nos microbiotes, car moins d’espèces animales et végétales, c’est aussi moins de diversité microbienne dans les écosystèmes, et donc davantage d’altération des circuits immunomodulateurs médiés par le microbiote et plus d’allergies et de maladies auto-immunes. 4

Le microbiote : un réseau bien connecté pour votre santé !

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Selon la World Allergy Organization, « la perte de biodiversité entraîne une réduction de l’interaction entre les microbiotes environnementaux et humains, ce qui peut conduire à un dysfonctionnement immunitaire et à une altération des mécanismes de tolérance ». 5

On sait en effet depuis 2005 qu’au contraire, des environnements riches en microbes (vie à la ferme, proximité avec la nature…) sont corrélés à une protection contre les maladies immunitaires.

Quand l’exposome fait du bien

On associe souvent « facteurs environnementaux » et « méfaits sur la santé ». N’oublions pas qu’une partie de l’exposome est bénéfique pour notre organisme. Selon une équipe de chercheurs américains et allemands, l’exposition à la lumière du jour, les espaces verts, la biodiversité, l’activité physique, le soutien social et affectif et l’alimentation méditerranéenne sont des facteurs prouvés de résilience au stress, d’équilibre immunitaire et de bonne synchronicité circadienne (horloge interne). 6

L’exposome fongique, régulateur de la réponse immunitaire

Le microbiote, qu’il soit intestinal, vaginal, pulmonaire ou cutané, n’est pas uniquement composé de bactéries, mais aussi de virus, d’archées… et de champignons. Ces derniers constituent le « mycobiote » indispensable à l’équilibre et à la stabilité du microbiote humain. Plusieurs études menées sur les nourrissons ont d’ailleurs montré que la composition fongique du microbiote est corrélée au risque de développer une maladie allergique.

Explosion de l’allergie aux arachides : la faute au climat ?

Aux États-Unis, l’allergie aux arachides chez les enfants a augmenté de 21 % entre 2010 et 2017.7

Le changement climatique est-il en cause ? C’est bien possible à en croire plusieurs études montrant que l’augmentation du CO2 et de la température est corrélée à des modifications physiologiques des plants d’arachides. Ceux-ci produiraient des graines ayant un profil antigénique différent, plus favorable aux allergies. 8

On sait désormais que le mycobiote dépend en grande partie de l’exposome fongique. L’analyse des taxons montre en effet que les champignons les plus fréquents au niveau intestinal, oral, pulmonaire et cutané sont les mêmes que ceux que l’on trouve dans l’environnement, qu’il soit intérieur (murs, meubles, air intérieur…) ou extérieur (aliments, eau, sol, etc.). 9

La présence ubiquitaire de champignons dans l’environnement pourrait donc être à l’origine d’un contact soutenu avec l’organisme modulant la réponse immunitaire chez les humains.

Rhinite et asthme : et si les champignons du nez avaient un rôle à jouer ?

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Médicaments, exposome et microbiote : un équilibre fragile 

Les médicaments, en tant qu'éléments de notre exposome, interagissent de manière complexe avec le microbiote intestinal, influençant à la fois sa composition et ses fonctions. 

Prenons l’exemple de certains traitements courants comme les inhibiteurs de la pompe à proton (IPP), utilisés pour traiter le reflux gastrique. Les IPP modifient l'environnement acide de l'estomac, permettant à des bactéries buccales d’atteindre l’intestin. Cela peut influencer l’écosystème microbien en favorisant la croissance de certaines souches. Ces changements, associés à des risques accrus d'infections comme celles à Clostridium difficile, restent maîtrisables grâce à une utilisation appropriée (éviter autant que possible les traitements au long court) et un suivi médical. 10

Le microbiote n’est pas un simple spectateur : il joue un rôle actif dans la transformation des médicaments.

Par exemple, les bactéries intestinales peuvent améliorer l’efficacité de la metformine, un traitement antidiabétique, en stimulant la production d’ (sidenote: Acides Gras à Chaîne Courte (AGCC) Les acides gras à chaîne courte sont une source d’énergie (carburant) des cellules de l’individu, ils interagissent avec le système immunitaire et sont impliqués dans la communication entre l’intestin et le cerveau. Silva YP, Bernardi A, Frozza RL. The Role of Short-Chain Fatty Acids From Gut Microbiota in Gut-Brain Communication. Front Endocrinol (Lausanne). 2020;11:25. ) (AGCC) bénéfiques pour la santé.

À l’inverse, dans certains cas rares, le microbiote peut transformer des molécules actives en composés toxiques, comme dans le cas de la brivudine, un antiviral anti-zona désormais interdit, qui peut être convertie en bromovinyluracile toxique pour le foie par des microorganismes intestinaux.

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microbiote-antibiotique-focus1_EN

Ces interactions mettent en lumière l’importance de mieux comprendre les relations entre médicaments, microbiote et exposome. En prenant en compte ces mécanismes, il est possible d’optimiser les traitements et de développer des stratégies thérapeutiques qui respectent et soutiennent l’équilibre fragile de notre écosystème intestinal.

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Microbiote sous pression : comment l’exposome favorise les maladies chroniques

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Sources

1. Lionel Cavicchioli. Un organe sensible aux pollutions, Le Figaro Santé, avril-mai-juin 2024.

2. Intergovernmental Science-Policy Platform on Biodiversity and Ecosystem Services (IPBES)

3. IPBES. Nature’s Dangerous Decline ‘Unprecedented’; Species Extinction Rates ‘Accelerating’. Press Release, 6 May 2019.

4. Ray C, Ming X. Climate Change and Human Health: A Review of Allergies, Autoimmunity and the Microbiome. Int J Environ Res Public Health. 2020 Jul 4;17(13):4814.

5. Haahtela T, Holgate S, Pawankar R, et al. WAO Special Committee on Climate Change and Biodiversity. The biodiversity hypothesis and allergic disease: world allergy organization position statement. World Allergy Organ J. 2013 Jan 31;6(1):3.

6. Hahad O, Al-Kindi S, Lelieveld J, et al. Supporting and implementing the beneficial parts of the exposome: The environment can be the problem, but it can also be the solution. Int J Hyg Environ Health. 2024 Jan;255:114290.

7. Gupta, R., Warren C., Blumenstock J. et al. OR078 The prevalence of childhood food allergy in the United States: an update. Annals of Allergy, Asthma & Immunology, Volume 119, Issue 5, S11, November 2017.

8. Beggs, P.J., Walczyk, N.E. Impacts of climate change on plant food allergens: a previously unrecognized threat to human health. Air Qual Atmos Health 1, 119–123 (2008).

9. Vitte J, Michel M, Malinovschi A, et al. Fungal exposome, human health, and unmet needs: A 2022 update with special focus on allergy. Allergy. 2022 Nov;77(11):3199-3216.

10. Weersma RK, Zhernakova A, Fu J. Interaction between drugs and the gut microbiome. Gut. 2020 Aug;69(8):1510-1519.

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Douleurs pelviennes chroniques : quand quelques bactéries signent la douleur

Des signatures microbiennes intestinales, vaginales et urinaires, biomarqueurs – voire contributeurs ? – de l’hypersensibilité d’un organe pelvien dans les douleurs pelviennes chroniques ont été identifiées. 1

Les muscles du plancher pelvien peuvent causer de nombreux symptômes sexuels et génitaux. Comment guérir efficacement ces symptômes ?

On sait que le microbiote intestinal, via la production de métabolites bactériens, contribue à l'hypersensibilité viscérale. Mais quid des autres organes, et des autres microbiotes ? Les microbiotes urinaire ou vaginal pourraient-ils également contribuer à la sensibilité à la douleur de la vessie ou du vagin ? Pour en savoir plus, des chercheurs ont étudié le cas de 30 patientes souffrant de (sidenote: Douleur pelvienne chronique Douleur persistante, non cyclique, ressentie dans des structures liées au bassin et durant plus de six mois. Souvent, aucune étiologie spécifique ne peut être identifiée, et elle peut être considérée comme un syndrome douloureux régional chronique ou un syndrome somatique fonctionnel. Elle est généralement associée à d'autres syndromes douloureux somatiques fonctionnels (par exemple, le syndrome de l’intestin irritable, le syndrome de fatigue chronique non spécifique) ainsi qu’à des troubles de la santé mentale (comme le trouble de stress post-traumatique ou la dépression).  Approfondir Speer LM, Mushkbar S, Erbele T. Chronic Pelvic Pain in Women. Am Fam Physician… ) (DPC) ou CPP en anglais pour (Chronic Pelvic Pain), la moitié présentant en sus une (sidenote: Hypersensibilisation pelvienne Diminution des seuils nociceptifs corticaux qui amène à ressentir un inconfort ou une douleur pour des stimulations habituellement non douloureuses comme le remplissage de la vessie, une perception exagérée du fonctionnement du système digestif, une brulure vulvaire au contact, et de ressentir une douleur anormalement intense pour des stimulations habituellement douloureuses. Approfondir CHU Dijon ) d’un organe pelvien.

Des microbiotes altérés en cas d’hypersensibilisation

Les seuils de douleur à la pression s’avèrent bien plus faibles chez les femmes DPC avec une hypersensibilisation au niveau du vagin, du rectum, de la vessie et du périnée par rapport aux femmes DPC sans hypersensibilité associée. Après stimulation, ces femmes ressentent une douleur non seulement plus intense mais également plus prolongée dans les muscles périnéaux et la vessie.

26% La douleur pelvienne chronique touche environ 26% de la population féminine mondiale. ²

50%-90% Des douleurs et dysfonctionnements musculosquelettiques sont retrouvés chez 50 à 90 % des patientes souffrant de DPC. ²

Côté microbiote, les femmes hypersensibles montrent des signes de dysbiose, avec notamment un recul des bénéfiques lactobacilles : le microbiote digestif est appauvri en Lactobacillus ; le microbiote vaginal est plus diversifié (alors qu’une flore vaginale optimale est généralement peu diversifiée), considérablement enrichi en Streptococcus et Prevotella et appauvri en Lactobacillus jensenii et Gardnerella vaginalis ; le microbiote urinaire est également plus diversifié et enrichi en Clostridium sensu stricto 1.

Pour aller plus loin :

Chez les patientes atteintes d’endométriose, cette dysbiose pourrait être exacerbée, contribuant à l'amplification des symptômes douloureux, en particulier lors des menstruations.

Des dysbioses liées à des caractéristiques cliniques

Mais surtout, l’abondance relative de certaines bactéries chez les hypersensibles est associée à des caractéristiques cliniques et à la sensibilité accrue des organes :

  • la faible abondance intestinale d’Akkermansia, Desulfovibrio, Faecalibacterium et CAG-352 va de pair avec une intensité accrue de la douleur rectale ;
  • le manque de Lactobacillus jensenii vaginaux est associé à davantage de dysménorrhée et à une perte de la capacité de la vessie ; et l’abondance accrue de deux Prevotella à la survenue de la dysménorrhée ;
  • dans le microbiote urinaire, la moindre abondance de Lactobacillus est corrélée à une perte de la capacité de la vessie et une moins bonne qualité de vie.

Pour aller plus loin :

Des modifications du microbiote sont également présentes dans d'autres pathologies gynécologiques comme l'endométriose, et gastroentérologiques comme le SII (syndrome de l’intestin irritable), où la dysbiose est un facteur physiopathologique reconnu.

Endométriose et microbiote : quels liens ?

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40% La douleur pelvienne chronique représente 40 % des laparoscopies et 12 % des hystérectomies réalisées chaque année aux États-Unis, alors que son origine n’est pas gynécologique chez 80 % des patientes. ²

Une signature de la sensibilité

Enfin, les chercheurs ont identifié des signatures bactériennes intestinales, vaginales et urinaires qui représentent autant de biomarqueurs de l’hypersensibilisation pelvienne chez les femmes souffrant de douleurs pelviennes chroniques.

Ces bactéries sont-elles la cause de la maladie ? Des modèles précliniques animaux seront nécessaires pour valider un éventuel lien de cause à effet. Pour autant, ces travaux ouvrent la voie à des approches nutritionnelles mais aussi thérapeutiques : des prébiotique, probiotique, et symbiotiques ciblant les différents microbiotes urogénitaux pourraient-ils améliorer la sensibilisation chez les femmes atteintes de DPC ?

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Actualités Gynécologie Médecine générale

Exposome : microbiote exposé, santé en danger !

Avez-vous déjà remarqué que certaines personnes semblent tomber malades plus souvent que d'autres, alors qu’elles ont un mode de vie similaire ? Derrière cette apparente inégalité, se cache un concept aussi holistique que révolutionnaire : l'exposome. Cet ensemble de facteurs environnementaux auxquels nous sommes exposés tout au long de notre vie influence notre santé de manière plus profonde que nous ne le pensons. Et le microbiote pourrait bien jouer un rôle central.

Le microbiote intestinal Le microbiote cutané Le microbiote vaginal Le microbiote pulmonaire L’alimentation, un facteur-clé

Les aliments que nous ingérons, l’eau que nous buvons, l’air que nous respirons, mais aussi notre habitat, notre environnement de travail… Dans quelles mesures les facteurs auxquels l’Homme est exposé depuis sa naissance jusqu’à sa mort jouent-ils un rôle dans la progression inexorable des maladies chroniques ? C’est là une vraie « colle » posée à la communauté scientifique. 1

350 000 C’est le nombre de substances chimiques synthétiques différentes produites par l’Homme en circulation dans le monde aujourd’hui. ²

9 millions C’est le nombre de personnes qui meurent prématurément chaque année des effets cumulatifs des expositions environnementales ³ (12,6 millions selon l’OMS). ⁴

24 % C’est le pourcentage des décès dans le monde dus à des facteurs environnementaux (28 % des décès chez les enfants de moins de 5 ans). ⁵

En effet, si les scientifiques s’efforcent depuis de nombreuses années de mesurer l’impact sur la santé de chacun de ces facteurs, force est de constater que l’on connaît encore très mal les perturbations physiologiques qu’ils engendrent quand ils sont combinés et qu’ils se cumulent au fil des années.

Certains agissent en synergie (on parle d’effet cocktail), d’autres se compensent, d’autres encore auront un impact à un moment de la vie, mais pas à un autre, ou tout simplement pas les mêmes conséquences selon la durée d’exposition. 1

Nature and microbiota: how does it affect your health?

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Exposome : une approche globale de la santé

Urbanisation, stress, changement climatique, alimentation moderne, produits toxiques… En 2005, poussé par la nécessité de mieux comprendre l’exposition souvent complexe à ces multiples facteurs environnementaux, l’épidémiologiste anglais Christopher P. Wild (aujourd’hui directeur du CIRC, Centre International de Recherche sur le Cancer) propose le concept d’« exposome ». Il le définit comme : « la totalité des expositions auxquelles un individu est soumis de la conception à la mort ».

L’exposome est, selon lui, « une représentation complexe et dynamique des expositions auxquelles une personne est sujette tout au long de sa vie, intégrant l’environnement chimique, microbiologique, physique, récréatif, médicamenteux, le style de vie, l’alimentation, ainsi que les infections. »

Génome & exposome : complémentaire mon cher Watson !

Gare au raccourci - et à la facilité ! - qui oppose génome et exposome. Bien au contraire, ils se complètent. L’exposome, conçu en écho au concept de génome, regroupe l’ensemble des facteurs non génétiques qui influencent notre santé. Il vient compléter l’approche centrée sur le génome, qui, en se limitant aux gènes et chromosomes, n’offre qu’une compréhension partielle de l’apparition des maladies.

Pour Christopher P. Wild, les maladies chroniques s’expliquent par les interactions entre nos gènes et l’environnement, d’où le besoin d’outils méthodologiques pour développer et améliorer les sciences des expositions, encore insuffisamment prises en compte.

Respirer, se laver, s’habiller, manger, travailler, se coucher s’avèrent donc des actes pas si anodins. Ils nous exposent à des sources de microparticules, de substances chimiques, de polluants, de métaux lourds, de stress, de bruit, de rayonnements… potentiellement nocifs pour notre organisme et nos microbiotes. 6

De l’exposome au concept « One Health » : agir de façon globale

Ce n’est un secret pour personne : notre santé est intimement liée à celle des animaux, des plantes et des microorganismes vivant sur Terre.

Nous appartenons au même écosystème, et les interactions entre les humains, la faune, la flore et leur environnement façonnent notre santé collective. En effet, nous sommes exposés aux mêmes contaminants, qu'il s'agisse de polluants chimiques, de pathogènes ou des effets des changements climatiques.

Le concept d’exposome s’inscrit donc naturellement dans une approche globale comme celle de « One Health » (« une seule santé »). Cette initiative reconnue par l'OMS, la FAO et l'OIE (Organisation mondiale de la santé animale) met en avant l’interdépendance entre la santé humaine, animale et environnementale. 7

Mieux comprendre l’exposome, c’est-à-dire les expositions auxquelles nous sommes soumis tout au long de notre vie, s’avère donc crucial pour réduire les risques de maladies et adopter des bons comportements dans notre quotidien. Et le microbiote dans tout ça ?

Microbiote et exposome : un dialogue au cœur de notre santé

Et si notre santé dépendait du dialogue entre notre environnement et les milliards de micro-organismes qui peuplent notre corps ? Polluants, alimentation, stress, nature… l’exposome interagit en permanence avec nos microbiotes et peut influer sur leur équilibre fragile. Un lien méconnu mais central, notamment dans la prévention des maladies chroniques. L'impact de la nature sur notre microbiote ou encore celui de l’urbanisation en témoignent.

Découvrez comment cet échange silencieux façonne notre santé.

Microbiote et exposome : un dialogue au cœur de notre santé

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Microbiote sous pression : comment l’exposome favorise les maladies chroniques

Notre environnement influence profondément notre santé… en agissant sur nos microbiotes. Perturbateurs endocriniens, microplastiques, médicaments, aliments ultra-transformés : autant de composants de l’exposome qui fragilisent notre écosystème intestinal et favorisent les maladies chroniques. La science révèle aujourd’hui comment ces perturbations peuvent engendrer obésité, dépression, MICI ou allergies. L’exposome fongique ou encore la résistance bactérienne en sont des exemples.

Explorez les liens entre environnement, dysbiose et maladies modernes.

Microbiote sous pression : comment l’exposome favorise les maladies chroniques

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De la naissance à la mort, un exposome avec des conséquences différentes sur notre santé

Notre sensibilité à l’environnement évolue au fil des âges. Dès la grossesse, l’exposome module l’immunité, façonne le microbiote du nourrisson et influence son risque futur d’asthme ou d’allergie. À l’adolescence, il impacte santé mentale et cutanée. À l’âge adulte, il conditionne inflammation et bien-être global. Chez les seniors, il peut préserver ou altérer la longévité, comme le montre l’étude sur le microbiote des centenaires.

Découvrez comment chaque étape de la vie dialogue avec l’exposome.

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Vers un exposome plus favorable

Si nous ne maîtrisons pas tout, nous pouvons néanmoins agir ! Un exposome bénéfique est possible : alimentation riche en fibres, activité physique, vie au contact de la nature, hygiène douce, réduction des perturbateurs… autant de leviers simples pour protéger nos microbiotes et prévenir les maladies. Le régime méditerranéen ou un environnement microbien riche en sont les preuves vivantes.

23 % C’est le pourcentage de baisse de la mortalité chez les femmes dont l’alimentation est la plus proche du régime méditerranéen par rapport à celles qui en sont le plus éloignées. ⁸

25 % C’est le pourcentage de baisse du risque de cancer chez ceux qui ont une alimentation bio (-34 % pour le risque de cancer du sein). ⁹

Découvrez des gestes concrets pour cultiver un environnement sain.

Vers un exposome plus favorable

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Les microbiotes sont les sentinelles de notre environnement. Interfaces vivantes entre notre corps et le monde extérieur, les microbiotes sont le reflet fidèle de notre environnement. Comprendre l’exposome, c’est identifier les leviers pour mieux vivre, mieux vieillir et prévenir les maladies de demain. L’approche exposomique éclaire d’un nouveau jour notre rapport à la santé publique, à l’écologie et aux comportements du quotidien.

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Maladie cœliaque : le « sans gluten », pas si simple pour les intestins

Chez les patients atteints d’une maladie cœliaque, un an de régime sans gluten améliore certes le bien-être mais appauvri le microbiote et 1 patient sur 3 souffre encore de symptômes gastro-intestinaux. Et si on y associait prébiotiques et symbiotiques ?

Le microbiote intestinal L’alimentation, un facteur-clé Maladie coeliaque

Quand on est atteint de (sidenote: Maladie cœliaque trouble auto-immun qui affecte principalement l’intestin grêle et qui est déclenché par l’ingestion de gluten chez des personnes génétiquement prédisposées. ) , le traitement est sans appel : (sidenote: Gluten (du latin glue qui signifie colle) : substance azotée visqueuse qui se forme après hydratation de la farine, à partir de certaines protéines (gluténines et gliadines) des céréales, principalement du blé. ) Mais que se passe-t-il vraiment dans les intestins des patients, après un an d’un tel régime? Quels impacts sur le microbiote intestinal? Les symptômes sont-ils toujours présents ? Une récente étude britannique s’est penchée sur cette question. 1

1% La prévalence de la maladie cœliaque dans la population générale varie de 0,5 % à 2 %, avec une moyenne d’environ 1 %. ²

2 ou 3 Comme pour les autres maladies auto-immunes, la maladie coeliaque est plus fréquente chez les femmes, qui sont 2 à 3 fois plus touchées que les hommes. ³

Avant le sans-gluten, les patients et les intestins souffrent

Avant de commencer leur régime sans gluten, les personnes souffrant de la maladie cœliaque présentent déjà des différences notables :  moral en berne, symptômes digestifs, selles moins hydratées alors que la teneur en eau dans l’intestin grêle est au contraire excessive, et surtout, un transit intestinal beaucoup plus lent. En cause ? Les lésions dans la paroi de l’intestin, qui modifient l’absorption et la sécrétion d’eau, mais sans doute aussi une inflammation chronique et un déséquilibre de certaines hormones digestives.

Troubles digestifs

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Un an sans gluten : mieux, mais pas parfait

Bonne nouvelle ! Après un an de régime sans gluten, les patients se sentent globalement mieux, sont moins anxieux et leur transit s’est un peu accéléré. Mais ce n’est pas non plus la panacée : leur bien-être reste inférieur à celui de personnes ne souffrant pas de maladie cœliaque et certains des patients présentent toujours des symptômes liés à cette maladie.

Reste que ce régime pèse sur le microbiote, c’est-à-dire l’ensemble des bactéries qui peuplent nos intestins. L’éviction du blé – et de tous ses produits dérivés, du pain aux biscuits en passant par les pâtes – supprime certes le gluten mais aussi les fibres issues de cette céréale, et avec elles, les bénéfiques bifidobactéries qui étaient friandes de ces fibres. A l’inverse, le régime semble booster des bactéries liées à la dégradation des protéines dont on se serait bien passé, comme E. coli ou Peptostreptococcus.

Gluten

En Europe, la consommation moyenne de gluten est comprise entre 10 g et 20 g par jour, certaines personnes de la population générale en consommant jusqu’à 50 g /j, voire plus. 4

Les « céréales contenant du gluten » (blé, seigle, orge, avoine, épeautre, kamut ou leurs souches hybridées) et produits à base de ces céréales font partie de la liste des 14 allergènes considérés comme majeurs au sens de la réglementation européenne pour l’étiquetage des aliments. 5

30 % des patients atteints de maladie coeliaque ont présenté des symptômes persistants ou aggravés après un an d’un régime sans gluten. 1

Maladie cœliaque, allergie au blé, hypersensibilité au gluten : ne pas confondre ! 6,7

Le gluten n’est pas « toxique » pour l’Homme : il est bien toléré par la majorité des consommateurs. Il est cependant impliqué dans deux maladies très différentes :

  • La maladie cœliaque, une maladie auto-immune (l’organisme s’auto-attaque) qui se produit plusieurs semaines ou années après l’exposition au gluten et se manifeste par des lésions de la paroi de l’intestin grêle. Son diagnostic est confirmé par la présence d’auto-anticorps dans le sang ;
  • L’allergie au blé, qui se produit dans les minutes ou heures suivant le contact avec le gluten ou d’autres protéines du blé. Elle déclenche une réponse immunologique de l’organisme et la libération d’histamine. Sa prévalence varie selon les études de 0,5 à 9 % chez l’enfant et de 0,4 à 1 % chez l’adulte.

hypersensibilité au gluten

Outre l’allergie au blé et la maladie cœliaque, il existe des cas de réaction au gluten qui ne sont ni des allergies ni des maladies cœliaques au regard des mécanismes en jeu, et se produisent dans les heures ou jours suivant l’exposition.

Ces réactions sont actuellement dénommées « sensibilité au gluten non cœliaque » ou « sensibilité au gluten »  ou encore en France « hypersensibilité au gluten » ou « intolérance au gluten ». Son existence reste sujet de débats et controverses, en raison notamment de l’absence de biomarqueurs diagnostiques pour l’objectiver.

En l’absence de diagnostic de ces maladies et de recommandation médicale, l’éviction du gluten n’est pas recommandée.

Et si le régime ne suffisait pas ?

Autre découverte importante : 1 patient sur 3 rapporte des symptômes gastro-intestinaux persistants voire aggravés, malgré l’éviction du gluten. Certains acides gras spécifiques et la présence de certaines bactéries dans le microbiote intestinal pourraient expliquer cette persistance des symptômes.

Si l’éviction stricte du gluten est impérative en cas de maladie cœliaque, cette étude montre qu’elle ne suffit pas toujours. L’idée serait donc, à l’avenir, d’y associer des  (sidenote: Prébiotiques Les prébiotiques sont des fibres alimentaires spécifiques non digestibles qui ont des effets favorables sur la santé. Ils sont utilisés de manière sélective par les micro-organismes bénéfiques du microbiote de l’individus. Les produits spécifiques associant des probiotiques et des prébiotiques sont appelés symbiotiques. Gibson GR, Hutkins R, Sanders ME, et al. Expert consensus document: The International Scientific Association for Probiotics and Prebiotics (ISAPP) consensus statement on the definition and scope of prebiotics. Nat Rev Gastroenterol Hepatol. 2017;14(8):491-502. Markowiak P, Śliżewska K. Effects of Probiotics, Prebiotics, and Synbiotics on Human Health. Nutrients. 2017;9(9):1021. ) (des fibres qui nourrissent les bonnes bactéries) ou des symbiotiques (un mélange de pré- et probiotiques) spécifiques pour soutenir un microbiote plus sain… et un meilleur confort digestif, même chez les patients dont les taux d’anticorps sont redevenus normaux, signe d’une bonne réponse immunologique au régime.

Quelle est la différence entre les prébiotiques, les probiotiques et les postbiotiques ?

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Actualités

Maladie cœliaque : le revers de la médaille du sans gluten

L’éviction du gluten est impérative en cas de maladie cœliaque. Mais quelles sont les conséquences d’un an de ce régime sur le microbiote et son fonctionnement ? Le point avec cette étude anglaise. 1

Maladie coeliaque Microbiote et maladie Cœliaque

Lorsque le diagnostic d’une (sidenote: Maladie cœliaque trouble auto-immun qui affecte principalement l’intestin grêle et qui est déclenché par l’ingestion de gluten chez des personnes génétiquement prédisposées. )  tombe, les patients se voient contraints de suivre un régime sans  (sidenote: Gluten (du latin glue qui signifie colle) : substance azotée visqueuse qui se forme après hydratation de la farine, à partir de certaines protéines (gluténines et gliadines) des céréales, principalement du blé. ) à vie. Et pourtant, on en connaît mal les conséquences sur le fonctionnement de l’intestin et le microbiote qu’il abrite. D’où l’intérêt de cette étude observationnelle qui évalue la fonction intestinale et le microbiote de 36 patients cœliaques avant et après un an de régime sans gluten, comparés à 36 témoins sains suivant une alimentation standard.

2 ou 3 Comme pour les autres maladies auto-immunes, la maladie cœliaque est plus fréquente chez les femmes, qui sont 2 à 3 fois plus touchées que les hommes. ²

Avant le sans gluten

Les patients nouvellement diagnostiqués – qui n’ont pas encore démarré leur régime sans gluten-, se distinguent de volontaires sains : davantage de somatisation, de dépression, d’anxiété, de symptômes gastro-intestinaux, des selles moins riches en eau (-5 %). L’équipe rapporte également :

  • Une teneur en eau du contenu de l’intestin grêle significativement plus élevée (+ 57 %) qui pourrait être liée à l’effet combiné d’une absorption altérée (atrophie des villosités), de sécrétions accrues (hyperplasie des cryptes) et d’un trouble de la motricité intestinale ;
  • Et un transit plus lent (+ 83 %) qui pourrait s’expliquer par des lésions des muqueuses, une inflammation affectant la motilité, une malabsorption et un déséquilibre des hormones intestinales.

A défaut d’identifier une signature spécifique du microbiote intestinal dans la maladie cœliaque, l’équipe montre des différences au niveau de certains taxons bactériens, dont certaines pourraient s’expliquer par l’altération de la fonction intestinale : la moindre abondance de l'espèce Blautia pourrait par exemple être liée au transit lent et aux volumes coliques élevés.

95%

La prédisposition génétique joue un rôle clé dans la maladie cœliaque qui est fortement associée à des gènes spécifiques du système HLA (système de reconnaissance du soi en immunologie). La majorité des patients atteints de la maladie cœliaque (environ 95 %) expriment des gènes codant pour la protéine du complexe majeur d'histocompatibilité (CMH) de classe II, HLA-DQ2. 3

20%

L’origine auto-immune de la maladie coeliaque est confirmée par la présence d’auto-anticorps sériques et par l’association fréquente à d’autres maladies auto-immunes retrouvées chez 20 % des patients (dermatite herpétiforme, thyroïdite, diabète de type 1, cirrhose biliaire primitive…). 4

Un régime qui pèse sur le microbiote

Après 12 mois d’éviction du gluten, le bien-être des patients semble amélioré (moindre somatisation, moindre anxiété, petite amélioration du transit, moindres symptômes…), sans néanmoins leur permettre de retrouver des niveaux comparables à ceux des témoins non atteint de la maladie coeliaque. Ce constat suggère que l’éviction du gluten, bien qu’important, n’est pas un traitement suffisant à lui seul.

Un an de régime, qui élimine le blé mais aussi ses fibres (amidon résistant et arabinoxylane), a en revanche un impact plutôt négatif sur le microbiote et les voies métaboliques : moindre abondance des bifidobactéries et donc des enzymes impliquées dans la dégradation de l’amidon et des arabinoxylanes ; présence accrue de E. coli, Enterobacter et Peptostreptococcus induisant une hausse des fonctions protéolytiques associées.

Ces déséquilibres persistent malgré une bonne adhésion au régime, attestée chez la majorité des patients par la normalisation des anticorps anti-transglutaminase. Ce constat est établi alors même que la plupart des patients présentaient une adhésion stricte au régime, confirmée par la normalisation des anticorps anti-transglutaminase, signe d’une réponse immunitaire efficace.

30%

30 % des patients ont présenté des symptômes persistants ou aggravés après l’adoption d’un régime sans gluten. 1

14%

Les « céréales contenant du gluten » (blé, seigle, orge, avoine, épeautre, kamut ou leurs souches hybridées) et produits à base de ces céréales font partie de la liste des 14 allergènes considérés comme majeurs au sens de la réglementation européenne pour l’étiquetage des aliments. ⁵

Persistance des symptômes

Mais surtout, 1 patient sur 3 rapporte des symptômes gastro-intestinaux persistants voire aggravés par le régime sans gluten.

Ces symptômes persistants pourraient être liés à des altérations spécifiques du microbiote intestinal, indépendantes de la réponse immunitaire au gluten.

Les  (sidenote: Acides gras à chaîne ramifiée Acides gras généralement saturés présentant une (ou plusieurs) branche méthyle sur la chaîne carbonée. Composants majeurs des membranes bactériennes de nombreux genres et espèces, ces acides gras ramifiés sont rares dans les tissus humains internes mais sont présents à des concentrations élevées dans la peau et le vernix (substance blanche cireuse) des nouveau-nés. Aux États-Unis, le régime alimentaire, et notamment le fromage et les produits à base de viande bovine, induiraient des apports d'environ 500 mg/jour. ) semblent corrélés aux symptômes, et la composition du microbiote (notamment les genres Bifidobacterium, Alistipes et Ruminococcus) avec leur persistance.

Bien qu’il s’agisse du seul traitement actuellement existant en cas de maladie cœliaque, le régime sans gluten altère le microbiote et ne corrige pas tous les symptômes. Aussi, les auteurs envisagent de l’associer à des prébiotiques et/ou symbiotiques ciblés, afin d’en contrer les effets négatifs.

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Actualités Nutrition

Vers une redéfinition du microbiote vaginal sain à l’échelle mondiale

Aurions-nous une vision du microbiote vaginal trop bactério-centrée et ethno-centrée ? C’est en filigrane ce que sous-entend un article d’opinion 1 signé de chercheurs reconnus, qui militent pour davantage de recherches sur la diversité du microbiote vaginal dans tous les pays du monde, et rappellent le rôle clé de ce microbiote dans la santé des femmes ainsi que son rôle dans la prévention de certaines infections.

Le microbiote vaginal s’avère essentiel à la santé gynécologique des femmes. Avec une spécificité : alors que de nombreux microbiotes sont considérés comme sains lorsqu’ils sont diversifiés, une large prédominance des Lactobacilles est (pour le moment) considérée comme « l’étalon or » d’une flore vaginale en bonne santé. 

Cette prédominance des Lactobacilles, en particulier de L. crispatus, est aujourd’hui associée à une protection accrue contre certaines infections, notamment sexuellement transmissibles, ainsi qu’à un moindre risque de complications pendant la grossesse. ce qui pourrait expliquer que leur présence majoritaire serve de référence actuelle pour définir un microbiote vaginal sain.

Néanmoins, comme le rappellent plusieurs sommités internationales dans un article d’opinion dédié à la santé vaginale des femmes, l’actuelle classification en 5 (sidenote: Five community state types (CST) - CST I dominée par Lactobacillus crispatus
- CST II par L. gasseri,
- CST III par L. iners 
- CST V par L. jensenii
- et CST IV, plus diversifié, qui n'est pas dominé par des Lactobacillus mais par un ensemble de bactéries anaérobies comme Gardnerella, Atopobium, Prevotella, et Finegoldia.
)
présente des limites : elle ne reflète pas l'ensemble de la biologie et de la fonctionnalité du microbiome vaginal. les auteurs citent l'étude belge Isala, où 10,4 % des participantes présentaient une co-dominance de L. crispatus (CST I) et de L. iners (CST III), révélant la possibilité de CST co-existants chez certaines femmes. Autre limite : le rôle des champignons, eucaryotes, archées et virus est largement sous-exploré.

Des données principalement dans les pays riches

Pour illustrer leur raisonnement, les auteurs reviennent sur la vaginose bactérienne, diagnostiquée par le  (sidenote: Score de Nugent Système de notation diagnostique permettant d'évaluer la vaginose bactérienne en fonction de la présence et des proportions de certaines bactéries par coloration de Gram dans un échantillon vaginal. ) ou les  (sidenote: Critères d'Amsel Diagnostic clinique reposant sur quatre signes : pH des sécrétions vaginales supérieur à 4,5, test d'odeur positif (odeur de poisson avarié après ajout de 10 % de potasse (KOH), présence de cellules «  indicatrices » (grandes cellules épithéliales tapissées de bactéries) et pertes vaginales anormales. Au moins trois de ces signes doivent être présents pour qu’une VB soit diagnostiquée. ) , Un diagnostic qui souffre de biais, notamment géographiques.

La vaginose bactérienne est  une cause très fréquente de pertes vaginales chez les femmes en âge de procréer.

La prévalence de la vaginose bactérienne varie selon les pays et les groupes de population, mais elle se situe entre 23 et 29 % selon une revue systématique et méta-analyse récente de la prévalence mondiale chez les femmes en âge de procréer. La vaginose bactérienne augmente le risque de contracter et de transmettre des infections tel que le VIH ainsi que d’autres IST et, si elle n’est pas traitée, peut entraîner des effets néfastes pendant la grossesse.

En 2024, l’OMS a publié le document intitulé Recommendations for the treatment of Trichomonas vaginalis, Mycoplasma genitalium, Candida albicans, bacterial vaginosis and human papillomavirus (‎anogenital warts)‎ afin de fournir des recommandations cliniques et pratiques à jour fondées sur des données probantes sur la prise en charge des cas de vaginose bactérienne.

La moindre présence des lactobacilles et la plus grande fréquence de la vaginose chez les femmes noires et latino-américaines (vs femmes d'origine asiatique ou européenne) vivant aux États-Unis est-elle réelle ou liée à des limites méthodologiques ? Les inégalités socio-économiques entre populations pourraient-elles expliquer certaines différences ? Quid des comportements différents, comme la douche vaginale, facteur de risque reconnu de la dysbiose vaginale ? Quid également des nombreuses Américaines classées comme afro-américaines même si (plus de) la moitié de leurs ancêtres sont des Européens blancs ?

Au final, que sait-on réellement de la composition du microbiote vaginal « sain » et équilibré des femmes d'origines géographiques et ethniques différentes 

Des projets sur tous les continents

Les auteurs mettent en avant le manque d’études dans des pays à niveau de revenu faible ou intermédiaire, malgré un nombre croissant d'initiatives qui tentent de combler ce manque :

  • Le Vaginal Human Microbiome Project (VaHMP) cartographie les données sur la flore vaginale de femmes de différentes origines ethniques vivant aux États-Unis ;
  • La base de données VIRGO complète les données américaines des données issues de six pays de différents continents ;
  • La Vaginal Microbial Genome Collection (VMGC) contient les données de 14 pays ; 
  • Le Vaginal Microbiome Research Consortium comporte une partie spécifique pour l'Afrique et le Bangladesh.

Autre approche : la science citoyenne (contribution des citoyens à la recherche sur le microbiome vaginal à travers le monde dans une approche ascendante et locale), à l’image du projet Isala des auteurs sur la flore vaginal. Après son succès en Belgique (plus de 6 000 candidatures pour 200 femmes recherchées), l’initiative a été étendue à un réseau mondial de partenaires sur différents continents (Amérique, Afrique, Asie et Europe), en favorisant la collaboration entre équipes.

Autant d’initiatives que les auteurs jugent nécessaires à une compréhension plus complète d'un microbiome vaginal « sain ».

Parler de la santé des femmes: les conseils du Pr.Graziottin

En savoir plus

Ces avancées pourraient également permettre de mieux cerner les conditions qui favorisent l’équilibre de ce microbiote, notamment en approfondissant le rôle protecteur de certaines espèces comme Lactobacillus crispatus, et en évaluant de manière rigoureuse l’intérêt des probiotiques dans cette dynamique.

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Actualités Gynécologie Médecine générale

Quand les sodas sucrent votre microbiote et votre santé

Les sodas et autres boissons sucrées peuvent-ils modifier notre flore intestinale et, par ricochet, augmenter notre risque de diabète ? C’est ce qu’ont montré des chercheurs qui se sont penchés sur le microbiote intestinal de Latino- et Hispano-Américains.

Le microbiote intestinal L’alimentation, un facteur-clé Diabète de type 2

Les sodas et autres boissons sucrées sont la bête noire des politiques de santé publique. Au rang des effets délétères associés à leur consommation excessive : le (sidenote: Diabète Maladie chronique qui se déclare lorsque le pancréas ne produit pas suffisamment d’insuline, ou lorsque l’organisme n’est pas capable d’utiliser efficacement l’insuline qu’il produit. Avec le temps, le diabète peut causer des lésions vasculaires dans le cœur, les yeux, les reins et les nerfs. ) , et plus particulièrement de diabète de type 2 Comment ? Sans doute via une prise de poids, une résistance à l’ (sidenote: Résistance à l’insuline Réponse altérée des cellules à l’action de l’insuline (hormone qui aide le corps à utiliser le sucre comme énergie), l’insulino-résistance se traduit par une mauvaise régulation du taux de sucre dans le sang. Sources :
Inserm. La résistance à l’insuline, une histoire de communication. 2018. 
Centers for disease control and prevention. Diabetes - Resources and Publications -Glossary 
)
 , une inflammation et une dyslipidémie. Mais des travaux menés chez des Latino- et Hispano-Américains montrent que notre microbiote intestinal jouerait également un rôle.

422 millions Le nombre de diabétiques a bondi de 108 millions en 1980 à 422 millions en 2014. Pour la seule année 2012, 1,5 million de décès étaient directement imputables au diabète. ²

10 043 décès dus au diabète étaient associés à la consommation de boissons sucrées chez les adultes américains en 2012, soit 14,8 % des décès par diabète liés à une alimentation non-optimale. ¹

plus de sodas, plus de mauvaises bactéries

Avoir un faible pour les boissons sucrées (surtout si leur consommation dépasse 2 verres par jour) s’avère lourd de conséquences pour le microbiote intestinal. Leur consommation régulière semble en effet plomber les effectifs de différentes bactéries considérées comme bénéfiques, car produisant des  (sidenote: Acides Gras à Chaîne Courte (AGCC) Les acides gras à chaîne courte sont une source d’énergie (carburant) des cellules de l’individu, ils interagissent avec le système immunitaire et sont impliqués dans la communication entre l’intestin et le cerveau. Silva YP, Bernardi A, Frozza RL. The Role of Short-Chain Fatty Acids From Gut Microbiota in Gut-Brain Communication. Front Endocrinol (Lausanne). 2020;11:25. )  (AGCC) reconnus pour leurs effets protecteurs.

Par exemple, Bacteroides pectinophilus, qui se nourrit de pectine mais qui ne sait quoi faire des sucres des sodas, décline en cas de consommation de sodas. Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, des bactéries friandes de fructose et glucose, deux sucres présents à haute dose dans les boissons sucrées, se multiplient comme des petits pains.

L’OMS recommande

WHO reL’OMS recommande de maintenir l’apport éventuel en sucres libres à moins de 10% des besoins énergétiques totaux et de le ramener à moins de 5% si l’on veut obtenir des bienfaits supplémentaires sur le plan de la santé. Cela représente moins d’un verre de 250 ml de boisson sucrée par jour. 2

Des métabolites bactériens pro-diabète  

Conséquence directe de ce chamboulement bactérien : notre microbiote étant modifié, il ne fabrique plus les mêmes (sidenote: Métabolites Petites molécules produites au cours du métabolisme cellulaire ou bactérien. Les acides gras à chaine courte sont par exemple des métabolites produits par le microbiote intestinal lors de la fermentation de sucres complexes non digestibles (fibres…).  Silva YP, Bernardi A, Frozza RL. The Role of Short-Chain Fatty Acids From Gut Microbiota in Gut-Brain Communication. Front Endocrinol (Lausanne). 2020;11:25.  Lamichhane S, Sen P, Dickens AM, et al An overview of metabolomics data analysis: current tools and future perspectives. Comprehensive analytical chemistry. 2018 ; 82: 387-413 )  et n’agit plus de la même manière sur notre santé. Avec les sodas, exit les bons AGCC qui bichonnent notre organisme ! Au contraire, les molécules produites par la flore intestinale des addicts aux boissons sucrées sont impliquées dans des perturbations de la glycémie (taux de sucre dans le sang) et le risque de diabète. Et plus la consommation de sodas et boissons sucrées est élevée, plus ces molécules délétères sont présentes dans le sang, avec à la clé un risque accru de devenir diabétique. 

A noter : le surpoids pourrait jouer un rôle dans cette histoire. Une partie du lien entre les boissons sucrées, les métabolites et le diabète semblant passer par des kilos en plus.

Augmenter sa consommation quotidienne de boissons sucrées (sodas ou jus de fruits) de 110 mL (un demi-verre) pendant 4 ans accroit le risque de diabète de type 2 de 16 % au cours des 4 années suivantes (par rapport aux personnes ayant une consommation stable dans le temps). 3

Lever le pied sur les sodas

Ces résultats suggèrent un rôle potentiel du microbiote intestinal et des métabolites bactériens dans le lien entre la consommation de boissons sucrées et le risque accru de diabète Certes, d’autres études portant sur d'autres populations sont encore nécessaires pour mieux comprendre ce lien. Mais dans l’attente, cette étude doit être vue comme une raison de plus de lever le pied sur les sodas ! A la place, quid d’un verre d’horchata, qui booste les bonnes bactéries ?

Le microbiote intestinal

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